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TURKESTAN.

POSITION ASTRONOMIQUE. Longitude orientale, entre 47° et 80°. Latitude,

entre 36° et 51°.

CONFINS. Au nord, les territoires des Kirghiz vassaux de l'empire Russe. A l'est, le Thian-chan-pe-lou, le Thianchan-nan-lou et le Baltistan, pays compris dans l'empire Chinois. Au sud, les royaumes de Lahore, de Kaboul, de Kandahar et de Perse. A l'ouest, la mer Caspienne et le territoire des Kirghiz de la Petite-Horde, vassaux de l'empire Russe.

FLEUVES. On connalt encore très imparfaitement le cours des fleuves de cette vaste région; ils aboutissent tous à des lacs intérieurs, dont les deux plus grands ont le titre de mers.

Dans la MER d'ARAL se rendent :

L'AMOU-DARIA (l'Oxus des anciens, dit aussi

DJIHOUN, formé par l'union du BOLOR et du BADAKCHAN. M. le capitaine Burnes, regarde le BOLOR (Zour-Ab, Dervazeh) comme la branche principale, et le Badakchan comme son affluent à la gau

che: nous suivons son opinion. Le Bolor prend sa source dans les hautes alpes nommées Bolor, passe par Bolor, traverse le Dervazeh, passe près de Ouakhan (Wakhan), de Huzrutinam, de Termedz (Tirmez), de Tchardjou (Charjooee), baigne Khiva, Ourghendj et Konrad, et après s'être divisé en deux bras principaux et plusieurs secondaires, il se jette dans la mer d'Aral. Le prétendu affluent de l'Amou, qui passe par Samarcande et par Boukhara est, selon M. de Meyendorf, une rivière entièrement indépendante de ce fleuve, qui est le plus grand de toute cette contrée. Dans le khanat de Khiva, ses eaux réparties entre un grand nombre de canaux rendent très fertile le territoire qu'elles parcourent. Ses principaux affluens à la droite sont: le Kafer-nihan (Hissar); il traverse le Khanat de Hissar, en passant peu loin de la ville de ce nom; et le Toupalak, qui baigne Dehi-Nou. Ses principaux affluens à la gauche sont le Badakchan, qui baigne Badakchan ou Irzábâd; l'Ak-surrat, qui passe près de Koundouz; enfin le Khouloum (Khooloom), qui passe près de Heïbuck et baigne Khouloum.

Le SYR-DARIA (le Jaxastes des anciens) dit aussi SIHOUN est le second fleuve du Turkestan. Selon les renseignemens que nous devons à M. Klaproth, la partie supérieure de son cours porte le nom de NARYM; sa source est dans les hautes alpes des Thian-chan ou Monts Célestes, au sud de l'angle sud-ouest du lac Temourtou-noor ou issi-koul, dans le pays des Kirghiz montagnards soumis à l'empire Chinois. Le Narym a des af

fluens considérables. A environ 100 lieues audessus de son embouchure, dans la mer d'Aral,

le Kouwan s'en détache. Cette branche, dans le milieu de son cours, se partage aussi en cinq rameaux; ils se réunissent ensuite, et un peu plus bas ils forment un grand nombre de lacs de diverses grandeurs. Selon M. de Meyendorf, le Syr, à peu de distance de son embouchure, se rejoint au Kouwan par un petit ruisseau. Il baigne Ko

djend, Tounkat et Otrar; il passe peu loin au

nord de Khokand, et à quelques milles à l'ouest de Tachkend.

Les principaux fleuves qui entrent dans les LACS de moindre étendue sont:

Le SARA-SOU, qui traverse le pays des Kirghiz de la Grande Horde et se jette dans le lac Teles

koul.

l'empire Chinois : il sort du lac Issi-koul, entre dans le Turkestan, traverse dans cette contrée le territoire des Kirghiz de la Moyenne Horde et de la Grande, et se jette dans le lac Kaban-Koulak ou Bei-le-koul.

Le TCHOUI, qui vient de la Dzoungarie dans

la partie inférieure de son cours, il prend le nom

Le KOHIK, dit KOUWAN à Samarcande; dans

de ZER-AFCHAN dans les environs de Boukhara, et passe par Kara-koul; c'est peut être le Sogd des Polylimetus; au lieu de se jeter dans l'Amou anciens géographes; selon M. Burnes, c'est le

cartes et dans les géographies, ce fleuve entre comme on le représente encore sur toutes les dans le lac de Kara-koul ou Dendjs (Dengis), apres avoir traversé la plus belle partie du khanat de Boukhara; il prend sa source dans une des branches du Belour, au-dessus de Fani.

dont le cours est tres borné en comparaison des La rivière de KARCHI (Kachka ou Chersebz), fleuves précédens, traverse le florissant khanat de Chersebz et partie de celui de Boukhara, où il parait se perdre dans un lac ou bien au milieu des sables. Il passe près des villes de Chersebz, de Karchi et de Kourchi; au-dessus de Karchi, il

prend le nom de Kachka.

Le MOURGAB (Moorgaub) naît dans les montabaigne Merou-Roud et fertilise toute la partie du gnes du pays des Hazarch, traverse le Mourgȧb, désert qui forme la Grande Oasis de Merve; enfin il se perd dans les sables.

Le TEDJEND vient du Khorassan, traverse le Kouhistan et l'Oasis de Charakhs (Shurukhs), où il se perd dans les sables du désert, au lieu de se rendre dans la mer Caspienne, comme le représentent toutes les cartes et le décrivent toutes les géographies. Cette erreur grave a été produite par l'opinion qui regardait le Tedjend, l'Attrack et le Gourgan, qui forment des bassins différens, comme ne formant qu'un seul et même courant, qu'à tort on regardait comme correspondant à l'Ochus des anciens.

RELIGION. La presque totalité des ha

bitans se compose de mahomėtans sunnites. Les habitans du pays de Dervazeh sont idolâtres. Il y a en outre quelques milliers de Juifs et un nombre encore moindre d'individus qui professent d'autres religions.

GOUVERNEMENT. Il est plus ou moins despotique dans presque tous les khanats; mais la rigueur de l'arbitraire y est adoucie par l'influence de la religion et par les habitudes nomades d'un grand nombre de leurs habitans. Celui du khanat de Boukhara peut être regardé comme une aristocratie théocratique. Les lois du Coran y sont plus strictement observées qu'en aucun autre état mahométan.

INDUSTRIE. Les habitans du khanat de Boukhara se distinguent sur tous leurs voisins par leur industrie et par les belles étoffes de coton, de soie, par les bonnets, les papiers et autres articles qu'ils savent fabriquer. On peut dire en général que dans toutes les grandes villes des khanats entre lesquels le Turkestan est partagé, l'industrie est assez florissante, et que la plupart de leurs nombreux habitans s'adonnent à l'agriculture; plusieurs cantons même sont si bien cultivés qu'ils ressemblent à des jardins. Dans ces contrées, que bien des géographes représentent encore comme des déserts stériles, les canaux d'arrosement sont aussi multipliés que dans les parties les mieux cultivées du royaume Lombard-Vénitien. L'éducation du bétail et le pillage sont les principaux moyens de subsistance des peuples entièrement nomades.

COMMERCE. Peu de nations sont plus adonnées au commerce que les Boukhares. Ils mettent autant d'intelligence et d'activité dans leurs opérations commerciales que de parcimonie dans leur manière de vivre. Les marchands boukhares parcourent toute l'Asie pour se livrer à leur trafic; aussi ont-ils formé de nombreuses colonies en Chine, en Russie et dans les états limitrophes du Turkestan. Ils font leurs plus importantes affaires avec la Russie par Orenbourg, avec la Chine par Kachgar, avec Kaboul par Balkh, et avec l'Inde par Kachemir. Leur commerce avec les autres contrées est moins important. Les principaux articles d'EXPORTATION sont : coton, coton filé, toiles et étoffes de co

ton, bonnets, étoffes de soie, chevaux, turquoises, lapis-lazuli, peaux de renards, peaux d'agneaux avortés, fruits secs, pistaches, semences de vers à soie, er en poudre. Les principaux articles d'IMPORTATION sont : thé, étoffes de soie, rhubarbe, porcelaine et autres articles de l'empire Chinois; indigo, châles de Kachemir, étoffes de soic et de coton de l'Inde; en outre plusieurs articles produits du sol et des fabriques des royaumes de Kaboul et de Perse, et surtout de l'empire de Russie. La plus grande partie de ces marchandises est exportée vers les pays avec lesquels les Boukhares ont des relations commerciales et auxquels elles conviennent. Les féroces Kirghiz et plusieurs tribus de Turkomans font de temps immémorial l'abominable commerce des esclaves. Les villes les plus commerçantes sont : Boukhara, Khokand, Tochkend, Balkh, Nouvelle-Ourghandj et

Khiva.

DIVISION POLITIQUE et TOPOGRAPHIE,

Le Turkestan depuis long-temps n'est plus soumis au même souverain; mais il est partagé en un grand nombre d'états, dont l'étendue et la population sont très différentes. Le khanat de Boukhara, et ensuite ceux de Khiva, de Koundouz et de Khokand sont actuellement les puissances prépondérantes de cette contrée. Viennent ensuite les khanats de Hissar et de Chersebz, et les autres états et pays que nous indiquons ci-dessous d'après les relations les plus récentes.

Khanat de Boukhara. C'est le plus riche, le plus peuplé et le plus puissant. Il comprend les plus belles contrées du Turkestan; mais sa partie cultivée occupe à peine le dixième de sa surface qui consiste en vastes déserts. Tout le khanat est actuellement divisé en 9 provinces, qui prennent le nom de leur chef-lieu, à l'exception de celles de Minkal et de Lubiab: ces provinces sont: Boukhara; Karakoul; Kermina; Minkal (chef-lieu, Kutta-Kourgan); Samarcande; Juzzak; toutes dans la vallée du Kohik ou Zer-Afchan; Karchi (Kurshee); Labiak (chef

lieu, Tchardjoui), le long des rives de l'AmouDaria; et Balkh avec les districts au sud de ce fleuve, parmi lesquels on doit comprendre les cidevant khanat d'Ankoï et de Meïmameh. Voici ses villes les plus remarquables :

BOUKHARA, grande ville, bâtie au milieu d'une plaine très bien cultivée et traversée par un grand canal dérivé du Zer-Afchan, est la capitale de de villes répondent plus mal que Boukhara à cet état, et la résidence ordinaire du khan. Peu

l'impression agréable produite par son extérieur; car, à l'exception des bains, des mosquées et des

medressés, on ne voit que des maisons en terre de couleur grisâtre, entassées sans ordre et formant des rues étroites, tortueuses, sales et tracées au hasard. Ces maisons, qui ont leurs façades sur des cours, n'offrent du côté des rues que des murs uniformes, sans fenètres, sans rien qui puisse fixer l'attention ou récréer les regards des passans. Un mur en terre, de 4 toises de haut, flanqué de tours rondes avec des bastions, environne cette ville. La population de Boukhara parait s'élever au-dessus de 100,000 ames; dans ce nombre près des trois quarts ou près de 60,000 sont Tadjiks; le reste se compose d'Ouzbeks qui sont la nation dominante; de Juifs, qui sont ici plus nombreux que dans aucune autre ville de l'Asie-Centrale; de Turks, d'Afghans, de Kalmouks et d'autres peuples beaucoup moins nombreux. L'édifice le plus remarquable de Bouhkara est l'Ark ou le palais du khan; on le dit bâti dans le 1x siècle; il est sur une éminence et entouré d'un mur haut de 10 toises; il n'y a qu'une seule porte d'entrée. On doit citer immédiatement après, le minaret de Mirghharab, regardé comme le monument le plus beau sous le rapport de l'architecture; il ressemble à une grande colonne. Viennent ensuite quelques-unes des 360 mosquées que compte Boukhara et plusieurs des 60 medressés (collèges) construites ordinairement vis-à-vis des mosquées; celle de Kokallach est regardée comme la plus grande; sa partie nommée Elnassar-Eltchi a été bâtie aux frais de Catherine II. Enfin le caravanserai d'Abdullah-Djansaraï qui est le plus grand édifice de ce genre; et dans les environs immédiats de Boukhara la medressé, le couvent et le cimetière de Tcheharbekr, réputé le plus bel édifice de cette métropole. Boukhara a un grand nombre de fabriques et de manufactures, et son commerce est très étendu, étant pour ainsi dire le rendez-vous de toutes les nations commerçantes de l'Asie. On doit ajouter que, quoique cette ville ne soit plus ce qu'elle était sous la dynastie des Samanides (de 896 à 998), elle est encore un des principaux foyers de lumières pour tous les peuples mahométaus, qui envoient de l'extrémité de l'Asie leurs enfans étudier, dans ses écoles célèbres, la théologie mahométane et la médecine; M. de Meyendorf porte le nombre des étudians et des écoliers de cette ville à environ 10,000.

SAMARKAND OU SAMARCANDE, sur le Kouwan, grande ville, autrefois florissante et capitale du vaste empire de Tamerlan. On sait que ce conqué rant voulant la rendre la première ville du monde, y amena de toutes les contrées de l'Asie les artisans les plus habiles avec les objets les plus précieux. Clavijo, qui la visita à cette époque, porte leur nombre à 150,000, et dit qu'elle n'était pas plus grande que Séville, mais beaucoup plus peuplée et avait des faubourgs immenses avec de grands jardins et des vignobles. Quoique très déchue de sa grande splendeur elle est encore très importante par ses fabriques de papier de soie, par ses étoffes de soie et de coton, par son commerce et par ses écoles mahométanes, rivales de celles de Boukhara. Plusieurs de ses bâtimens témoignent

de son ancienne splendeur. Trois de ses collèges sont parfaitement conservés, entre autres celui où le fameux Ouloug-Beg avait établi son observatoire; c'est le plus beau : il est orné de bronzes et revêtu d'émail ou de peintures. Le tombeau de Tamerlan et de sa famille est d'une con-servation parfaite; les restes de ce conquérant reposent sous un dôme très élevé, dont les parois sont ornés d'agates. Outre ce beau monument, on doit encore citer les tombeaux de deux autres personnages illustres celui de Khodjek-Abdoullah-Ahrar, et celui d'Aboul-MansourMatouridi, auteur du Bedaya. On trouve à Samarcande des basars bien approvisionnés, et trois grands caravanseraïs pour les marchands de l'intérieur de la Boukharie. Les nombreuses bourgades qui entourent cette ville, la plaine fertile qui la sépare de Boukhara, et ses jardins délicieux ont fait passer la riante vallée dans laquelle elle est située, pour un des quatre paradis terrestres que les Orientaux placent en Asie. Nous réduisons, avec M. Burnes, à 8 ou tout au plus 10,000 habitans, les 50,000 qu'un autre voyageur moderne accorde à cette ancienne métropole du Turkestan.

Khanat d'Ankoi, vers la frontière méridionale et au nord-ouest de Balkh. ANKOÏ, ville qu'on dit contenir 4000 maisons, en est la capitale.

Khanat de Meïmameh, au sud d'Ankoï, MEÏMAMEH OU MEÏMEND, ville d'environ 1000 maisons, en est la capitale.

BALKB, une des villes les plus anciennes de l'Asie, jadis des plus grandes et des plus populeuses, mais dont la population est aujourd'hui réduite à environ 2000 habitans; elle possède encore quelques manufactures et un commerce assez étendu. Balkh fut dès la plus haute antiquité, la capitale d'un royaume qui se forma sur les bords de l'Oxus, et devint plus tard, sous le nom de Bactra, la résidence des rois de la Bactriane. Balkh rivalisait alors avec Ninive, Babylone et Séleucie, servant d'intermédiaire pour les communications qui avaient lieu entre la Chine et l'Inde, et les pays riverains de la mer Caspienne, de la mer Noire et de la mer Méditerranée. Sa position dans la plaine arrosée par l'Oxus, fleuve dont elle n'est éloignée que d'environ 25 milles et qui parait avoir été jadis en communication avec la mer Caspienne, favorisait singulièrement les entreprises de ses marchands. Il parait que de plus cette ville donna naissance à Zoroastre, et que dans ses murs s'éleva le premier temple érigé au culte du feu. Tout porte à croire que dans ces temps reculés Balkh était un foyer de civilisation, l'entrepôt du commerce de l'Asie Centrale, l'anneau qui unissait les peuples de l'Orient avec ceux de l'Occident.

Nous nommerons encore dans le Khanat de Boukhara les villes suivantes: KARCHI (Kurshee) près du Karchi, avec un fort, un grand bazar et près de 10,000 habitans. KARA-KOUL (Kara-kool), près du Zer-Afchan, petite ville d'environ 4000 âmes. TCHARDJOUI (Charjooee) peu éloignée de la rive gauche de l'Amou-Daria, importante par sa position et par la mine de sel qu'on y exploite; elle peut avoir 2500 habitans.

Khanat de Koundouz. I embrasse tous les pays situés dans le bassin du haut Oxus et une petite partie de la Kama affluent du Kaboul. Ces pays sont: le Koundouz proprement dit avec les districts de Koundouz, de Khouloum, de Heibuck, de Gori, d'Inderab, de Talikhan (Talighan) et de Houzirout-imam; le B adakhchan (Budukshan) où l'on exploite des mines de rubis; le Koulab (Bulgeewan); le Chaghnan (Chughnan); le Wakhan (Wukhan); le Dervazeh (Durwaz), si remarquable par sa position très élevée; le Tchitral dans la vallée de la Kama, dans le Kaferistan proprement dit. On doit remarquer cependant que plusieurs des derniers pays que nous venons de nommer ne sont que vassaux, et que le Tchitral, ainsi que le reste du Kaferistan sont plutôt le théâtre des incursions de Mourad-Beg, que des provinces de son royaume. Les habitans de ce dernier pays se distinguent parleur beauté, par leurs usages et par leur idolatrie, ce qui leur a valu le nom de kafres ou infidèles, et a faitnommer Kaferistan leur pays. Dans toutes les contrés que nous venons de nommer il n'y a aucune ville qui mérite une description par son importance commerciale ou industrielle, ou par sa population considérable. Nous en nommerons cependant quelques-unes qui plus que les autres nous paraissent devoir être mentionnées, en commençant par celle qu'on pourrait regarder comme la capitale du khanat ou du

royaume.

KOUNDOUZ, dans une vallée, ville très malsaine, jadis grande, mais aujourd'hui tellement déchue que sa population ne s'élève qu'à 1500 habitans; elle a un fort; Mourad-Beg n'y séjourne que pendant l'hiver. KHOULOUM (Khooloom), située sur le Khouloum, au commencement de la grande plaine du Turkestan; quoiqu'elle ne compte que 10,000 habitans, on pourrait la regarder comme la ville la plus peuplée des états de Mourad-Beg. BADAKHCHAN (Fyzâbâd) sur le Badakhchan, assez grande ville très déchue est très dépeuplée, naguère capitale du florissant royaume de ce nom. KOULAB remarquable par sa population, qui nous parait pouvoir être évaluée à 7 ou 8000 âmes.

Khanat de Khokand. C'est le deuxième état du Turkestan pour la population et le troisième pour l'étendue. Depuis 1805 il a réuni le khanat de Tachkend, et depuis 1815 celui de Turkestan. KнOKAND OU KHOKHAN, située sur un petit affluent et à quelques milles de la gauche du Syr-Daria, en est la capitale. C'est une ville industrieuse et commercante, qui paraît être aussi grande et aussi peuplée que Boukhara. On dit qu'elle possède 100 écoles et 500 mosquées, et que la littérature persane y fleurit. Le château du khan est sa seule fortification. Les trois bazars en pierre, les vastes écuries du khan, baties en briques, sont, avec son chateau et quelques mosquées, ses édifices les plus remarquables. Toutes les maisons sont en terre. Les autres villes les plus importantes du khanat sont MARGHALAN et KHODJEND, qui selon MM. de Meyendorf et Nazarov sont aussi grandes que Khokand. Khodjend est située sur le Syr-Daria, ainsi que OURATOUPA, qu'on dit être grande

et très peuplée. TACHKEND, sur des canaux dérivés du Tchirtchik, ville marchande, mais peu industrieuse, jadis capitale du khanat de ce nom; on lui accorde au moins 3000 maisons. TURKESTAN, jadis florissante lorsqu'elle était la capitale du khanat de ce nom; on dit qu'elle ne contient aujourd'hui qu'un millier de maisons en terre. On doit encore mentionner OUCH, NEMENGAN et ANDEDJAN, qui comme les précédentes à l'exception de Turkestan, sont les chefs-lieux des gounemens dans lesquels est partagé tout le khanat

Khanat de Khiva ou d'Ourghendj. C'est le plus étendu de tout le Turkestan, mais presque toute sa surface est occupée par des déserts. C'est à Mohammed Rahim, père du sultan actuel, que cet état est redevable de sa puissance. Ce prince, aussi heureux qu'entreprenant, est parvenu à soumettre plusieurs hordes de Turkomans et à se faire reconnaitre suzerain par les Karakalpaks, les Araliens, et plusieurs autres tribus. KHIVA, sur un canal dérivé de l'Amou-Daria, au milieu d'un territoire fertile, en est la capitale; elle paraît avoir 6000 habitans permanens. C'est le plus grand marché d'esclaves de tout le Turkestan. Les autres villes les plus remarquables sont: NOUVELLE-OURGUENDJ, sur un canal de l'Amou-Daria; elle peut avoir 12,000 habitans permanens. C'est la ville la plus commercante du khanat et l'entrepôt du commerce entre Boukhara et la Russie. KONRAT, sur la rive gauche de l'Amou-Daria; c'est le chef-lieu de la tribu la plus nombreuse des Araliens, qui, suivant l'habitude d'autres hordes nomades, l'habitent pendant l'hiver et l'abandonnent pendant l'été.

Le Pays des Karakalpaks, le long du Syr-Daria, habité par des tribus de ce nom, nomades en été et sédentaires en hiver, et une partie du Pays des Turkomans, sont vassaux du khan de Khiva, et n'offrent aucune localité assez remarquable pour être mentionnée dans cet Abrégé. Parmi les pays vassaux de ce khanat, on doit mentionner aussi les deux vastes et fertiles oasis de Charakhs et de Merve. Grâce aux nombreux canaux alimentés par le Mourghåb, l'oasis de Merve avait acquis une fertilité proverbiale; ses villes et ses villages se distinguaient par leur richesse et par leur nombreuse population. Cette prospérité a été détruite en 1787 par Mourad roi de Boukhara; la plupart des habitans furent enlevés et conduits dans la capitale du vainqueur; le reste se réfugia en Perse, ce qui ruina entièrement MERVE, MEROU-ROUD et tous les villages de cette oasis, qui n'offrent plus qu'une vaste solitude parcourue par des Turkomans nomades. L'oasis de Charakhs, traversée par le Tedjend, est très fertile et a pour chef-lieu CHARAKHS (Shuruks), siège des Salore, tribu turkomane regardée comme la plus noble de. cette nation: M. Burnes lui accorde 2000 familles. En 1832 le khan régnant y a établi une douane ainsi qu'à Merve, où l'on lève des droits sur les caravanes qui y passent. On doit ajouter qu'une grande partie de la côte orientale de la mer Caspienne, et surtout les environs de la Baie de Balkan, doivent être regardés comme compris dans ce

khanat, à cause de leurs habitans nomades qui reconnaissent la suzeraineté du khan de Khiva. Parmi les états moins puissans de cette vaste région nous nommerons encore les suivans;

Mang-kichlak, jusqu'au lac Issi-koul, dans l'empire Chinois. Ils se nomment eux-mêmes Kaïssak ou Kasak, et la plupart sont de redoutables voleurs. Ils n'ont point de chef suprême; ils sont sous la dépendance de divers sultans, dont quelques-uns se mettent tantôt sous la protection de

Le Khanat de Chersebz, enclavé dans les limites de celui de Boukhara dont il a été détaché en 1751. C'est un des plus peuplés et des plus fer-la Russie, tantôt sous celle de la Chine, afin d'en tiles. CHERSEBZ (Chehrisebz, Shur-Subz), est la résidence du khan. On la regarde comme la plus forte place du Turkestan, à cause de la nature marécageuse du pays qui l'environne. C'est la patrie du fameux conquérant Tamerlan.

Le Khanat de Hissar, au sud du précédent. C'était un des plus puissans et le plus riche après ceux de Boukhara et de Khokand; mais sa puissance est bien déchue depuis qu'il est partagé entre les trois chefs qui le régissent. HISSAR, à quelques milles de la rive gauche du Saridjouï ou Kafer-nihan, en est la capitale; on lui accorde 3000 maisons. DEÏNAOU paraît être la seconde ville du khanat, et TIRMEZ, peu loin de l'Oxus, la troisième.

Il nous reste encore à faire mention de deux vastes contrées habitées par des tribus turques nomades, régies par un grand nombre de chefs, formant chacune un état indépendant; ce sont : Le Pays des Kirghizdela grande Horde, qui parait occuper une grande partie du Turkestan moyen et septentrional, depuis les environs de la mer d'Aral et de la mer Caspienne, vers

obtenir des présens. Leur vaste territoire est traversé par le Sara-sou et le Tchouï. Il parait que la tribu des Ousoun, qui erre dans les environs du Sara-sou, est la plus puissante parmi celles qui habitent vers l'Ouest, tandis que celles des Tchongbag et des Bourout-Occidentaux se distinguent parmi celles qui errent vers l'est. Pays des Turkomans, compris entre la mer Caspienne, la mer d'Aral et le khanat de Khiva. Il est partagé entre un grand nombre de tribus dont le gouvernement est entièrement démocratique. La partie qui avoisine la baie de Mang-kichlak paraît avoir été conquise, il y a quelques années, par des tribus des Kirghiz de la Grande-Horde. La plus grande partie du territoire qui s'étend vers le Sud et surtout les environs de la baie de Balkan doivent être regardés comme compris dans le khanat de Khiva. Le reste parait conserver encore son indépendance. On doit ajouter que la BAIE de MANG-KICHLAR est devenue depuis quelques années l'entrepôt d'un commerce assez considérable entre les Russes et les habitans du khanat de Khiva.

INDE.

Cette vaste contrée, dans les limites que lui accordent les géographes, portait anciennement chez les peuples qui l'habitent les noms généraux de Djamboudwipa, l'ile de l'arbre Djambou (Eugenia Djambou), et de Bharatakhanda, le pays de Bharata. Ils la divisent en Pays Septentrional (Ouditchya-desa), Moyen (Madhya-desa) et Méridionat (Dakchinadesa). Ils regardent la partie septentrionale et la moyenne, ou tout le pays compris entre l'Himalaya et les monts Vindhya comme la véritable patrie de leurs ancêtres. Tout ce qui est hors de ces frontières était réputé pays impur, même l'Inde-Méridionale au sud des Vindhya. Dans les anciens livres de Zoroastre, l'Inde porte le nom de Ferakh-kund. La dénomination qu'on lui donne communément d'Inde en deçà du Gange est on ne peut plus inexacte, parce que ee fleuve passe au travers, mais ne forme pas la limite orientale des provinces d'Allahabad, de Behar et de Bengale, qui en sont indubitablement des parties intégrantes et principales. La qualification

de péninsule, que lui donnent quelques géographes, ne saurait convenir tout au plus qu'à la partie de l'Inde qui s'étend au sud de la Nerbuddah, et qu'on connaît depuis long-temps sous le nom de Dekkan ou Pays du Midi.

Les limites naturelles de l'Inde sont au nord, l'Himalaya; à l'ouest, la chaîne qu'à la page 651 nous avons proposé de nommer Soliman-Brahouik; à l'est, les monts Khamti, les hauteurs qui séparent les affluens du Brahmapoutra de ceux de l'Irraouaddy; ensuite la chaîne de montagnes qui traverse l'Arakan. La mer des Indes achève le contour de cette magnifique région. Dans ces limites tracées par la nature, l'Inde comprendrait l'Assam, le Pays des Garrows, le Katchar, tout le Tiperâ, la plus grande partie du Kathi ou Kassay et l'Arakan, pays que l'usage place dans l'Inde-Transgangétique, ou dans la presqu'île au-delà du Gange; le Sindh, le Pendjab et le pays compris entre les bords occidentaux de l'Indus et les monts Soliman-Brahouik.

Il est bon aussi de faire observer que

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