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neur fit arborer le pavillon de l'usurpateur (1); « il faut

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(et l'équité l'exige), ou qu'on publie les faits relatifs » à sa croisière, et les instructions qui lui ont été >> remises la veille de son départ de Toulon, ou bien

que le Roi daigne mettre cet officier dans une situa» tion qui prouve à tous combien Sa Majesté a été » satisfaite de sa loyale, militaire et méritoire conduite » à bord de la frégate la Fleur de Lys. »

Paris, 27 août 1815.

Le Chevalier NORMAN DE GARAT,
Capitaine des vaisseaux du Roi.

N°. LIX.

DISCOURS PRONONCÉ PAR LORD CASTLEREAGH, DANS LA CHAMBRE DES COMMUNES D'ANGLETERRE, LE 25 FÉVRIER 1816, SUR LES Événemens de 1815.

N. B. Après quelques observations préliminaires qui se rattachent uniquement à la forme des discussions parlementaires, l'orateur entre ainsi en matière :

(1) Tandis que le chevalier de Garat fut destitué, le capitaine Collet, commandant de la Melpomène, qui faisoit partie de la même croisière, fut non-seulement conservé, mais envoyé à Naples. Il devoit assurer la navigation de madame Lætitia Buonaparte, de l'ex-roi Jérôme et du cardinal Fesch, lorsqu'il fut attaqué par les Anglais et fait prisonnier avec tout l'équipage de la Melpomène, après un sanglant combat.

que

Avant d'en venir aux négociations de Paris, il est à propos de dire quelques mots sur les opérations militaires et diplomatiques. Ces dernières étant les seules qui peuvent exciter un dissentiment dans la chambre, car la gloire qui environne la partie militaire n'a rencontré que des approbateurs. Les ministres pensèrent, d'après la manière dont ils envisageoient l'état de l'Europe, que toute mesure seulement restrictive seroit peu sage. Quelques personnes pensoient faussement à l'approche de la guerre, que tous les Français avoient pris parti pour l'usurpateur. Je ne voyois d'unanimité pour lui dans l'armée. Plusieurs étoient d'opinion que la guerre seroit longue et difficile. Sans critiquer cette opinion, il devenoit, en l'adoptant, plus pressant les ministres de faire des arrangemens de la plus pour grande étendue; car si jamais guerre avoit demandé des efforts et des sacrifices, c'étoit celle-là. Ils desiroient donc rendre la confédération aussi étendue que possible. Quant aux efforts financiers, c'eût été une économie bien peu sage que celle qui eût empêché l'exécution du dessein commun, ou de donner à cette exécution toute la vigueur dont elle étoit susceptible. Le grand nombre des traités présentés à la chambre prouve à quel point l'Europe étoit disposée à combiner ses efforts. L'absence de la Suède ne doit s'attribuer qu'à l'économie. Les grands embarras où elle se trouvoit firent juger qu'il n'étoit point nécessaire de l'appeler sur le champ de bataille. Le souverain, du Portugal étant au Brésil, le Portugal ne put être prêt à entrer en campagne; l'absence du nom de l'Espagne dans les négociations ne doit point faire accuser la po

litique. Elle refusa de signer uniquement pour un point d'étiquette, et parce qu'elle n'étoit point une principale puissance dans le traité du 25 mars. Ce n'étoit donc qu'une affaire de dignité bien ou mal entendue; mais elle déclara être prête à concourir avec les autres puissances, et c'est ce qu'elle a fait. Ainsi, les efforts de l'Europe pouvoient être aussi étendus que ses moyens réunis le permettoient.

Le montant des subsides a été réglé de manière à consolider cet effort général. Pour notre part, nous devions fournir 150,000 hommes, ou payer un équivalent pour ce qui manqueroit au complet. Le total des troupes que nous avions sur pied, y compris les Hanovriens et autres à notre solde, et nos forces en Italie, étoit de 60 à 80,000 hommes. Le déficit étoit par conséquent de 60,000. Nous le payâmes en argent aux puissances du second ordre à raison de II I. st. par homme. Une grande partie des 8,000,000 l. st. destinés à cet usage n'étoit cependant point employée à la fin de la guerre. Le total général des subsides est de 6,000,000 1. st. La chambre peut juger des résultats de cette disposition politique. Les forces préparées étoient tellement immenses, qu'un échec éprouvé au commencement de la guerre nè pouvoit empêcher que le résultat définitif n'en fût favorable. La glorieuse bataille de Waterloo eût-elle été désastreuse? le succès l'eût bientôt suivie, tant étoient grandes les ressources! Si l'on avoit pu craindre que quelque retard sérieux ne rendît les difficultés plus grandes, il étoit de la dernière importance d'avoir fait à l'avance les préparatifs de tout genre contre l'invasion et l'usurpation de Buonaparte

et pour détromper la nation française, si, s'abandonnant à l'orgueil militaire, elle eût aspiré à rompre les derniers arrangemens faits à son égard. Mais la bataille de Waterloo et ses conséquences ne lui laissa point de doute sur ce qu'étoit la force réelle de l'Europe, qui mettoit sur elle sa main puissante. L'inondation de l'autorité militaire au nom des nations combinées a appris à la France que, lorsqu'elle voudra agir d'après les principes d'une ambition incompatible avec la sûreté du monde, elle sera entraînée à faire une guerre qu'elle ne pourra soutenir. En 1814, elle imputa au défaut de moyens ce qui n'étoit que le résultat de sentimens généreux, mais les Français ne doivent plus s'y tromper : ils ont appris que deux puissances militaires appuyées seulement de quelques auxiliaires se sont seules mesurées avec toutes les forces réunies des armées françaises. Jamais dans les annales de la France, elle ne mit en campagne une armée supérieure par nombre et par la discipline; jamais une armée ne fut plus dévouée à la cause qu'elle défendoit et plus déterminée à vaincre ou à mourir. Et cependant, sans vouloir rien dire d'injurieux aux armées françaises, car il n'y en a point qui aient été plus renommées pour leur bravoure et leurs succès, le duc de Wellington et le maréchal Blucher culbutèrent et détruisirent cette grande armée par le plus brillant et le plus décisif des combats. Jamais une seule victoire eût-elle des résultats politiques et militaires aussi immenses? Elle empêcha la France de reparoître sur le champ de bataille, et les armées victorieuses arrivèrent en 13 ou 14 jours sous les murs de la capitale de la France, qui

le

se rendit, quoiqu'elle eût autour d'elle 70 à 80,000 hommes de toutes sortes d'armes. L'honneur de la guerre et celui du gouvernement français étoient pour jamais décidés, et celui qui nous avoit menacés d'une enţière destruction, étoit forcé de chercher auprès de nous sa sûreté personnelle.

Quelles étoient donc les forces militaires qu'une telle confédération avoient mises sur pied? L'arrangement subséquent fait avec la France pour l'habillement des troupes après l'entrée à Paris, fait voir qu'il est entré sur son territoire 1,140,000 hommes. Je puis assurer à la chambre que le nombre en a été calculé par le duc de Wellington, qui ne le trouve pas exagéré. Il y avoit en outre des corps en mouvement et des réserves de 100,000 Autrichiens et de 150,000 Russes, dont les têtes de colonnes étoient sur l'Elbe en Franconie, Je le dis à l'honneur de la Russie contre laquelle on a manifesté des craintes, je ne sais par quelles raisons, tandis que je n'ai vu, dans les points principaux des intérêts de son empire, qu'une confiance entière en nous de la part de cette puissance, un empressement singulier à concourir à nos projets comme dans l'affaire des îles Ioniennes. Peut-être est-ce à cause de sa position géographique et de ses forces considérables qui la mettent en état de courir les hasards de la guerre avec moins de danger que les autres Etats; mais c'est une justice à rendre à la Russie, que, ne s'étant enga→ gée qu'à mettre sur pied 150,000 hommes, elle en a fait entrer 250,000 en France, et le duc de Wellington en vit 154,000 sous les armes et dans le plus bel ordre, à la revue de la plaine des Vertus. Cette grande arméo

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