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des limites de sa propre défense; mais aussi, pour garantir son territoire, pour maintenir sa liberté, son honneur et sa dignité, elle est prête à tous les sacrifices.

Que n'est-il permis, Sire, d'espérer encore que cet appareil de guerre, formé peut-être peut-être par les irritations de l'orgueil et par des illusions que chaque jour doit affoiblir, s'éloignera devant le besoin d'une paix nécessaire à tous les peuples de l'Europe, et qui rendroit à V. M. sa compagne, aux Français l'héritier du trône! Mais déjà le sang a coulé, et le signal des combats préparés contre l'indépendance et la liberté française, a été donné au nom d'un peuple qui porte au plus haut degré l'enthousiasme de l'indépendance et de la liberté !

Sans doute au nombre des communications que nous attendons de V. M., les chambres trouveront la preuve des efforts qu'elle a faits pour maintenir la paix dn Monde. Si tous ces efforts doivent rester inutiles, que les malheurs de la guerre retombent sur ceux qui les auront provoqués !

de

La chambre des représentans n'attend que les documens qui lui sont annoncés pour concourir de tout son pouvoir aux mesures qu'exigera le succès d'une guerre aussi légitime. Il lui tarde, pour énoncer son væu, connoître les besoins et les ressources de l'Etat; et, tandis que V. M., opposant à la plus injuste agression la valeur des armées nationales et la force de son génie, ne cherchera dans la victoire qu'un moyen d'arriver à une paix durable, la chambre des représentans croira marcher vers le même but en travaillant

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sans relâche au pacte dont le perfectionnement doit cimenter encore l'union du peuple et du trône, et forde l'Europe, l'amélioration de nos

, par

tifier aux yeux
institutions, la garantie de nos engagemens.

S. M. a répondu :

M. le président

Et MM. les députés de la chambre des représentans,

Je retrouve avec satisfaction mes propres sentimens dans ceux que vous m'exprimez. Dans ces graves circonstances, ma pensée est absorbée par la guerre imminente au succès de laquelle sont attachés l'indépendance et l'honneur de la France.

Je partirai cette nuit pour me rendre à la tête de mes armées; les mouvemens des différens corps ennemis y rendent ma présence indispensable. Pendant mon absence, je verrois avec plaisir qu'une commission nommée par chaque chambre méditât sur nos constitutions.

La constitution est notre point de ralliement; elle doit être notre étoile polaire dans ces momens d'orage. Toute discussion publique qui tendroit à diminuer directement ou indirectement la confiance qu'on doit avoir dans ses dispositions, seroit un malheur pour l'Etat; nous nous trouverions au milieu des écueils, sans boussole et sans direction. La crise où nous sommes engagés est forte. N'imitons pas l'exemple du BasEmpire, qui, pressé de tous côtés par les Barbares, se rendit la risée de la postérité en s'occupant de discussions abstraites, au moment où le bélier brisoit les portes de la ville.

Indépendamment des mesures législatives qu'exigent les circonstances de l'intérieur, vous jugerez peut-être utile de vous occuper des lois organiques destinées à faire marcher la constitution. Elles peuvent être l'objet de vos travaux publics sans avoir aucun inconvénient.

M. le président et MM. les députés de la chambre des représentans, les sentimens exprimés dans votre adresse me démontrent assez l'attachement de la chambre à ma personne, et tout le patriotisme dont elle est animée. Dans toutes les affaires, ma marche sera toujours droite et ferme. Aidez-moi à sauver la patrie. Premier représentant du peuple, j'ai contracté l'obligation que je renouvelle, d'employer dans des temps plus tranquilles toutes les prérogatives de la couronne, et le peu d'expérience que j'ai acquis, à vous seconder dans l'administration de nos institutions.

N. LI.

MEMBRES DU CONSEIL DE RÉGENCE.

L'empereur, avant de partir, a confié le gouvernement à un conseil composé de quatorze membres; savoir le prince JOSEPH, le prince LUCIEN, les huit ministres ayant portefeuille, les quatre ministres d'Etat, membres de la chambre des représentans, MM. MERLIN, BOULAY, REGNAULT, DEFERMONT. Le prince JOSEPH en est le président. Tout s'y décide à la majorité des voix en cas de partage, le président a voix prépondérante. (Journal de l'Empire, du 15 juin.)

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C'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo et de Friedland, qui décida deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous fûmes trop généreux! Nous crûmes aux protestations et aux sermens des princes que nous laissâmes sur le trône! Aujourd'hui, cependant, coalisés entr'eux, ils en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions. Marchons donc à leur rencontre. Eux et nous ne sommes mêmes hommes ?

nous plus les

Soldats, à Jéna, contre ces mêmes Prussiens aujourd'hui si arrogans, vous étiez un contre trois, et à Montmirail un contre six !

Que ceux d'entre vous qui ont été prisonniers des Anglais, vous fassent le récit de leurs pontons, et des maux affreux qu'ils y ont soufferts.

Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la confédération du Rhin, gémissent d'être obligés de prêter leurs bras à la cause des princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable! Après avoir dévoré douze millions de Polonais, douze millions d'Italiens, un million de Saxons, six millions de Belges, elle

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devra dévorer les Etats du deuxième ordre de l'Alle

magne.

Les insensés! un moment de prospérité les aveugle. L'oppression et l'humiliation du peuple français sont hors de leur pouvoir! S'ils entrent en France, ils y trouveront leur tombeau.

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Soldats! nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir; mais avec de la constance la victoire sera à nous les droits, l'honneur et le bonheur de la patrie seront reconquis! Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr.

Pour ampliation,

Signé NAPOLÉON.

Le maréchal d'Empire, major-général,

duc DE DALMATIE.

N°. LIII.

EXTRAIT DE LA LETTRE DU MARÉCHAL NEY AU DUC D'OTRANTE, SUR LA BATAILLE DE WATERLOJ.

"...Vers sept heures du soir, après le plus affreux car→ nage que j'aie jamais vu, le général Labédoyère vint me dire, de la part de l'empereur, que M. le maréchal Grouchy arrivoit à notre droite et attaquoit la gauche des Anglais et des Prussiens réunis ; cet officier général, en parcourant la ligne, répandit cette nouvelle parmi les soldats... Cependant quel fut mon étonnement, je

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