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iv

L'auteur, très-instruit des événemens de Lyon, sa patrie, a voulu parler aussi de la marche de Buonaparte, depuis l'île d'Elbe. Mais on voit que, jusqu'à Grenoble, il n'a eu pour tous mémoires, que le récit même publié le 23 mars par Buonaparte; et qu'il s'est abandonné à ce guide, qui n'étoit pas cependant de nature à lui inspirer une confiance aveugle et sans bornes.

Il est vrai que ce récit est le seul qui existe, et qu'au 1er mars 1816. nous vivons encore sur la narration que Buonaparte nous a don née de sa marche en France au mois de mars 1815,

Nous rapportons cette relation à la tête des Pièces justificatives officielles dont le recueil termine ce volume.

Le lecteur pourra ainsi comparer la vérité nue avec la fraude et le mensonge le plus habilement tissus. Le recueil des pièces officielles

dont nous venons de parler, offre un code révolutionnaire peu agréable à lire, mais très-utile à méditer. Ce soin regarde les hommes d'Etat. Plusieurs d'entr'eux nous ont donné l'idée de faire ce recueil, et il n'est pas nécessaire de le recommanderà leurs méditations.

Au milieu du code infernal des ré volutionnaires, on trouvera quelques pièces bien différentes, qui ont paru dans les mêmes journaux, et dont la publication forme un caractère distinctif et unique de cette époCe sont des déclarations du Roi, dont la voix paternelle parvint plusieurs fois à se faire entendre au milieu des sinistres accens de la tyrannie (1).

que.

(1) Nous venons d'apprendre qu'il existe une édition exacte de ces pièces, où l'on a rétabli plusieurs passages qui avoient été supprimés dans les journaux de Buo naparte.

On trouvera ces passages à la tête d'un erratum dont la lecture ne doit pas être négligée.

On trouvera dans ce recueil, des pièces inédites entre lesquelles on en distinguera une fort curieuse : c'est une lettre de M. le chevalier de Garat, capitaine de vaisseau qui commandoit la frégate la Fleur de Lis, dans les parages de l'île d'Elbe, à l'époque de l'évasion de Buonaparte, et qui est relative à cet évé

nement.

Ce Recueil est terminé par le discours qu'a prononcé lord Castlereagh au parlement d'Angleterre, dans lequel se trouve manifestée toute la politique des divers cabinets de l'Eu rope sur les événemens de 1815. Politique noble et vraiment européenne, puisqu'elle a eu pour but, comme pour résultat, d'éteindre les foyers du volcan révolutionnaire.

ITINÉRAIRE

DE BUONAPARTE

DE L'ILE D'ELBE

A L'ILE SAINTE-HÉLÈNE.

BUONAPARTE Vivoit, à l'île d'Elbe, dans une dissimulation profondé: Soyez fidèles au Roi, avoit-il dit à ses soldats, en partant de Fontainebleau; ne soyez pas inquiets sur mon sort; de grands souvenirs me restent; je saurai occuper encore noblement mes instans. J'écrirai l'histoire de vos campagnes. Buonaparte étoit, en effet, livré à de grandes occupations dans son île. Ces soldats qu'il avoit, naguère, employés à la démolition de la vieille Europe, étoient alors occupés à bâtir, ou à embellir Porto-Ferrajo. Lui-même visitoit souvent ses ouvriers, et cher

choit, au milieu d'eux, un délassement aux travaux de son cabinet. On ne voit pas qu'il se soit livré à la culture des laitues, comme Dioclétien dans son jardin de Salone; ni aux pratiques de la religion, comme Charles Quint dans le monastère de Saint-Just; ni enfin à l'étude des beauxarts, comme la reine Christine à Rome : mais on sait bien que, ce n'est pas l'attrait, et les douceurs de la vie privée qui l'avoient, comme ces souverains, fait descendre du trône, et conduit à l'île d'Elbe. Aussi n'avoit-il pas, comme eux, fait l'entier sacrifice du souverain pouvoir; il s'étoit réservé une petite île de la Méditerranée pour l'y exercer encore.

C'est dans cette île que le potentat déchu, sous les dehors d'un sage livré aux charmes de l'étude, paroissoit goûter les délices du repos : uniquement occupé à écrire les mémoires de sa vie politique, et l'histoire de tant de guerres, qui avoient désolé les trois parties du Monde.

Mais, c'est alors qu'il méditoit de nouvelles révolutions; c'est alors qu'il conspiroit contre le repos de l'Europe pacifiée, arrachée à sa domination, et qui respiroit à peine de tant de calamités; c'est alors, enfin, qu'il songeoit à rentrer sur le sol de la France, et à relever sur ses ruines, un pouvoir qu'il avoit, naguère,

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