Page images
PDF
EPUB

de la garde du bataillon de l'ile d'Elbe parurent avec les anciennes aigles de la garde. L'empereur reprit la parole, et dit aux soldats : « Voilà les officiers du bataillon qui m'a

[ocr errors]

>>

accompagné dans mon malheur; ils sont tous mes amis; » ils étoient chers à mon cœur ! Toutes les fois que je les voyois, ils me représentoient les différens régimens de » l'armée; car dans ces six cents braves, il y a des hommes » de tous les régimens: tous me rappeloient ces grandes journées dont le souvenir est si cher, car tous sont cou> verts d'honorables cicatrices reçues à ces batailles mé» morables. En les aimant, c'est vous tous, soldats de » toute l'armée française, que j'aimois ! Ils vous rapportent, >> ces aigles: qu'elles vous servent de point de ralliement! » En les donnant à la garde, je les donne à toute l'armée. » La trabison et des circonstances malheureuses les. » avoient couvertes d'un crêpe funèbre ! mais grâce au >> peuple français et à vous, elles reparoissent resplen» dissantes de toute leur gloire. Jurez qu'elles se trouve»ront toujours partout où l'intérêt de la patrie les appel» lera! Que les traîtres et ceux qui voudroient envahir >> notre territoire n'en puissent jamais soutenir le regard! »

« Nous le jurons ! » s'écrièrent avec enthousiasme tous les soldats. Les troupes défilèrent ensuite au son de la musique, qui jouoit l'air: Veillons au salut de l'empire!

No. X.

Au palais des Tuileries, le 25 mars 1815.

NAPOLÉON, EMPEREUR DES FRANÇAIS;

Nos ministres d'Etat entendus,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. 1o. Les lois des assemblées nationales applicables à la famille des Bourbons, seront exécutées suivant leur forme et teneur. Ceux des membres de cette famille qui seroient trouvés sur le territoire de l'empire, seront traduits devant les tribunaux pour y être jugés conformément auxdites lois.

2. Ceux qui auroient accepté des fonctions ministérielles sous le gouvernement de Louis-Stanislas-Xavier, comte de Lille; ceux qui auroient fait partie de sa maison militaire et civile, ou de celles des princes de sa famille, seront tenus de s'éloigner de notre bonne ville de Paris, à trente lieues de poste. Il en sera de même des chefs, commandans et officiers des rassemblemens formés et armés pour le renversement du gouvernement impérial, et de tous ceux qui ont fait partie des bandes de chouans.

3. Les individus compris dans l'article précédent seront tenus, sur la réquisition qui leur en sera faite, de prêter le serment voulu par les lois. En cas de refus, ils seront soumis à la surveillance de la haute police; et, sur le rapport qui nous en sera fait, il pourra être pris à leur égard telle autre mesure que l'intérêt de l'Etat exigera.

N. XI.

DISCOURS ET ADRESSE DES MINISTRES, DU 26 MARS.

Le prince archichancelier de l'empire, portant la parole au nom des ministres a parlé en ces termes :

Sire,

[ocr errors]

Les ministres de V. M. viennent vous offrir leurs respectueuses félicitations. Lorsque tous les cœurs ressen tent le besoin de manifester leur admiration et leur joie, nous avons cru devoir consigner nos opinions et l'expression de nos sentimens dans l'adresse que j'ai l'honneur de vous présenter. Puisse V. M. accueillir cet hommage de ses fidèles serviteurs, de ses serviteurs si cruellement éprouvés, mais si complètement dédommagés par votre présence, et par toutes les espérances qui s'y trouvent attachées!

Sire,

Adresse des ministres de Sa Majesté.

¡La Providence qui veille sur nos destinées, a rouvert à V. M. le chemin de ce trône où vous avoient porté le choix libre du peuple et la reconnoissance nationale. La patrie relève son front majestueux; elle salue pour la se conde fois, du nom de libérateur, le prince qui détrôna l'anarchie, et dont l'existence peut seule aujourd'hui consolider nos institutions libérales.

E

La plus juste des révolutions, celle qui devoit rendre à l'homme sa dignité et tous ses droits politiques, a précipité du trône la dynastie des Bourbons: après vingtcinq ans de troubles et de guerre, tous les efforts de l'étranger réveiller des affections éteintes ou tout-à-fait pu inconnues à la génération présente : la lutte des intérêts et des préjugés d'un petit nombre contre les lumières du siècle et les intérêts d'une grande nation est enfin terminée.

n'ont

Les destins sont accomplis; ce qui seul est légitime, la cause du peuple, a triomphé. V. M. est rendue au vœu des Français, elle a ressaisi les rênes de l'Etat au milieu des bénédictions du peuple et de l'armée.

La France, Sire, en a pour garans sa volonté et ses plus chers intérêts; elle en a pour garant tout ce qu'a dit V. M. au milieu des populations qui se pressoient sur son passage.

Les Bourbons n'ont rien su oublier; leurs actions et leur conduite démentoient leurs paroles. V. M. tiendra la sienne, elle ne se souviendra que des services rendus à la patrie; elle prouvera qu'à ses yeux et dans son cœur quelles qu'aient été les opinions diverses et l'exaspération des partis, tous les citoyens sont égaux devant elle, comme ils le sont devant la loi.

[ocr errors]

S. M. veut aussi oublier que nous avons été les maîtres des nations qui nous entourent : pensée généreuse qui ajoute une autre gloire à tant de gloire acquise.

Déjà V. M. a tracé à ses ministres la route qu'ils doivent tenir; déjà elle a fait connoître à tous les peuples, par ses proclamations, les maximes d'après lesquelles elle veut que son empire soit désormais gouverné. Point de guerre au-dehors, si ce n'est pour repousser

une injuste agression; point de réaction au-dedans ; point d'actes arbitraires; sûreté des personnes; sûreté des propriétés; libre circulation de la pensée : tels sont les principes que vous avez consacrés.

Heureux, Sire, ceux qui sont appelés à coopérer à tant d'actes sublimes. De tels bienfaits vous mériteront dans la postérité, c'est-à-dire, lorsque le temps de l'adulation sera passé, le nom de père de la patrie; ils seront garantis à nos enfans par l'auguste héritier que V. M. s'apprête à couronner au champ de Mai.

Signé, CAMBACÉRÈS, le duc de GAETE, le duc de BASSANO, le duc DECRES, le dac D'OTRANTE, MOLLIEN, CAULAINCOURT, duc de Vicence, CARNOT, le maréchal prince D'ECKMUHL.

Réponse de Sa Majesté.

« Les sentimens que vous m'exprimez sont les miens. » Tout à la nation, et tout pour la France! voilà ma >> devise.

[ocr errors]

» Moi et ma famille, que ce grand peuple a élevés sur » le trône des Français, et qu'il y a maintenus malgré les > vicissitudes et les tempêtes politiques, nous ne voulons, » nous ne devons et nous ne pouvons jamais réclamer » d'autres titres. >>

N. XII.

ADRESSE DU CONSEIL-D'ÉTAT PRÉSENTÉE LE 26.

SIRE,

Les membres de votre conseil-d'Etat ont pensé, au

« PreviousContinue »