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Mes ministres vous feront successivement connoître la situation des affaires.

Les finances seroient dans un état satisfaisant, sans le surcroît de dépenses que les circonstances actuelles ont exigé.

Cependant, on pourroit faire face à tout, si les recettes comprises dans le budget étoient toutes réalisables dans l'année; et c'est sur les moyens d'arriver à ce résultat que mon ministre des finances fixera votre

attention.

Il est possible que le premier devoir du prince m'appelle bientôt à la tête des enfans de la nation pour combattre pour la patrie. L'armée et moi nous ferons notre devoir,

Vous, pairs et représentans, donnez à la nation l'exemple de la confiance, de l'énergie et du patriotisme; et, comme le sénat du grand peuple de l'antiquité, soyez décidés à mourir plutôt que de survivre au déshonneur et à la dégradation de la France: la cause sainte de la patrie triomphera!

No. XLIX.

ADRESSE DE LA CHAMBRE DES PAIRS DU II JUIN

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N. B. Le dimanche 11 juin, S. M. l'empereur étant sur son trône, entouré de LL. AA. II. ses frères, des princes grands-dignitaires, des ministres, des grands-officiers de l'Empire, des grands-aigles, des

officiers de sa maison, et des membres du conseil d'Etat, a reçu au palais des Tuileries, avant la messe une députation de la chambre des pairs.

Cette députation, qui s'est rendue aux Tuileries avec une escorte d'honneur, a été conduite à l'audience par un maître et un aide des cérémonies, introduite par S. Exc. le grand-maître, et présentée à S. M. par le prince archichancelier de l'Empire.

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S. A. S. le prince archichancelier, président de la chambre des pairs, a présenté à S. M. l'adresse sui

vante :

Sire,

Votre empressement à soumettre aux formes et aux règles constitutionnelles le pouvoir absolu que les circonstances et la confiance du peuple vous avoient imposé les nouvelles garanties données aux droits de la nation, le dévouement qui vous conduit au milieu des périls que va braver l'armée, pénètrent tous les cœurs d'une profonde reconnoissance. Les pairs de France viennent offrir à V. M. l'hommage de ce sentiment.

Vous avez manifesté, Sire, des principes qui sont ceux de la nation : ils doivent être les nôtres. Oui, tout pouvoir vient du peuple, est institué pour le peuple; la monarchie constitutionnelle est nécessaire au peuple français, comme garantie de sa liberté et de son indépendance.

Sire, tandis que vous serez à la frontière, à la tête des enfans de la patrie, la chambre des pairs concourra avec zèle à toutes les mesures législatives que les circonstances exigeront, pour forcer l'étranger à recon

noître l'indépendance nationale, et faire triompher dans l'intérieur les principes consacrés par la volonté

du peuple.

L'intérêt de la France est inséparable du vôtre. Si la fortune trompoit vos efforts, des revers, Sire, n'affoibliroient pas notre persévérance, et redoubleroient notre attachement pour vous.

Si les succès répondent à la justice de notre cause et aux espérances que nous sommes accoutumés à concevoir de votre génie et de la bravoure de nos armées la France n'en veut d'autre fruit que la paix. Nos institutions garantissent à l'Europe que jamais le gouvernement français ne peut être entraîné par les séductions de la victoire.

S. M. à répondu :

Monsieur le président et Messieurs les députés
de la chambre des pairs,

La lutte dans laquelle nous sommes engagés est sérieuse. L'entraînement de la postérité n'est pas le danger qui nous menace aujourd'hui. C'est sous les Fourches Caudines que les étrangers veulent nous faire passér.

La justice de notre cause, l'esprit public de la nation et le courage de l'armée, sont de puissans motifs pour espérer des succès : mais si nous avions des revers, c'est alors surtout que j'aimerois à voir déployer toute l'énergie de ce grand peuple; c'est alors que je trouverois dans la chambre des pairs des preuves d'attachement à la patrie et à moi.

C'est dans les temps difficiles que les grandes na

tions, comme les grands hommes, déploient toute nergie de leur caractère, et deviennent un objet d'admiration pour la postérité.

M. le président et MM. les députés de la chambre des pairs, je vous remercie des sentimens que vous m'exprimez au nom de la chambre.

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La chambre des représentans arecueilli avec une profonde émotion les paroles émanées du trône, dans la séance solennelle où Votre Majesté, déposant le pouvoir extraordinaire qu'elle exerçoit, a proclamé le commencement de la monarchie constitutionnelle.

Les principales bases de cette monarchie protectrice de la liberté, de l'égalité, du bonheur du peuple, ont été reconnues par V. M., qui, se portant d'elle-même au-devant de tous les scrupules comme de tous les vœux, a déclaré que le soin de réunir nos constitutions éparses, et de les coordonner, étoit une des plus importantes occupations réservées à la législature.

Fidèle à sa mission, la chambre des représentans remplira la tâche qui lui est dévolue dans ce noble travail. Elle demande que, pour satisfaire à la volonté publique ainsi qu'au vœu de V. M., la délibération nationale rectifie le plus tôt possible ce que l'urgence

de notre situation a pu produire de défectueux ou laisser d'imparfait dans l'ensemble de nos constitutions.

Mais en même-temps, Sire, la chambre des représentans ne se montrera pas moins empressée à proclamer ses sentimens et ses principes sur la lutte terrible qui menace d'ensanglanter l'Europe.

A la suite d'événemens désastreux, la France envahie ne parut un moment écoutée sur l'établissement de sa constitution, que pour se voir presqu'aussitôt soumise à une charte royale émanée du pouvoir absolu ; à une ordonnance de réformation toujours révocable de sa nature, et qui, n'ayant pas l'assentiment exprimé du peuple, n'a jamais pu être considérée comme obligatoire pour la nation. Reprenant aujourd'hui l'exercice de tous ses droits, se ralliant autour du héros que sa confiance investit de nouveau du gouvernement de l'État, la France s'étonne et s'afflige de voir des souverains en armes lui demander raison d'un changement intérieur qui est le résultat de la volonté nationale, et qui ne porte atteinte ni aux relations existantes avec les autres gouvernemens, ni à leur sécurité.

La France ne peut admettre aucune des distinctions à l'aide desquelles les puissances coalisées cherchent à voiler leur agression. Attaquer le monarque de son choix, c'est attaquer l'indépendance de la nation. Elle est armée tout entière pour défendre cette indépendance, et pour repousser, sans exception, toute fa mille et tout prince qu'on oseroit vouloir lui imposer.

Aucun projet ambitieux n'entre dans la pensée du peuple français; la volonté même des princes victorieux seroit impuissante pour entraîner la nation hors

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