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Tel est le récit que le maréchal fait de ce désastre dont nos fautes militaires n'offrent point d'exemple. Et cependant, continue-t-il, on cherche à envelopper du voile de la trahison les fautes et les extravagances de cette journée : fautes qu'on s'est bien gardé d'avouer dans les bulletins.

No. LIV.

DÉCLARATION DE NAPOLÉON BUONAPARTE AU PEUPLE FRANÇAIS, DU 22 JUIN.

Français en commençant la guerre pour soutenir l'indépendance nationale, je comptois sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés et le concours de toutes les autorités nationales. J'étois fondé à en espérer le succès, et j'avois bravé toutes les déclarations des puissances contre moi. Les circonstances paroissent changées. Je m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France; puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n'en avoir jamais voulu qu'à ma personne ! Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, empereur des Français. Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil de gouvernement. L'intérêt que je porte à mon fils m'engage à inviter les chambres à organiser sans délai la régence par une loi. Unissez-vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante.

Donné au palais de l'Elysée, le 22 juin 1815.
Signé NAPOLÉON,

No. LV.

RÉPONSE DE SA MAJESTÉ AUX BUREAUX DES DEUX

CHAMBRES.

N. B. Les délibérations prises par les chambres sur la déclaration de l'empereur au peuple français, ont été présentées à S. M. par des députations composées des membres du bureau de chacune des chambres.

S. M. a répondu à l'une et à l'autre de ces députations

en ces termes :

« M. le président, je vous remercie des sentimens que vous m'exprimez. Je recommande à la chambre de renforcer les armées, de les mettre dans le meilleur état de défense : qui veut la paix, doit se préparer à la guerre. Ne mettez pas cette grande nation à la merci de l'étranger, de peur d'être déçus dans vos espérances. Dans quelque position que je me trouve, je serai heureux si la France est libre et indépendante. Si j'ai remis le droit qu'elle m'a donné, à mon fils, de mon vivant, ce grand sacrifice, je ne l'ai fait que pour le bien de la nation, et l'intérêt de mon fils, que j'ai, en consé quence, proclamé empereur. »

N°. LVI.

SÉANCE DE LA CHAMBRE DES PAIRS RELATIVE AU DÉPART DE SA MAJESTÉ, DU 29 JUIN.

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A dix heures et demie du soir la séance est ouverte.

M. le comte Thibaudeau donne lecture du message

suivant :

Monsieur le président,

La commission de gouvernement n'a pas perdu de vue un instant que Napoléon, par suite de son abdication, se trouve placé sous la sauve-garde de l'honneur français.

Son premier soin a été de demander aux généraux ennemis des sauf-conduits pour la sûreté de sa per

sonne.

Le 25 juin, Napoléon a demandé que deux frégates fussent mises à sa disposition.

La commission a sur-le-champ autorisé le ministre de la marine à armer ces deux frégates. Le lieutenant général Becker a été chargé de pourvoir à la sûreté de la personne de Napoléon pendant sa route, et tous les ordres nécessaires ont été donnés pour assurer le service des relais.

Cependant, hier 28, Napoléon n'étoit pas encore parti le sauf-conduit n'arrivant pas, l'approche de l'ennemi donnant de vives inquiétudes sur la sûreté de Napoléon, la crainte d'un mouvement de l'intérieur ajoutant encore à ces inquiétudes, la commission s'est décidée à presser de nouveau le départ de Napoléon, et les ordres les plus positifs ont été donnés au ministre de la marine. Ce dernier a été envoyé près de lui avec le comte Boulay.

La chambre verra par la copie ci-jointe de la réponse de lord Wellington, qu'il ne s'est pas cru autorisé à donner les sauf-conduits demandés, et que la

commission a rempli un de ses devoirs les plus sacrés, en faisant partir Napoléon.

La commission de gouvernement informe la chambre que Napoléon est parti à quatre heures, comme le prouve la lettre ci-jointe du généra IBecker.

La commission invite la chambre à s'occuper de son sort et de celui de sa famille.

Agréez, monsieur le président, l'assurance de ma plus haute considération.

Paris, le 29 juin 1815.

Signé le duc D'OTRANTE.

Copie de la lettre écrite à M. le comte Bignon, par lord

Wellington.

Au quartier-général, le 28 juin.

Monsieur le comte,

J'ai eu l'honneur de recevoir la lettre de V. Exc., en date du 25.

J'ai déjà écrit à MM. les commissaires nommés pour traiter de la paix avec les puissances alliées sur la proposition d'une suspension d'hostilités, une réponse que V. Exc. a vue, et je n'ai rien à y ajouter.

Pour ce qui regarde un passeport et sauf-conduit pour Napoléon Buonaparte pour passer aux EtatsUnis d'Amérique, je dois prévenir V. Exc. que je n'ai aucune autorité de mon gouvernement pour donner une réponse quelconque sur cette demande.

Copie de la lettre du général Becker.

Monseigneur,

Malmaison, le 29 juin 1815.

J'ai l'honneur d'annoncer à la commission de gou

vernement que l'empereur va monter en voiture pour se rendre à sa destination, en faisant des vœux pour le rétablissement de la paix et de la prospérité de la France.

Daignez, Monseigneur, agréer l'hommage du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être le trèshumble et très-obéissant serviteur.

Signé le général comte BECKER.

M. le comte de Lavalette demande que le ministre de la marine veuille bien donner des détails sur les dispositions qui ont été prises pour le départ de Napoléon, afin qu'on ne puisse lui supposer de l'obstination à ne pas vouloir partir.

M. le président. J'invite M. le duc Decrès de vouloir bien donner les détails que la chambre paroît désirer.

M. le duc Decrès. Je croyois n'avoir pas à occuper ce soir la chambre de cet objet. Je le croy ois d'autant moins, que dans le comité secret qui a été tenu hier au soir, j'ai donné tous les détails qu'on pouvoit désirer. Le fait est que j'ai été chargé par la commission de gouvernement de faire connoître à Napoléon que le gouvernement adhéroit à la demande qu'il avoit faite d'un certain nombre de bâtimens armés, avec cette condition qu'il se rendroit de suite à sa destination, mais que, ne voulant pas compromettre sa personne, son embarquement seroit subordonné à l'arrivée des sauf-conduits que l'on avoit demandés pour lui.

Je ne me rappelle pas le jour où j'ai été chargé de lui faire cette ouverture qui, au fait, n'étoit pas une ou verture, puisque la demande avoit été faite par lui, et je n'en ai eu connoissance que par l'ordre que j'ai reçu

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