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possèdent les biens, et qui vondroient les leur reprendre. La Vendée ne troublera point mon entreprise, et j'aurai achevé assez tôt pour arriver à la frontière avant les armées étrangères (1)

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Mais, Sire, que deviendra donc le Roi? Que deviendront les princes? Ils retourneront donc en Angleterre ?

-Ah! ah!»

— « Des voyageurs, arrivés il ya deux jours de Dijon, nous ont dit que la malle de Genève avoit manqué; qu'on attribuoit ce manque de courrier à l'occupation de cette ville par les Autrichiens, et ils ont ajouté que le bruit circuloit, au moment de leur départ que l'Autriche étoit d'accord avec vous. »

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— « Je ne suis d'accord avec personne qu'avec le peuple et l'armée, aucune puissance n'agit de concert avec moi (2). Je n'avois pas besoin de l'étranger je n'aurois pas voulu l'appeler pour m'aider à reconquérir mon empire; mais j'ai choisi un moment favorable. Au congrès il

(1) C'est grand dommage que toutes ces prédictions n'aient pas été vérifiées par l'événement, et que la Vendée, par exemple, renaissant de ses cendres, ait troublé l'entreprise du héros de l'ile d'Elbe.

(2) Ce n'est pas là ce qu'il avoit mandé au maréchal Ney, ni ce qu'il avoit dit sur toute sa route.

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avoit des difficultés entre les plénipotentiaires; l'Italie étoit en combustion; la Russie avoit rap

ya

pelé ses troupes dans le nord; la Prusse venoit de retirer les siennes des bords du Rhin; bien quelques Anglais en Belgique ; mais la session du parlement venant à s'ouvrir, les ministres ne peuvent en ce moment entamer une guerre extérieure, sans que les chambres en aient délibéré ; j'avois devant moi tout le temps nécessaire (1). »

(On crioit du dehors vive l'empereur! et quelques voix, plus de droits réunis ! )

1

«Ils disent tous cela, plus de droits réunis! Probablement que cet impôt ne convient point à la nation française.... je verrai à arranger cela... Cependant en Angleterre, ce sont des impôts de ce genre qu'on préfère, et les contributions qui pèsent sur les biens-fonds excitent des plaintes... Chaque nation doit être imposée suivant son caractère. — La rigueur de cet impôt est fort

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(1) Dans sa séance du conseil d'Etat, du 29 mars, Buonaparte voulant réfuter la déclaration du congrès, du 13, donne pour motif de son évasion flatrésolution ›prise par ce même congrès de le 'transférer à l'ile Sainte-Hélène.

Le moment de son évasion fut donc, dans son système, fixé par celui de sa translation, qu'il ne vouloit pas attendre. Ainsi le mérite de l'à propos lui échappe. Ce ne fut pas son génie, mais la nécessité qui fixa le moment de son entreprise.

atténuée à présent..... (dit un des interlocuteurs). -Oui (reprit un autre des fonctionnaires), oui, mais la forme reste, et cette forme est ce qui frappe davantage le peuple. Vous avez raison; ils m'ont demandé partout de l'abolir; mais je n'ai rien promis; je ne flagorne point le peuple ; je ne lui promets rien......

» Le Roi et les princes ont manqué à leurs promesses. ('Suivent une série de griefs qui ne sont que la répétition des proclamations du golfe Juan.)

» Henri IV remontant sur le trône changea de religion, et ce grand changement offroit à ces peuples des motifs de sécurité et de soumission le Roi, en rentrant en France, auroit dû oublier d'anciennes idées, et s'identifiant à cette révolution dont la marche n'avoit pu être arrêtée (1), gouverner d'une manière

(1) Comme les conseils de Buonaparte au Roi de France ne sauroient être adoptés de confiance examinons celui qu'il donne à Louis XVIII, et qu'il appuie de l'exemple de Henri IV.

<< Henri IV, dit-il, en remontant sur le trône, abjura le » calvinisme, et embrassa la religion catholique; donc » Louis XVIII, en rentrant en France, devoit oublier les » anciennes idées, et s'identifier à la révolution, »

C'est précisément la conclusion toute contraire qu'il faut tirer de l'exemple de Henri IV.

En effet, si Henri IV abjura les nouveautés de la réforme

populaire pour s'attacher les peuples; mais le Roi et les princes n'avoient point connu la révo lution, non plus que les hommes rentrés avec eux. Ils ne pouvoient pas la connoitre, et étoient par conséquent incapables de gouverner la France dans les circonstances présentes.... Ce soin ne peut appartenir qu'à une dynastie née dans le sein même de cette révolution. » — « Les Bourbons ont peut-être eu la main trop molle pour des temps semblables à ceux où nous vivons. »

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Oui, il faut, pour gouverner la France, une main plus ferme. Si je l'avois vue tranquille et

religieuse, comment Louis XVIII pourra-t-il imiter ce grand prince, en adoptant les nouveautés de la réforme révolutionnaire ?

fit

Henri IV embrassa l'ancienne religion de l'Etat (ce qu'il par des motifs religieux que nous n'examinerons pas); donc Louis XVIII doit, pour marcher sur les traces de son illustre aïeul, s'attacher aux anciens dogmes politiques de la monarchie.

Henri IV abjura les nouveautés de Calvin, qui furent la sonrce des guerres civiles du 16° siècle; Louis XVIII doit donc proscrire les nouveautés des réformateurs du 18e siècle, qui ont amené la révolution française.

L'exemple d'Henri n'est donc pas heureusement choisi pour en conclure que Louis XVIII devoit s'identifier à la révolution; et cet exemple prouveroit précisément tout le contraire.

Louis XVIII n'a pas d'ailleurs, comme Henri IV, embrassé les doctrines des novateurs; mais s'il eût eu ce malheur, il eût trouvé dans la conduite de son aïeul le modèle de la sienne.

heureuse sous le gouvernement des Bourbons, je serois resté dans mon île ; j'étois bien; je n'avois plus d'ambition; mais j'ai vu l'armée indignée; j'ai vu le peuple tellement inquiet sur les biens nationaux, que dans un an il s'est opéré pour quarante millions de ventes aux anciens propriétaires; je l'ai vu agité de craintes sur le retour des droits féodaux, du servage; une révolution terrible étoit sur le point d'éclater. J'ai senti que je devois à la France de venir l'empêcher ou en diriger les effets......

>> J'ai lu là-bas tous les pamphlets qu'on a écrits contre moi. Cela m'a beaucoup diverti; j'ai eu beaucoup de plaisir surtout à lire ceux où l'on me traitoit le plus mal.... ils ne nuisoient pas à ma cause...

» Ils m'ont appelé làche! »> « Votre armée connoissoit bien le contraire. On n'avoit point oublié le pont de Lodi.»-« Le Roi m'a mis hors la loi; m'a déclaré traître et rebelle. Le Roi n'avoit point ce droit je suis souverain comme lui, reconnu par toutes les puissances. Je suis le souverain de l'île d'Elbe, qui viens avec six cents hommes attaquer le Roi de France et ses six cent mille soldats.. Je conquiers son

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