Page images
PDF
EPUB

lui de Constance, touchant la supériorité du concile; et comme le pape voulait dissoudre celui-ci, oudu moins le transférer, il y eut des procédures du concile général contre le pape, et du pape contre le concile; mais ensuite le pape se rendit, adhéra au concile par une bulle solennelle, et révoqua tout ce qu'il avait fait contre le concile, déclarant qu'il avait été légitimement commencé et continué jusqu'alors. Cette réconciliation se fit le 14 avril 1434, mais la division recommença bientôt après. L'empereur et le patriarche de Constantinople demandèrent d'être ouïs dans un concile pour réunir l'Eglise grecque avec la latine, et ils demandaient le concile en Italie, pour ne pas aller plus loin. Le pape l'indiqua à Ferrare, et y invita les pères de Bâle, qui regardèrent cette translation comme un prétexte pour dissoudre le concile. Les Grecs les priaient de venir, et refusaient d'aller à Bâle; le pape, irrité d'ailleurs de quelques décrets de réformation qu'avait faits le concile, particulière

leur est soumis. Répondre que cela n'est pas vrai, parce que l'évêque de Rome n'a pas approuvé cette décision, c'est donc supposer que les décisions des conciles généraux n'ont point de force, si les évêques de Rome ne les approuvent et ne les confirment; ce qui est dire que ces assemblées tirent leur autorité du pape, et que celui-ci leur est supérieur : en quoi on suppose visiblement ce qui fait le sujet de la question, et ce que nous prouvons être positivement contre l'Ecriture et contre la tradition. C'est ce que les philosophes appellent petitio principii. (Edit.)

ment contre les annates, déclara, le 9 avril 1438, que le concile se devait tenir à Ferrare, où les Grecs s'étaient rendus : depuis, il fut transféré à Florence, et l'union des deux Eglises s'y acheva. Une partie des pères de Bâle s'y rendit; mais plusieurs demeurèrent à Bâle, où ils prétendaient toujours être le concile universel, quoique leur nombre et leur autorité diminuassent toujours de jour en jour. On ne doit plus compter le concile de Bâle depuis cette dernière division, c'est-à-dire depuis la session vingtcinquième, tenue le 7 mai 1437. Le prétendu concile de Bâle procéda contre le pape Eugène en toute rigueur, jusqu'à le déposer, et élire en sa place Amédée, duc de Savoie (1), sous le nom de Félix V. II tint encore vingt sessions à Bâle, jusqu'au 16 mai 1441.

En France, le roi Charles VII, voyant cette division du pape et du concile de Bâle, et les deux conciles qui se tenaient en même temps à Bâle et à Flo

(1) Des esprits de ténèbres ont voulu faire croire qu’Amédée jouissait, dans sa solitude de Ripaille, de toutes les voluptés du siècle, qu'il y faisait très-bonne chère, et que de là s'est perpétué le proverbe faire ripaille, pour dire faire bonne chère; mais pour convaincre de calomnie et d'imposture ces esprits diaboliques, il me suffira de rapporter le témoignage de l'abbé Ladvocat, qui dit, dans son Dictionnaire, qu'Amédée VIII goutait en saint ermite les plaisirs innocens de la campagne, lorsqu'il fut élu pape par le concile de Bále. (Edit.) (Ce témoignage ne prouve rien contre le proverbe.) (Edit. C. L.)

rence, assembla les évêques de France à Bourges, en 1438; ils furent d'avis d'adhérer au concile de Bâle, et reçurent plusieurs décrets de discipline faits à Bâle, qui parurent salutaires, et que le roi autorisa par son ordonnance, et c'est la Pragmatique sanction (1). Toutefois, la France reconnut toujours Eugène pour pape légitime, et n'adhéra point au schisme de Félix. Tout le concile de Bâle sans distinction était odieux au pape Eugène, et par conséquent la pragmatique qui en était tirée. Les papes suivans la regardèrent de même, et en poursuivirent l'abrogation. Le roi Louis XI l'accorda à Pie II, et en donna des lettres que le cardinal de la Balue porta au Parlement; mais le procureur-général, Jean de SaintRomain, s'y opposa nommément. L'Université de Paris se joignit à cette opposition, et cette tentative fut sans effet; enfin, le pape Léon X et le roi François I, en 1516, firent le concordat qui conserve les règlemens les moins importans de la pragmatique (2),

(1) Voy. ci-après, l'Histoire de la Pragmatique. (Edit. C. L.) (2) Le concordat, à le bien prendre, est une espèce de traité de paix entre la France et la cour de Rome; traité dans lequel, comme dans tous les autres, chacun chercha ses avantages, et fit ses conditions les meilleures qu'il put. Léon X et François Ier le crurent également nécessaire, parce qu'ils étaient également intéressés à finir leurs différends, qui s'aigrissaient tous les jours, et qui ne pouvaient manquer de dégénérer en une guerre ouverte. Dans ces vues, on négocia; et cette affaire, qu'on disait intéresser si fort la

le

et abolit tout le reste. Mais, quoi qu'il en soit du concile de Bâle, le concile de Constance n'a point reçu d'atteinte, et il demeure pour constant que concile universel tient son autorité, non du pape, mais immédiatement de Jésus-Christ, et que le pape est soumis au concile, aux trois cas qui y sont exprimés. De là vient qu'au concile de Trente les prélats français refusèrent de déclarer l'autorité du pape dans les termes du décret d'union du concile de Florence, qui porte qu'il a la puissance de gouverner l'Eglise universelle; car, encore que cette définition ait un bon sens (1), en ce qu'il n'y a aucune Eglise parti

-

religion, fut réglée par les seuls intérêts politiques. Le chancelier du Prat, nommé par François Ier pour dresser le nouveau traité avec les cardinaux d'Ancône et de Sanctiquattro, commissaires du pape, y déploya tout ce qu'il avait d'esprit et d'adresse: or, il en avait beaucoup; et quoiqu'on l'ait accusé d'avoir montré son ignorance dans cette négociation, les historiens conviennent que ce chancelier avait de grands talens et beaucoup de capacité dans les affaires. (Edit.) - Voy. ci-après, l'Histoire du Concordat. (Edit. C. L.) (1) Encore que cette définition ait un bon sens, etc. Le concile de Florence définit nettement que le pape a un pouvoir absolu et souverain sur toute l'Eglise. Les termes dans les→ quels la définition est conçue ne sont point susceptibles d'un autre sens. Ipsi (romano pontifici) in Beato Petro pascendi, regendi ac gubernandi universalem Ecclesiam à Domino nostro JesuChristo plenam potestatem traditum esse. (Concil.,t. 13, p. 515.) Au concile de Trente, personne ne s'avisa de leur en donner un autre; c'est ce qui fit que les prélats français refusè

culière qui ne soit soumise au pape, elle peut en avoir un mauvais, en lui soumettant toute l'Eglise

rent constamment d'exprimer l'autorité des papes dans ces termes. « Reste à cette heure, dit le cardinal de Lorraine « dans une lettre à son agent, le dernier des titres qu'on veut « mettre pour notre saint Père, pris du concile de Florence: « et ne puis nier que je suis François, nourri en l'Université « de Paris, en laquelle on tient l'autorité du concile par« dessus le pape, et sont censurés comme hérétiques ceux

qui tiennent le contraire : qu'en France.......... l'on tient le «< concile de Florence pour non légitime ni général, et pour <ce l'on fera plutost mourir les François que d'aller au con« traire. » Mais supposons que cette définition puisse souffrir le sens que lui donne M. Fleury; que signifie, il n'y a aucune Eglise particulière qui ne soit soumise au papé? Est-ce à dire que les fidèles sont obligés de se soumettre dès qu'il a parlé? Selon M. l'abbé Fleury, la décision du pape n'oblige point, qu'elle n'ait été acceptée par l'Eglise : est-ce à dire que le pape a une juridiction immédiate par toute l'Eglise, et qu'il a droit de gouverner tous les fidèles et toutes les Eglises particulières par lui-même, de les tirer de la conduite naturelle de leurs pasteurs, d'envoyer par toutes les paroisses et les diocèses tels ouvriers qu'il lui plaît pour prêcher, y entendre les confessions, y administrer les sacremens, etc.? M. Fleury dit expressément le contraire. Est-ce à dire qu'il a le pouvoir de nommer les évêques dans toutes les Eglises qui ne sont point de sa métropole, de les ordonner, de les appeler à ses conciles, de les citer à son tribunal, de les juger, de les excommunier, de les déposer non seulement pour crime d'hérésie, mais encore pour leurs mœurs? M. Fleury refuse au pape ce pouvoir. Enfin, est-ce à dire qu'il soit chargé seul de conserver le dépôt de la foi,

« PreviousContinue »