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ANNALES

FORESTIÈRES.

TOME CINQUIÈME.

DE L'IMPRIMERIE DE BEAU,

A SAINT-GERMAIN-EN-LAYE.

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17519

ALTERNANCE DES ESSENCES DANS LES FORÊTS.

L'alternance des essences est une loi de la nature, qui a lieu aussi bien pour les arbres forestiers que pour toutes les autres plantes, et il ne peut pas y avoir de bon système de culture, si elle n'en est la base.

C'est ainsi, du moins, que l'ont pensé Tellès d'Acosta et tous les savants français qui ont écrit les premiers sur cette matière 1. On aurait donc pu considérer ce principe comme déjà résolu, quand il s'est trouvé tout-à-coup le plus fortement controversé.

En effet, en 1841, la majorité des forestiers allemands, réunis au congrès de Baden, s'est prononcée contre l'alternance des essences, par rapport aux arbres, et son opinion paraît avoir été partagée par l'école française ; mais, en 1842, lors du congrès tenu à Strasbourg, la section scientifique d'agriculture s'est, au contraire, déclarée hautement en faveur du principe contesté 3.

Il m'a paru, dès lors, que la question méritait, plus que jamais, d'être approfondie, comme elle vaut la peine de l'être, à cause de sa haute importance et de la grande influence qu'elle est destinée à exercer sur la sylviculture.

La terre possède, pour la végétation des arbres aussi bien que pour celle des plantes herbacées, des matières nutritives, appropriées à l'espèce, et qui paraissent différer pour chaque arbre ou chaque plante, selon que ces végétaux diffèrent eux-mêmes entre eux. C'est là un point sur lequel tout le monde paraît d'accord, et il en découle tout naturellement, selon moi, une loi d'alternance générale.

Il ne faut pas trop s'étonner, pourtant, qu'on cherche à la nier pour les arbres, quand elle est encore si mal appréciée pour les plantes. Combien de gens qui, même aujourd'hui, refusent de la mettre en pratique d'une manière un peu large, et s'obstinent à suivre leur routine et à conserver le mode des jachères et un assolement très-restreint dans l'exploitation de leurs terres, en disant que si le blé ou l'avoine ne croissent pas toujours dans le même sol, c'est parce que le sol se fatigue et a besoin, comme les êtres animés, de repos après le travail.

Et cependant, pour les plantes annuelles, l'alternance se montre sous une forme si simple, si saisissable, si facile à prouver par une courte expérience, qu'il est impossible de ne pas se rendre à son évidence. Pour les plantes vivaces qui occupent plus longtemps le sol, et sont

Maison rustique, t. 1, p. 257; et t. 4, 2 Annales forestières, t. 1, p. 23 et 543. 3 Annales forestières, t. 1, p. 594.

JANVIER 1846. — I.

p. 14.

T. V. 1

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