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né dans les îles Ioniennes, homme d'Etat, nourri dans la connaissance des intérêts généraux de l'Europe, membre du cabinet de Saint-Pétersbourg, et dépositaire de la pensée du défunt Empereur. L'Assemblée nationale « l'invite à venir le plus tôt possible dans un pays qui attend de lui son salut et son bonheur, » et elle établit «< une Régence, composée de G. Mavromichali, MarkiMilaili et Nako, qui, sous le nom de Commission suppléante du gouvernement, pourra conduire la nation à la place du président, jusqu'à ce qu'il arrive lui-même (1). » Ensuite, elle nomme lord Cochrane premier amiral de toutes les forces maritimes de la Grèce, et le général Church généralissime et commandant de toutes les forces de terre.

A cette époque, le consul général de France à Alger reçut du dey de cette régence barbaresque un coup d'éventail (27 avril 1827); impertinence qui amena une guerre, la prise d'Alger, la chute de Charles X, peut-être la civilisation de l'Afrique et le changement de la face de l'univers. La mauvaise humeur de Hussein, chef de cette régence, venait de ce que le gouvernement

(1) Proclamation du président de la troisième assemblée nationale, datée du 28 avril 1827.

français, après être convenu de lui rembourser le montant d'une ancienne créance dont l'origine remontait à l'époque de l'expédition de Buonaparte en Egypte, avait retenu dans ses mains une partie de la somme stipulée, afin d'indemniser des négocians français de Marseille, créanciers de sujets algériens. Hussein se plaignit de ces retards qui fatiguaient l'impatience de sa cupidité, et s'emporta jusqu'à frapper le représentant de la France au visage, avec son chasse- mouche. Notre consul s'embarqua aussitôt, et l'infidèle ose nous déclarer la guerre, qu'il commence en détruisant de fond en comble les établissemens qui nous appartiennent sur les côtes de la régence. Nous lui répondons en envoyant une escadre devant Alger pour bloquer le port des Barbares.

Chaque année, la restauration des catholiques dans la plénitude de leurs droits politiques partage les suffrages du Parlement britannique : la cause de la justice gàgnait peu à peu sur les esprits. Il ne s'en était fallu que de quatre voix que son triomphe ne fût assuré cette année à la Chambre des communes (1). La chaleur de ce grand procès remuait encore les esprits, lorsque

(1) Séance du 6 mars 1827.

la maladie de lord Liverpool, premier ministre, força la couronne à pourvoir au remplacement du chef du conseil. Lord Liverpool formait un lien entre les opinions divergentes, qui avaient fait alliance sous sa direction pour composer le cabinet; car depuis l'entrée de MM. Canning, Huskisson et Robinson dans le conseil, il était formé de deux portions, l'une imbue des maximes pures du torysme; l'autre professant quelquesuns des principes soutenus par l'opposition, qui lui témoignait une faveur marquée. Ces deux portions étaient maintenant en présence, incertaines de laquelle d'entre elles sortirait le premier ministre. Enfin, la fraction libérale du ministère l'emporte le roi a reconnu que M. Canning et ses amis avaient la puissance dans les Chambres et la sympathie dans la nation; que s'ils étaient précipités de leurs charges, le parti libéral tout entier, qui les avait soutenus et favorisés pendant le cours de leur administration, s'unirait avec eux contre les Tories, appelés à gouverner le pays à leur place; et qu'ainsi, d'un côté, la défaite de la portion illibérale du ministère ne ferait que fortifier le parti de M. Canning et de ses amis, maintenus au pouvoir; mais que, de l'autre, la chute de ceux-ci enlèverait au parti de leurs successeurs toute la vigueur nécessaire pour tenir les rênes de l'E

tat (1). M. Canning est donc chargé par le roi de former un ministère. Lord Liverpool, en le faisant entrer naguère dans l'administration, avec MM. Huskisson et Robinson, avait établi, pour fondement de ce ministère mixte, que l'émancipation des catholiques, non plus que leur exclusion perpétuelle, ne deviendrait une question de cabinet. Maintenant, le roi ordonne à M. Canning de composer sur le même principe un nouveau ministère, dans l'espoir que la fusion des deux systèmes pourrait durer. Le monarque avait oublié que les amours-propres sont plus malaisés à réunir que les opinions. En effet, dès que M. Canning, partisan de la question catholique, veut maintenir dans le cabinet des hommes qui combattaient l'émancipation, «< il reçoit, dans l'appartement même du roi, six démissions protestantes (12 avril 1827) (2), » à la tête desquelles figurent celles de lord Wellington, grand-maître de l'artillerie; de lord Eldon, lord chancelier, et de M. Peel, ministre de l'intérieur. M. Canning en prend son parti; et, après avoir formé un ministère de coalition, dans lequel il appelle quelques-uns des chefs même de l'oppo

(1) The Edinburgh review for june-october 1827; vol. XLVI, p. 415 (state of Parties).

(2) Discours de M. Canning, à la Chambre des Communes, séance du 1 mai.

sition (28 avril 1827), il gouverne la GrandeBretagne, sous le titre de premier lord de la trésorerie et de chancelier de l'échiquier (1).

Le vénérable souverain de la Saxe, FrédéricAuguste, est enlevé à l'amour de ses peuples (5 mai 1827) qui, dépourvus de Constitution, avaient puisé dans la douceur de ses lois l'oubli de leur liberté. La couronne passe à son frère qui prend le nom royal d'Antoine Ier.

Bolivar, vainqueur des Espagnols dont le dernier drapeau avait disparu sur le territoire américain, sentait les épines de la prospérité. Sa puissante main ramassait de toutes parts en Colombie les germes de la guerre civile et les étouffait. Mais sa grandeur faisait ombrage. On allait jusqu'à l'accuser de vouloir réunir le Haut et le BasPérou à la Colombie, pour en former un seul Etat dont il se serait fait couronner Empereur (2). Tous les soins qu'il prenait du repos et du bonheur de ses concitoyens étaient dénoncés par les hommes trop jaloux, soit de leur liberté, soit de sa gloire, comme autant d'usurpations sur l'égalité commune et de mouvemens affectés vers la tyrannie. Il avait voulu de nouveau résigner sa charge de

(1) Voyez le Courrier anglais du 28 avril.

(2) Dépêche de Manuel Vidaurre, ministre des affaires étrangères du Pérou, à Santander, vice-président de la Colombie. Annuaire de Lesur, pour 1827, P. 181 (Appendice).

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