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La France, réintégrée dans la jouissance de ses droits politiques, replacée dans toute sa gloire, sous la protec tion de son empereur; la France n'a plus de vœux à former, et plus d'ennemis à craindre. Le gouvernement trouve dans la réunion de tous les intérêts, dans l'assentiment de toutes les classes, une force réelle à laquelle les ressources artificielles de l'autorité ne peuvent rien ajouter Il faut abandonner les erremens de cette police d attaque, qui, sans cesse agitée par le soupçon, sans cesse inquiète et turbulente, menace sans garantir, et tourmente sans protéger. Il faut se renfermer dans les limites d'une police libérale et positive, de cette police d'observation, qui, calme dans sa marche, mesurée dans ses recherches, active dans ses poursuites, partout présente et toujours protectrice, veille pour le bonheur du peuple, pour les travaux de l'industrie, pour le repos de tous.

Ne cherchez dans le passé que ce qui est honorable et glorieux à la nation, ce qui peut rapprocher les hommes, affoiblir les préventions, et réunir tous les Français dans les mêmes idées et les mêmes sentimens.

J'aime à croire, Monsieur, que je serai puissamment secondé de vos lumières, de votre zèle, de votre patriotisme et de votre dévouement à l'empereur.

Agréez, M. le préfet, l'assurance de ma considération distinguée.

Le ministre de la police générale,

Signé le due D'OTRANTE.

No. XVIII.

INSTRUCTION POUR LES LIEUTENANS DE POLICE.

Le caractère et les fonctions de la magistrature qui vous est confiée, ont été tracés avec trop de précision par le décret qui l'institue pour que j'aie à entrer avec vous dans de très-longs détails.

La suppression des directeurs, des commissariats généraux et spéciaux, ne donnoit au ministère d'autres agens immédiats et d'autres organes que les préfets; mais l'action de l'autorité pouvoit s'affoiblir et manquer son but, en se divisant ainsi; les renseignemens qu'elle doit recueillir, différemment aperçus, transmis à des époques différentes, pouvoient échapper à son observation, et cesser d'être comparables.

C'est pour remédier à ces inconvéniens qu'on a réuni sous une seule inspection plusieurs départemens dont les habitudes sont les mêmes, et dont la surveillance peut être uniforme. Ainsi, les lieutenans de police sont institués pour imprimer avec plus de sûreté le mouvement du centre à la circonférence; rapprocher dans des foyers secondaires les faits observés sur tous les points de la circonférence, et en rapporter les résultats à un centre unique. Des tournées extraordinaires et annuelles suffisent dans ce système. Les unes sont commandées des circonstances rares et des besoins particuliers, les autres ont habituellement lieu pour exciter, apprécier, soutenir l'activité des fonctionnaires, et prévenir par là ces alternatives de tiédeur et de zèle outré, de mollesse et de violence qui fatiguent les peuples, et provoquent de justes aversions.

par

La surveillance dont vous êtes chargé se distribue d'elle-même en deux parties dont l'une, purement spéculative, s'applique à l'universalité du service public; et dont l'autre, toute positive, a pour objets spéciaux les différentes parties de la police générale.

La haute police a pour spécialité la sûreté du monarque et celle de l'Etat. Attachez-vous particulièrement à ce qui pourroit compromettre l'une ou l'autre, et n'y négligez rien. Mais, en vous y employant avec tout le zèle et toute l'activité dont vous êtes capable, gardez-vous de rien précipiter, et préservez-vous de la passion qui aveugle et crée des fantômes.

Etudiez l'opinion, et observez l'esprit public. L'opinion ne s'attache fortement qu'aux principes et aux intérêts généraux. C'est elle qui prépare, adopte ou rejette ces systèmes de morale et de politique auxquels se rallient les nations; elle se forme dans le silence et le par temps, se manifeste rarement par la violence, mais se défend toujours avec obstination: on ne la domine pas, on la comprime, et elle entraine. Il m'importe donc de la connoître; mais, suivant les circonstances, il vous faudra ou chercher à de grandes profondeurs, ou seulement savoir écouter ou entendre.

L'esprit public appartient plus au moment, il tient plus à des satisfactions ou à des mécontentemens passagers, à des intérêts plus ou moins personnels; il s'attache volontiers à des guides, les suit, s'en dégoûte et les abandonne; souvent irrespectueux, toujours irritable, il a plus d'effervescence que d'opiniâtreté, plus de superficie que de profondeur; instruisez-moi de ses fluctuations diverses, qu'elles soient favorables ou contraires au gouvernement

et aux intérêts nationaux, en harmonie ou en discor dance avec la véritable opinion publique. Faites-moi connoître ceux qui le dirigent, principalement ceux qui le dirigent dans le secret, soit qu'ils le ralliont à de bons principes, soit qu'ils l'éloignent ou le rapprochent du gouvernement et de son chef.

La chose religieuse devra aussi vous occuper. La reli❤ gion semble perdre chaque jour de son empire; mais l'esprit de secte s'enrichit de ses pertes. J'ai besoin de savoir quelles sont les dispositions du clergé institué; s'il est uni ou divisé, et à quel point; s'il a de l'influence, en quel degré, sur qui et comment il l'exerce. Il ne m'est pas moins important de connoitre les sectes nouvelles, le nom et la personne des sectaires, leurs vues politiques, s'ils en ont, leur attachement ou leur aversion pour telle ou telle forme de gouvernement, et pour la personne de l'empereur. Recherchez avec soin toutes ces choses ; transmettez-les moi avec exactitude.

N. XIX.

PROCLAMATION AUX TROUPES DE LA 11 DIVISION

MILITAIRE.

Soldats!

Vos vœux sont comblés : les aigles françaises ont reparu et annoncé le retour du père de la patrie. L'empereur est depuis le 20 mars dans la capitale de l'empire.

Le génie qui veille sur nos destinées a préservé Napo→ léon de tous les dangers. Les populations des pays qu'il a

traversés, ravies de son retour inattendu, se sont empressées d'accourir sur son passage, et de lui offrir les témoignages éclatans de leur dévouement et de leur admiration. Sa marche, depuis le lieu de son débarquement, a été une marche vraiment triomphale : tous les cœurs français ont exprimé, en le revoyant, les sentimens nationaux dont ils sont pénétrés, et Paris s'est signalé par un enthousiasme sans exemple jusqu'à ce jour, en se précipitant tout en tier au-devant d'un prince qui l'avoit enrichi du fruit de ses victoires, et embelli de ses plus beaux monumens.

Soldats livrez vos âmes à la joie qu'elles ressentent Reprenez cette cocarde tricolore, qui, pendant vingt-cinq ans, nous a conduits à la victoire; laissez librement éclater tous les sentimens que vous ne pouviez contenir; ils sont dignes à la fois de la nation et du chef qu'elle s'est volon tairement donné.

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Soldats! votre gloire et les droits du peuple français sont désormais hors de toute atteinte. Soutenu de votre courage et de votre immuable fidélité, l'empereur, dont le retour nous délivre du joug de l'étranger et de la féodalité, replacera la nation au rang qu'elle n'eût jamais dû perdre ; il nous préservera de la guerre civile que les éternels ennemis de la patrie et de notre liberté voudroient allumer; et, grâce à son expérience et à son génie, la France doit espérer des jours de prospérité, de gloire ef de paix.

Au quartier-général de

mars 1815.

Le lieutenant-général gouverneur de la 11
CLAUSEL

division militaire,

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