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de citoyens sont prêts à marcher à la voix de la patrie ? Non, le trône où les votes constatés de quatre millions d'hommes ont appelé l'empereur, ce trône affermi par tant de traités, illustré par tant de sacrifices, consacré par la religion, ne peut devenir la proie des conquérans!

Les projets, conçus dans un premier moment d'alarmes et dans l'incertitude des événemens, n'auront aucune suite, et ne sauroient avoir de succès, quand l'Europe apprendra que les Bourbons ne peuvent plus recevoir, d'autres secours que ceux de l'hospitalité; quand elle saura que la France achevant, dans le cercle de ses li mites reconnues, sous la foi des traités et la protection du droit des gens, le grand œuvre de sa révolution, se montre unanime dans le généreux dessein de résister l'oppression et de repousser des agressions injustes.

Je ne pense pas, M. le préfet, que la mesure dont vous devez assurer le succès puisse éprouver le moindre obsta cle. Vous voudrez bien ne me rien laisser ignorer de ce qui concerne son exécution.

Recevez, M. le préfet, l'assurance de ma considération distinguée.

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Paris, le 13 avril 1815.

Signé le duc D'Otrante.

No. XXVII.

CIRCULAIRE DU MINISTRE DES FINANCES AUX RECE→ VEURS GÉNÉRAUX, DU 14 AVRIL 1815.

Une année d'expérience, Monsieur, a suffi pour dé→ montrer que le trône impérial pouvoit seul garantir les

nouveaux intérêts de France, en consolidant les propriétés. dans les mains des acquéreurs de domaines nationaux; en préservant les campagnes du rétablissement des dimes, des droits seigneuriaux, des rentes féodales; en un mot, en affranchissant l'empire du despotisme nobiliaire et sacerdotal, dont le sceptre de plomb se préparoit à peser sur nos familles. La Providence a voulu, que ce tròne se relevât comme par enchantement, pour assurer l'accomplissement de ses destins. Tout porte à croire que ses décrets seront respectés par les puissances de l'Europe, et que la France n'aura point à combattre pour son indépendance, lorsque l'empereur a procla:né l'intention invariable de ne point intervenir dans les affaires intérieures des autres peuples.

Néanmoins la prudence commande de fonder le maintien de la paix sur des moyens assurés pour soutenir la guerre, et il convient à la dignité d'une grande nation de justifier sa modération par sa puissance.

C'est dans ces vues qu'a été rendu le décret impérial du 28 mars, qui appelle tous les sous-offic ers et soldats qui ont quitté l'armée, pour quelque raison que ce soit, à rejoindre leurs corps. Tous les pères de famille doivent donc user de leur influence sur tout ce qui les environne, pour concourir à l'exécution d'une disposition dont le résultat doit être de déployer un appareil de forces qui suffira pour faire respecter nos droits. Votre dévouement aux intérêts de la patrie et à la personne de notre auguste empereur, m'est un sûr garant de votre zèle à seconder de tout votre pouvoir les vues du gouvernement sur cet important objet.

Je vous invite à faire réimprimer ma lettre pour en

donner connoissance à MM. les receveurs particuliers,

et aux percepteurs des communes.

J'ai l'honneur, Monsieur, de vous saluer.

Le ministre des finances,

Le duc GAETE.

N°. XXVIII.

RAPPORT DU DUC DE VICENCE, DU 12 AVRIL.

...... Un inconcevable système menace de prévaloir chez les puissances, celui de se disposer au combat sans admettre d'explication préliminaire avec la nation qu'elles paroissent vouloir combattre. Par quelque prétexte que l'on veuille justifier une marche aussi inouïe, la conduite de V. M. en est la plus éclatante réfutation. Les faits parlent; ils sont simples, précis, incontestables; et, sur l'exposé seul que je vais faire de ces faits, les conseils de V. M., les conseils de tous les souverains de l'Europe, les gouvernemens et les peuples peuvent également juger ce grand procès.

Depuis quelques jours, sire, j'éprouvois le besoin d'appeler vos méditations sur les préparatifs des divers gouvernemens étrangers; mais les germes de troubles qui se sont développés un moment sur quelques points de nos provinces méridionales compliquoient notre situation : peut-être le sentiment si naturel qui nous porte à vouloir, avant tout, la répression de tout principe de dissension intérieure, m'eût-il empêché, malgré moi, de considérer sous un jour assez sérieux les dispositions comminatoires

qui se font remarquer au dehors. La rapide dispersion des ennemis de notre repos domestique m'affranchit de tout ménagement de cette nature. La nation française a le droit d'attendre la vérité de la part de son gouvernement, et jamais son gouvernement ne put avoir, autant qu'aujourd'hui, la volonté comme l'intérêt de lui dire la vérité tout entière.

Vous avez, sire, repris votre couronne le 1er du mois de mars. Il est des événemens tellement au-dessus des calculs de la raison humaine, qu'ils échappent à la prévoyance des rois et à la sagacité de leurs ministres. Sur le premier bruit de votre arrivée aux rives de la Provence, les monarques assemblés à Vienne ne voyoient encore que le souverain de l'île d'Elbe, quand déjà V. M. régnoit de nouveau sur l'empire français. Ce n'est que dans le château des Tuileries que V. M. ́a pu apprendre l'existence de leur déclaration du 13. Les signataires de cet acte inexplicable avoient déjà compris d'eux-mêmes que V. M. étoit dispensée d'y répondre.

Cependant, toutes les proclamations, toutes les paroles de V. M. attestoient hautement la sincérité de ses voeux pour le maintien de la paix. J'ai dû prévenir les agens politiques français employés à l'extérieur par le gouvernement royal, que leurs fonctions étoient terminées, et leur mander que V. M. se proposoit d'accréditer incessamment de nouvelles légations. Dans son désir de ne laisser aucun doute sur ses sentimens véritables, V. M, m'a ordonné d'enjoindre à ses agens de s'en rendre les interprètes auprès des divers cabinets. J'ai rempli cet ordre, en écrivant le 30 mars aux ambassadeurs, ministres et autres agens, la lettre ci-jointe, sous le no 1er. Now

contente de cette première démarche, V. M. a voulu, dans cette circonstance extraordinaire, donner à la manifestation de ses dispositions pacifiques un caractère encore plus authentique et plus solennel. Il lui a paru qu'elle ne pouvoit en consacrer l'expression avec plus d'éclat, qu'en la consignant elle-même dans une lettre aux souverains étrangers. Elle m'a en même temps prescrit de faire à leurs ministres une déclaration semblable.

Ces deux lettres, dont je joins ici copie sous les nos 2 et 3, expédiées le 5 de ce mois, sont un monument qui doit déposer à jamais de la loyauté et de la droiture des vues de V. M. I.

Tandis que les momens de V. M. étoient ainsi marqués, et pour ainsi dire remplis pár une seule pensée, quelle a été la conduite des diverses puissances?

De tout temps les nations se sont plu à favoriser les communications de leurs gouvernemens entr'eux; et les cabinets eux-mêmes se sont attachés à rendre ces communications faciles. Pendant la paix, l'objet de ces relations est de prolonger sa durée ; pendant la guerre, il tend au rétablissement de la paix; dans l'une et l'autre circonstances, elles sont un bienfait pour l'humanité. Il étoit réservé à l'époque actuelle de voir une société de monarques s'interdire simultanément tout rapport avec un grand Etat, et fermer l'accès à ses amicales assurances. Les courriers expédiés de Paris, le 30 mars, pour différentes cours, n'ont pu arriver à leur destination. L'un n'a pu dépasser Strasbourg, et le général autrichien qui commande à Kell, s'est refusé à lui ouvrir un passage, même avec la condition de le faire accompagner d'une escorte. Un autre, expédié pour l'Italie, a été obligé de revenir de Turin,

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