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S'ils acceptent vos offres de paix, le peuple français attendra de votre administration forte, libérale, paternelle, des motifs de se consoler des sacrifices que lui a coûtés la paix. Mais si l'on ne nous laisse que le choix entre la guerre et la honte, la nation tout entière se lève pour la guerre ; elle est prête à vous dégager des offres trop modérées, peut-être, que vous avez faites pour épargner à l'Europe un nouveau bouleversement tout Français est soldat; la victoire suivra vos aigles; et nos ennemis qui comptoient sur nos divisions, regretteront bientôt de nous avoir provoqués.

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(N. B. Cette lecture a été suivie d'acclamations et de transports que nous n'essaierons pas d'exprimer.

Alors le prince archichancelier a proclamé l'acceptation de la constitution au bruit des fanfares, des tambours et du canon.)

Réponse de S. M. à l'adresse du Chump-de-Mai,

Messieurs les électeurs des colléges de département et d'arrondissement;

Messieurs les députés de l'armée de terre et de mer au Champ-de-Mai.

Empereur, consul, soldat, je tiens tout du peuple. Dans la prospérité, dans l'adversité, sur le champ de bataille, au conseil, sur le trône, dans l'exil, la France a été l'objet unique et constant de mes pensées et de mes actions.

Comme ce roi d'Athènes, je me suis sacrifié pour mon peuple, dans l'espoir de voir se réaliser la pro

messe donnée de conserver à la France son intégrité naturelle, ses honneurs et ses droits.

L'indignation de voir ces droits sacrés, acquis par vingt-cinq années de victoires, méconnus et perdus à jamais; le cri de l'honneur français flétri; les vœux de la nation, m'ont ramené sur ce trône qui m'est cher, parce qu'il est le palladium de l'indépendance, de l'honneur et des droits du peuple.

Français, en traversant au milieu de l'allégresse publique les diverses provinces de l'empire pour arriver dans ma capitale, j'ai dû compter sur une longue paix; les nations sont liées par les traités conclus par leurs gouvernemens, quels qu'ils soient.

Ma pensée se portoit alors tout entière sur les moyens 'de fonder notre liberté par une constitution conforme à la volonté et à l'intérêt du peuple. J'ai convoqué le Champ-de-Mai.

Je ne tardai pas à apprendre que les princes qui ont méconnu tous les principes, froissé l'opinion et les plus chers intérêts de tant de peuples, veulent nous faire la guerre. Ils méditent d'accroître le royaume des PaysBas, de lui donner pour barrières toutes nos places frontières du Nord, et de concilier les différends qui les divisent encore, en se partageant la Lorraine et l'Alsace.

Il a fallu se préparer à la guerre.

Cependant, devant courir personnellement les hasards des combats, ma première sollicitude a dû être de constituer sans retard la nation. Le peuple a accepté l'acte que je lui ai présenté.

Français, lorsque nous aurons repoussé ces injustes

agressions, et que l'Europe sera convaincue de ce qu'on doit aux droits et à l'indépendance de 28 millions de Français, une loi solennelle, faite dans les formes voulues par l'acte constitutionnel, réunira les différentes dispositions de nos constitutions aujourd'hui éparses.

Français, vous allez retourner dans vos départe— mens. Dites aux citoyens que les circonstances sont grandes!!! qu'avec de l'union, de l'énergie et de la persévérance, nous sortirons victorieux de cette lutte d'un grand peuple contre ses oppresseurs; que les générations à venir scruteront sévèrement notre conduite; qu'une nation a tout perdu quand elle a perdu l'indépendance. Dites-leur que les rois étrangers que j'ai élevés sur le trône, ou qui me doivent la conservation de leur couronne; qui tous, au temps de ma prospérité, ont brigué mon alliance et la protection du peuple français, dirigent aujourd'hui tous leurs coups contre ma personne. Si je ne voyois que c'est à la patrie qu'ils en veulent, je mettrois à leur merci cette existence contre laquelle ils se montrent si acharnés. Mais dites aussi aux citoyens que, tant que les Français me conserveront les sentimens d'amour dont ils me donnent tant de preuves, cette rage de nos ennemis sera impuissante.

Français, ma volonté est celle du peuple; mes droits sont les siens; mon honneur, ma gloire, mon bonheur, ne peuvent être autres que l'honneur, la gloire et le bonheur de la France.

(N. B. Il seroit difficile de décrire l'émotion qui s'est manifestée sur tous les visages aux accens de S. M., et les cris prolongés qui ont suivi son discours,

Alors M. l'archevêque de Bourges, premier aumônier, faisant les fonctions de grand-aumônier, s'est approché du trône, a présenté, à genoux, les saints Evangiles à l'empereur, qui à prêté serment en ces termes : « JE JURE D'OBSERVER ET DE FAIRE OBSERVER LES » CONSTITUTIONS DE L'EMPIRE. »

Le prince archichancelier, s'avançant au pied du trône, a prononcé, le premier, serment d'obéissance aux constitutions et de fidélité à l'empereur. L'assemblée a répété d'une voix unanime: Nous le jurons!

La messe a été célébrée, par M. l'archevêque de Tours, assisté de M. le cardinal de Bayanne et de quatre autres évêques.)

N°. XLVI.

ORDRE DU JOUR DU MARÉCHAL SOULT, DU 1er JUIN.

La plus auguste cérémonie vient de consacrer nos institutions. L'empereur a reçu des mandataires du peuple et des députations de tous les corps de l'armée, l'expression des voeux de la nation entière sur l'acte additionnel aux constitutions de l'empire, qui avoit été 'envoyé à leur acceptation, et un nouveau serment unit la France et l'empereur ainsi les destinées s'accomplissent, et tous les efforts d'une ligue impie ne pourront plus séparer les intérêts d'un grand peuple du héros que les plus brillans triomphes ont fait admirer de l'univers.

C'est au moment où la volonté nationale se mani

feste avec autant d'énergie, que des cris de guerre se font entendre; c'est au moment où la France est en paix avec toute l'Europe, que des armées étrangères avancent sur nos frontières : quel est l'espoir de cette nouvelle coalition? Veut-elle ôter la France du rang des. nations? Veut-elle plonger dans la servitude vingthuit millions de Français? A-t-elle oublié que la premère ligue qui fut formée contre notre indépendance servit à notre agrandissement et à notre gloire? Cent victoires éclatantes, que des revers momentanés et des: circonstances malheureuses n'ont pu effacer, lui rappellent qu'une nation libre, conduite par un grand homme, est invincible.

Tout est soldat en France quand il s'agit de l'honneur national et de la liberté : un intérêt commun unit aujourd'hui tous les Français. Les engagemens que la violence nous avoit arrachés sont détruits par la fuite des Bourbons du territoire français, par l'appel qu'ils. ont fait aux puissances étrangères pour remonter sur le trône qu'ils ont abandonné, et par le vœu unanime de la nation, qui, en reprenant le libre exercice de ses droits, a solennellement désavoué tout ce qui a été fait sans sa participation.

Les Français ne peuvent recevoir de lois de l'étranger; ceux mêmes qui sont allés y mendier un secours parricide ne tarderont pas à reconnoître et à éprouver. ainsi que leurs prédécesseurs, que le mépris et l'infamie suivent leurs pas, et qu'ils ne peuvent laver l'opprobre dont ils se couvrent qu'en rentrant dans nos rangs.

Mais une nouvelle carrière de gloire s'ouvre devant l'armée; l'histoire consacrera le souvenir des faits mili

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