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montagues du Mysore. Là aussi se trouve ce joli chevrotain memina naguère connu dans la seule Ceylan. Dans tout cet espace l'ennemi le plus à craindre pour l'homme est peut-être cette sangsue de terre si nombreuse dans les gazons épais du Decan, et qui dans les campemens des armées peut verser plus de sang que les faibles troupes des Hindous. L'éléphant indien et le rhinocéros unicorne peuplent aussi toutes les forêts solitaires; mais c'est dans l'Inde-Transgangélique que ces deux animaux parviennent à toute leur grandeur. Dans cette dernière région, e tapir bicolore de Malacca, dont la patrie semble s'étendre depuis Malacca, où on l'a découvert, jusque dans les provinces méridionales de la Chine, rappelle la zoologie américaine. Là vivent des orangs, des gibbons, des vouvous tous aux longs bras et marchant à quatre pattes sans cesser d'ètre debout, ces guenons kaau au nez gigantesque, et cette guenon douc habillée de toute couleur comme les suisses de nos cathédrales. L'éléphant indien sur les bords du Kamboge et de l'Iraouaddi, atteint jusqu'à 16 pieds de haut; mais ses défenses toujours moins courbées sont aussi toujours plus petites que celles de l'éléphant d'Afrique. Dans le seul Gange, 250 espèces autochtones de poissons décrits et représentés par Hamilton Buchanan, servent de pâture à ces grands gavials ou crocodiles à bec allongé comme celui d'une bécasse, à ces dauphins gangéliques connus de Pline sous le nom de platanista, et dont le bec est encore plus effilé que celui des gavials. Mais comme si la nature avait voulu faire de cet Hindoustan, rendu si malheureux par l'homme, une contrée de délices, ces énormes gavials de 15 à à 20 pieds de long sont innocens pour notre espèce; le guépard, inoffensif pour l'homme, habite l'Inde au sud du bassin du Gange, où les troupes du chacal indien ne chassent que de petits animaux. Néanmoins, dans les canaux d'eau salée du delta du Bengale vivent quelques espèces d'hydrophis ou serpens à plusieurs dents maxillaires, dont la première seule est percée pour le vepin.

Les oiseaux sont aussi riches que variés dans toute l'Asie; et les zones de cette grande région se trouvent occupées par un nombre considérable d'espèces de toute grandeur et de toute livrée. De gigantesques vautours, tels que le chaugoun et l'oricou règnent en tyrans sur les rivages de l'Indus, où pullulent un grand nombres d'aigles, de faucons, de buses, de chouettes, rapaces diurnes et nocturnes, sans cesse à l'affût d'une proie. Des essaims de perroquels à plumage rouge, vert, blanc ou peint de mille couleurs, habitent le continent et les îles qui en dépendent. On sait que ce fut sur les bords du Gange, au temps de l'expédition d'Alexandre, que fut découverte la grande perruche verte qui apprend si facilement à imiter la voix de l'homme. Les loris au plumage cramoisi, les cacatoès à la livrée blanc de lait, les psittacules émaillés, sont donc très abondans dans toute la partie chaude de l'Asie. Mais les espèces les plus remarquables et qui ont offert dans ces derniers temps une série aussi neuve que pré

cieuse pour les naturalistes, sont ces couroucous au plumage d'or et vermillon; ces malcohas à gros bec; ces coucals aux plumes rigides; ces bou bous ou coucous à bec rond, le taccoïde indien, les édolios, les eudynamis, les surnicous, les barbus, les pics, oiseaux grimpeurs variés à l'infini. Les martins-pécheurs fréquentent les grèves, et la petite tribu des ceyx, celle des tanysipteres et des choucalcyons y vivent plus exclusivement. Les calaos, les corbeaux, les mainales, sont les passereaux de grande taille les plus dignes de fixer l'attention. Mais des espèces admirables, dont l'Asie a enrichi nos cabinets, sont venues dans ces derniers temps frapper nos regards par l'incomparable beauté de leur plumage ou par la nouveauté et la bizarrerie de leurs formes. Tels sont ce superbe drongo dont la livrée brille de l'azur le plus pur et le plus vif, ce calyp tomène ver! dont le corps chatoie comme une émeraude, ces eurylaimes à bec massif, ces myophones métallisés, ces verdins si gracieux, etc. Des centaines de passereaux devenus des types de genres auraient besoin d'être cités; mais il nous suffira de mentionner les pomatorhins, les pri nia, les arachnotères, etc. L'Asie possède les oiseaux gallinacés les plus brillans par les couleurs, les plus grands par la taille, les plus exquis par la délicatesse de la chair. Telles sont ces légions de colombes, ces francolins, du Pégou, ce criptonyx de Malacca, cet admirable luen dont l'immense queue est semée de mille yeux, ces faisans du Népal si riches, ces satyra, ces coqs, ces lophophores, ces paons dont rien ailleurs ne rappelle la magnificence. Les mers, les fleuves, les ruisseaux de cet immense continent sont fréquentés par des oiseaux palmipèdes et échassiers, dont les espèces varient suivant les latitudes, et dont beaucoup sont identiques avec celles d'Europe et d'Amérique.

L'Asie nourrit les plus grands reptiles du monde connu. C'est sur ses côtes que pullulent les tortues franches et le carét; c'est dans ses rivières que vivent les gigantesques gavials, les crocodiles bi-carénés, ces monstrueux pythons. Mille couleuvres, mille serpens venimeux, ce naya des bateleurs, ces oular-limpé, si atrocement mortifères, forment des légions, où viennent s'adjoindre des hydrophis, des lézards de grande taille, des batraciens dont les noms formeraient un long catalogue.

Soit au nord, où les mers de la zone glaciale l'entourent, soit au sud, où mille canaux séparent les fles morcelées de l'Asie, soit sur ses côtes où elle confine à l'Afrique et à l'Amérique, partout de nombreuses tribus de poissons vivent dans ses eaux douces ou salées. Les squales y sont par centaines et presque tous de grande taille. Les balistes, les aleutères, les chaetodons, les murénophis, les labres, richement parés, vivent de préférence dans les zones intertropicales. Le poisson le plus célèbre des eaux douces est le gouramy, qui fournit une nourriture aussi délicate qu'abondante.

Les insectes, les brillans papillons, les cigales. les libellules, y comptent de riches espèces. II en est de même des mollusques, soit terrestres, soil

marins, et parmi les plus célèbres de ces derniers il suffira de citer ces huitres à perles, que des plongeurs indiens vont arracher au fond des rivages. Une grande variété de zoophytes, de ceux surtout qui affectionnent la température équatoriale, se fait remarquer sur les côtes, soit de l'Inde, soit des iles qui en dépendent, et consistent principalement en holothuries, dont les peuples asiatiques font leurs délices, en actino

zoaires, en polypiers coralligènes, etc. Mais parmi les produits recherchés comme objet de nourriture, nous ne devons pas oublier ces nids de salangane, si avidement convoités par les Apicius chinois comme un mets analeptique et puissamment restaurant, que produit ou que façonne, avec le mucilage du fucus pétri dans son gésier, la petite hirondelle salangane,

GÉOGRAPHIE POLITIQUE.

SUPERFICIE. Malgré l'estimation erronée adoptée par bien des géographes, d'après laquelle l'Amérique serait la plus grande des cinq parties du monde, nous n'hésitons pas à regarder commé telle l'Asie, dont nous avons vu à la page 37 que la superficie, même en retranchant la Malaisie (archipel Indien), comptée par les géographes anglais et allemands parmi ses dépendances, s'élève à 12,118,000 milles carrés, tandis que la surface de l'Amérique n'est que de 11,146,000 de ces mêmes milles.

POPULATION. Cette partie du monde offre aussi la plus grande population absolue, puisque nous avons vu à la page 37 qu'elle s'élève à environ 390,000,000 d'habitans, même d'après les calculs les plus modérés et faits avec tout le soin qu'on peut apporter dans de semblables sujets. Mais sa population relative est de beaucoup inférieure à celle de l'Europe; celle-ci compte 82 habitans par mille carré, tandis que l'Asie n'en a que 32.

ETHNOGRAPHIE. Les limites de cet ouvrage ne nous permettent pas d'indiquer tous les peuples que nous avons essayé de classer d'après leurs langues dans l'Atlas ethnographique du globe. Nous nous bornerons à indiquer ici toutes les fa-milles regardées comme asiatiques, en signalant leurs peuples principaux et quelques autres dont les idiomes encore trop peu connus n'ont pas été classés jusqu'à présent. Guidé par les résultats des dernières recherches que M. Klaproth a faites sur les langues de l'Inde, et qu'il a bien voulu nous communiquer, nous réunissons sous le nom de famille malabare les peuples qui parlent le telougou, le karnata, le tamoul et le malabare; c'est une souche à part, dont le fond n'a rien de commun avec le samscrit, quoiqu'un grand nombre de mots de ce dernier idiome s'y soient glissés à cause des doctrines religieuses des Hindous adoptées par les peuples malabares. Voyez à la page 100.

TABLEAU

DE LA CLASSIFICATION DES PEUPLES DE L'ASIE D'APRÈS LES LANGUES. FAMILLE SEMITIQUE: les Juifs, répandus sur la plus grande partie de l'Asie; les pays où ils vivent en plus grand nombre sont l'Asie Ottomane et l'Arabie; ensuite l'Inde, la Perse, le Turkestan-Indépendant et la Chine. Les Arabes; c'est le peuple le plus nombreux et le plus puissant de cette famille; ils occupent presque toute l'Arabie, la plus grande partie de la Syrie et de la Mésopotamie, dans l'Asie Ottomane; une partie du Khouzistan et du Fars dans le royaume de Perse, et sont établis dans quelques localités sur les côtes de Malabar et de Coromandel dans l'Inde, ainsi que dans quelques autres parties de l'Asie, telles que le Turkestan-Indépendant et la Région du Caucase.

dans le Souanethi, dans l'Asie Russe; les Lazes,
établis le long de la mer Noire depuis Trébizonde
jusqu'au Tchorokh.

FAMILLE GEORGIENNE les Géorgiens, dans la
Géorgie et l'imerethi, dans l'Asie Russe; les
Mingreliens, dans la Mingrelic, et les Souanes

FAMILLE ARMÉNIENNE : les Haïkans, nommés communément Arméniens; ils forment la grande masse de la population dans presque tous les eyalets de l'Asie Ottomane qui correspondent à l'Arménie, ainsi que dans la ci-devant Armènie Persane, aujourd'hui province russe d'Erivan; ce peuple est aussi nombreux dans une partie de la Géorgie et du Chirvan dans l'Asie Russe, et de l'Adzerbaïdjan dans le royaume de Perse. Les Arméniens sont en outre répandus dans presque toutes les villes marchandes de l'Asie Ottomane et Russe, de la Perse, de l'Inde, de l'Inde-Transgangétique, du Turkestan et même de quelques-unes de la Chine, où ils font les plus im. portantes affaires

Les ABASES OU ABSNE, qui demeurent dans l'Abakhssethi ou Grande-Abasie: plusieurs tribus sont vassales de l'empire Russe. Les Natoukhaïlchi, une de leurs tribus, sont de terribles voleurs, qui n'obéissent à aucun maitre. FAMILLE PERSANE : les Perses ou Guèbres, dont le plus grand nombre vit à Surate et à Bombay, etc., dans l'Inde, à Jezd en Perse; on en trouve aussi, mais en moindre nombre dans le Kerman, dans le Moultan, et à Bakou dans le Chirvan. Les Tadjiks plus connus sous le nom de Persans; ils forment encore la masse principale de la population de la Perse, et sont la nation la plus nombreuse et la plus policée de cette famille. Les Boukhares, qui sont les habitans indigènes de la Grande-Boukharie dans le Turkestan-Indépendant et des villes principales du TurkestanChinois. Les Boukhares, que les géographes continuent encore à classer à tort parmi les peuples turks, se trouvent aussi dispersés comme négocians dans les grandes villes de la Sibérie, dans celles de l'Asie Centrale, et dans les principales villes de la Chine, entre autres à Péking, à Hang-tcheou et à Canton. Les Kurdes et les Loures, dans le Kurdistan et le Louristan; les Kurdes se trouvent aussi dans le Khorassan et en d'autres provinces de la Perse et de l'empire Ottoman. Les Afghans ou Pouchtaneh, nation jadis très puissante; elle est encore le peuple dominant dans les royaumes de Herat et de Caboul, et forme une grande partie de la population des provinces enlevées à ce dernier état par le chef des Seikhs; les Rohillas qui vivent dans 'les districts anglais de Mourabad et de Bareily, appartiennent à cette branche de la famille persane. Les Beloutchis, qui sont la nation dominante du Beloutchistan et du Sind; quelquesunes de leurs tribus vivent dans le Moultan. FAMILLE HINDOUE: c'est une des plus nombreuses du globe; son domaine s'étend sur toute la partie septentrionale de l'Inde, au nord du Tapty et du bassin du Godavery. Ses principaux peuples sont les prétendus Mongols originairement composés de Turks, de Boukhares et de Persans; ils parlent l'hindoustani et formaient la nation dominante dans l'empire du GrandMogol avant sa dissolution; ils sont répandus sur la plus grande partie de l'Inde, surtout dans l'Hindoustan proprement dit. Les Seikhs, peuple dominant dans le royaume de Lahor. Les Bengalais, un des peuples les plus nombreux de cette famille; ils forment la plus grande partie de la population du Bengale et une fraction de celle des pays limitrophes. Les Maharattes, qui pendant la décadence de l'empire du GrandMogol et jusqu'à ces derniers temps ont été la puissance prépondérante dans l'Inde; ils sont très belliqueux et occupent une partie des provinces d'Aurungabad, de Bejapour, de Berar, de Gundwana, de Malwa, de Kandeisch, de Guzerate, etc. Les Cingalais, établis dans la plus grande partie de l'ile Ceylan. Les Maldiviens; ils habitent l'archipel des Maldives. Les Zinganes, plus connus sous le nom de Bohémiens; ce peuple vagabond, répandu dans presque toute l'Europe, dans toute l'Asie Occideu

tale et dans l'Afrique Septentrionale, parait ètre originaire des environs de l'embouchure de l'indus; mais par une singularité remarquable, c'est justement dans son pays natal où aujourd'hui il se trouve en moindre nombre. Nous ajouterons que les recherches auxquelles nous nous sommes livré après la publication de l'Abrégé nous engagent à rectifier ce que nous avons dit dans la description de l'Europe sur l'état nomade et l'abrutissement de ce peuple, du moins en ce qui regarde une grande partie des Bohémiens de l'empire d'Autriche et même une partie de ceux de l'empire Ottoman, où ils ont abandonné la vie vagabonde pour s'adonner à l'agriculture et à plusieurs arts mécaniques. Nous nommerons entre autres les Bohémiens des environs de Hermannstadt et de Klausenbourg en Transylvanie et ceux du pachalik de Scutari. FAMILLE MALABARE : elle comprend les peuples qui habitent la partie méridionale de l'Inde entre le cap Comorin, le Tapty et les affluens de la gauche du Godavery. Ses principaux peuples sont les Malabares, étendus sur une grande partie du Malabar; les Tamoules, qui habitent le Karnatic; les Telinga, étendus depuis la rivière de Paliacate jusqu'à la côte d'Orissa. Les GARROWS, les CATTYWARS, les GONDS, les BHILs et autres peuples, quoique vivant de temps immémorial dans l'Inde, n'appartiennent pas à la famille ethnographique qui forme la grande masse de sa population; ils sont tous plus ou moins sauvages et abrutis. FAMILLE TIBETAINE: les Bodh ou Tibetains, dans le Tibet. Les Bouthias, montagnards qui vivent dans les plus hautes vallées de l'Himalaya; les Kiratas, les Neouars (Newars), les Murmis, les Magars, les Gurungs et autres peuples du Nepal, du Boutan, doivent être classés dans cette famille. FAMILLE CHINOISE: cette souche est remarquable en ce qu'elle offre les peuples les plus nombreux non-seulement de l'Asie, mais de tout le globe; elle prend sa dénomination des Chinois, qui sont la nation la plus policée et la plus nombreuse de l'empire Chinois, et forment la presque totalité de la population de la Chine proprement dite; ils sont aussi établis le long des côtes de l'ile d'Haï-nan, de la côte occidentale de celle de Formose, dans le royaume de Siam, dans la péninsule de Malacca et autres parties de l'Inde-Transgangétique, ainsi qu'à Singapoure, à l'ile du Prince de Galles et jusque dans l'ile de Ceylan. Les MIANMAÏ OU MYAMMA, plus connus sous le nom de BIRMANS; il sont la nation dominante de l'empire Birman, où ils occupent la plus grande partie du royaume d'Ava proprement dit; une de leurs branches, les Ma-ramma, habitent le royaume d'Aracan dans les possessions Anglai

ses.

Les MOANS, plus connus sous le nom de PEGUANS; ils vivent dans le royaume de Pégou, partie de l'empire Birman.

FAMILLE SIAMOISE, ainsi nommée du peuple le plus policé et le plus puissant;elle comprend : les Thay ou Thay-nay (Taï-née), nommés Siamois parles Européens; ils sont la nation dominante du royaume de Siam et forment la grande majorité

de la population du royaume de Siam propredit; les Thay-jhay (Taï-yaï), regardés par les Siamois comme leurs ancêtres; ils occupent sous les noms de Laos, Law, Shan (Chan), toute la partie centrale de la péninsule Transgangétique. Les recherches faites sur ces peuples par MM. Francis Hamilton, Buchanan Hamilton, Gützlaff, et le savant résumé de M. Ritter, nous engagent à ramener provisoirement dans cette famille non-seulement la presque totalité des habitans du Kochampri (Mrelapchan), du HautLaos (Lowa-chan), du Laos-Moyen (Yangoma ou lûn-chan), du Bas-Laos (pays des Lenzen ou Lantschang), le Laos-Oriental (Lactho et Tarout), pays partagés entre les empires Birman et d'An-nam et le royaume de Siam, mais aussi les Lolos et les Pape (Papesifou) tributaires de la Chine, les Loy (Loe) du Tsiampa, dans l'empire d'An-nam, les Khiain et les Kasichan à l'ouest de l'Irraouadi dans l'empire Birman. Nous ajouterons que M. Gützlaff regarde les Kahs comme la peuplade la plus abrutie de cette famille; ils n'ont aucune loi, et ne professent aucune religion. Les Laos civilisés eux-mêmes, les Siamois et les Birmans traitent en esclaves tous les individus de cette nation dont ils peuvent s'emparer.

Les ANAMITES, subdivisés en Tonquinois, qui sont les plus nombreux, et en Cochinchinois, qui dans ces derniers temps sont devenus la nation dominante de l'empire d'An-nam, et une des plus puissantes de l'Asie, par les progrès qu'ils ont faits dans l'art de la guerre en adoptant la discipline des Européens.

Les SIAN-PI ou CORÉENS; ils forment la presque totalité de la population du royaume de Corée. FAMILLE JAPONAISE : les Japonais, répandus sur tout l'empire du Japon, où ils forment la presque totalité de la population; sous le rapport de la puissance et de la civilisation, ils sont au premier rang parmi les peuples Asiatiques. Les Lieou-khieou, établis dans l'archipel de ce nom, appartiennent à cette souche.

Les MIAOS-SZU, les MIAN-TINGS sont des nations assez nombreuses qui vivent dans la Chine proprement dite, sans appartenir à la souche chinoise. Les sauvages qui habitent l'intérieur de l'ile d'HAÏ-NAN; les KEMOYS, dans les montagnes qui séparent le Laos de la Cochinchine; les PLAY OU KARAYN dans l'empire Birman, sont d'autres peuples étrangers aux familles ethnographiques des peuples civilisés au milieu desquels ils vivent.

FAMILLE TOUNGOUSE: les Toungouses, subdivisés en Mandchoux, qui depuis 1644 sont devenus la nation dominante dans l'empire Chinois; ils sont très avancés dans la civilisation et forment la moitié de la population du Liao-toung et la totalité de celle de la Mandchourie jusqu'au confluent de l'Ousouri avec l'Amour; les Toungouses proprement dits, qui sont très arriérés sous le rapport de la civilisation; ils vivent dans l'empire Russe où ils sont répandus sur plus d'un tiers de la Sibérie, depuis le lénisseï jusqu'à la mer d'Okhotsk. Nous rappellerons que les Mandchoux offrent un phénomène remarqua

ble dans l'histoire de la civilisation, puisqu'il y a à peine 250 ans qu'ils étaient encore nomades, ne sachant ni lire ni écrire, et qu'aujourd'hui ils ont une littérature riche, très importante surtout pour l'étude de la littérature chinoise dont elle aide l'intelligence par ses traductions des textes originaux chinois. C'est le mandchou et non pas le chinois que depuis cette époque on parle à la cour de Péking. FAMILLE MONGOLE les Mongols subdivisés en Mongols proprement dits, en Khalkha et en Charrai-gol ou Mongols du Tibet; ils occupent la Mongolje et une partie du Tibet, ainsi que le Pays du Khoukhou-noor, dans l'empire Chinois; une partie vit dans l'Asie Russe; les Mongols dans le x siècle furent la nation dominante du plus grand empire dont l'histoire ait conservé le souvenir. Les Kalmuks ou Olet; ils occupent une grande partie de la Dzoungarie. Les Bourètes, répandus dans le gouvernement d'Irkoutsk.

FAMILLE TURQUE: les Osmanlis ou les Turks proprement dits des Européens; ils forment la nation dominante de l'empire Ottoman; c'est le peuple le plus puissant et le plus civilisé de cette famille; les eyalets d'Anadoli, d'Erzeroum, de Konieh, etc., sont les contrées où ils sont en plus grand nombre; les Ouzbecks, qui sont le peuple dominateur du Turkestan-Indépendant; les Turks de Sibérie ou Touraliens, qui sont les prétendus Talars de Sibé rie ou Tatares Touraliens des géographes; ils sont répandus dans les gouvernemens de Tobolsk, de Tomsk et de lénisseïsk; les Turkomans, subdivisés en un nombre prodigieux de branches et de rameaux, répandus dans les royaumes de Caboul, de Herat, dans le Turkestan-Indépendant, dans l'Asie Ottomane et dans l'Asie Russe; dans cette dernière région ils vivent dans les provinces du Caucase; les Turkomans du royaume de Perse sont devenus depuis long-temps la nation dominante de cette monarchie; les Kirghiz, subdivisés en Bourouts ou Orientaux et en Kazak ou Occidentaux; une partie des Orientaux est tributaire de l'empire Chinois; la plus grande partie des Occidentaux est vasale de l'empire Russe; le reste vit tout-à-fait indépendant. Tous les nombreux peuples que nous venons de nommer sont censés parler des dialectes de la langue turque; les suivans parlent des langues sœurs : les Sokha ou Yakoutes, établis dans le gouvernement de lénisseïsk et dans la province de Jakoutsk; ce sont les plus orientaux et les plus septentrionaux de tous les peuples de cette famille, mais aussi les plus abrutis; les Tchouwaches, nommés improprement Tatars montagnards par les Russes; ils errent dans une partie du gouvernement d'Orenbourg.

Nous rappelierons au lecteur que cette famille, ainsi que les deux précédentes, comprennent les peuples généralement connus sous le nom de Tartares, dénomination qu'il faut bien se garder de confondre avec celle de Tatars, qui ne convient qu'aux peuples compris dans la famille Mongole. Voyez aux pages 146 et 150 du premier

volume de l'Atlas ethnographique du Globe, où nous avons exposé les motifs qui nous ont engagé à faire cette distinction, approuvée par les deux premiers juges compétens de l'époque, par MM. Klaproth et Abel Rémusat. Nous appuyons sur cette remarque, parce qu'il parait que des savans très versés d'ailleurs dans l'ethnographie, ignorent cette distinction. S'il en était autrement, ils ne nous auraient pas adressé à tort des remarques critiques sur l'emploi du mot Tartares.

FAMILLE SAMOYEDE : les Tawghi, répandus depuis le lénisseï jusqu'à la Lena; c'est le peuple le plus septentrional de tout l'Ancien-Continent; les Ouriangkhaï, nommés aussi Soyotes; le plus grand nombre vit sur le territoire de l'empire Chinois entre les monts Sayans et les monts Khangaï et Altaï; le reste sur celui de l'empire Russe. La faim rend parfois anthropophage une des tribus soumise aux Chinois; les Ouriangkhaï sont le peuple le plus méridional de cette famille. FAMILLE JENISSEY, dont les différens peuples sont confondus par les géographes avec les Ostiakes, qui appartiennent à la souche Ouralienne ou Finnoise. Ces peuples, peu nombreux et abrutis, vivent dans le gouvernement de lénisseïsk; les Denka, les Imbazi, les Poumpokols, les Kottes et les Assanes en sont les peuples principaux.

FAMILLE KORYÉKE : cette souche ne comprend que quelques peuples de ce nom, abrutis et peu nombreux, répandus dans l'extrémité nord-est de l'Asie dans les districts d'Okhotsk, de Kamtchatka, dans la province de lakoutsk et dans le Pays des Tchouktchi.

Les ANDON-DOMNI OU YOUKAGHIRES, peuplade très peu nombreuse, dont les tribus vivent entre les lakoutes et les Korièkes le long de l'OcéanGlacial, depuis la Yana jusqu'à la Kolyma. FAMILLE KAMTCHADALE elle embrasse les peuplades peu nombreuses et presque entièrement ichtyophages répandues sur la péninsule de Kamtchatka.

FAMILLE KOURILIENNE les Kouriliens ou Kouriles; ils habitent l'archipel des Kouriles par

:

RELIGIONS. L'Asie est le domaine des fables, des rêveries sans objet, des imaginations fantastiques, a dit un célèbre orientaliste aussi quelles étonnantes variations, et, on peut le dire, quelle déplorable diversité n'observe-t-on pas dans la manière dont la raison humaine, privée de guide et livrée à ses seules inspirations, a taché de satisfaire à ce premier besoin des sociétés antiques, la religion! Si le judaïsme et le christianisme sont nés en Asie, s'il est peu de vérités qui n'aient été enseignées dans cette partie du monde, on peut dire en revanche qu'il est aussi peu d'extravagances qui n'y aient été en honneur, ou qui n'y aient pris

tagé entre les empires Russe et Japonais, et l'extrémité méridionale du Kamtchatka; les Ainos ou lesso, établis sur l'ile leso dans l'empire Japonais; les Tarakaï ou les Ainos de la grande ile Tarakaï ou Saghalien, et les Giliaki de la partie de la Mandchourie à l'est de l'Ousouri; ces derniers sont nommés Fiaka et Khedjen par les Mandchoux.

FAMILLE OURALIENNE OU TCHOUDE : les Vogoules ou Mansi, répandus entre Kourgan et Beresov dans le gouvernement de Tobolsk; les Ostiakes, distingués en As-lakh ou Ostiakes de l'Ob, Ostiakes de Berezov, du Iougan, de Narym, etc., etc.

FAMILLE MALAISIENNE : les indigènes de l'ile Formose dans l'empire Chinois; les Malais qui forment la masse principale de la population de la péninsule de Malacca et du Kamboge Occidental, dans l'Inde-Transgangétique, et une grande partie de celle des iles voisines, telles que Salanga, Prince-de-Galles, Singapoure, etc.; il faut cependant excepter les montagnes de l'intérieur de la péninsule habitées par des peuples nègres ou de race entièrement différente. La supériorité des races européennes sur les races Asiatiques a exposé ces dernières à de fréquens envahissemens, qui eurent lieu du temps des Grecs et des Romains, et plus tard par les nations modernes, particulièrement par les Portugais, les Hollandais, les Russes, les Anglais et les Français. Les peuples européens les plus nombreux établis en Asie sont les Grecs dans l'Asie Ottomane, et les Russes dans l'Asie Russe. Viennent ensuite les Portugais, les Anglais; et après ceux-ci les Français, les Danois et les Hollandais. Nous ne parlerons pas des Italiens, parce qu'ils sont en trop petit nombre. Nous rappellerons seulement qu'un mauvais jargon italien, fort répandu dans l'Archipel et sur les côtes de la mer Méditerranée, est tout ce qui est resté dans les temps modernes de la domination de Venise, de Gènes et d'autres villes d'Italie, qui au moyen âge avaient recueilli par l'industrie, par le commerce et souvent par les armes l'héritage de l'ancienne Rome en Orient.

naissance. La superstition des Sabéens, le culte du feu et des autres élémens, l'islamisme, le polythéisme des brahmanes, celui des bouddhistes et des sectateurs du grand lama, le culte du ciel et des ancètres, celui des esprits et des démons, et tant de sectes secondaires ou peu connues, enchérissant l'une sur l'autre, en fait de dogmes insensés ou de pratiques bizarres et même atroces, donnent une faible idée de l'étonnante variété qu'offrent les croyances religieuses des Asiatiques. Devant indiquer dans la description de chaque état les religions différentes qu'on y professe, nous allons essayer de classer les principaux peuples

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