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nous avons abordé sur la terre sacrée de la patrie, avec la cocarde nationale et l'aigle impériale. Foulez aux pieds la cocarde blanche; elle est le signe de la honte et du joug imposé par l'étranger et la trahison. Nous aurions inutilement versé notre sang, si nous souffrions que les vaincus nous donnassent la loi!!!

Depuis le peu de mois que les Bourbons règnent, ils yous ont convaincus qu'ils n'ont rien oublié ni rien appris. Ils ont toujours gouverné par des préjugés ennemis de nos droits et de ceux du peuple.

Ceux qui ont porté les armes contre leur pays, contre nous, sont des héros; vous, vous êtes des rebelles à qui l'on veut bien pardonner jusqu'à ce qu'on soit assez consolidé par la formation d'un corps d'armée d'émigrés, par l'introduction, à Paris, d'une garde suisse, et par le remplacement successif de nouveaux officiers dans vos rangs! Alors il faudra avoir porté les armes contre sa patrie, pour pouvoir prétendre aux honneurs et aux récompenses; il faudra avoir une naissance conforme à leurs préjugés pour être officier. Le soldat devra toujours rester soldat; le peuple aura les charges, et eux les honneurs.

En attendant le moment où ils oseroient détruire la Légion-d'Honneur, ils l'ont donnée à tous les traîtres et l'ont prodiguée pour l'avilir; ils lui ont ôté toutes les prérogatives politiques que nous avións gagnées au prix de notre sang.

Les 400 millions du domaine extraordinaire sur lesquels étoient assignées nos dotations, qui étoient le patrimoine de l'armée et le prix de nos sueurs, ils se les sont appro priés.

Soldats de la grande nation! soldats du grand Napo

Icon! consentiriez-vous à l'être d'un prince qui, vingt ans, fut l'ennemi de la France, et qui se vante de devoir son trone à un prince régent d'Angleterre?

Tout ce qui a été fait sans le consentement du peuple et le notre, et sans nous avoir consultés, est illégitime.

Soldats! officiers en retraite! vétérans de nos armées ! venez avec nous conquérir le trône, palladium de nos droits, et que la postérité dise un jour : « Les étrangers, se→ » condés par des traitres, avoient imposé un joug hon» teux à la France, les braves se sont levés, et les ennemis du peuple, de l'arinée, ont disparu, et sont rentrés » dans le néant. »

Soldats! la générale bat, nous marchons; courez aux armes! Venez nous rejoindre, joindre notre empereur et nos aigles tricolores.

Signés à l'original,

-

Le général de brigade, baron CAMBRONNE, major du er régiment de chasseurs à pied de la garde, le lieutenant colonnel, chevalier MALLET Artillerie de la garde : CORNUEL, RAOUL, capitaines; LANOUE, DEMONS, lieutenans. Infanterie de la garde: LOUBERT, LAMOURETTE, MONPEZ, COMBES, capitaines; DEQUEUX, THIBAULT, CHAUMET, FRANCONNIN, MALLET, lieutenans; LABORDE, EMERY, MOISSOT, ARNAUD. Chevau - légers de la garde le baron JERMANOUSKI, major; BALINSKI, SCHULTZ, capitaines; FINTOSKI et SKORONSKI, lieutenans. Signé, le général de division aide-de- camp de S. M. l'empereur, aide-major-général de la garde, comte DRQUOT.

No. II.

Gap, le 6 mars 1815.

NAPOLEON, par la grâce de Dieu, et les constitutions de l'empire, empereur des Français, etc. etc. etc.

AUX HABITANS DES DÉPARTEMENS DES HAUTES ET BASSES-ALPES.

Citoyens !

J'ai été vivement touché de tous les sentimens que vous m'avez montrés, vos vœux seront exaucés. La cause de la nation triomphera encore ! ! ! Vous avez raison de m'appeler votre père; je ne vis que pour l'honneur, et le bonheur de la France. Mon retour dissipe toutes vos inquiétudes; il garantit la conservation de toutes les propriétés, l'égalité entre toutes les classes ; et les droits dont vous jouissiez depuis vingt-cinq ans, et après lesquels nos pères ont tous soupiré, forment aujourd'hui une partie de votre existence.

Dans toutes les circonstances où je pourrai me trouver, je me rappellerai toujours avec un vif intérêt tout ce que j'ai vu en traversant votre pays.

No. III.

'ADRESSE DES HABITANS DE GRENOBLE, DU 8 MARS.

SIRE,

Les habitans de Grenoble, fiers de posséder dans leurs murs le triomphateur de l'Europe, le prince au nom du

quel sont attachés tant de souvenirs glorieux, viennent déposer aux pieds de V. M. le tribut de leur respect et de

leur amour.

Associés à votre gloire et à celle de l'armée, ils ont gémi avec les braves sur les événemens funestes qui ont quelques instans voilé vos aigles.

Ils savoient que la trahison ayant livré notre patrie aux troupes étrangères, V. M. cédant à l'empire de la nécessité, avoit préféré l'exil momentané aux déchiremens convulsifs de la guerre civile dont nous étions menacés.

Aussi grand que Camille, la dictature n'avoit point enflé votre courage, et l'exil ne l'a point abattu.

Tout est changé les cyprès disparoissent; les lauriers reprennent leur empire; le peuple français, abattu quelques instans, reprend toute son énergie. Le héros de l'Europe le replace à son rang: la grande nation est immortelle.

Sire, ordonnez! vos enfans sont prêts à obéir; la voie de l'honneur est la seule qu'ils suivront.

Plus de troupes étrangères en France; renonçons à l'empire du Monde, mais soyons maîtres chez nous.

Sire, votre cœur magnanime oubliera les foiblesses : elle pardonnera à l'erreur; les traîtres seuls seront éloignés, et la félicité du reste fera leur châtiment.

Que tout rentre dans l'ordre et obéisse à la voix de V. M.; qu'après avoir pourvu à notre sûreté contre les entreprises des ennemis de l'extérieur, V. M. donne au peuple français des lois protectrices et libérales, dignes de son amour envers le souverain qu'il chérit.

Tels sont, Sire, les sentimens des habitans de votre

bonne ville de Grenoble ; que V. M. daigne en agréer

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Lorsque, dans mon exil, j'appris tous les malheurs qui pesoient sur la nation, que tous les droits du peuple étoient méconnus, et qu'il me reprochoit le repos dans lequel je vivois, je ne perdis pas un moment. Je m'embarquai sur un frêle navire; je traversai les mers au milien des vaisseaux de guerre de différentes nations; je dé barquai sur le sol de la patrie, et je n'eus en vue que d'arriver avec la rapidité de l'aigle dans cette bonne ville de Grenoble, dont le patriotisme et l'attachement à ma personne m'étoient particulièrement connus.

Dauphinois! vous avez rempli mon attente.

J'ai supporté, non sans déchirement de cœur, mais sans abattement, les malheurs auxquels j'ai été en proie il y a un an; le spectacle que m'a offert le peuple sur

(1) Plusieurs personnes dont le nom figure parmi ces signataires ont réclamé contre le faux commis à leur égard. La plupart sont d'ailleurs fort obscures. Ce double motif nous engage à supprimer l'entière liste, ne voulant ni donner lieu à des ré clamations, ni tirer de l'obscurité ce qui mérite d'y rester.

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