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met de la colline un autre temple en rotonde, dont les colonnes sont d'une grandeur extraordinaire. Dans une autre direction on trouve : DEIR-ELKAMAR, BAÏROUT, BAALBECK, KANOBIN et TRIPOLI déjà décrites dans le rayon de cette dernière ville aux pages 689, 690 et 691; et vers le nord-est HEMS (Emesa), assez grande ville, sur l'Oronte, importante par les produits de son agriculture, assez florissante, par ceux de ses nombreuses manufactures et par sa population, qui parait dépasser 20,000 âmes. Malgré sa haute antiquité et les nombreux édifices qui l'embellissaient lors qu'elle était la capitale du petit royaume de son nom, Hems n'offre aucun monument assez important pour être mentionné dans cet Abrégé; mais hors du rayon, vers l'est, au milieu du désert, et au centre d'une oasis extrêmement fertile et abondante en eaux excellentes, s'élève PALMYRE, bâtie par Salomon sous le nom de TADdénomination par laquelle la désignent encore ses habitans actuels. Située entre l'Euphrate et la Méditerranée, Palmyre devint dès la plus haute antiquité l'entrepôt principal où se rendaient par terre les marchandises de l'Orient et de l'Occident. Ce riche commerce ne tarda pas à en faire une des villes les plus opulentes de l'Asie; mais c'est sous les règnes brillans d'Odénat et de

MOR,

la célèbre Zénobie que cette ville magnifique, qui osa se croire la rivale de Rome, parvint à sa plus grande prospérité. Prise et saccagée par Aurélien, restaurée et fortifiée par Justinien, prise et reprise dans les différentes guerres qui ont désolé cette région, Palmyre n'est plus qu'un misérable village habité par quelques centaines de familles arabes; mais ses vastes et imposantes ruines sont là pour attester son ancienne splendeur. On y admire surtout le magnifique temple du Soleil converti en mosquée; il est environné de colonnes colossales et d'une vaste enceinte carrée formant une immense double colonnade intérieure; les quatre énormes colonnes de granit situées en obélisque au centre de l'avenue; les débris de cette même avenue, qui of frent une colonnade d'un mille de longueur; les restes d'un arc de triomphe; ceux des sépulcres, espèces de tours carrées en marbre à plusieurs étages, sans ornement dans la partie extérieure, mais couvertes de sculptures et embellies de colonnes dans l'intérieur. Ces magnifiques ruines, inférieures seulement à celles de Baalbeck et de Thèbes sous le rapport des dimensions des matériaux employés dans leur construction, doivent être rangées parmi les plus imposantes que l'antiquité nous ait léguées.

ARABIE.

POSITION ASTRONOMIQUE. Longitude orientale, entre 30° et 57° Latitude,

entre 12° et 34°.

CONFINS. Au nord, la partie de l'isthme de Suez qui dépend du vice-roi d'Egypte et l'Asie Ottomane. A l'est, le golfe Persique et le golfe d'Oman. Au sud, ce dernier golfe et l'Océan-Indien. A l'ouest, la mer Rouge.

FLEUVES. Peu de contrées sur le globe sont aussi privées d'eau que l'Arabie. Elle n'a aucun fleuve considérable, à l'exception du MEIDAM et du CHABB, qui descendent du plateau de l'Yemen pour se rendre dans la mer des Indes; ce sont les seuls fleuves connus qui paraissent avoir un cours permanent; tous les autres courans de cette vaste contrée ne sont à proprement parler que des torrens nommés ouadi, ou vallons. Ils descendent des montagnes et se dessèchent quelque temps après la saison des pluies, avant d'arriver à la mer. L'EUPHRATE ne saurait être regardé comme un fleuve appartenant à l'Arabie, parce que les tribus nomades qui errent sur ses bords peuvent être rattachées à cette contrée, ou comprises dans l'Asie Ottomane, selon qu'elles sont vassales de l'empire Ottoman, ou qu'elles

parviennent à recouvrer leur indépendance. L'AFTAN, ou la RIVIÈRE de Lahsa, qui joue un si grand rôle sur nos cartes, a été reconnue par M. le capitaine Sadlier en 1819 comme un torrent qui se dessèche en été.

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RELIGION. L'ISLAMISME, qui a pris naissance dans cette contrée, est la religion professée par la grande majorité de ses habitans, quoique partagée en plusieurs sectes. Les Zeïtes, sont assez nombreux dans l'Yemen, les Abadites, dans l'Oman; les Chutes, sur la côte du golfe Persique, et les Messeckhilites dans l'Hedjaz. Les Wahhabites secte nouve dont nous avons indiqué les doctrines à la page 73, après s'être répandus sur presque toute la péninsule, sont aujourd'hui renfermés dans le pays où ils pr rent naissance; on en trouve cependant encore parmi quelques tribus nomades. La RELIGION DE MOISE est professée par un nombre assez considérable de Juifs dont les Rechabites sont les plus remarquables par leur antiquité et par l'indépendance qu'ils ont su conserver

GOUVERNEMENT. Tous les états de l'Arabie offrent les formes d'un gouvernement modéré, comme dans les imamats

de l'Yemen et de Mascate et dans le grandcherifat de la Mecque. Plusieurs des innombrables tribus nomades présentent même les formes d'un gouvernement tout à-fait patriarcal, et quelques-unes sont de véritables républiques, tantôt démocratiques, tantôt aristocratiques. Nulle part le despotisme ne pèse sur les habitans de cette contrée. L'empire des Wahhabites offrait naguère un singulier mélange de théocratie, de monarchie, d'aristocratie et de démocratie.

INDUSTRIE. Les fabriques et les manufactures de l'Arabie sont presque nulles. Ce n'est que depuis peu que les Banianes (c'est ainsi qu'on appelle les Indiens établis dans cette contrée), ont fondé quelques manufactures de coton.

écrivains ne s'accordent pas non plus dans la division de leur pays, et les divisions données par Niebuhr diffèrent de celles qu'ont proposées d'autres savans. Nous croyons qu'on pourrait partager cette vaste contrée, en com- " binant les grandes divisions géographiques en usage chez les naturels, avec ses divisions politiques actuelles, dont nous ne donnerons cependant que les principales. Nous ferons aussi observer que les Ottomans ont depuis quelques années recouvré la puissance qu'ils exerçaient en Arabie, depuis les vastes conquêtes du sultan Selim. Voyez aux pages 568 à 571 et l'Afrique Ottomane. Depuis les grands succès obtenus par les troupes de Mehemet-Ali, on peut regarder la plus grande partie de cette région comme une dépendance politique de la monarchie fondée par cet homme extraordinaire; car il n'y a que l'imamat de Mascate, parmi les états les plus étendus, qu'on puisse regarder comme absolument indépendant.

HEDJAZ. Cette division comprend l'Arabie-Pé

la mer Rouge jusqu'aux frontieres de l'Yemen. Ses principaux états sont :

Le Grand-Cherifat de la Mecque, qui comprend la partie que les Arabes nomment BELED-EL-HARAM ou le PAYS SACRE. Depuis l'expulsion des Wahhabites et du cheïkh d'Abou-Arich, cet état peut être regardé comme une dépendance

COMMERCE. Quoique le commerce de l'Arabie ait beaucoup diminué en comparaison de ce qu'il était avant la découverte du Cap de Bonne-Espérance, il cst encore assez considérable. Les caravanes qui se rendent à la Mecque, les ports de Yambo, de Djiddah, de Kamfidia, de Moka, d'Aden, de Mascate, d'El-Katif et de Gran sont les places les plus considérables. On peut dire que presque tous les objets trée de nos cartes et toute la côte orientale de d'habillement sont fournis par l'Inde, ceux de luxe par l'Europe, et les armes par la Perse et par l'Asie Ottomane. Les principaux ARTICLES EXPORTÉS Sont: le café, qui est le plus important de tous; viennent ensuite les perles, les dattes sèches, les peaux, les chevaux, les feuilles de sené, l'indigo, la gomme, en outre une grande quantité de benjoin, d'encens et de myrrhe qui viennent de l'Afrique, quoique dans le commerce ces articles passent pour des produits de la péninsule. Les principaux ARTICLES D'IMPORTATION sont, outre les trois que nous venons de nommer, les étoffes, le sucre et autres productions de l'Inde, acier, fer, canons, plomb, étain, cochenille, toiles, perles fausses, armes blanches et à feu, et une foule d'objets provenant des fabriques

et des manufactures de l'Europe.

DIVISION et TOPOGRAPHIE. Depuis la chute de l'empire éphémère fondé par les Wahhabites, on peut regarder toute la péninsule comme partagée en un grand nombre de petits états indépendans les uns des autres. Les Arabes modernes ne connaissent pas les dénominations inexactes d'Arabie-Pétrée, d'ArabieHeureuse et d'Arabie-Déserte. Leurs

politique du pacha d'Egypte, dont les troupes

occupent toutes les places fortifiées et les ports. Ses villes principales sont :

LA MECQUE, située dans un vallon stérile, au milieu des montagnes, et à deux journées de marche de Djiddah. C'est la capitale du grandcherifat. Ses rues sont assez régulières, et ses mais elle est défendue par trois citadelles. La maisons sont baties en pierre. La ville est ouverte, Mecque a beaucoup perdu dans ces dernières an nées par le pillage auquel elle a été exposée pendant l'occupation des Wahhabites, et par la diminution du nombre de pélerins qui annuellement la visitaient, et qui la rendaient le centre

du

commerce de l'Arabie avec l'Europe, l'Asie et

l'Afrique. Depuis quelques années elle a commencé à réparer ses pertes. Sa population, qui de 100,000 avait été réduite à 18,000 ames à l'époque ou

Ali-Bey la visita, s'élevait en 1814, lorsque Burckhardt y était, à près de 34,000; mais elle monte au-delà de 80,000 à l'époque du pélerinage ou du hadji. Pendant ce temps-là, dit M. de Larenaudiere, la Mecque offre l'aspect d'une grande et belle « foire, avec prières du jour, prières du soir, illumination de la grande mosquée, illumination des tentes des pachas et des seigneurs, courses à l'Arafat, jeux et divertissemens, feux

d'artifices et nombreuses salves d'artillerie. Alors si les gens pieux font leurs affaires avec le ciel, d'autres gens, et ce n'est pas le plus petit nombre, font leurs affaires avec la terre. Les Hindous, les Malais musulmans les Cachemiriens, les hommes de Boukhara et de Samarcande, de la Tartarie, de la Perse, des côtes de Melinde, de Mombaze et de tous les points de l'Arabie, se mettent en rapport avec les hommes de l'Occident, avec les peuples de l'Afrique septentrionale et intérieure, avec les Egyptiens, avec les Turks, les Albanais, toute l'Asie-Mineure et même avec les Grecs et des Arméniens qui se mêlent partout. Il faut reconnaître qu'aujourd'hui les spéculations lucratives du commerce sont le principal mobile du voyage du Hedjaz. » La Mecque est célèbre pour avoir donné le jour à Mahomet, et pour avoir été, suivant la remarque de M. Reinaud, le principal berceau des traditions musulmanes. A en croire les mahométans, c'est à la Mecque qu'Adam et Eve, après leur péché et leur pénitence, obtinrent leur pardon de Dieu. C'est également à la Mecque qu'Ismaël, fils d'Abraham, fuyant avec sa mère Agar, la jalousie de Sara, vint s'établir, et donna naissance à l'illustre tribu des Koraïschites à laquelle appartenait Mahomet. Abraham, ajoutent les musulmans, y visita plusieurs fois son fils chéri, et y éleva le temple de la Kaaba, qui depuis ce moment n'a pas cessé d'être l'objet de la vénération des fidèles. La Kaaba, ainsi appelée à cause de sa forme presque carrée, est un édifice de 34 pieds de haut sur 27 de large, et couvert d'une immense étoffe de soie noire sur laquelle se trouve brodée en caractères d'or la profession de foi musulmane, consistant dans ces mots : Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu; Mahomet est l'envoyé de Dieu. C'est le grand-seigneur qui, depuis la chute des califes de Bagdad et des sultans mamelouks d'Egypte, fait présent de cette étoffe au temple; il f'envoie par la caravane du Caire. Les portes de la Kaaba ne s'ouvrent que trois fois par an, une pour les hommes, une pour les femmes et la troisième pour la nettoyer. A l'extérieur, vers un des angles, est encastrée la fameuse pierre noire; tout autour sont le puits de Zemzem où les pèlerins viennent se purifier, et diverses coupoles, chaires et autres lieux de station où les pélerins s'acquittent de leurs cérémonies. Le tout estenfermé dans une vaste galerie carrée appelée du nom général de almesdjid-alharam ou de mosquée sacrée, et dans laquelle on entre par la porte nommée Bab-alsa-am ou porte du salut. La Mecque n'a d'autre industrie que celle d'une quantité d'ouvriers qui font des chapelets. Le célèbre baume de la Mecque ne vient pas dans le voisinage de cette ville, mais dans l'intérieur de la péninsule. Selon Burckhardt les sciences y sont dans un grand déclin. Les collèges et autres établissemens, jadis consacrés à l'enseignement public, avaient été convertis en hôtelleries pour les pélerins; les habitans, livrés au luxe et à une grande corruption de mœurs, ne s'occupaient que de leurs plaisirs. Ils n'avaient d'ailleurs presque plus de rapport d'origine avec les anciens maitres du pays. Burckhardt assure qu'il restait à peine dans

la ville quelques hommes de la tribu des Koraischites, et que tout le reste avait péri à la suite des guerres intestines et des disettes, ou s'était transporté ailleurs.

Dans les environs de la Mecque on doit citer d'abord les lieux qui sont à une légère distance de la ville, et qui ont été consacrés par la religion. Tels sont le MONT ARAFAT et LA VALLÉE DE MINA. où les pèlerins sont obligés de faire des stations et de réciter des prières. Telle est encore la mosTAGNE DE HIRA, où se trouve une caverne dans laquelle le prophète, quelque temps avant sa prétendue mission, avait coutume de se retirer pour méditer sur les choses célestes, et où l'ange Gabriel lui apparut pour la première fois.

Plus loin, dans un rayon de 55 milles et sur les bords de la mer Rouge, se trouve Djiddah, que M. Rüppell regarde comme la ville la plus belle et la plus riche de toute la mer Rouge, et à laquelle il accorde 40,000 habitans, nombre huit fois plus grand que celui que des voyageurs précédens lui assignaient; Burckhardt ne l'estime que de 12 à 15,000 en temps ordinaire et peut-être au double pendant les mois d'été, qui correspondent aux moussons. On considère Djiddah non-seulement comme le port de la Mecque,mais comme le grand entrepôt maritime du commerce de l'Egypte, de l'Inde et de l'Arabie. Djiddah est fortifiée et a une nombreuse garnison de troupes égyptiennes, commandées par un pacha, qui maintenant relève directement du vice-roi d'Egypte. Dans l'intérieur des terres est la ville de TALE, célèbre par son territoire arrosé d'eaux courantes et planté de palmiers, de vignes et d'herbages; elle fournit des légumes et des fruits à la Mecque. MEDINE, située dans un lieu creux, entre des montagnes arides, et arrosée par un ruisseau appelé Atoun-Zarkeh ou sources bleues. Grâce à son château assis sur une éminence rocailleuse, à ses casemates à l'épreuve de la bombe, à ses murs épais, hauts de 90 pieds, flanqués de 40 tours, cette ville passe pour la principale forteresse de l'Hedjaz et pour une place imprenable. Cette ville se nommait originairement YATREB. Son nom de Medine est arabe et signifie ville; il est pour Medinel-Alnebi ou ville du prophète, à cause du refuge qu'y chercha Mahomet lorsqu'il fut obligé d'abandonner la Mecque, sa patrie, et du séjour qu'il y fit jusqu'à sa mort. La principale de ses mosquées est celle qui fut originairement construite sur l'emplacement de la maison où le prophète était mort, et où l'on remarque encore son tombeau, ainsi que ceux des deux premiers califes Abou-bekr et Omar. Les musulmans vénèrent de plus la mosquée que Mahomet con struisit à sa première arrivée à Medine, et qui, à ses diverses reconstructions près, peut passer pour le plus ancien temple musulman. Trente collèges ou écoles sont ouverts dans Medine pour l'instruction. Les habitans de cette ville. trop nombreux pour les denrées que produit son territoire, subsistent surtout des dons envoyés par les musulmans des autres pays, qui demandent des prières faites en leur nom. Les pélerins font aussi des présens, et le grand-seigneur envoie tous les ans une somme considérable; en

un mot tout l'islamisme contribue à l'entretien des habitans, et enrichit par ses aumônes 8000 mendians fainéans, qui vivent, dit M. Sadlier, splendidement, traitent avec arrogance les voyageurs et leur vendent cher jusqu'à l'eau de leurs puits. Nous ajouterons que bon nombre de ces maisons, construites en pierre et de formes élégantes tombent en ruines; que la guerre et la progression décroissante du pélerinage ont porté un coup mortel à la prospérité de cette vieille cité, qui n'a plus pour se défendre de la misère que le tombeau du prophète.

Dans le voisinage de Medine on doit citer le MONT OнOD, où le prophète essuya une sanglante défaite de la part des Mecquois ses ennemis; le PUITS DE BEDR, où Mahomet avait d'abord remporté sur ces mêmes Mecquois une brillante victoire, et qui aujourd'hui, suivant Burckhardt, forme un bourg de 500 maisons. EL-SSAFRA, gros village dans la vallée de ce nom, célèbre dans tout P'Hedjaz par sa fertilité; c'est le grand marché de toutes les tribus voisines et l'entrepôt principal du fameux baume de la Mecque dans sa pureté naturelle. Enfin YAMBO, petite ville, située sur les bords de la mer et regardée comme le port de Medine. M. Rüppell lui attribue 5000 habitans. Plus au nord, le long de la mer Rouge, on trouve: WOUCHк, petite ville, dont le port, selon M. Rüppell, est le plus important de toute la côte, quoiqu'on le cherche en vain sur les meilleures cartes. AKABA (Aïla ou Elath des anciens Orientaux, nommée aussi Akaba-el-Masri ou Akaba d'Egypte pour la distinguer d'une autre Akaba qui est dans l'intérieur), misérable petite ville, près de laquelle était située la célèbre AsIONGABER; c'est de son port que les vaisseaux de Salomon partaient pour aller à Ophir; c'est aussi par cette ville que les Phéniciens faisaient le commerce avec l'Inde et l'Arabie. Le petit port d'Akaba est le rendez-vous d'une partie des pélerins musul mans d'Egypte et de Barbarie qui se rendent à la Mecque. Vers l'ouest et sur la péninsule formée par la Méditerranée, le golfe de Suez et celui d'Akaba, s'élèvent les deux célèbres montagnes HOREB et SINAI. C'est sur la première que Dieu apparut à Moïse et lui commanda d'aller délivrer les Juifs de la servitude d'Egypte ; et c'est sur le Sinaï que Dieu donna à Moïse les tables de la loi; c'est aussi au pied de cette montagne qu'est situé le couvent de Ste-Catherine, semblable à une petite citadelle, et un des plus célèbres de l'Eglise grecque. La partie principale est la grande église bálie, ainsi que tout le reste, par l'empereur Justinien; réparée plusieurs fois, elle conserve encore l'autel et la coupole primitifs; on distingue encore sur cette dernière le portrait de Justinien, celui de sa femme Théodora et le tableau de la Transfiguration. Un voyageur réduit à 60 ou 80 les milliers de pèlerins qui autrefois visitaient ce sanctuaire et à une trentaine le nombre de moines qu'il renferme. On y monte et on en descend par le moyen d'un panier et d'un cabestan. Les moines possèdent deux petites pièces de canon et sont bien fournis d'armes pour se défendre contre les Arabes. Leur bibliothèque, relativement à ces contrées, est une des meilleures

et des plus riches. On doit ajouter que dans les environs se trouvent plusieurs emplacemens que la tradition vulgaire a rendus célèbres, et qui sont visités par de pieux chrétiens, par des juifs et des mahométans; tels sont le lieu où fut érigé le serpent de bronze, les tombeaux de Moïse et d'Aaron, la grotte où vécut St-Athanase, la chaire de Moïse et l'empreinte du pied de la jument de Mahomet dans son ascension au ciel.Les montagnes d'Horeb et de Sinaï offrent de plus un grand intérêt pour les physiciens; M. Gray et l'infortuné Seetzen, quand ils visitèrent ces lieux, entendirent par in tervalle, sous leurs pieds, un tremblement prolongé qui ressemblait aux battemens d'une pendule et qui soulevait le sable. Déjà du temps de Justinien, Phistorien Procope faisait remarquer que le point le plus élevé du Sinaï était inhabité, à cause du bruit terrible qu'on y entendait toutes les nuits. Toute la partie septentrionale de l'Arabie Pétrée, qui faisait l'effroi des voyageurs, et sur laquelle on n'avait jusqu'à ces derniers temps que des notions vagues, a été explorée, d'abord par Burckhardt, Mangles, Irby et autres voyageurs, et depuis par MM. Delaborde et Linant. Dans l'intérieur de l'Hedjaz on doit remarquer surtout certaines tribus de Juifs indépendans, mentionnés dans le xe siècle par Benjamin de Tudela, sous le nom de Rechabites, et que M. Wolf a retrouvés dans les environs de la Mecque. Selon ce dernier voyageur, les enfans de Rechab sont au nombre de 60,000, vivent sous des tentes comme leurs ancêtres et dédaignent la culture des champs. Ils sont circoncis. professent le judaïsme pur, et ne possèdent que le Pentateuque, les livres de Samuel, des Rois. d'Isaïe, de Jérémie et des prophètes du second ordre. Ils furent vaincus, mais non domptés par Mahomet. Ces Juifs montrent quelquefois la plus grande hardiesse. A l'exemple des autres tribus de l'Arabie, ils lancent à la rencontre des caravanes un des leurs, qui vient exiger le tribut accoutumé; si elles refusent, il part comme un trait, et bientôt après, une nuée de cavaliers vient fondre comme la foudre sur ces voyageurs, Plus au nord et vers le sud de la mer Morte on trouve EL-DJY, village principal du OUADIMoUSA, auquel des voyageurs modernes n'accordent que 2 ou 300 maisons, mais très remarquable à cause des restes imposans encore très bien conservés de l'ancienne Petra, situés dans ses environs, visités en 1818 par MM. Irby et Mangles, et depuis par MM. Delaborde fils et Linant; la superbe avenue de tombeaux, de plus de 2 milles de long, taillés dans le roc; le grand temple auquel elle aboutit, le théatre, les colonnes et les immenses débris de sculptures de tout genre, ainsi que la situation romantique de ces imposantes ruines doivent les faire placer à côté de celles de Baalbeck, de Djerrach et de Palmyre. «En contemplant ces monumens, dit M. Walckenaer, ces édifices, ces tombeaux, les uns mutilés, les autres encore debout et intacts, on croit voir comme une ville qui vient d'être dévastée par l'ennemi et que ses habitans ont abandonnée momentanément. Souveraine du désert, cette forteresse dont la nature construi

:

sit les gigantesques murailles, cette antique cité placée entre l'Asie et l'Afrique, a dû avoir de l'influence sur les premiers temps de la civilisation et du commerce de ces deux parties du monde. »

A quelques milles de Petra sont: CARAC ou KAREK et MONT-REAL OU CHAUBEK, qui jouèrent un grand rôle dans les guerres des Croisades. Karek est encore une petite ville assez considérable pour ces pays; Burckhardt lui accorde 550 familles. L'YEMEN comprend tout le sud-ouest de la péninsule. La partie le long de la mer Rouge se nomme Tehama. Cette grande division se subdivise en Yemen proprement dit et en Hadramaut. Tous les deux comprennent un grand nombre d'états indépendans.

Dans l'Yemen nous signalerons les suivans: L'Imamat de Sanaa ou de l'Yemen, qui est un des états les plus puissans de l'Arabie, quoique depuis quelque temps son importance politique soit bien diminuée, et quoiqu'il soit actuellement vassal du grand-seigneur, auquel il paie un tribut annuel de 2000 quintaux de café. Ses villes principales sont :

SANA OU SZANAA, capitale de l'état et siège de l'imam, bâtie au milieu d'une plaine fertile, ceinte de murs de briques et de tours, avec des maisons massives et hautes, quelques beaux édifices et des rues larges, mais sales et non pavées; cette ville serait, selon M. Seetzen, une de plus belles cités de l'Orient; elle est du moins une des plus anciennes, et elle joua jadis un grand rôle. Avant l'islamisme, elle possédait un temple qui rivalisait avec la Kaaba, et l'année même où Mahomet naquit, les peuples de Sana marchèrent contre la Mecque, voulant ensevelir la maison carrée sous ses ruines. On ne trouve aucune indication sur la population de Sana; il est probable cependant qu'elle ne dépasse pas 30,000 âmes. Sana est défendue par un château, où se trouvent les deux palais Dar-el-Dahhab et Dar-Amer, une mosquée et l'hôtel des monnaies. Les autres villes les plus remarquables sont : DAMAR, chef-lieu du district de Makhareb-el-Anes, assez grande ville bien bâtie, à laquelle on accorde 5000 maisons, et où se trouve une école célèbre, fréquentée par les zeĭdites. BEIT-EL-FAKAH, chef-lieu du district de ce nom, petite ville, d'environ 4000 ames, remarquable parce qu'elle est le centre du commerce de café de tout l'intérieur de l'Yemen. MOKKA, chef-lieu du district de ce nom, ville fortifiée, avec un port et une rade. Quoique son commerce soit beaucoup déchu on la regardait, avant le pillage qu'elle a éprouvé il y a quelques années, comme la première place maritime commerçante de l'Arabie; nous avons vu cependant que Djidda doit être regardée comme telle; lord Valentia lui accorde 5000 àmes.

L'état d'Abou-Arich, le long de la mer Rouge, entre le grand-cherifat de la Mecque et l'imamat de l'Yemen. Depuis la chute de l'empire des Wahhabites, cet état parait être rentré dans ses anciennes limites. ABOU-ARICH, dans le Tehama, petite ville, est la résidence du chérif. Ses environs abondent en fruits et possèdent des mines de sel gemme.

Le Pays de Kobail ou Hachid-el-Bekil,

entre le Nedjed et l'imamat de l'Yemen, ́habité par plusieurs tribus sédentaires, très belliqueuses. Elles forment une espece de confédération et fournissent des soldats à plusieurs états de la péninsule. Ce sont les Suisses de l'Arabie.

Le Pays d'Aden, à l'extrémité sud-ouest de la péninsule et au sud de l'imamat de l'Yemen. Ses principales villes sont : LAHHADJ, petite ville, sur le Meidan, résidence du sultan. ADEN, autrefois place forte et la plus opulente ville de l'Arabie, quoique en grande partie ruinée, elle est encore assez importante par son port et par son com

merce.

L'Hadramaut s'étend à l'est de l'Yemen proprement dit le long de la côte de l'Océan-Indien jusqu'à l'Oman. On ne connaît point ses limites dans l'intérieur. Une partie de ses habitans, de même que les Suisses, les Tyroliens, les Auvergnats, les Savoyards, les Galiciens et autres montagnards de l'Europe, émigrent pour aller dans les villes maritimes de l'Arabie, en Egypte et jusque dans l'Inde, exercer plusieurs métiers ou pour y servir comme soldats, et reviennent au bout de quelques années dans leur pays natal pour y jouir du fruit de leurs épargnes. L'état imparfait de la géographie de cette partie de l'Arabie et notre cadre ne nous permettent de citer que les villes suivantes :

MAKALLA, siège d'un petit sultan, ou pour mieux dire d'un cheïk indépendant, dont la puissance s'étend sur une douzaine d'autres villes du voisinage. Comme les autres chefs entre lesquels est partagée la côte méridionale de l'Arabie, il est souvent en guerre avec ses voisins, et comme eux il exerçait la piraterie, à laquelle les Anglais ont mis un terme. Makalla est une assez grande ville, avec des maisons à trois étages et avec un bon port, où il se fait un commerce important. TERIM, dans les montagnes, ville qu'on dit etre grande et populeuse. C'est le siège d'un petit sultan; on y fabrique une espèce de chales de soie mélée d'or. CHIBAN, dans les montagnes, et résidence d'un autre petit sultan; on la représente comme plus grande et plus peuplée que Terim. DOAN, non loin de la mer, et dans une vallée profonde, ville de médiocre étendue, résidence d'un cheikh indépendant.

Le PAYS DE MARAH parait être un vaste plateau, traversé dans tous les sens par des tribus nomades. C'est une des parties encore les moins connues de l'Asie.

L'OMAN comprend l'extrémité orientale de la péninsule. Son intérieur est très peu connu. Parmi les nombreux états entre lesquels il est partagé, nous citerons les suivans:

L'Imamat de Maskat. C'est un des plus puissans de l'Arabie. Assisté par les Anglais, il a pu résister aux Wahhabites et conserver son indépendance. Ses villes principales sont : MASKAT OU MASCATE, entourée de jardins et de plantations de dattiers, avec un bon port et des fortifications assez considérables pour résister à des troupes asiatiques. C'est la capitale de l'état et l'entrepot de toutes les marchandises, qui de l'Inde sont amenées dans le golfe Persique; elle est aussi le centre du grand commerce des perles qu'on pe

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