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niveau de la rue, en sorte qu'on peut parcourir cette ville à l'abri des injures du temps, à pied sec et sans être incommodé par les voitures. On doit remarquer que ces portiques sont très communs dans un grand nombre de villes de l'Italie, surtout dans celles de sa partie septentrionale; ils contribuent beaucoup à leur donner une physionomie toute particulière. Parmi les nombreux édifices qui font l'ornement de Bologne on doit citer : la cathédrale dédiée à St-Pierre, dont on admire la nef; l'église de Ste-Pétrone, où se trouve la fameuse méridienne tracée par Cassini; l'église des Célestins; les bâtimens de l'ancienne université, où se trouvent maintenant les écoles élémentaires, et celui de l'institut; l'hôtel des monnaies; le théâtre Communale, un des plus grands de l'Italie; les palais Caprara, maintenant aux héritiers du prince Eugène Beauharnais; Ranuzzi, appartenant aujourd'hui au prince Bacciocchi; Fantuzzi; Tanari; et ceux de Zambecari et Sampieri, remarquables par leurs belles collections de tableaux; on ne doit pas oublier la tour des Asinelli, la plus haute de l'Italie, et celle de Garisendi, remarquable parce qu'elle est inclinée de huit pieds deux pouces ; et la magnifique fontaine de Neptune qui orne la grande place; c'est un beau groupe en bronze, travail de Jean Bologna.

Bologne s'est toujours distinguée et se distingue encore par ses importans établissemens publics, à la tête desquels on doit mettre l'université, une des plus anciennes de l'Europe et actuellement une des principales de l'Italie; le jardin botanique, un des plus beaux et des mieux entretenus de l'Europe méridionale; l'Instituto, établissement magnifique, où se trouvent une des plus riches bibliothèques de cette partie du monde et des collections superbes de chimie, de physique, d'anatomie, d'antiquités et un bel observatoire; l'académie des beauxarts, où plusieurs professeurs enseignent tout ce qui est nécessaire pour former des artistes habiles dans tous les genres; elle possède deux superbes galeries de sculpture et de peinture; dans cette dernière on admire la Ste-Cécile estimée le plus beau tableau de Raphaël, et la Madonne du Rosario de Dominichini; le lycée philharmonique, qu'on peut regar

der comme une des principales écoles de musique de l'Europe; plusieurs professeurs y enseignent tout ce qui se rapporte à cet art aussi agréable que difficile. Parmi les différentes sociétés littéraires que possède Bologne nous citerons l'académie de Filodicologi ou jurisconsulles comme la plus importante. Cette docte cité, la plus centrale de l'Italie, a toujours revendiqué l'avantage d'appeler dans ses murs les divers artistes de musique pour qu'ils y fassent choix des lieux où ils desirent montrer leurs talens ; aussi Bologne est-elle depuis long-temps le centre principal des engagemens pour les artistes des théâtres de l'Italie. On doit ajouter que sous le gouvernement italien, c'était dans cette ville que se rassemblait le collège des savans (dotti) du royaume d'Italie, tandis qu'à Venise se rassemblait celui des négocians et à Milan celui des propriétaires (possidenti), et que Bologne a vu naître les célèbres peintres Dominichini et Guido.

beauté remarquable, on trouve le fameux sancDans les environs immédiats, qui sont d'une tuaire de la Madonna di San-Luca, auquel on va par un portique de 690 arcades, qui rendent ce pélerinage très agréable aux dévôts ; le beau monastère de la Certosa (Chartreuse) changé en un des plus beaux cimetières de l'Ita Bosco, d'où l'on a une vue superbe sur la ville.

lie; et celui des Olivétains de St-Michel in

En décrivant un cercle autour de Bologne avec un rayon de 20 milles, l'espace inscrit offre plusieurs villes et lieux remarquables sous plus d'un rapport, tels que : MEDICINA, gros bourg d'environ 5000 habitans; IMOLA, ville épiscopale de 8000; CASTEL SAN PIETRO et CASTEL - FRANCO, jolis

bourgs; CENTO, petite ville épiscopale d'environ 4000 hab. Sur le territoire modenais on trouve MODENE et FINALE.

FERRARE (Ferrara), ville archiepiscopale, fortifiée, grande, mais mal peuplée, située sur une branche du Pô et sur un canal qui la fait communiquer au Pô di Maestro. Parmi ses édifices les plus remarquables nous citerons la cathédrale, le nouveau palais du gouvernement, l'ancien palais ducal et le théâtre. Ferrare, dont la population s'élevait jadis à plus de 60.000 àmes, lorsque la cour de ses ducs était le rendez-vous des littérateurs les plus distingués de l'Italie, ne compte plus maintenant qu'environ 24,000 habitans. Cette ville possède une université, une bibliothèque publique où l'on conserve les manuscrits de l'A

rioste qui y naquit, du Tasse, de Guarini et d'autres poètes célèbres, et quelques autres établissemens littéraires assez importans. On doit ajouter que, depuis quelques années, Ferrare a été jusqu'en 1834 le siège du conseil du célèbre ordre souverain de Jérusalem de Malte dont toutes les archives ont été transportées à Rome depuis la mort de son chef. Cette ville a une citadelle, grande, forte et régulière, qui est occupée par les troupes de l'empereur d'Autriche.

Peu loin sur le Pô on trouve Pontedi-Lago-Scuro, petite ville très importante par son commerce de transit, auquel son port frauc a donné une grande extension dans ces dernières années, pendant lesquelles la population a beaucoup augmenté; on croit qu'elle dépasse aujourd'hui 5000 àmes.

On doit encore signaler, parmi les villes remarquables de l'État du Pape, les suivantes :

TERRACINE, ville épiscopale de la délégation de Frosinone, dont on porte à 4000 âmes la population. On y remarque surtout une vaste place environnée de beaux édifices, le palais construit par Pie VI, et plusieurs restes de son ancienne splendeur, tels que la façade d'un temple de Jupiter, les ruines d'un chateau de Theodoric et des travaux élevés par Antonin-le-Pieux pour la construction d'un port qui est maintenant comblé. On voit aussi dans les environs les restes considérables de la Voie Appienne qui de Rome allait en ligne droite à Anxur ou Terracine, en travelsant les marais Pontins, d'une triste célébrité. D'immenses travaux ont été inutilement exécutés depuis vingt siècles pour les rendre habitables, parce qu'on n'est jamais parvenu à faire écouler entièrement vers la mer les abondantes eaux qui, descendues des hauteurs environnantes, s'arrêtent dans la partie la plus basse de leur niveau où elles deviennent croupissantes; c'est aux miasmes délétères qui s'en exhalent que Terracine doit la réputation d'être une des villes les plus malsaines de l'Europe. D'immenses pâturages, quelques forêts, de nombreux troupeaux guidés par des pâtres farouches et souvent voleurs occupent la plus grande partie de ces marais, dont la traversée offre aux voyageurs les dangers d'un climat délétère, et ceux non moins à craindre des brigands peut-être les plus déterminés et les plus cruels de l'Italie. A quelques milles au sud-ouest de Terracine s'élève le promontoire Circello, près duquel l'Odyssée place la demeure de la magicienne Circé; du sommet de cette montagne plus célèbre qu'élevée, toute bordée de murs cyclopéens, on peut contempler à-la-fois et du même regard les deux merveilles de l'art et de la nature de l'Italie : le Vésuve et la coupole de St-Pierre.

SPOLETO, Ville épiscopale, chef-lieu de la délégation de ce nom, assez grande mais peu peu

plée, remarquable surtout par les restes de son antique magnificence, tels que le temple de la Concorde, les ruines des temples de Jupiler l'arc-de-triomphe appelé la porte d'Annibal et de Mars, le palais construit par Théodoric, ou di Fuga, l'aqueduc et le pont sur la Maroggia, hors de la ville, attribués aux Romains; ce dernier est regardé comme le pont le plus haut de toute l'Europe; l'aqueduc passe sur un de ses côtés; pop. environ 7000 àmes. On y a découvert un pont romain magnifique, près de la petit village sur le lac de ce nom, remarquable porte de la ville; il était enterré. PIE-DI-LUCO, par un des plus beaux échos que l'on connaisse; il répète très distinctement un vers endécasyllabe. RIETI, ville épiscopale, renommée depuis le temps des Romains par la grande fertilité de son territoire, et encore importante par son industrie,

par quelques beaux édifices, par son lycée, et par les restes d'anciens bâtimens qu'on y a découverts; l'ancienne Via Salaria la traverse;

pop. environ 12,000 âmes.

FERMO, ville archiepiscopale, importante par son université secondaire, et par plusieurs beaux édifices, parmi lesquels se distinguent surtout la cathedrale et le théatre; pop., sans la banlieue, 7000 ames. Près de Porto-Fermo, dans une campagne délicieuse, Jérôme Bonaparte a fait bâtir un palais magnifique où se trouvent deux belles collections de statues et de tableaux.

CAMERINO, assez jolie ville épiscopale, remarquable surtout par son université secondaire; pop. environ 7000 âmes.

FABRIANO, ville épiscopale, importante par son industrie, surtout par ses fabriques de papier et de parchemin, et remarquable par le musée d'ivoires formé par M. le comte Possenti, que M. Cicognara nous assurail naguère être la collection de ce genre la plus riche que l'on connaisse; il contient plus de 3000 monumens de toutes les époques et de toutes les nations. On porte à 7000 âmes la population de cette ville.

FAENZA, ville épiscopale, assez grande et assez bien bâtie, importante par son industrie et par son commerce, favorisé par le canal qui la met en communication avec le Pô de Primaro; elle a donné son nom aux ouvrages de terre cuite appelés majolica par les Italiens; quoique cette manufacture de faïence ait perdu beaucoup de son ancienne splendeur, lorsque les Raphaël, les Dominicain et autres grands maîtres lui fournissaient leurs dessins, elle est encore assez considérable pour mériter d'ètre mentionnée; pop. environ 14,000 âmes.

COMACCHIO, petite ville épiscopale de la légation de Ferrare, importante par ses pêcheries, ses salines, et surtout par ses fortifications occupées par une garnison autrichienne; pop. environ 3000 âmes.

Dans les enclaves du royaume de Naples on doit surtout nommer: BENEVENT, assez grande ville, siège d'un archevêché, et remarquable par plusieurs beaux édifices, entre autres la cathédrale, et par ses antiquités; parmi ces dernières se distingue le bel arc-de-triomphe de Trajan.

Cette ville a joué un grand rôle dans le moyen age, lorsque ses ducs étaient une des puissances

prépondérantes de l'Italie; pop. environ 14,000

ames.

Royaume des Deux-Siciles.

CONFINS. Au nord, l'Etat du Pape et la mer Adriatique. A l'est, la mer Iorienne. Au sud, la mer Ionienne, la Méditerranée et l'Etat du Pape. A l'ouest, l'Etat du Pape. PAYS. Le royaume actuel des Deux-Siciles se compose des deux ci-devant royaumes séparés de Naples et de Sicile, moins ses possessions dans la Toscane, savoir. l'Etat des Garnisons (Stato dei Presidj), une petite partie de l'île d'Elbe et le droit de suzeraineté sur la principauté de Piombino, qui par le congrès de Vienne ont été donnés au grand-duc de Toscane.

FLEUVES. Tous les fleuves de ce royaume ont un cours très borné. Ils ont leurs embouchures dans les trois mers qui environnent cette contrée.

La MER MEDITERRANEE reçoit le GARI-
GLIANO et le VOLTURNO, qui parcourent la Terre
NOMS DES INTENDANCES.
CHEFS-LIEUX,

DOMAINES EN-DEÇA DU PHARE.
NAPLES.

de Labour; le Garigliano passe par Sora; le Volturno par Capoue.-Le SELE, qui arrose la Principauté-Citérieure.-Le SALSO, qui parcourt l'intendance de Caltanisetta en Sicile.

La MER IONIENNE reçoit la GIARRETTA, le plus grand fleuve de la Sicile, qu'il traverse dans l'intendance de Catania.-Le CRATE, dans la Calabre-Citérieure, et le BRADANO, dans la Basilicate, ont leurs embouchures dans le golfe de Tarente, branche de la mer lonienne; le Crate baigue Cosenza, et le Bradano, Acerenza. La MER ADRIATIQUE reçoit l'OFANTE, le CANDELARO et le FORTORE, dans la Pouille; l'Odans l'Abruzze; la Pescara passe par Popolo, à fante passe par Conza.-La PESCARA et le TRONTO, une petite distance de Chienti, et par Pescara.

DIVISIONS ADMINISTRATIVES. Tout le royaume est actuellement partagé en 22 provinces, posées de 663 arrondissemens; 15 intendances appartiennent au royaume de Naples proprement dit, et forment ce que le gouvernement appelle les Domaines en deçà du Phare (Dominj al di quà del Foro), et 7 appartiennent à la Sicile, qui est nommée les Domaines au delà du Phare (Dominj al di là del Faro).

ou intendances subdivisées en 75 districts et com

VILLES ET LIEUX LES PLUS REMARQUABLES.

NAPLES (Napoli), Pozzuoli, Somma, Ottajano, Casoria, Portici
Resina, les restes d'Herculanum, Torre del Greco, Torre dell'
Annonziata, les restes de Pompeia, Castellamare, Sorrento.
Les iles Procida, Ischia, Capri.

TERRE DE LABOUR (Terra di Caserta, Piedimonte, San-Germano et Monte-Cassino, Sora,
Lavoro).
Arpino, Atina, Gaëte, Capoue, Ste-Marie, Nola, Acerra, Aversa,
Maddaloni. Le groupe des iles Ponza.

PRINCIPAUTÉ CITÉRIEURE

PRINCIPAUTÉ ULTERIEURE.

MOLISE.

ABRUZZE-ULTÉRIEURE II..

ABRUZZE-ULTÉRIEURE IT.

ABRUZZE-CITÉRIEURE

CAPITANATE

BARI...

TERRE D'OTRANTE

BASILICATE..

CALABRE-CITERIEURE....
CALABRE-ULTÉRIEURE ]]

.

.

Salerne, Campagna, Sala, les ruines de Prestum, Vallo, Amalfi,
Nocera, Cava.

Avellino, San-Angelo de Lombardi, Ariano, l'hermitage de
Monte-Vergine, Atripalda, Montella, Solofra.

Campobasso, Isernia, Larino, Termoli, Agnone.

Aquila, Avezzano, Capistrello, Angizia, Cività-ducale, Pescina,
Sulmona.

Teramo, Campli, Penne (Civita di Penne), Civitella del Tronto,
Senarica.

Chieti (Cività di Chieti), Lanciano, Ortona a Mare, Pescara,
Vasto, l'ancien couvent de San-Vito.

Foggia, Ascoli, Bovino, Lucera, Manfredonia, Monte San-An-
gelo, San-Severo. Le groupe des iles Tremiti où se trouve l'ile San-
Nicola, etc.

Bari, Andria, Terlizzi, Bitonto, Altamura, Gravina, Barletta,
Trani, Bisceglia, Molfetta, Giovenazzo, Monopoli.

Lecce, Sta-Maria di Leuca, Alessano, Ólrante, Brindes (Brin-
disi), Francavilla, Tarente, Manduria, Gallipoli, Nardo, Ga-
latina.

Potenza, Lagonero, Tursi, Matera, Montepeloso, Melfi, Oppido,
Muro.

Cosenza, Bisignano, Cassano, Castrovillari, Corigliano, Ros-
sano, Scigliano, Paola ou Paula, Longobuco.
Catanzaro, Sta-Severina, Cotrone, Nicastro, Pizzo, Monte-
Leone, Parghelia, Tropea, Nicolera, Stilo, Serra.
CALABRE-ULTÉRIEURE Ire Reggio, Scilla, Seminara, Palmi, Gerace, Bova et les ruines de
Locri, Oppido.

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DOMAINES AU-DELA DU PHARE (Sicile).

PALERME. MESSINE

PALERME, Montreale, Corleone, Termini, Cefalù, Bisacquino.
L'ile Ustica.

Messine (Messina), Melazzo, Patti, Mistretta, Randazzo, Taor
mina, Castroreale. Le groupe de Lipari, où se trouvent les iles
Lipari avec Lipari, Vulcano, Šalini, Stromboli, etc., etc.

CATANE.

SYRACUSE

CALTANISETTA. GIRGENTI

TRAPANI

Catane (Catania), Aci-reale, Mascali, Paterno, Bronte, Nicosia,
Caltagirone.

Syracuse (Siragosa), Agosta (Augusta), Noto Spaccaforno,
Ispica, Modica, Scicli, Ragusa, Comiso. L'llot Marzamene.
Caltanisetta, Leonforte Mazzarino, Terranova, Piazza,
Castro-Giovanni, Pietra-Perzia.
Girgenti, Palma, Naro, Mussomeli, Siacca, Sambucca, Alicala,
Cannigati, Callolica, Bivona. Les iles Pantellaria, habitées, Li-
nosa el Lampedouse, désertes.
Trapani, Monte-Giuliano, Castellamare, Alcamo, Calatafimi,
Salemi, Castelvetrano, Mazzara, Marsala. Le groupe des Egades,
où se trouvent les iles Favignaná, Maretimo, Levanso, etc., etc.

TOPOGRAPHIE. NAPLES, située dans une position magnifique, à la droite de la petite rivière Sabeto, et s'élevant en amphithéâtre jusqu'à la hauteur d'environ cinquante toises, entre le Vésuve à l'est et le Pausilippe à l'ouest, au fond du golfe auquel elle donne son nom. La fertilité de son territoire, la douceur du climat, la beauté incomparable de ses alentours, les nombreuses et imposantes antiquités qui l'environnent, une foule de phénomènes physiques offerts à l'observation du naturaliste et du philosophe, la masse de sa population qui n'est inférieure qu'à celles de Londres, de Paris et de Constantinople, le mouvement qu'imprime au commerce l'approvisionnement et les amusemens d'une grande métropole, les nombreux établissemens philantropiques qui la mettent sous ce rapport aux premiers rangs parmi les capitales de l'Europe, et ses importans instituts littéraires, dont quelques-uns rivalisent avec les principaux des plus grandes métropoles; tout cela rend le séjour de Naples un des plus agréables que l'on puisse imaginer. Mais, pour être impartial, il faut aussi avouer que cette ville, relativement à son étendue et à son importance, offre moins d'édifices remarquables en comparaison des autres grandes villes de l'Italie; ses églises, surchargées dans leur intérieur de dorures, de tableaux des grands maîtres et d'ornemens, sont peu recommandables par leurs dimensions et par leur architecture; on peut en dire presque autant des palais et des autres édifices publics. Nous allons cependant citer les principaux bâtimens publics et particuliers qui méritent d'être signalés à l'attention du voyageur. Le Palais-Royal, remarquable par ses vastes dimensions, l'architecture de son frontispice, son magnifique escalier, la beauté et la richesse de ses appartemens; c'est la résidence ordinaire du roi. Une partie de ce palais vient d'être détruite par un incendie. Deux autres pa

lais s'élèvent à ses côtés : à gauche, celui du prince de Salerne, dont l'élégance des appartemens et les vastes jardins font la principale beauté; à droite celui que le roi destine pour le logement des princes étrangers. Le palais royal de Capo di Monte, qui domine la ville et auquel aboutit le nouveau chemin de Capo di Monte par un pont magnifique hardiment jeté par-dessus les maisons du faubourg Sanità; ce palais a été dernièrement beaucoup embelli et augmenté, tout près se trouve une cascina, etablisscment champêtre, où l'on forme depuis quelque temps une flore superbe, sur le modèle de celle que le dernier roi a formée à Bocca di Falco, près de Palerme; enfin le petit palais royal de Chiatamone, remarquable par sa situation délicieuse et par son jardin suspendu.

Le grand édifice des Studj, où se trouvent la bibliothèque Borbonica, l'école des arts et les musées; l'université, le Reclusorio ou hôtel des pauvres, l'hopital des incurabili et celui de l'Annunziata, auquel est annexée la riche maison des enfans trouvés; l'arsenal, le palais archiepiscopal, le théatre de St-Ferdinand, réputé pour l'architecture le plus beau des dix que possède cette ville, et la Vicaria ou Castel Capuano, ancienne demeure des rois occupée maintenant par les tribunaux, les archives générales du royaume, dont une partie est changée en prison; tous ces bâtimens doivent être rangés parmi les principaux de Naples. Mais deux édi– fices construits depuis quelques années méritent surtout une mention particulière; ce sont le magnifique théâtre de StCharles, qui est un des plus beaux et des plus grands du monde; et le palais des ministères royaux (reali ministeri) ou des finances, achevé en 1826, et remarquable par son architecture et par ses vastes dimensions. On doit aussi mentionner parmi les principaux édifices

publics quelques-uns des nombreux couvens que cette ville renferme. Nous citerons le couvent de Ste-Claire, où vers la fin du siècle passé on comptait plus de 350 religieuses outre les domestiques des deux sexes; ceux de Ste-Marie des Carmes, de la Trinité, de St-Dominique-le-grand, de Mont-Oliveto et celui des Chartreux, occupé maintenant par les invalides; c'est un bâtiment vaste et richement décoré, dans une position vraiment superbe; du haut de sa tour on découvre toute la ville, et ses deux golfes se dessinent dans toute leur étendue; ce point offre encore un effet d'acoustique remarquable on y entend le bourdonnement, les voix, les cris de la population, le bruit des voitures, etc., etc. On ne doit pas oublier les catacombes, qui occupent les cavités d'une montagne dans la partie septentrionale de la ville; elles servaient de sépultures dans les premiers siècles de l'Eglise, et on prétend qu'elles sont plus étendues que celles de Rome et de Syracuse.

:

Parmi le petit nombre de palais particuliers qui méritent une mention sous le rapport de l'architecture, nous citerons d'abord ceux de Bisignano et d'Orsini ou Gravina, ensuite les palais Colonna ou Stigliano, Imperiali ou Francavilla, Ferrandina, Filomarino ou della Torre, Doria ou Angri, SanBuono, della Riccia et de Tarsia; ce dernier renferme une bibliothèque ouverte au public.

Parmi les églises de Naples nous nommerons la cathédrale, dédiée à saint Janvier et renommée par la richesse de ses deux chapelles, dans une desquelles on conserve dans deux ampoules le sang de ce saint; l'église de Gesu-Novo, qui passe pour la plus belle de Naples; celle du couvent de Ste-Claire, qui ressemble plus à une salle de bal qu'à un temple; elle est destinée à recevoir les dépouilles mortelles du roi et de sa famille; celles de St-Dominique, de St-Philippe Neri, de St-Paul Majeur, de St-Martin des Chartreux, de Ste-Marie des Carmes, des Apôtres. Il faut aussi ajouter celle de Si-François de Paola, que l'on båtit actuellement, et qui paraît devoir les surpasser toutes sous plus d'un rapport, malgré les défauts de son architecture.

Cette ville, à laquelle des voyageurs

ignorans ou de mauvaise foi et des géographes peu instruits font le reproche banal de ne contenir qu'une population ignorante et de manquer d'établissemens scientifiques, n'avait, en 1827, pas moins de 4 écoles secondaires, 55 écoles primaires, 1581 maîtres publics sans compter ceux qui dépendent des autorités ecclésiastiques et un grand nombre d'établissemens scientifiques et littéraires, dont quelques-uns peuvent rivaliser avec les principaux des autres capitales de l'Europe. Nous nous bornerons à citer l'université, le lycée del Salvatore, l'école de paléographie attachée aux archives générales du royaume ; l'instituto ou l'école de peinture, de sculpture, et l'établissement pour dérouler et déchiffrer les manuscrits découverts à Herculanum (officine di papiri); le collège militaire, l'école militaire, l'académie de marine, l'école vétérinaire, les deux grandes écoles pour les filles, aux Miracoli et à SanMarcellino, dont la pension annuelle monte à 200,000 francs; les collèges de musique pour les hommes à SanPietro à Majolla et pour les filles à la Concordia; l'hôtel royal des pauvres (real albergo de' poveri) où près de 6000 enfans apprennent tous les arts et les métiers, et qui coûte près de 500,000 fr. au gouvernement; les chaires de clinique, d'accouchement, d'ophthalmologie et de chirurgie, attachées aux grands hôpitaux de la ville. Viennent ensuite le jardin botanique, un des plus riches de l'Italie; l'observatoire de Miradois pourvu d'instrumens magnifiques de Reichenbach et de Herschel, et celui de la marine à San-Gaudioso; le bureau topographique avec une riche collection d'instrumens géodésiques; les quatre bibliothèques publiques, parmi lesquelles figure la Borbonica, une des plus riches de l'Europe, et où en 1795 le célèbre astronome Cassella a tracé une grande méridicnne; les cabinets de minéralogie, d'histoire naturelle, de physique et de chimie; le musée royal des antiques, formé des objets trouvés à Stabia, Herculanum et Pompéia, des collections de la maison Farnèse de Rome, des musées Borgia, Vivenzio et d'autres monumens dispersés de l'art classique des Grecs et des Romains; sous bien des rapports cet établissement est le plus riche qui

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