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M. le commandant de Toulon, le comte Lardenoy, étant du nombre des émigrés compris dans le décret de V. M. du 13 mars, je lui ai fait délivrer un passeport pour se rendre à Nice.

J'ai donné, par estafette, à tous les commandans de ce département, l'ordre de se conformer aux dispositions des dépêches du ministre de la guerre, sous les dates des 25 mars et 8 avril.

J'ai prévenu M. l'amiral Gantheaume de venir à Toulon prendre le commandement de la marine, comme commissaire extraordinaire. A son arrivée, je lui ai donné connoissance des instructions de Votre Majesté.

Le 11 au soir, la ville de Marseille ne s'étoit point encore soumise. Je lui fixai la journée du 12; j'annonçai que je m'y rendrois le 13: en effet, mes dispositions étoient faites à Toulon et à Avignon; mais je n'ai pas eu besoin d'agir.

Le 12, le conseil municipal de Marseille a député trois de ses membres auprès de moi, pour me porter la sou→ mission de cette ville.

J'ai accueilli cette députation; et, dans la nuit du 12, le préfet des Bouches-du-Rhône m'a annoncé, par une estafette, que le drapeau tricolore flottoit à l'hôtel-deville, à la préfecture, sur les forts et sur les bâtimens de l'Etat; que le plus grand calme régnoit dans cette place, qu'il avoit fait passer mes ordres et mes proclamations aux sous-préfets, afin de faire suivre, par toutes les communes du département, l'exemple du chef-lieu.

J'ai ordonné qu'on tâchât de se saisir de la personne de MM. de Brulard et de Rivière.

J'ai fait cesser les fonctions au préfet des Bouches-du

Rhône, à son secrétaire-général et au maire de Marseille, et je les ai remplacés provisoirement.

J'ai ordonné que l'imposition extraordinaire de 25 c., réglée par le conseil-général de département, pour le service du duc d'Angoulême, continuât d'être perçue au profit du trésor impérial.

J'ai appelé à Toulon le maréchal-de-camp Eberlé pour prendre le commandement de cette place, en remplacement de M. Lardenoy.

J'aurai l'honneur d'adresser à V. M. le tableau présentant les changemens qui auront eu lieu dans l'admi nistration.

L'habitude que j'ai du pays me met à même de ne faire qu'un choix d'hommes bien famés et dévoués à V. M. Je la supplierai d'y donner son approbation.

J'ai cru, Sire, ne pas devoir me rendre de suite à Paris, comme m'y autorise S. Exc. le ministre de la guerre, ma présence étant encore nécessaire dans la 8e division pour consolider l'heureux changement qui vient d'arriver.

Le ministre me laissoit l'initiative d'y aller moi-même ou d'y envoyer le comte Miollis; je ne puis pas dissimuler à V. M. combien j'ambitionne l'honneur de la revoir, pour l'assurer de mon dévouement sans bornes.

Je suis avec un profond respect,

Sire,

De votre majesté, le très fidèle et très dévoué serviteur,' Le maréchal duc de Rivoli, lieutenant-général de l'empereur dans les 8e et 23° divisions militaires. Signé le prince D'ESSLING

Toulon, le 14 avril 1815.

No. XXX.

LISTE DES COMMISSAIRES EXTRAORDINAIRES ENVOYÉS PAR DÉCRET IMPERIAL DU 20 AVRIL, DANS LES VINGT-TROIS DIVISIONS MILITAIRES DE L'EMPIRE.

1re division (Paris), le baron de Sussy; 2o division (Mézières), M. Bedoch; 3e division (Metz), le baron de Gerando; 4 division (Nancy), le comte Rampon; 5e division (Strasbourg), le baron de Pommereul; 6o division (Besançon), M. Dumolard; 7a division (Grenoble), le baron Bourdon de Vatry; 8e division (Toulon), le comte Roederer; 9e division (Montpellier), le baron Gilli; 10 division (Toulouse), le comte de Pontecoulant; 11 division (Bordeaux), le comte Boissy-d'Anglas ; 12o division (la Rochelle), le comte Miot; 13e division (Rennes), le comte Caffarelli; 14° division (Caen), le comte Français de Nantes; 15e division (Rouen), le baron Quinette; 16e division (Lille), le baron Costaz; 18e division (Dijon), le comte Thibaudeau; 19° division (Lyon), le comte Maret; 20 division (Périgueux), le baron Marchand; 21o division (Bourges ), le comte Colchen; 22 division (Tours), le comte Chasset; 23° division (Bastia en Corse), le duc de Padoue.

No. XXXI.

DÉCLARATION DU ROI, DU 15 AVRIL

LOUIS, par la grâce de Dieu, etc. etc.

Au moment de revenir au milieu de notre peuple, nous

croyons lui devoir, à la face de l'Europe, une déclaration solennelle de nos sentimens, et des intentions de nos alliés.

Lorsque le ciel et la nation nous rappelèrent au trône, nous fimes à Dieu et à la France la promesse, bien douce pour notre cœur, d'oublier les injures, et de travailler sans relâché au bonheur de nos sujets.

Les fils de saint Louis n'ont jamais trahi ni le ciel ni la patrie. Déjà notre peuple avoit retrouvé, par nos soins, au-dedans l'abondance et le repos; au dehors, l'estime de toutes les nations. Déjà le trône, ébranlé par tant de secousses, commençoit à se raffermir, lorsque la trahison nous a forcé de quitter notre capitale, et de venir chercher un réfuge aux confins de nos Etats. Cependant l'Europe, fidèle à ses traités, ne veut reconnoître comme Roi de France, que nous. Douze cent mille soldats vont marcher pour assurer le repos du monde, et délivrer une seconde fois notre belle patrie.

Dans cet état de choses, un homme dont l'artifice et le mensonge font aujourd'hui toute la puissance, cherche à égarer l'esprit de la nation par des promesses fallacieuses, à la soulever contre son Roi légitime, et à l'entraîner dans l'abîme, comme pour accomplir son effroyable prophétie de 1814: Si je tombe, on saura ce que coûte la chute d'un grand homme.

Au milieu des alarmes que les dangers présens de la France ont fait naître dans notre cœur, la couronne, que nous n'avons jamais regardée que comme le pouvoir de faire le bien, auroit perdu à nos yeux tous ses charmes et nous aurions repris avec orgueil la route de notre exil (où vingt années de notre vie furent employées à rêver

le bonheur des Français), si la patrie n'étoit menacée dans son avenir de toutes les calamités auxquelles notre retour avoit mis un terme, et si nous n'étions envers les nations la garantie de la France.

Les souverains qui nous donnent aujourd'hui une marque si grande de leur affection, ne peuvent plus être abusés par le cabinet de Buonaparte, dont le machiavélisme leur est bien connu ; et, par l'amour et l'intérêt qu'ils portent à leurs peuples, ils marchent sans hésiter au but glorieux où le ciel a placé la paix générale, et la félicité des nations. Bien convaincus, malgré toutes les ruses d'une politique aux abois, que la nation française ne s'est pas rendue complice des attentats de l'armée, et que le petit nombre de Français égarés ne tardera pas à reconnoître son erreur 2 ils regardent la France comme leur alliée. Là où ils trouveront des Français fidèles, les champs seront respectés, les laboureurs protégés, les pauvres secourus, se réservant de faire les droits de la guerre sur peser les provinces qui, à leur approche, ne scroient pas rentrées dans le devoir. Cette résolution, dictée par la prudence, nous affligeroit sensiblement si notre peuple nous étoit moins. connu; mais quelles que soient les craintes que l'on ait voulu lui inspirer sur nos intentions, puisque les alliés ne font la guerre qu'aux rebelles, notre peuple n'a rien à redouter, et nous aimons à penser que son amour pour nous n'aura été altéré, ni par une absence de peu de durée, ni par les calomnies des libellistes, ni par les promesses d'un chef de parti, trop convaincu de sa foiblesse pour ne pas caresser ceux qu'il brûle de déchirer.

A notre retour dans notre capitale, que nous regardons comme très-prochain, notre premier soin sera de récom

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