Page images
PDF
EPUB

Nous avons profité des avantages inappréciables que nous offrait notre séjour dans la capitale de la France, pour remplir les lacunes laissées dans la géographie de ce pays par les savans esLimables que nous venons de nommer et pour corriger les erreurs échappées à quelques-uns d'entre eux, en nous mettant en rapport direct avec plusieurs personnes instruites des pays mèmes que nous voulions décrire, et même avec les chefs de ces nouvelles républiques. C'est ainsi que, par un heureux concours de circonstances, nous avons eu l'honneur de connaître personnellement plusieurs de ces personnages marquans, et de recevoir de précieux renseignemens de M. Pedraza, ancien premier président des Etats-Unis du Mexique; de M. Santander, vice-président de la république de Colombie; de M. Herran, général de brigade au service de cette république ; de M. le général Mosqueira, ancien préfet du département du Cauca; de M. d'Egaña, ancien ministre de l'intérieur du Chili; de M. de la Barra, chargé d'affaires de cet état; de M. Barberena, ancien député de Guatemala, et ministre à Londres des Etats-Unis de l'Amérique-Centrale; de M. Farquez, ministre plénipotentiaire à Rome pour les Etats-Unis du Mexique. D'autres circonstances favorables nous ont mis en rapport avec MM. Acosta, capitaine du génie au service de la Colombie; de la Torre, bibliothécaire à Arequipa; Gordoa, ancien député de l'état de SanLuiz de la Garza, docteur en médecine natif de Tamaulipas; Ribeiro, Vincendon la Tour. Des notes importantes nous ont été fournies sur le nouvel état de l'Uruguay et sur les Etats-Unis du Rio de la Plata, par M. Varaigne, l'ami intime de M. Ribadavia, si connu par la sagesse qu'il a déployée lorsqu'il était à la tête de la république Argentine.

C'est surtout aux lumières des personnages que nous venons de citer que nous sommes redevable de l'avantage inappréciable pour la géographie, de présenter dans cet Abrégé les véritables divisions actuelles de ces nouveaux états, divisions que nous avons jusqu'à présent trouvées plus ou moins inexactes dans tous les ouvrages même les plus récens que nous avons consultés, comme aussi l'avantage non moins important de donner une description exempte des erreurs qui déparent les meilleurs ouvrages de géographie. C'est encore les notes de ces messieurs qui nous ont mis en état d'éviter les méprises que nous avons signalées dans plusieurs parties de cet ouvrage, et de remplir bien des lacunes qu'offrait encore la géographie.

L'EMPIRE DU BRÉSIL méritait à tous égards d'être traité avec quelques détails. Nous avons consulté pour le décrire les ouvrages de MM. Southey, Koster, Mawe, Eschwege, du prince de Wied-Neuwied, de MM. Schaeffer, Freireis, Weech, Grant, accompagné de notes de M. Navarre d'Andrada et celui qui les vaut tous ensemble, la Relation historique des voyageurs bavarois Spiz et Martius; celles de M. St-Hilaire et de M. Freycinet, et la Corografia brasilica du pere Ayres de Cazal; cette dernière, malgré ses grandes imperfections et ses erreurs, est en

core l'ouvrage géographique le plus important que l'on ait publié sur le Brésil; c'est une riche mine que bien des littérateurs exploitent sans la signaler; cet ouvrage a été traduit presque littéralement par M. Henderson dans son History of the Brazil, qui n'est que la reproduction de la chorographie du savant brésilien avec quelques remarques du voyageur anglais et quelques additions relatives au commerce et à d'autres objets.

Les Portugais ont été pendant long-temps à la tête des affaires du Brésil, et quelques diplomates que nous avons eu occasion de connaître à Paris, nous ont fourni une foule de documens sur la géographie et sur la statistique de cet empire. Nous en avons déjà publié un grand nombre dans notre Essai statistique sur le royaume de Portugal, ainsi que dans plusieurs articles insérés dans les Revues; d'autres ont vu le jour dans la savante relation du voyage de M. le capitaine Freycinet. La reconnaissance nous impose le devoir de nommer ici M. Joao Paulo dos Santos, professeur de mathématiques à l'académie militaire de Rio-de-Janeiro; feu M. le vicomte de SanLourenço, ancien ministre du trésor au Brésil; M. Sylvestre Pinheiro, ancien ministre des affaires étrangères au Brésil; M. le baron de Pedra Branca, ancien chargé d'affaires du Brésil à Paris; et MM. de Cunha et marquis de Rezende qui lui ont succédé. C'est à leurs lumières et aux secours qu'ils nous ont procurés que nous devons la connaissance de beaucoup de faits importans. Aussi notre tableau géographique de cet empire diffère-t-il beaucoup de tous ceux qu'on a publiés jusqu'à présent. M. Ferdinand Denis, qui a visité lui-même cette partie de l'Amérique-Méridionale et publié plusieurs ouvrages connus sur le Brésil et le Portugal, après nous avoir fourni divers renseignemens, a revu notre article avec soin.

LA RÉPUBLIQUE D'HAÏTI par son importance politique et commerciale, par ses rapports intimes avec la France et l'intérêt qu'inspirent les rapides progrès faits dans la civilisation par ses habitans presque tous d'origine Africaine, nous a paru mériter quelques détails. Les sources principales auxquelles nous avons puisé pour en tracer le tableau sont: les ouvrages de Moreau de St-Méry, de Dorvo Soulastre, de James Barskett, de Placide Justin, de Mackenzie, etc., etc., et surtout les renseignemens précieux que nous devons à feu l'abbé Grégoire, évêque de Blois, et les communications non moins importantes que M. Mollien a bien voulu nous faire. Environné de tous ces secours, nous avons pu offrir, pour la première fois, à nos lecteurs plusieurs détails topographiques très importans et les véritables divisions administratives de cet état, qu'on cherche en vain dans toutes les géographies, les dictionnaires et les tableaux statistiques les plus récens, où l'on ne trouve que les 33 arrondissemens militaires, au lieu des 6 départemens dans lesquels tout le territoire de la république est partagé depuis sa dernière constitution.

AMÉRIQUE INDIGÈNE INDÉPENDANTE. Les traités de géographie et les dictionnaires ne consacrent

jamais un chapitre ou un article spécial à cette vaste portion du Nouveau-Monde, quoique les peuples qu'elle nourrit occupent de fait ou parcourent en maitres dans toutes les directions un espace que, d'après des calculs approximatifs, nous avons trouvé pouvoir être estimés à 6,000,000 de mille carrés, c'est-à-dire à plus de la moitié de la surface de tout le Nouveau-Continent. Nous verrons aux pages 1088 et 1123 que le nombre des membres de ces peuplades, n'étant pas le dixième de celui auquel des personnes étrangères à la géographie statistique le faisaient monter, il se trouve néanmoins assez considérable lorsqu'on le compare à la population totale du Nouveau-Monde. D'ailleurs, ce sont justement ces nations peu nombreuses qui présentent la partie la plus intéressante de la population indigène de ce vaste continent, et les recherches philologiques et ethnographiques, devenues de nos jours si importantes et si communes, ajoutent un nouvel intérêt à tout ce qui la concerne. Ces motifs nous avaient engagé à lui consacrer un chapitre spécial de notre Compendio di geographia universale. Nous espérions que notre exemple serait suivi par les géographes; mais nous avons été trompé dans notre espoir; et les amateurs de la géographie, les philologues et tous ceux qui veulent connaître cette intéressante partie de l'Amérique sont encore obligés de chercher une à une les innombrables peuplades indépendantes, dans les descriptions des solitudes que les Européens et leurs descendans regardent comme des parties de leurs territoires respectifs. Le Vollstaendiges Handbuch der neuesten Erdbeschreibung même, malgré ses gros et nombreux volumes, se borne dans la vue générale des deux Amériques, à donner plusieurs centaines de noms barbares, renvoyant pour les détails aux chapitres consacrés à la description des divers états. Nous avons eu soin d'éviter les répétitions qui auraient grossi inutilement notre abrégé; toutefois nous n'avons pas craint d'appuyer sur certains détails que nous croyions nécessaires pour mettre le lecteur en état de connaître les principales nations de cette catégorie.

La Patagonie, qui dans les limites assignées par les cartes les meilleures et les plus récentes, offre une région physique des mieux tracée, est encore une terre entièrement indépendante par le fait, et sur laquelle plusieurs nations contestent à tort aux Espagnols le droit de suzeraineté.

Ces considérations nous ont engagé à en placer la description dans le chapitre de l'Amérique-Indépendante-Indigène, à laquelle, selon nous, on devrait aussi ajouter toute la partie du Chili, qui s'étend au sud du Biobio. En effet, au-delà de ce fleuve, les Chiliens ne possèdent que Valdivia et quelques établissemens isolés ; la plupart des villes qu'ils avaient fondées ont été détruites par les Araucans, qui ont chassé de leur territoire ces incommodes voisins; et quoique nos géographes, même les plus consciencieux, continuent à représenter sur leurs cartes et à décrire dans leurs livres Villarica et autres villes, l'existence de ces cités n'en est pas moins fictive; elles doivent disparaitre de la géographie actuelle, pour entrer dans le domaine de l'histoire de la géographie.

AMÉRIQUE COLONIALE. Les bornes de ce livre ne nous permettent pas d'exposer tous les motifs qui nous ont guidé dans la description des parties du Nouveau-Monde que nous avons ainsi appelées, parce qu'elles embrassent les colonies dépendantes des puissances Européennes. Nous ne pouvons non plus indiquer toutes les sources auxquelles nous avons puisé. Nous nous bornerons à rappeler que nous avons déjà démontré l'exactitude de nos évaluations de la population et des richesses du Canada. Passant entièrement sous silence comme déjà connus de tout le monde, les ouvrages publiés sur cette partie de l'Amérique, nous ne mentionnerons que les trois suivans qui ont paru, il y a quelques années, à Londres : British America, par M. John M'Gregor; The Canadas, par Andrew Picken, et The Columba River, par Ross Cox. Nous ajouterons que M. Marshall, établi à St-John dans l'ile de Terre-Neuve, a bien voulu nous donner des éclaircissemens et des notes sur quelques parties de ces vastes contrées.

Nous justifions dans le cours de l'ouvrage l'étendue que nous avons donnée à la description de l'île de Cuba, à laquelle certains géographes accordent à peine quelques lignes dans lesquelles ils ne nous apprennent rien de curieux et d'important. Cependant des ouvrages remarquables publiés dans ces dernières années par MM. de Humboldt, Huber, et un savant article de la Revue Britannique, démontrent suffisamment que cette colonie doit être regardée comme la plus riche de toutes celles que les Européens ont fondées jusqu'à présent

OCÉANIE.

Un peu plus grande que l'Europe, mais composée d'un nombre presque infini d'iles éparses sur plus de la moitié de la circonférence de la terre, offrant le plus petit des continens et la plus grande des les du globe, ne présentant que des pays inconnus dans l'intérieur des grandes terres, et une foule de petits états dans celles d'une médiocre étendue, l'Océanie demandait un plan de description tout par

sans

ticulier. Suivre, autant que possible, les grandes divisions géographiques, négliger entièrement les divisions politiques; conserver les synonymes généralement adoptés, sans laisser ignorer les noms imposés par les naturels aux terres qu'ils habitent et ceux que les premiers navigateurs leur ont donnés; rattacher aux archipels principaux les îles découvertes de nos jours, et imposer aux groupes

A

nouveaux des noms nouveaux, voilà les difficultés principales qu'il fallait vaincre. C'est aux hommes studieux qui suivent les progrès de la géographie de l'Océanie, à juger jusqu'à quel point nous avons réussi.

Ce que nous disons dans le chapitre vin, et à h page 118, nous dispense d'exposer les motifs qui nous ont engagé à employer indifféremment dans la description de cette partie du monde les dénominations d'Océanie et de MondeMaritime. Mais nos groupes insulaires se trouvant par fois différer entièrement des divisions généralement reçues ou proposées par quel ques savans géographes, nous croyons indispensable de dire un mot à l'appui de celle que nous proposons, pour classer avec clarté, et d'après une methode scientifique, les innombrables iles du Monde-Maritime.

L'ethnographie et la géographie politique, nous obligeaient à subdiviser en trois parties la grande chaine d'iles qui s'étend depuis l'extrémité occidentale de Sumatra jusqu'à l'ile de Timor; nous en avons fait trois groupes, que nous avons nommés groupe de Sumatra, groupe de Java, et Archipel de Sumbava-Timor. Nous avons pris le détroit d'Allas pour le point de séparation entre le groupe de Java et l'Archipel de Sumbava-Timor, parce que Bali faisant incontestablement partie du groupe de Java, il n'en fallait pas séparer l'île de Lombock, qui dépend de Bali, sous le double rapport géographique et politique. D'ailleurs, c'est aussi ce point que M. Crawfurd a choisi pour partager en deux parties cette longue chaine d'iles. Fidele aux principes que nous nous sommes imposés toutes les fois que nous devions établir quelque nouvelle division géograplique, nous avons nommé Archipel Sumbava-Timor, le troisième groupe, en composant son nom de ceux des deux îles principales.

Dans le grand Archipel des Moluques, nous avous proposé de former un groupe des Moluques proprement dites, en rattachant ces petites iles à celle de Gilolo, et de le nommer groupe de Gilolo, pour donner à la partie un nom différent du tout, et pour suivre à l'égard de ce groupe, le principe qui doit guider le géographe dans la dénomination des groupes et des archipels. Gilolo, en effet, surpasse de beaucoup toutes les autres iles voisines. C'est pour ne pas renverser les divisions administratives établies depuis long-temps que nous avons cru devoir négliger les divisions géographiques à l'égard de quelques iles peu importantes, que les géographes Hollandais classent parmi les dépendances du petit groupe de Banda, sous les noms de Iles-du-Sud-Est et Iles-du-Sud-Ouest. Cette dernière chaine surtout offre de grandes interruptions. Il nous semble qu'il serait beaucoup plus convenable de classer ces iles avec l'archipel de Sumbava-Timor, dont elles sont évidemment une dépendance géographique, indiquée par la position des îles Wetter, Letti, Moa, Lackar et Sermatta.

Nous aurions préféré ranger l'archipel de Nico

bar, parmi les dépendances géographiques de la grande ile de Sumatra; mais en le laissant en Asie et en le rattachant aux iles de l'Inde-Transchose à des habitudes malheureusement trop engangétique, nous avons voulu accorder quelque racinées.

Nous avons réuni, sous le nom d'archipel Mounin-Volcanique, toutes ces les éparses, dont plusieurs forment l'archipel de Magellan de quelques géographes, dénomination nouvelle peu heureuse, que nous avons cru ne devoir pas con server. Nous avons composé la nôtre du nom de Mounin (Bonin), sous lequel M. Abel Remusat et ensuite M. Klaproth, ont fait connaître les premiers les seules iles habitées de tout cet archipel, et nous y avons joint l'épithète de volcanique, pour rappeler le trait physique principal des iles qui forment le groupe de ce nom, dont plusieurs ont des volcans. Le groupe oriental et le groupe occidental ont reçu leurs noms de leur position, relativement aux autres îles de cet archipel.

Le grand nombre d'iles découvertes depuis l'archipel de Palaos (Pelew) jusqu'à ceux de Viti (Fidgi) et de Hamoa (des Navigateurs), permettent jusqu'à un certain point de les regarder comme ne formant qu'un seul archipel. Mais la science exige des subdivisions méthodiques pour aider la mémoire, pour faciliter l'intelligence des anciens voyages et des descriptions publiées par les navigateurs modernes, et en même temps pour éviter la confusion inévitable dans la description d'un si grand nombre d'iles, répandues sur un si vaste espace de l'Océan, et habitées par tant de peuplades diverses.

Nous avons pensé qu'il fallait en former plusieurs archipels, et nous avons nommé ArchipelCentral tous ces groupes d'iles qui, sous différentes dénominations occupent le centre de la Polynésie, et dont la direction principale du Nord au Sud, est diamétralement opposée à celle de la grande chaîne des Carolines, avec lesquelles on persiste à les ranger.

Nous avons fait disparaitre de notre Océanie l'archipel de Roggewein, que quelques géographes s'obstinent encore à tracer sur les cartes de cette partie du Monde. Le voyage de M. Kotzebue et les savantes discussions de M. Krusenstern, ont démontré la non-existence de cet archipel, du moins dans les parages où il devrait se trouver.

Nous avons étendu la dénomination de Sporades à toutes les îles de la Polynésie que, dans l'état actuel de la géographie, nous avons cru ne devoir rattacher à aucune des divisions principales. Malte-Brun a été le premier à proposer ce nom si sonore et si convenable pour les îles éparses de l'hémisphère austral. Dès l'année 1816, nous l'avons étendu dans notre Compendio di geografia à toutes les iles éparses que l'on connaissait alors dans l'hémisphère boréal. Il serait à desirer qu'en géographie comme dans les autres sciences, on fùt plus porté à rejeter d'anciennes classifications, qui entravent réellement la marche de cette science, pour adopter en revanche toutes les innovations qui portent des marques évidentes d'utilité.

e.

Les autres archipels ne nous paraissent exiger aucune observation importante pour tout lecteur qui voudra suivre la description de notre Océanie sur des cartes où l'on trouve déjà marqués tous les résultats des plus récentes explorations dans cette partie du globe. Mais nous ne garantissons pas que les groupes que nous offrons aujourd'hui ne puissent être modifiés par les conquêtes géographiques que de nouvelles explorations peuvent amener. Un seul exemple suffira pour donner une idée des immenses variations auxquelles cette partie de la géographie est sujette. L'archipel actuel de Paumotou ou des Iles-Basses correspond aux trois archipels distincts dans lesquels les géographes partagent cette partie de la Polynésie, savoir: L'archipel méridional, l'archipel dangereux de Bougainville, et l'archipel de la mer mauvaise de Schoutten. Mais la découverte d'un grand nombre d'iles faite depuis une trentaine d'années par Wilson, Kotzebue, Bellinghausen, Duperrey, Beechey et autres navigateurs, a rempli les intervalles qui séparaient ces trois archipels, et obligé le géographe à les réunir dans un seul sous la dénomination d'archipel des Iles-Basses, nom qui est très approprié à la nature de ces îles, toutes presque à fleur d'eau, et entrant dans la classe des Attolons. Les découvertes nouvelles qui se succèdent si rapidement nous font même penser que les vides qui séparent aujourd'hui les Sporades pourraient bien se remplir dans quelques années. Bientôt peut-être, il faudra former un nouvel archipel des îles qui s'étendent au sud de Tahiti, et de l'archipel Paumotou, depuis l'ile Rimatara jusqu'à celle de Ducie. Situées toutes sous le tropique austral ou à une très petite distance, elles forment une chaine d'iles hautes, dirigée de l'est à l'ouest, que nous proposerions de nommer archipel du Capricorne. Cet archipel embrasserait par conséquent le groupe de Toubouaï et les îles Pitcairn, Páques et Sala, ainsi que le groupe de Gambier, compris dans les Sporades Australes. Nous entrevoyons encore la composition probable d'autres archipels; mais cette énumération nous entraînerait trop loin.

L'histoire de Sumatra du célèbre orientaliste Marsden, celle de Java de Raffles, le mémorable ouvrage de M. Crawfurd sur les îles de l'archipel Indien, ou de la Malaisie, l'East-India Gazeteer de M. Hamilton, qui offre un excellent résumé de tout ce qu'on a publié de plus authentique et de plus important sur la Malaisie; la statistique des Philippines de M. Thom. Comyn, et l'ouvrage remarquable que M. le comte de Hogendorp, a publié en 1830 sous le titre modeste de Coup-d'œil sur l'ile de Java, etc., sont les sources principales où nous avons puisé pour la

description de l'Océanie-Occidentale. Des documens importans que nous devons à l'obligeance de M. le baron Van der Cappellen avant dernier gouverneur-général de l'Océanie - Hollandaise, et de M. Schneiter, secrétaire-général à Batavia, nous ont mis à même d'améliorer la géographie politique de ces belles contrées. De même un aperçu statistique sur l'Océanie-Portugaise, rédigé par un des derniers gouverneurs de Timor, et quelques précieux renseignemens que nous devons à l'obligeance de M. le capitaine Freycinet sur l'ile de Timor et sur celles qui l'environnent, nous ont permis d'offrir d'une manière exacte l'état actuel de la géographie de cette partie du monde.

L'ouvrage de Brosse si remarquable pour l'époque à laquelle il a paru, et ceux de Fleurieu, de Burney et de Krusenstern, mais surtout ce dernier nous ont été d'un grand secours pour tout ce qui regarde les généralités du Monde-Maritime, et particulièrement de la Polynésie. Pour la description des autres parties nous avons consulté Collins, Wentworth, Cunningham, Oxley, Evans pour le Continent-Austral ou l'Australie proprement dite et pour la Diemenie (Van-Diemen); et les voyages maritimes de Forest, Dampier, Cook et Forster, Bougainville, Lapérouse, D'Entrecasteaux, Wilson, Delano, Krusenstern, Flinders, Péron, Bellinghausen, Freycinet, Kotzebue et Chamisso, Duperrey, King, d'Urville, Kolff, etc., pour le Continent-Austral, pour la Diemenie et pour les autres terres de l'Australie ou OcéanieCentrale; les descriptions de Marsden et Edwardson, pour la Nouvelle-Zélande; d'Ellis et de ses savans collaborateurs pour la Polynésie, et spécialement pour les archipels de Sandwich et de Tahiti; de Mariner pour ceux de Tonga et de Viti. Nos liaisons d'estime et d'amitié avec plusieurs officiers et savans qui ont fait partie des expéditions mémorables de MM. Freycinet, Duperrey et d'Urville et de celles de M. Bellinghausen nous ont valu la connaissance d'une foule de faits importans. Nous nommerons entre autres MM. Gaimard, Lesson et Garnot, parmi les Français; et M. Simonoff, parmi les Russes. Nous devons à l'obligeante amitié de M. Jules de Blos seville, officier de la marine royale, la correction de quelques inexactitudes qui nous étaien échappées dans la rédaction de cette partie de notre abrégé, dont il a revu les épreuves en y ajoutant plusieurs renseignemens, résultats de ses observations locales. Nous avons déjà signalé dans le texte les nombreux emprunts que nous avons faits à l'Histoire des colonies pénales de l'Angleterre dans l'Australie, publiée par M. Ernest de Blosseville.

On vient de voir l'indication fidèle des sources nombreuses auxquelles on a puisé pour la rédaction de cet abrégé de géographie. Nous n'avons pas la prétention

ridicule de croire que notre livre soit exempt d'erreurs; mais nous avons fait tous nos efforts pour arriver à ce degré d'exactitude que comporte un sujet aussi

[ocr errors]

vaste et aussi varié. Nous y avons consacré dix ans de recherches; nous pouvons mème dire que la plus grande partie de notre vie n'a été employée qu'à nous préparer à sa composition.

En rédigeant cette introduction, notre but était non-seulement de coordonner les observations répandues dans le corps de Pouvrage pour signaler l'état actuel de la science, mais aussi de résoudre le problème récemment proposé par la Société royale de Londres (*), en déterminant les limites de la science du géographe, en signalant tout ce que nous connaissons de positif en géographie, en indiquant tout ce qui est douteux et tout ce qui reste encore à connaître.

parfait. Nous prions tous nos généreux et savans collaborateurs de vouloir bien recevoir ici l'hommage sincère de notre vive reconnaissance.

Mais en suivant nous-même des exemples généreux, n'avons-nous pas acquis le droit d'attendre qu'on se prescrira, à notre égard, la même ligne de conduite.

Dès qu'un ouvrage a été publié, l'usage en appartient au public, chacun le sait, mais la propriété en resté à l'auteur : c'est ce que quelques personnes paraissent ignorer. Si les emprunts avoués sont la récompense la plus flatteuse qu'il puisse retirer de ses veilles, il n'en est pas de même des emprunts clandestins. Ceux-ci tendent manifestement à le dépouiller de Dans tout ce qui précède, nous avons ses droits aux suffrages de la partie du cru devoir suivre l'exemple que nous don- public, fort nombreuse de nos jours, qui naient les Humboldt, les Cuvier, les Rit- est avide de lumières, mais qui n'a point ter, les Malte-Brun, etc., en citant à chaque assez de loisir pour pouvoir tout connaître pas les sources auxquelles nous puisions. et tout confronter. Or, n'est-il pas fàOubliant que trente années d'études spé- cheux, pour un auteur consciencieux et ciales et de nombreux ouvrages géogra- original, qui a toujours soin d'indiquer phiques et statistiques, favorablement les autorités d'après lesquelles il écrit, accueillis par le public, nous donnaient de se voir ravir ainsi le fruit de ses trapeut-être le droit de compter sur nos vaux. Absorbé par la quantité innompropres forces, nous n'avons vu devant brable de recherches et de calculs qu'exinous que l'immensité du sujet que nous geait la rédaction de cet abrégé et de nos embrassions et toutes les difficultés que tableaux de statistique comparée, nous nous opposaient ses innombrables détails. avons eu la douleur de reconnaître souNous avons imploré le secours des savans vent, dans des ouvrages de la nature la qui avaient bien voulu nous aider dans la plus différente, les résultats de nos veilles, composition d'autres ouvrages, et, comp- sans qu'on indiquât la source à laquelle tant toujours sur cette aménité de carac- on les avait empruntés. Nous avons même tère, sur cette exquise politesse qui, dans vu l'injustice et la malveillance de certous les temps et dans tous les pays, ont tains écrivains portées au point d'attribuer si justement recommandé le nom français, nos travaux à des auteurs imaginaires, nous nous sommes adressé à un grand pour nous frustrer de l'honneur qui nous nombre de savans et de personnes dis- était dû. Mais, et cela seul nous console, tinguées de la nation dont nous emprun- nous avons rencontré aussi des hommes tions la langue, et nous en avons obtenu consciencieux qui, préférant les progrès la plus généreuse coopération. Nous nous de la science et la vérité à une gloire usurplaisons à le reconnaître, c'est à l'assis-pée, ont eu la délicatesse de signaler les tance désintéressée de tant de Français et d'étrangers estimables que nous devons l'avantage d'avoir pu éviter une foule d'erreurs qui déparent les meilleurs ouvrages de nos prédécesseurs; c'est à leurs lu¡mières que nous sommes redevable de tout ce que notre livre offre de moins im

(*) An essay on the actual state of géography in its various departments, distinguishing the known from the unknown, and showing what has been, and remains to be done in order to

emprunts qu'ils nous ont faits, et que nous regardons comme une honorable récompense de nos travaux. Nous nous bornerons à citer les savans et consciencieux rédacteurs du Companion to the Almanac, et l'éditeur dù Dictionnaire classique et universel de géographie mo

render it an exact science; together with an indication of the best processes to be adopted in order to supply the several desiderata.

« PreviousContinue »