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il traverse les états de Salta, de Tucuman et de Santa-Fe. On ne connaît pas mieux le cours du Saladillo ou Rio-Quinto, qui d'après les meilleures cartes paraît être un affluent du Rio de la Plata et non du Parana; ce courant baigne les états de San-Juan de la Frontera, de San-Luis de la Punta, de Cordova et de BuenosAyres, et entre dans le Rio de la Plata à Rosas dans la baie de Samborombon.

Notre cadre ne nous permet pas d'entrer dans les détails qu'exigerait la description du cours des deux grands fleuves, le COLORADO et le RioNEGRO. Nous nous bornerons à dire que toutes les cartes, même les plus récentes, figurent d'une manière erronée le cours de ces deux fleuves, dont la description exacte doit être publiée par M. Parchappe, qui le premier l'a relevé. Ce savant voyageur fera disparaitre, dans la carte qu'il se propose de publier, cet enchainement de rivières et de grandes lagunes dont les géographes composent les bassins de ces courans, enchaine ment tout-à-fait idéal et qui fait un vrai chaos de la géographie de ces contrées. Voici cependant quelques faits importans que nous ajouterons d'après les indications publiées par M. Parchappe. Le RIO COLORADO OU MENDOZA est formé de

deux branches principales, dont l'une vient directement de l'ouest et l'autre du nord; c'est par conséquent ce fleuve, et non le Rio-Negro, qui reçoit le Rio-Diamante el autres rivières du versant des Andes. L'importante ville de Mendoza, la riche mine d'Upsallata et la ville de SanJuan de la Frontera appartiennent par conséquent au bassin de ce fleuve, qui traverse les états de Mendoza et de Buenos-Ayres, ainsi que les solitudes que parcourent les Aucaes, sauvages indépendans. Malgré la longueur de son cours, le Colorado est peu profond.

Le RIO-NEGRO OU CUSU-LEUWU est le fleuve le plus considérable de ceux qui se trouvent entre le Rio de la Plata et le détroit de Magellan. Comme le Nil, il prend sa source dans de hautes montagnes et coule dans une vallée, qu'il arrose par ses inondations périodiques; ainsi que ce fleuve, il parcourt une vaste étendue de pays sans recevoir aucun affluent, et il traverse de grands déserts arides, qui ne présentent d'habitable que la zone étroite baignée par ses eaux. Mais ce qui rend

surtout ce fleuve remarquable, c'est qu'il est le seul, dit M. Parchappe, qui puisse servir à établir par eau une communication directe avec le Chili, et qu'il conduit à ce fameux col des Andes, que les neiges ne ferment en aucun temps, et auquel aboutissait, dans les premières années de la conquête, un chemin frayé qui conduisait de Buenos-Ayres à Valdivia et autres villes australes du Chili. Les traces de ce chemin sont aujourd'hui entièrement perdues et la tradition seule en a conservé le souvenir. Dans toute la

longueur de son cours, ce fleuve trace la limite entre le territoire que les géographes assignent à la confédération du Rio de la Plata et les vastes solitudes qu'ils appellent Patagonie. Une branche à la droite paraît faire communiquer ce bassin avec un vaste système de lacs et de marais encore trop imparfaitement connus pour que nous

ayons nous en occuper ici; ce système d'ailleurs appartient à la Patagonie.

Le territoire de cette confédération offre plusieurs fleuves, qui, n'aboutissant à aucune mer, forment des bassins intérieurs; nous nous bornerons à nommer les suivans, prévenant le lecteur, que leur cours offre encore bien des incertitudes, comme tout le reste de la géographie de ces vastes contrées.

L'ANDALGALA; ce fleuve traverse l'état de Tucuman et aboutit dans la Laguna ou lac d'Andalgala.

Le RIO DOLCE; ce fleuve naît dans les hautes montagnes du Tucuman, baigne la capitale de l'état de ce nom, passe près de Santiago-del-Estero dans celui de Santiago, traverse l'état de Cordova, et, dans ce dernier, se perd dans les lacs salés dits lagunas saladas de los Porongos. DIVISION et TOPOGRAPHIE. Le territoire de cette confédération formait, avant l'insurrection, la plus grande partie de la vice-royauté de Buenos-Ayres, érigée en 1778 aux dépens de celle du Pérou, dont on détacha non-seulement tous ces vastes pays, mais en outre ceux qui forment aujourd'hui la république de Bolivia, le dictatorat du Paraguay et l'Etat-Oriental-de-l'Uruguay. Dès l'année 1810, la province de Buenos-Ayres proclama son indépendance. L'année suivante, toutes les provinces insurgées de cette partie de l'Amérique-Espagnole firent cause commune, et prirent le titre d'Etats-Unis du Rio de la Plata. Plus tard, sous le régime à jamais mémorable du sage et vertueux Ribadavia, ces pays se constituèrent en république, avec le titre de République-Argentine. Mais la discorde, la jalousie et la rivalité de quelques gouverneurs des provinces et quelques intrigues étrangères arrêtèrent l'essor que cet état avait commencé à prendre. M. Ribadavia se retira et l'anarchie et la guerre civile désolèrent ces belles contrées. Lorsque nous employons le mot de confédération en parlant de ces pays, cette expression doit être prise dans un sens non pas absolu, mais relatif à l'état où ils se trouvent, état qui ne laisse au géographe aucun moyen de déterminer avec exactitude ni son titre ni ses divisions administratives. Depuis le 13 avril 1835, époque où Rosas parvint à la dictature, la constitution a subi de grands changemens dans l'administration intérieure. Quoique la chambre des représentans ait été conservée, les dernières notices représentent cette contrée comme régie par un gouverne

ment tout-à-fait despotique. Le tableau suivant offre les 14 états ou provinces qui ont formé pendant quelque temps la République-Argentine, et que nous qualifions provisoirement du titre de confédération du Rio de la Plata. D'après les notices les plus récentes, celle de

NOMS DES PROVINCES ou ETATS.

BUENOS-AYRES. . . . .

ENTRE-RIOS

CORRIENTES.

SANTA-FE.

CORDOVA.

Jujuy s'est entièrement séparée de la confédération et pourrait être regardée comme une république indépendante; aussi l'avons-nous placée à la fin du tableau des divisions politiques de cette confédération.

CHEFS-LIEUX, VILLES ET LIEUX LES PLUS REMARQUABLES.

BUENOS-AYRES; Barragan (Barrangon); Chascomus; Areco; Arecife;
Pergantino; Fol-Independencia; Bahia-Blanca: Patagones; EL
Carmen; l'archipel des Malouinés ?

Baxada.

Corrientes: Santa-Anna.

Santa Fe.

Cordova; Concepcion; Carlota.

SANTIAGO DEL ESTERO. Santiago del Estero.

TUCUMAN.

SALTA.

CATAMARCA.

RIOJA.

SAN-JUAN.

SAN-LUIS. MENDOZA. JUJUY.

Tucuman (San-Miguel de Tucuman).

Salta (San-Felipe de Tucuman).

Catamarca; Belen.

Rioja; Famatina.

San-Juan (San-Juan de la Frontera); Jacha.

San Luis (San-Luis de la Punta).
Mendoza; Uspallata (Uspayata); San-Carlos; Coriconto; Barriales;
San-Vicente.

Jujuy.

BUENOS-AYRES, capitale de l'état de ce nom, ville épiscopale, non-seulement la plus peuplée, la plus riche et la plus commerçante de la confédération, mais une des principales places de commerce du Nouveau-Monde, et un de ses principaux foyers d'instruction et de civilisation. Quoique située sur la rive droite et près de l'embouchure d'un des plus grands fleuves du monde, elle n'a pas de port pour les gros navires, à cause de plusieurs bancs de sable qui entravent la navigation; les bâtimens de long cours sont forcés de s'arrêter à la baie de Barragan. Sous la présidence de M. Ribadavia, le gouvernement avait déjà assigné des fonds considérables pour la construction d'un port artificiel, lorsque la retraite de cet habile administrateur et les désordres qui en furent la suite firent avorter ce projet, comme tant d'autres non moins utiles et importans. Buenos-Ayres n'a qu'un fort pour toute défense, et est assez bien bâtie. De belles rues régulières et pavées, avec des trottoirs, de belles maisons, quoique presque toutes à un seul étage, quelques vastes bâtimens, de nombreuses églises avec leurs dômes et leurs clochers rendent agréable l'aspect de cette ville, dont le climat justifie le nom que son fondateur Mendoza lui a imposé. Ses plus belles rues sont la Victoria, la Plata, la Florida l'Universitad et

la Reconquista. La place de la Vietoria, celles del Fuerte et del 25 de Mayo, sont ses plus belles places. La cathédrale, l'église de San-Francisco, celle de la Merced, la banque et l'hôtel des monnaies, le grand hôpital, la chambre des députés sont ses édifices les plus remarquables; on doit aussi mentionner le fort. On peut dire, sans exagération, que Buenos-Ayres, sous le rapport des ressources scientifiques et littéraires, tient le premier rang parmi les grandes villes de l'Amérique-Méridionale ci-devant Espagnole. Parmi les nombreux établissemens auxquels elle doit cet avantage, nous citerons: l'université,qui, pour le nombre et le talent des professeurs comme pour la méthode d'enseignement, est une des premières du Nouveau-Monde; M. Isabelle dit qu'elle a été organisée en 1833 sur un nouveau plan assez semblable à celui de l'ancienne université de France. Ce même voyageur, qui l'a visitée il y a quelques années, nomme encore parmi les principales écoles spéciales: l'école de commerce, l'académie commerciale, l'académie argentine, l'académie des Provinces-Unies, le gymnase argentin, le lycée argentin et l'école des jeunes personnes, tenue par madame Harme et sa fille. On doit citer encore: le département topographique, l'observatoire, le laboratoire de chi

mie, le cabinet de physique et celui de minéralogie, la bibliothèque publique, qui est une des plus riches et la meilleure de toute l'Amérique-Méridionale; la société littéraire, instituée par M. Ribadavia. Nous ajouterons qu'aucune ville de l'Amérique-du-Sud ne pouvait, en 1826, soutenir la comparaison avec Buenos-Ayres, sous le rapport de l'activité de la presse périodique, surtout si l'on a égard au nombre respectif des habitans, car dans cette année on n'y publiait pas moins de 17 journaux; ce nombre était réduit à 5 ou 6 en 1834. Buenos-Ayres était la capitale de la viceroyauté de ce nom, et, depuis l'indépendance, elle l'a été non-seulement de l'état de Buenos-Ayres, mais, par intervalle, de tous les pays qui ont formé la confédération du Rio de la Plata et la République-Argentine. Malgré les sanglantes révolutions dont elle a été le théâtre depuis 1800, cette ville possède encore une population qu'on s'accorde à estimer à 80,000 âmes; dans ce nombre, on compte quelques milliers d'Anglais, d'Italiens, de Français, d'Allemands et d'autres nations d'Europe et d'Amérique. Voici les autres villes et lieux les plus remarquables de la confédération :

Dans BUENOS-AYRES, outre la capitale que nous venons de décrire, on doit nommer BARRAGAN, misérable village composé de quelques cabanes, mais important par sa baie, où s'arrêtent les gros vaisseaux qui ne peuvent remonter jusqu'à Buenos-Ayres. CHASCOMUS, petite ville d'environ 5000 habitans; ARECO, ARECIFE et PERGANTINO, beaucoup plus petites, n'en ont que de 1500 à 2000. Le FORT INDEPENDENCIA, colonie fondée ainsi que la suivante depuis peu d'années, au milieu du territoire occupé par les Aucaes. LA BAHIA BLANCA, beaucoup plus au sud, avec un bon port et des établissemens militaires assez importans pour ces solitudes. EL-CARMEN, très petite colonie sur le Rio-Negro. A la page 931, nous avons déjà indiqué l'occupation par les Anglais des iles FALKLAND ou MALOUINES où les Espagnols avaient fondé une faible colonie. La pêche des phoques, les riches tourbières et ses beaux ports donneront en peu de temps une grande importance à cet archipel.

Dans CORRIENTES: CORRIENTES, très petite ville, à laquelle on n'accorde que 3000 habitans, mais dont la position est une des plus belles de l'Amérique-du-Sud pour devenir un grand entrepót commercial. En effet elle est peu éloignée du confluent du Parana avec le Paraguay; comme ce dernier reçoit le Vermejo, les habitans de Corrientes peuvent étendre par eau leurs relations commerciales non-seulement avec toutes les provinces maritimes de la Confédération, mais ils

pourraient les pousser même jusque dans l'intérieur du Brésil, du Paraguay et mème de la république de Bolivia, lorsque le projet conçu par la Province de Salta, de rendre navigable le Rioaidé d'un voyageur qui a répandu bien des luVermejo, aura reçu son exécution. Mais ici, mières sur la géographie de cette partie de l'Amérique, nous nous empressons de signaler une erreur grave reproduite sur toutes les cartes les plus récentes et dans tous les traités de géographie qui en parlent. La fameuse lagune d'Ybéra, que les géographes étendent, d'après Azara, depuis le 59 jusqu'au 61° degré de longitude occidentale, en ensevelissant presque tout le territoire de Corrientes sous cette vaste nappe d'eau, doit être réduite au quart de la grandeur qu'on lui assigne; M. Parchappe a vu de beaux coteaux, de grandes forêts de palmiers, des champs cultivés et même

des villages, là où les meilleures cartes ne nous représentent que des terrains marécageux. Cela nous rappelle le résultat des recherches de deux savans orientalistes, MM. Klaproth et Abel Rémusat, qui nous firent connaitre des villes et des provinces entières au nord des chaines de l'Hymalaya, dans des contrées que des géographes figurent encore comme des parties envahies par les sables du vaste désert de Cobi. SANTA-ANNA, village ruiné, situé sur la rive gauche du Parana,

presque au milieu du célèbre Territoire des Missions, dont l'ancien chef-lieu Candelaria, ainsi que les autres petites villes et gros villages ont été détruits depuis bien des années, tinuent toujours à les figurer et à les décrire quoique les cartographes et les géographes con

comme des lieux non-seulement encore existans, mais même importans! Le village de Santa-Anna a acquis de nos jours une triste renommée par l'emprisonnement du célèbre compagnon de voyage de M. de Humboldt. Attiré par sa position avantageuse et par des parties d'édifices assez bien conservées, M. Bompland conçut le projet d'y former un grand établissement agricole, qui servit de point de réunion aux Guaranis dispersés, et surtout à quelques centaines de ces malheureux qui vivaient cachés dans les forêts voisines, s'occupant de l'exploitation de la yerba maté ou herbe du Paraguay. Les travaux étaient déjà assez avancés, lorsqu'une troupe de soldats du dictateur Francia franchit tout-à-coup le Parana, cerne l'établissement naissant, massacre une partie des compagnons de ce savant voyageur, s'empare de sa personne, et l'emmenant sur l'autre rive, laisse entre le reste du monde et lui une barrière, que le despote du Paraguay a surendre inviolable pendant long-temps et qui n'a été ouverte que lorsqu'il lui a plu de rendre ce savant à la liberté, que de puissantes recommandations avaient en vain sollicitée pour lui pendant plusieurs années. Dans SANTA-FE: SANTA-FE, petite ville, avantageusement située sur la rive droite du Parana; sa population, qu'on porte à 6000 âmes et son commerce commencent à se relever.

Dans CORDOVA: CORDOVA, une des plus importantes de la Confédération et siège d'un évêché. Son université, qui autrefois lui donnait une grande importance, est depuis long-temps

tombée en décadence, ainsi que sa bibliothèque publique, restée presque sans lecteurs pendant plusieurs années. Mais sa position centrale, qui la rend un grand entrepôt commercial, ses manufactures de draps et de différens tissus en laine et en coton et sa population, qui paraît s'élever à 15,000 àmes, lui donnent une grande importance. D'ailleurs, cette ville a été durant les troubles un centre d'opposition et a joué un rôle principal dans la guerre civile qui a désolé la Confédération. Dans le TUCUMAN TUCUMAN, petite ville à laquelle on accorde de 10 à 12,000 habitans. C'est une des plus célèbres dans la guerre de l'indépendance. En 1816 on y tint le congrès général, qui publia la déclaration du droit des ProvincesUnies du Rio de la Plula à leur indépendance absolue tant à l'égard de l'Espagne que de tout autre pouvoir étranger. C'est aussi sur le territoire de la province, dont elle est le chef-lieu, que se sont ordinairement organisées les troupes patriotiques, qui dans toute la révolution ont fait la guerre pour le Haut-Pérou. Dans ses environs on a construit dans un endroit nommé le Champ de l'Honneur, une citadelle avec de grandes casernes et des pavillons pour les officiers. Tucuman est le siège titulaire d'un évêché, dont le prélat réside à Salta; elle s'est constamment montrée amie de l'ordre et plus dévouée que les autres villes au système de l'unité.

Dans SALTA: SALTA, petite ville, dont on porte à 9000 âmes la population, et résidence de l'évêque de Tucuman. Entourée de vastes pâturages d'une fertilité extraordinaire et couverts d'innombrables besliaux surtout de mulets, on peut la regarder comme la foire perpétuelle pour le commerce des provinces intérieures de la Confédération. Pendant la guerre son territoire a souffert plus que les autres.

Dans CATAMARCA nous nommerons la petite ville de CATAMARCA à cause du colon qu'on recueille dans son territoire et qu'on prétend être le meilleur que l'on connaisse.

Dans RIOJA nous nommerons la célèbre mine d'argent de FAMATINA.

Dans SAN-JUAN: SAN-JUAN DE LA FRONTERA, une des villes les plus peuplées de la Confédération, en admettant que sa population s'élève à 16,000 âmes; elle est aussi importante par ses vins et son eau-de-vie, dont elle fait un grand commerce. JACHA, remarquable par sa riche mine d'or, qui, selon M. Nuñez, rapportait, année moyenne, 80,000 piastres.

Dans MENDOZA MENDOZA, assez jolie ville, bâtie au pied des Andes sur un plateau élevé et sur le grand chemin qui mène au passage d'Upsallata. Depuis quelques années elle a pris un grand accroissement, dû aux progrès de son agriculture. Ses vins qui ont beaucoup d'analogie avec le Malaga, et les fruits récoltés sur son territoire alimentent un commerce aussi riche qu'étendu.On portait il y a quelques années jusqu'à 21,000 âmes sa population, nombre que, d'après des remarques judicieuses qui nous ont été faites, nous croyons pouvoir réduire à 7 ou 8000. Ainsi que San-Juan, Mendoza se distingue des autres villes de l'intérieur par les progrès qu'elle a fails dans la civili

sation; en 1826 on y publiait un journal. UPSAL LATA, dans la vallée de ce nom, misérable hameau composé de deux ou trois maisons en ruines, habité par quelques Ganchos, situé dans le voisinage de la riche mine d'argent, dont les travaux ont été repris depuis 1824. Les recherches de M. John Gillies ont donné un nouvel intérêt à cette vallée. Ce savant y a reconnu en plusieurs endroits et à des points plus ou moins rapprochés les traces distinctes de l'ancienne route (Camino del Inga), qui menait à la capitale de l'empire des Incas. A la page 1059 nous avons décrit celles qui, partant de Cuzco, aboutissaient à Quito. Les restes du chemin que cet observateur a reconnu appartiennent à la branche qui traversait le Potosi, se continuait par la route qu'on appelle Camino del Despoblado le long des Cordillères sur les territoires de Salta, Rioja, San-Juan et Mendoza, et poursuivait à travers la vallée d'Upsallata; on l'a même reconnue dans la vallée de Tenuyan, à environ 34 degrés de latitude. M. Gillies croit qu'elle s'étendait encore plus au sud. Selon ce voyageur on en reconnait des traces certaines le long des Cordillères, dans tous les endroits où les anciennes routes n'ont pas été détruites par leur contact avec des routes plus modernes. « La façon principale, dit M. Gillies, qui paraît avoir été donnée à cette route, consiste dans le nivellement du terrain, dans l'enlèvement des arbres et arbustes, des grosses pierres, etc. Il est évident, d'après la largeur de ces routes, les soins appor tés à leur construction et à leur entretien, qu'elles ont beaucoup servi pour les relations avec ces peuples; leur disposition doit nous donner une haute idée de la puissance et de la civilisation des Indiens du Pérou avant leurs communications avec l'Europe. De nos jours les indigènes sont encore si attachés aux coutumes de leurs ancêtres, qu'ils préfèrent généralement voyager à pied, et sont capables de faire ainsi de très longues courses avec très peu de vivres et sans étre fatigués. Pendant la guerre de l'indépendance, les officiers espagnols durent à leur infanterie, toute composée d'Indiens montagnards, l'avantage de conserver plus long-temps le Pérou à la métropole. Aucune autre troupe ne pouvait étre comparée à celle-là pour la rapidité des marches, au milieu des plus grands obstacles opposés par la nature des lieux. Quelques-uns de ces Indiens, qu'on nomme Cholos dans l'Amérique-du-Sud, voyagent encore de temps en temps à pied, depuis le Pérou, sur les routes des montagnes, pour se rendre au Chili, à Mendoza et autres endroits, où ils font un petit commerce de gommes et autres productions végétales de leur pays et de quelques articles de leurs manufactures. Cette route par la montagne, dans une partie, considérable de sa longueur, est fréquentée maintenant par ceux des habitans de Mendoza et de San-Juan, qui vendent des mules, transpor tent des eaux-de-vie et autres articles dans le Haut-Pérou. Ils regardent ce chemin comme plus direct et le préfèrent à tout autre, à raison de l'abondance des eaux, des bois à brûler et des pâturages pour leurs mules; il est à présumer

qu'à l'avenir il sera encore plus fréquenté. Cette route est coupée en divers points de son étendue, par de nombreux défilés ou passages à travers les Cordillères, parmi lesquels on peut citer le défilé de los Patos, devenu célèbre depuis que le général San-Martin le traversa avec son armée, dans son expédition de Mendoza au Chili, avant la bataille de Chacabuco. Plus au nord sont les divers passages qui communiquent entre SanJuan et Coquimbo, et entre la Rioja et Copiapo. Cette dernière place est située sur la frontière méridionale du désert d'Atacuma, et dans cette

partie, qui est nommée El Despoblado; elle est traversée par la route qui communique de Salta au port de Cobija, dans la république de Bolivia, à l'autre extrémité de ce même désert. »> La PROVINCE DE JUJUY forme, comme nous l'avons déjà dit, une république indépendante de la Confédération. Jujuy, petite ville, en est la capitale; on voit dans son voisinage un volcan qu'on peut ranger à côté de ceux de Macaluba et de Taman, mentionnés aux pages 418 et 555, à cause de ses fréquentes éruptions de torrens d'air et de poussière.

RÉPUBLIQUE-ORIENTALE DE L'URUGUAY.

POSITION ASTRONOMIQUE. Longitude occidentale, entre 55° et 61°. Latitude australe, entre 30o et 35°.

CONFINS. All nord, la province brésilienne de Rio-Grande do Sul. A l'est, la même province et le territoire neutre, espace de terrain compris entre la lagune de Merim et l'Océan-Atlantique, ensuite cet Océan. Au sud, l'Océan-Atlantique et le Rio de la Plata. A l'ouest, l'Uruguay qui le sépare des états d'Entre-Rios et de Corrientes, compris dans la confédération du Rio de la Plata.

FLEUVES. Plusieurs grands fleuves arrosent les vastes solitudes qui composent cet état. Les principaux sont les suivans :

Le RIO DE LA PLATA, dont nous avons tracé le cours à la p. 927, etc.; il baigne Colonia del Sacramento, Montevideo et Maldonado. Son principal affluent dans cet état est l'Uruguay, qui passe par Soriano ou San-Domingo-Soriano; celui-ci est grossi à la gauche par le Rio-Negro, qui tra

verse tout l'état de l'est à l'ouest.

Le CEBOLLATI, qui prend sa source dans les montagnes de Barriga-Negra dans le district de Concepcion-de-Minas, et, après avoir traversé dans

la direction de l'ouest à l'est la partie sud-est de

cet état, se rend dans la lagune de Merim.

DIVISION et TOPOGRAPHIE. Les vastes solitudes qui composent le territoire de cet état, formaient partie de la viceroyauté de Buenos-Ayres, sous le nom de Banda-Orientale. Après avoir été régie pendant neuf ans par le féroce et cruel Artigas, qui attaqua Buenos-Ayres, envahit l'Entre-Rios, souleva Santa-Fe, arma les Indiens du Grand-Chaco et désola le Paraguay par des actes inouïs de barbarie, cette contrée, autrefois si flo

rissante, fut envahie par les Portugais et réunie au Brésil sous le titre de provincia Cisplatina. Séparée de cet empire par un article du traité de paix conclu entre le Brésil et BuenosAyres, elle fut déclarée indépendante, et prit le titre de république orientale de l'Uruguay. On la connaît aussi sous le nom de Nouvel-Etat-Oriental de

Uruguay. D'après la nouvelle orga nisation qu'elle s'est donnée, tout le territoire de la république est partagé en neuf départemens qui prennent le nom de leurs chefs-lieux respectifs; ces départemens sont: Montevideo, Maldonado, Canelones, San-José, Colonia, Soriano, Paysandu, Duragno, Cerro-Largo.

MONTEVIDEO, chef-lieu du département de son nom et capitale de la république. Elle est bâtie en amphithéâtre sur la rive gauche du Rio de la Plata et sur une petite péninsule; son port, regardé comme le meilleur de la Plata, est exposé à toute la violence des vents d'ouest nommés pamperos. Le plan de la ville est régulier; les maisons, bâties en briques et couvertes d'une terrasse, n'ont la plupart qu'un seul étage; les rues ne sont pas pavées. Par un article de la paix conclue entre le Brésil et Buenos-Ayres, ses fortifications, qui étaient assez considérables, doivent être démolies ainsi que celles de Colonia. Peu de villes de l'Amérique ont plus souffert que Montevideo. Son commerce, jadis si florissant, est réduit au quart de ce qu'il était, et sa population, qu'on portait jusqu'à 26,000 habitans, ne s'élève plus qu'à environ 10,000 âmes.

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