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lithoïde et elle est assez dure..... Mais j'aime à employer, de préférence aux miennes, lorsque le cas en échoit, les obser vations d'un auteur célèbre et bien accrédité : « La plupart des » laves poreuses de Beaulieu (dit Saussure, § 1527), prennent » à l'air une couleur rembrunie et une surface terreuse, tandis » qu'au dedans leur couleur est d'un gris tirant sur le violet » clair et leur cassure lisse, un peu vitreuse, quoiqu'avec peu » d'éclat. Leur rayure est gris de lin, leur dureté médiocre, » et l'odeur argileuse. Elles agissent sur l'aiguille aimantée et se » fondent au chalumeau en un émail noir, brillant, translucide » en couleur de colophane, dont la fusibilité exprimée par un » diamètre égal à 0,8, répond au 71e degré du pyromètre de » Wedgewood; mais il y en a de plus réfractaires, qui ne » sont fusibles qu'au 105 degré. Les cellules de l'espèce la » plus poreuse sont rondes, si nombreuses qu'on a de la peine » à distinguer les cloisons qui les séparent; les plus grandes » n'excèdent guère deux lignes, et leurs interstices sont occupés » par d'autres graduellement plus petites.Leur intérieur est » tapissé d'une couche très-fine d'une matière blanche terreuse, » qui dans quelques-unes se laisse enlever par les acides, et » dans d'autres leur résiste. Celles dont cetle substance a été » enlevée présentent dans leur intérieur, des surfaces brunes, » d'un grain fin et un peu brillant, mais pourtant pas vernissé. Au reste (ajoute cet excellent observateur), j'en ai décrit une comme échantillon, car on en voit des variétés innom>> brables. »>

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Enfin, il n'y a point à douter que ce ne soit ici cette sorte de roche, appartenant à la formation trappéenne secondaire que les Allemands appellent mandelstein et dont ils nomment aussi la base wacke. Ce mandelstein, ou amygdaloïde, comme nous le traduisons, est même des mieux caractérisés et peut-être des plus abondans que l'on puisse citer. Je suis étonné que M. Faujas, qui connoît si bien les roches trappéennes, se soit mépris sur celle-ci et qu'il l'ait qualifiée simplement de lave, comme ses prédécesseurs, sans restriction ni amendement. Je ne sache pas qu'il existe aucune lave avérée qui soit glanduleuse, à ce point du moins. Dans le système des infiltrations, on fait généralement et avec raison, précéder l'infiltration par l'altération; au lieu qu'ici ce semble être le contraire, quoique pourtant on puisse l'expliquer suivant le sens ordinaire. Il y a encore à objecter que les laves communes, poreuses ou non, et les scories

certaines ne s'altèrent guère qu'à la surface et ne s'attendrissent pas ainsi dans toute leur masse. Cependant comme il ne faut rien refuser au temps et que j'ai vu en Italie des laves, de la plus haute antiquité probablement, qui étoient réduites à peu près dans le même état jusqu'à une grande profondeur, je n'insisterai pas sur ces différences.

L'amygdaloïde dont il s'agit, présente à la surface du sol, des affleuremens plus ou moins étendus et exhaussés, formant enfin, si l'on veut, comme des portions de courans de lave, qui parurent aussi à de Saussure avoir coulé en venant du côté de l'est. (§ 1521.)

SECTION PREMIÈRE.

Sud-sud-est, ou devers Cabannes.

En allant d'abord, ou arrivant du côté de Cabannes, on la voit, comme nous l'avons dit, gagner ainsi jusqu'à une assez grande distance; et quand les rocs en place manquent, on peut encore examiner des débris de la même nature jusqu'à ce qu'on rencontre ceux de basalte qui ont fait l'objet de la dernière division de notre première partie.

SECTION DEUXIÈME.

Excursion au Sud, descente vers l'Ouest, et retour vers le Château.

Je vins après cela reprendre ma route du côté du sud précisément, non en face mais un peu vers l'angle de la maison de Beaulieu. L'amygdaloïde se trouve en affleuremens non moins sensibles sur ce côté que sur les autres.

A trois ou 400 pas environ de la maison, en suivant cette même direction (Saussure n'a marqué que 50 ou 60 pas, mais je crois que l'erreur est de son côté), il se présente, en travers, un tertre allongé encore du sud-est au nord-ouest ou à peu près, et reconnoissable, outre sa position, en ce qu'il est en partie couvert de chênes-yeuses à tige, dont quelques-uns assez forts et élevés.

Saussure dit que là les laves se perdent sous les bancs d'une pierre blanchâtre qui forment les cinq ou six pieds les

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plus élevés de cette éminence (§ 1523). C'est à quoi je n'ai pas pris garde et j'en ai beaucoup de regret. Si cette superposition de la pierre calcaire à l'amygdaloïde est bien réelle, c'est un fait de la plus haute importance, et sur lequel je reprocherai du moins à l'auteur de l'observation de ne pas avoir insisté. Au reste il est bien appuyé par ce que dit Joinville de ces rochers calcaires situés entre Cabannes et la butte basaltique, comme l'ai rapporté vers le commencement de la section troisième de la première Partie de ce Mémoire, pag. 173.

C'est en montant ce tertre, sur la pente même, et en partie dans un champ labouré, encore au regard de la maison, que se trouve la belle pierre blanche ou légèrement brunâtre, opaque {avec quelques parties translucides et semi-opalines (1), petites et éparses comme des grains], parfaitement compacte, trèscassante, etc., à laquelle Saussure qui l'a remarquée et distinguée le premier, avoit donné le nom de silicicalce (§ 1524) et que M. Hauy a depuis appelée quartz agate calcifère. Saussure dit que cette substance forme les bancs inférieurs ou les plus bas qu'on puisse observer sur la colline dont il s'agit; je ne l'y ai vue qu'en morceaux de petit et de moyen volume, tous cassés, anguleux et irréguliers, épars et peu abondans. Au reste, comme c'est une pierre qui se trouve assez fréquemment dans des terrains calcaires - marneux où il n'y eut jamais la moindre action volcanique ni d'éruption souterraine quelconque, elle n'a sans doute aucun rapport avec les matières trappéennes dont il est ici spécialement question, et je crois que je n'en aurois même pas parlé si Saussure, et depuis, M. Faujas, n'y avoient donné une attention particulière. Ce dernier va jusqu'à dire que c'est un silex mêlé de calcaire à qui l'action du feu a imprimé un caractère particulier et que l'air a ensuite un peu altéré (pag. 14).

« Tout près de là, dans les champs, dit encore Saussure, on » trouve des fragmens de pierre calcaire compacte commune, >> remplie de coquillages marins et surtout de vis ou strombites » tuberculés. » Cette observation s'accorde bien avec les autres

(1) On en trouve d'exactemant semblable et avec ce même accident, dans des marnicres, à Pruillé-le-Chétif, arrondissement du Mans, département de la Sarthe. J'en parlerai en détail lorsque je traiterai de la Minéralogie et de la Géologie de ce département.

Tome LXXXII. MARS an 1816.

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de même genre faites du côté de Cabannes, du côté de la Durance, et du côté de Rognes, comme je le dirai plus loin.

Arrivé sur le haut de la petite colline dont il s'agit, on peut la parcourir d'un bout à l'autre, et je ne crois pas qu'on y trouve plus que je ne l'ai fait, d'apparences de matières trappéennes, ni basalte ni amygdaloïde, quoiqu'il y ait d'ailleurs beaucoup de débris calcaires. Cette remarque appuie celle de Saussure que j'ai rapportée plus haut sur le passage du trapp par-dessous le calcaire.

En continuant de marcher au sud, on descend le revers du tertre et l'on perd de vue la maison.

On ne voit encore que du calcaire dans la première partie de cette descente; mais à peine est-on parvenu à la moitié, qu'on se trouve sur une matière trappéenne qui règne dans toute l'étendue du flanc à la même hauteur, et jusqu'en bas, à plus forte raison. Elle mérite attention.

C'est encore de l'amygdaloïde, mais qui présente une modification curieuse. Au lieu que le calcaire cristallin est communément sécrété en globules qui ne font que remplir les pores et cellules de la roche où ils demeurent isolés, ici cette matière abonde, elle paroît s'extravaser, pénétrer la masse dans tous les sens, se communiquer par des fentes ou par de grands pores continus, et enfin devenir prédominante, si bien même que c'est elle qui parfois isole les portions de la wacke et semble faire à son tour la fonction de base, ou que du moins les deux matières sont en quantité égale, ce qui produit l'aspect d'une brèche. Cette sorte de calcaire ne paroît point perdre pour cela son caractère; il est toujours tel que dans les simples globules de l'amygdaloïde ordinaire, cristallin ou du moins grenu, friable et coloré par la même matière jaune verdâtre. On voit même, ce qui me semble de plus en plus digne d'attention, de grands amas isolés au milieu de la brèche ou de l'amygdaloïde, lesquels ne présentent, abstraction faite de quelques petites portions de wacke éparses çà et là, rien autre chose que ce mélange, toujours granuleux et friable et toujours jaune verdâtre.

C'est ici sans doute que se rapporte la substance décrite par Saussure comme il suit, dans son paragraphe 1524, sous le titre de mine de fer jaune non décrite. « Sur la pente méridionale de cette petite » colline.... je trouvai de petits amas d'une substance presque pul» vérulente, translucide, d'un beau jaune de soufre et qui res

semble si fort au soufreque l'on trouve sublimé dans les crevasses » de la Solfatare, que son incombustibilité put seule me persuader » que ce ne fût pas la même substance. Cette poudre à la loupe, paroît mélangée de grains transparens blancs ou de » grains demi-transparens d'un jaune citrin ou sulfureux. Ni » les uns ni les autres ne paroissent affecter de forme régulière. » Les grains blancs sont de spath calcaire..... les jaunes pa>> roissent un minéral ferrugineux d'une espèce particulière; car, » quoiqu'ils n'agissent point sur l'aiguille aimantée quand ils » sont cruds, cependant lorsqu'ils ont été exposés à la flamme » du chalumeau, ils sont attirés avec tant de force qu'ils s'é» lancent contre le barreau aimanté à plus d'une ligne de dis»tance. Ce degré de chaleur leur ôte leur transparence et les » couvre d'un émail noir et brillant.... » — Après divers autres essais l'auteur conclut ainsi : « Ce seroit donc là une espèce » particulière de fer spathique. » Au surplus, il dit qu'il a trouvé cette même substance dans les cellules de la lave où elle est mêlée avec du spath calcaire..

La distinction de ce calcaire cristallin et mélangé paroît d'abord essentielle, surtout relativement à cet autre calcaire d'aspect très-différent, compact, opaque, et blanc ou seulement un peu brunâtre, ordinaire enfin et le même qu'au sommet du tertre, pierre de laquelle j'ai déjà dit pourtant qu'outre qu'il s'en trouve de petits morceaux empâtés par-ci par-là dans l'amygdaloïde, on voit aussi des parties de cette amygdaloïde où les glandes en sont entièrement formées. - Ici, sur cette même pente, on voit ce calcaire commun surabonder aussi et comprendre pareillement des parties de l'amygdaloïde ou faire également brèche avec elle. Je pense, ainsi que M. Faujas, ne pouvoir mieux faire connoître ce singulier mélange qu'en employant les expressions de Saussure, « Je trouvai comme M. de Joinville (dit ce célèbre observateur, § 1529), « des espèces de poudingues composés de » fragmens de lave poreuse; mais ce qui me parut le plus re» marquable dans ce genre, ce sont des morceaux mélangés » de lave poreuse violette et de pierre calcaire blanche et com» pacte. On voit là des fragmens de lave entièrement enveloppés » par la matière calcaire et isolés au milieu d'elle. » M. Marzari dit qu'il y en a de deux et trois pieds de diamètre. Saussure continue « Quelques-uns de ces fragmens sont extrêmement » anguleux, avec des pointes aiguës et des angles rentrans. » Cependant la pierre calcaire les enveloppe de toutes parts et

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