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No. LII.

PROCLAMATION DE BUONAPARTE A L'ARMÉE.

Soldats,

Avesnes, le 14 juin 1815.

C'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo et de Friedland, qui décida deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous fûmes trop généreux! Nous crûmes aux protestations et aux sermens des princes que nous laissâmes sur le trône ! Aujourd'hui, cependant, coalisés entr'eux, ils en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions. Marchons donc à leur rencontre. Eux et nous ne sommes mêmes hommes ?

-

nous plus les

Soldats, à Jéna, contre ces mêmes Prussiens aujourd'hui si arrogans, vous étiez un contre trois, et à Montmirail un contre six !

Que ceux d'entre vous qui ont été prisonniers des Anglais, vous fassent le récit de leurs pontons, et des maux affreux qu'ils y ont soufferts.

Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la confédération du Rhin, gémissent d'être obligés de prêter leurs bras à la cause des princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable! Après avoir dévoré douze millions de Polonais, douze millions d'Italiens, un million de Saxons, six millions de Belges, elle

devra dévorer les Etats du deuxième ordre de l'Alle

magne.

Les insensés! un moment de prospérité les aveugle. L'oppression et l'humiliation du peuple français sont hors de leur pouvoir! S'ils entrent en France, ils y trouveront leur tombeau.

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Soldats! nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir; mais avec de la constance la victoire sera à nous : les droits, l'honneur et le bonheur de la patrie seront reconquis! Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr.

Pour ampliation,

Signé NAPOLÉON.

Le maréchal d'Empire, major-général,

duc DE DALMATIE.

No. LIII.

EXTRAIT DE LA LETTRE DU MARÉCHAL NEY AU DUC D'OTRANTE, SUR LA BATAILLE DE WATERLOJ.

"...Vers sept heures du soir, après le plus affreux carnage que j'aie jamais vu, le général Labédoyère vint me dire, de la part de l'empereur, que M. le maréchal Grouchy arrivoit à notre droite et attaquoit la gauche des Anglais et des Prussiens réunis ; cet officier général, en parcourant la ligne, répandit cette nouvelle parmi les soldats... Cependant quel fut mon étonnement, je

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dois dire mon indignation, quand j'appris, quelques instans après, que, non seulement, M. le maréchal Grouchy n'arrivoit point à notre appui, comme on venoit de l'assurer à toute l'armée, mais que quarante à cinquante mille Prussiens attaquoient notre extrême droite, et la forçoient de se replier! ...... Les Anglais marchèrent à leur tour en avant. Il nous restoit encore quatre carrés de la vieille garde, placés avantageusement, pour protéger la retraite; ces braves grenadiers, l'élite de l'armée, forcés de se replier successivement, n'ont cédé le terrain que pied à pied, jusqu'à ce qu'enfin accablés par le nombre, ils ont été presque entièrement détruits. Dès lors le mouvement rétrograde fut prononcé, et l'armée ne forma plus qu'une colonne confuse. Il n'y a cependant jamais eu de dé➡ route ni de cri de sauve qui peut, ainsi qu'on a osé en calomnier l'armée dans le bulletin.... >>

Ici le maréchal Ney parle des difficultés de sa marche jusqu'à Marchienne-au-Pont, où il arriva le 19 à quatre heures du matin, ignorant ce qu'étoit devenu l'empereur, qu'il pouvoit croire pris ou tué. Apprenant qu'il est à Charleroi, il continue sa marche, et supposant que S. M. s'étant mise à la tête du corps de Grouchy se rend à Avesnes pour y rallier l'armée, il prend la même direction. Mais arrivé à Avesnes, il ne peut y obtenir aucun renseignement sur l'empereur. Le désordre croissant, il continue sa marche vers Paris pour y faire connoître l'état des affaires. Mais arrivé au Bourget, à trois lieues de Paris, il apprend que l'empereur y avoit passé le matin à neuf

heures.

Tel est le récit que le maréchal fait de ce désastre dont nos fautes militaires n'offrent point d'exemple. Et cependant, continue-t-il, on cherche à envelopper du voile de la trahison les fautes et les extravagances de cette journée fautes qu'on s'est bien gardé d'avouer dans les bulletins.

No. LIV.

DÉCLARATION DE NAPOLÉON BUONAPARTE AU PEUPLE FRANÇAIS, DU 22 JUIN.

Français ! en commençant la guerre pour soutenir l'indépendance nationale, je comptois sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés et le concours de toutes les autorités nationales. J'étois fondé à en espérer le succès, et j'avois bravé toutes les déclarations des puissances contre moi. Les circonstances paroissent changées. Je m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France; puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n'en avoir jamais voulu qu'à ma personne ! Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, empereur des Français. Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil de gouvernement. L'intérêt que je porte à mon fils m'engage à inviter les chambres à organiser sans délai la régence par une loi. Unissez-vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante.

Donné au palais de l'Elysée, le 22 juin 1815.
Signé NAPOLÉON,

dois dire mon indignation, quand j'appris, quelques instans après, que, non seulement, M. le maréchal Grouchy n'arrivoit point à notre appui, comme on venoit de l'assurer à toute l'armée, mais que quarante à cinquante mille Prussiens attaquoient notre extrême droite, et la forçoient de se replier!...... Les Anglais marchèrent à leur tour en avant. Il nous restoit encore quatre carrés de la vieille garde, placés avantageusement, pour protéger la retraite; ces braves grenadiers, l'élite de l'armée, forcés de se replier successivement, n'ont cédé le terrain que pied à pied, jusqu'à ce qu'enfin accablés par le nombre, ils ont été presque entièrement détruits. Dès lors le mouvement rétrograde fut prononcé, et l'armée ne forma plus qu'une colonne confuse. Il n'y a cependant jamais eu de déroute ni de cri de sauve qui peut, ainsi qu'on a osé en calomnier l'armée dans le bulletin.... »

Ici le maréchal Ney parle des difficultés de sa marche jusqu'à Marchienne-au-Pont, où il arriva le 19 à quatre heures du matin, ignorant ce qu'étoit devenu l'empereur, qu'il pouvoit croire pris ou tué. Apprenant qu'il est à Charleroi, il continue sa marche, et supposant que S. M. s'étant mise à la tête du corps de Grouchy se rend à Avesnes pour y rallier l'armée, il prend la même direction. Mais arrivé à Avesnes, il ne peut y obtenir aucun renseignement sur l'empereur. Le désordre croissant, il continue sa marche vers Paris pour y faire connoître l'état des affaires. Mais arrivé au Bourget, à trois lieues de Paris, il apprend que l'empereur y avoit passé le matin à neuf

heures.

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