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Perre de Gerines

MEMOIRE

POUR

LE SIEUR

DE LA BOURDONNAIS,

AVEC LES PIECES JUSTIFICATIVES,

A PARIS,
De l'Imprimerie de DELAGUETTE.

M. D C C. L.

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ગમન

Popillan inv. Stulp

MÉMOIRE

POUR le Sieur MAHE'DE LA BOURDONNAIS, Chevalier de l'Ordre Militaire de S. Louis, Capitaine de Frégate, ci-devant Gouverneur Général des Illes de France & de Bourbon, & Président des Confeils Supérieurs y établis.

UAND on réfléchit fur la délicateffe des fonctions, qui ont été confiées au Sieur de la Bourdonnais, fur la difficulté des entreprifest dont on l'a chargé, fur l'éloignement des lieux où il a été obligé de faire exécuter les Ordres du Roi, fur la diverfité des intérêts oppofés qu'il a eus à concilier, on ne doit pas être furpris de le voir en butte aux traits de la calomnie. Pour peu qu'on ait appris à connoître les hommes, on fçait affez que le bien & le mal, les bons & les mauvais fuccès peuvent également nous attirer des ennemis. C'eft ce que le fieur de la Bourdonnais n'a heureusement éprouvé, qu'en rempliffant fes devoirs avec une exactitude, que bien des perfonnes ont trouvée fort incommode.

On le dit avec confiance, & l'on ne fera démenti par au

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cun de ceux qui connoiffent particulièrement le fieur de la Bourdonnais: né avec des difpofitions qui pouvoient le rendre. utile à fa Patrie, fon principal objet a toujours été de se fignaler en la fervant. Sa fortune étoit déja faite, quand cette noble ambition a tourné toutes fes vûes du côté de la gloire.. Cette façon de penfer l'ayant fait connoître des Miniftres, il fe vit à portée de leur faire part de fes réflexions & de fes vûes, fur l'état de nos Colonies, & fur les moyens d'affurer le Commerce dans l'Inde. Dans les conférences qu'il a eües fréquemment avec.eux, ils ont jugé affez avantageulement de lui, pour croire qu'en effet c'étoit un homme dont l'Etat pouvoit efpérer quelques fervices. Ils l'ont dès-lors honoré de leur confiance, dans les emplois les plus difficiles, & il y a répondu de fon côté de maniere à mériter leurs éloges, & les témoignages les plus flateurs de la fatisfaction de SA MAJESTÉ.

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Au refte, il n'eft pas poffible d'exprimer combien fes fuccès lui ont couté de foins, de peines & de défagrémens. Il a fallu que dans les lieux où régnoit le défordre, il affujettit la pareffe au travail, la licence à la régle & à la difcipline, & l'efprit d'indépendance & de révolte au joug de l'obéiffance. Il eft aifé de fentir combien, avec de pareils devoirs à rem-plir, il a dû faire de mécontens: auffi n'a-t il pas manqué d'éprouver dès les premieres années de fon adminiftration, tout ce que peuvent les cabales obfcures, & les bas artifices de · ces fortes d'ennemis. Trop timides pour ofer fe montrer à découvert, ils eurent d'abord recours aux Libelles anony-mes, aux Mémoires fecrets: mais cette voye ne leur ayant pas réuffi, ils employerent l'organe d'un malheureux, qui n'ayant ni fortune ni honneur à rifquer, voulut bien fe livrer à leur paffion,& fe rendre le délateur du fieur de la Bourdonnais

Dès qu'il fe vit attaqué ouvertement par cet homme, dans un Ecrit public, qui contenoit des plaintes précifes fur des faits importans & circonftanciés, la gravité de l'accufation lui fit oublier la baffeffe & l'indignité de l'accufateur. Il ne : crut pas devoir dédaigner de lui répondre, & il le fit en qua tre mots, avec tant de fuccès, dans une lettre écrite à M. le Cardinal de Fleury, que l'on reconnut évidemment la noirceur & l'abfurdité des accufations. Les Miniftres lui firent: bien voir alors, qu'il s'en falloit beaucoup qu'il eût rien perdu de leur eftime, ni de leur confiance; puifque dans ce temss

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