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» que cette nouvelle avoit excité la plus vive indignation parmi les habitans de la ville et » des campagnes voisines; que les chefs de la » force armée, entr'autres, M. le général Mar>> chand, s'étoient réunis à l'hôtel de la préfec>>ture; qu'ils y avoient combiné tous les moyens » de défense dans le cas, très-improbable, où » le petit corps des brigands de Buonaparte »songeroit à se diriger sur la ville; qu'une par»tie de la garnison avoit été de suite mise en » route pour marcher contre lui; et que l'inten» tion du général Marchand étoit de lui couper >> tout accès possible sur la route de Lyon, pen>>\dant que l'autre corps de ses troupes le pour» suivroit à outrance sur les autres points. >>

Telles étoient les dispositions du général Marchand, d'après la Gazette. Mais, dans la réalité, les choses se passèrent bien différemment.

Le préfet de Grenoble (M. Fourrier) fut effectivement instruit le samedi 4 mars de la nouvelle du débarquement de Buonaparte. Elle lui fut donnée par le préfet du Var, qui lui annonçoit que Buonaparte, débarqué au golfe Juan avec seize cents hommes et six pièces de canon, avoit pris la direction de Grenoble.

Dès le soir même M. Fourrier communiqua cette nouvelle au général Marchand, à l'inspec

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teur des gardes nationales du département de l'Isère, et au colonel de la gendarmerie. Il dit au général que, connoissant l'activité de Buonaparte, il ne doutoit pas qu'il n'arrivât le lendemain dimanche à Gap, à moins qu'il n'eût trouvé quelque obstacle sur la route. Il l'invita donc à ne pas perdre un moment pour faire partir des troupes, et s'emparer du Ponteau, position importante qui se trouvoit au-delà de la Mure, et qui étoit d'autant plus facile à défendre, qu'on avoit la certitude que Buonaparte auroit été obligé de laisser ses canons avant d'arriver à Gap.

le corps

On étoit aussi très-persuadé que des brigands étoit moins considérable que ne l'avoit annoncé le préfet du Var.

Le général dit qu'il réuniroit chez lui le lendemain matin les officiers généraux et les officiers supérieurs de la garnison, pour leur faire part de cet événement, et pour concerter avec eux les mesures à prendre.

On lui représenta qu'il n'y avoit pas un moment à perdre, et qu'il devroit faire partir dans la nuit un corps de soldats choisis, sous la conduite d'un chef sur lequel on pût compter, pour s'emparer de la position du Ponteau, et couper ce pont si c'étoit nécessaire. Le bâton

de maréchal de France vous attend, lui dit le préfet.

Le général, soutenant que Buonaparte mettroit huit jours au moins pour se rendre du golfe Juan à Gap, en supposant même qu'il ne rencontrât pas d'obstacle en route, persista à renvoyer l'examen de toutes les mesures à prendre au lendemain dimanche.

Dans la matinée du lendemain, le général Marchand communiqua aux officiers supérieurs de la garnison les nouvelles de la veille. On ignora ce qui fut résolu dans cette espèce de conseil de guerre : on sut seulement que le général Marchand avoit envoyé au général Devillers, commandant dans le département du MontBlanc, l'ordre de se rendre sur-le- champ à Grenoble avec la garnison de Chambéry, composées de 7e et 11° régimens de ligne. (M. de la Bédoyère, arrivé depuis le 1er mars de Paris, étoit colonel du 7o, M. Durand, du 11o.)

On fut surpris de ne pas voir appelé à ce conseil l'inspecteur aux revues, M. de Rostaing, officier connu par la solidité de ses principes et la fermeté de son caractère, dont il donna des preuves non équivoques dans ces circonstances eritiques.

On apprit aussi que le général Mouton-Du

vernet, commandant dans les départemens de la Drôme et des Hautes-Alpes (qui font partie de la septième division militaire), avoit passé dans la nuit à Grenoble, et qu'après avoir eu une courte conférence avec le général Marchand, il avoit pris la route de Gap pour aviser (avoit-il dit) aux moyens d'arrêter Buonaparte, en lui opposant les 39° et 49° régimens de sa subdivision, stationnés à Mont-Dauphin et à Briançon.

Sur les deux ou trois heures de l'après-midi, l'émissaire de Buonaparte (Emmery) étoit entré secrètement à Grenoble, et y avoit répandu, par ses affidés, la nouvelle « que Buonaparte y seroit » le surlendemain; que son débarquement s'étoit » opéré, avec l'assentiment de l'Autriche et de » l'Angleterre, et qu'il coïncidoit avec un mou» vement concerté à Paris pour l'expulsion des >> Bourbons et la nomination d'un gouvernement provisoire, dont on désignoit les membres, et qui étoit, disoit-on, déjà en fonctions. » Le général Mouton-Duvernet avoit rencontré Emmery à la Mure, s'étoit entretenu avec lui, et avoit écrit au général Marchand pour lui donner avis de la rencontre qu'il avoit faite de cet émissaire, et l'inviter à le faire arrêter.

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Cette dépêche, que le général Marchand reçut sur les sept heures du soir, donnoit lieu à une

de maréchal de France vous attend, lui dit le préfet.

Le général, soutenant que Buonaparte mettroit huit jours au moins pour se rendre du golfe Juan à Gap, en supposant même qu'il ne rencontrât pas d'obstacle en route, persista à renvoyer l'examen de toutes les mesures à prendre au lendemain dimanche.

Dans la matinée du lendemain, le général Marchand communiqua aux officiers supérieurs de la garnison les nouvelles de la veille. On ignora ce qui fut résolu dans cette espèce de conseil de guerre: on sut seulement que le général Marchand avoit envoyé au général Devillers, commandant dans le département du MontBlanc, l'ordre de se rendre sur-le- champ à Grenoble avec la garnison de Chambéry, composées de 7e et 11° régimens de ligne. (M. de la Bédoyère, arrivé depuis le 1er mars de Paris, étoit colonel du 7, M. Durand, du 11o. )

On fut surpris de ne pas voir appelé à ce conseil l'inspecteur aux revues, M. de Rostaing, officier connu par la solidité de ses principes et la fermeté de son caractère, dont il donna des preuves non équivoques dans ces circonstances. eritiques.

On apprit aussi que le général Mouton-Du

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