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isolé agit insensiblement par le bois de la table, et celui qui sert de soutien au disque, etc.

La seconde preuve qu'il donne de sa déduction, me paroît encore plus convaincante il enlève les deux fils à bouton de l'expérience précédente, que j'ai marqués sur la gravure EE 1er. Placez sur un isoloir de verre une petite bouteille de Leyde, dont l'armure intérieure communique à un fil de cuivre recourbé et terminé à bouton; un pareil fil recourbé communique à l'armure extérieure et présente son bouton au premier. Après avoir trouvé la distance requise pour obtenir la détonation, à chaque saturation de la petite bouteille, vissez les deux gros fils à bouton entre les deux boules du conducteur et des frottoirs, tels que vous les voyez dessinés; de sorte que le bouton du fil en communication avec le conducteur, touche au fil recourbé qui communique avec l'armure intérieure et l'autre avec l'extérieure.

Si vous communiquez les frottoirs comme dans la première expérience avec le sol, comptez! les détonations que vous obtiendrez par minute: après cela, enlevez la chaîne et vous obtiendrez le même nombre dans l'état de l'isolement le plus parfait. L'auteur en tire les mêmes déductions que de l'expérience première.

Voici le fait, qu'un vrai hasard m'a fait observer je soumis de nouveau du silex entre deux fils entourés d'huile d'olive, pour voir si le courant prolongé ne le décomposeroit point : c'étoit sur un isoloir à la hauteur de ma grande batterie. Au lieu de placer un fil conducteur contre le petit appareil, je voulois en même temps charger ma batterie; après quelques tours du disque, je m'aperçus que l'électromètre ne s'élevoit point et trouvai une chaîne attachée au métal qui unissoit les bouteilles. Le hasard voulut, qu'en voulant enlever la chaîne, je touchai de l'autre main au bois de l'appareil si près du coussin inférieur, que je sentis un picotement fort vif. L'idée me vint que c'étoit l'attraction de de Lugt. Pour vérifier mes soupçons, je pris un fil d'or, que je fixai d'un côté contre la plaque de cuivre de ce coussin, et de l'autre côté je l'attachai sur un petit morceau de verre contre une aiguille qui passoit de quelques lignes le petit carreau pour que la pointe puisse se placer contre la table couverte de plomb de la batterie. En l'approchant à la distance d'une ligne, on voit continuellement l'aiguille briller du fluide

électrique, qu'elle rapporte au disque qui agit de même que la pile galvanique et les électrophores, comme l'auteur de ces belles expériences l'a prouvé dans une note, pag. 11 de la première partie imprimée à Rotterdam, chez J. Hofhout et fils, 1802.

Je ne vous envoie la traduction de ces expériences, que pour vous annoncer que la théorie qui en résulte, doit vous faire le même plaisir qu'à moi; parce qu'elle confirme tout ce que vous avez répété si souvent dans vos excellens écrits depuis plus de trente ans. Permettez que je vous exprime ici la reconnoissance que je vous dois, parce que c'est dans le Journal de Physique, que vous rédigez avec l'impartialité d'un vrai ami de la vérité, que j'ai puisé le goût de la Physique expérimentale, au retour de l'Université, précisément au moment que feu M. Rozier publia ses premiers journaux.

OBSERVATION

SUR LES FEUILLES DU CARDAMINE PRATENSIS;

PAR M. HENRI CASSINI.

Lue à la Société Philomatique, le 27 avril 1816.

EN Histoire naturelle, et surtout en Botanique, il n'y a rien de rigoureux ni d'absolu; toutes les définitions, toutes les règles se trouvent tôt ou tard démenties par des exceptions qui deviennent d'autant plus nombreuses, qu'on apporte plus de soin à l'observation des détails. C'est une vérité dont nous ne saurions trop nous pénétrer, pour nous mettre en garde contre toute proposition générale, qu'on voudroit nous faire admettre sans aucune

restriction.

M. Richard, dont on connoît l'esprit d'exactitude et le génie observateur, n'hésite pas à déclarer formellement, dans son Dictionnaire, que c'est par erreur qu'on a prétendu que certaines feuilles étoient susceptibles de radication. Mon obser

vation

vation sur les feuilles du cardamine pratensis, prouvera que c'est M. Richard qui est ici dans l'erreur. Je ne crois pas que le fait dont je vais rendre compte soit connu; et il me paroît assez curieux pour être communiqué à la Société.

Le cresson des prés est une plante fort élégante, de la famille des crucifères, dont les fleurs purpurines, assez grandes, mais délicates et fugaces, décorent agréablement presque toutes nos prairies dans les mois d'avril et de mai. Elle croît aussi dans les bois humides, et c'est là que j'ai observé le petit phénomène dont il s'agit.

Le collet de la racine et la tige sont garnis de feuilles ailées avec une impaire, c'est-à-dire composées de plusieurs folioles disposées sur les deux côtés et à l'extrémité du pétiole commun.

A la base de la page supérieure de chacune des folioles, j'ai remarqué un petit tubercule charnu, hémisphérique, ressemblant à une glande. Ces tubercules sont ordinairement plus apparens sur les feuilles du collet de la racine et du bas de la tige, que sur les feuilles d'en haut; ils sont aussi plus apparens sur les folioles supérieures que sur les folioles inférieures de la même feuille. J'ai vu ces tubercules se convertir en bourgeons, quand les circonstances étoient favorables à leur développement. Cette conversion ne s'opère le plus souvent que sur la foliole terminale des feuilles radicales. Le tubercule qui est à la base de cette foliole se métamorphosoit presque toujours, dans les individus dont je parle, en un vrai bourgeon, qui poussoit par en haut des feuilles et une tige, et par en bas des racines.

J'ai même observé, sur la page supérieure d'une foliole de feuille radicale, un tubercule situé non à la base, mais au milieu du disque, lequel tubercule s'étoit converti en un long filet tout semblable à une racine.

Souvent les folioles des feuilles radicales se détachent de leur pétiole commun; puis chacune d'elles prend racine en terre par son tubercule.

Voilà donc un exemple bien constaté de radication naturelle et habituelle des feuilles. Je le crois unique jusqu'ici, quoique je n'ignore pas que certaines fougères s'enracinent par leurs feuilles: mais les feuilles des fougères sont-elles de véritables feuilles? Elles sont au moins d'une nature bien différente de celle des feuilles des plantes parfaites.

Les tubercules que j'ai décrits doivent être considérés comme Tome LXXXII. MAI an 1816.

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des bulbilles assez analogues à celles qui naissent dans l'aisselle des feuilles de la dentaire bulbifère, espèce de plante appartenant à un genre tout voisin des cardamine. Plusieurs autres végétaux portent de semblables organes destinés à concourir avec la génération sexuelle à la multiplication de l'espèce, ou à suppléer à son défaut. Mais, si l'on excepte les fougères, dont les feuilles, je le répète, mériteroient un autre nom, les bulbilles n'avoient été observées que sur les racines, ou sur la tige, dans l'aisselle des feuilles ou des branches, à la place des fleurs ou dans les ovaires.

Je soupçonne que la radication des feuilles de notre cardamine, donnant lieu à une sigulière méprise, aura contribué à la confusion qui règne chez la plupart des auteurs entre les deux espèces pratensis et amara.

En effet, on attribue généralement au cardamine amara des stolons, dont le cardamine pratensis seroit dépourvu. Des botanistes ont pu prendre pour stolons les feuilles radicales de cette dernière plante, quand le pétiole commun s'enracine vers l'extrémité, après que les folioles latérales se sont détachées. J'y ai été trompé moi même, avant d'avoir reconnu la radication des feuilles.

Ainsi, pour certains botanistes, la même plante aura été cardamine amara ou cardamine pratensis, selon qu'elle leur aura présenté des pétioles enracinés, ou des feuilles radicales complètement libres. Remarquez que la radication des feuilles est assez rare, et ne paroît avoir lieu que dans les bois; ce qui s'accorde bien avec les indications données sur les habitations respectives des deux espèces.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Essai sur le Gaz azote atmosphérique considéré dans ses rapports avec l'existence des animaux, lu à la première Classe de I'Institut de France, le 31 octobre 1814; par Thomas Dagoumer; suivi du Rapport des Commissaires nommés par l'Institut.

Per nutritionem augetur corpus animalis vel conservatur: porrò ut sit nutritio requiritur suppellex partium organicarum.

GUIL. DAGOUMER PHILOS., t. V, p. 487.

Un vol. in-8°. A Paris, chez Latour, Libraire au Palais Royal, 2 cour; Delaunay, Libraire, Galerie de Bois; Pélissier, Libraire,

Ire cour.

EXTRAIT. « L'air, dit l'auteur, considéré comme aliment, ne paroît pas moins nécessaire à la vie, qu'il ne l'est comme principe de la respiration : en d'autres termes, le gaz azote de l'air atmosphérique paroît servir à l'existence animale autant que le gaz oxigène.

» Hippocrate, qui ne sépara jamais les causes des animaux de celle de l'homme, observa que l'air pur étoit pour eux d'une nécessité commune. Mais il reconnut dans ce fluide un principe particulier qui entretient leur existence. Il le nomma pabulum vita, l'aliment de la vie. Quelle est la nature de ce principe? quelle est celle de l'air lui-même? Hippocrate l'ignora, il crut, avec toute l'antiquité, que ce fluide dans son état de pureté étoit un être simple, formé de parties homogènes.

» Mais la Chimie moderne a démontré qu'il étoit un composé, formé principalement de gaz azote et d'oxigène. »

L'auteur a dirigé ses recherches sur les rapports qu'a le gaz. azote avec l'existence des animaux.

De l'aveu des chimistes, dit-il, l'azote est la substance qui caractérise les matières animales... On doit donc regarder comme indispensable l'intervention du gaz azote dans l'existence des animaux... Il développe avec sagacité les effets de cette inter

vention.

Le gaz azote se trouve également dans quelques végétaux. Son travail ne peut qu'ajouter aux connoissances qu'on avoit déjà cet égard.

Correspondance sur l'Ecole Polytechnique, à l'usage desElèves de cette Ecole; par M. Hachette, l'un des Professeurs. No 3 du troisième volume. Brochure in 8° (1816).

Il a paru jusqu'à ce jour dix-huit numéros, ou trois volumes de cet ouvrage, qui renferme un grand nombre de Mémoires curieux sur les Sciences physiques et mathématiques.

On vend séparément chaque volume et même chaque numéro. Supplément à la seconde Edition de la Théorie des Nombres; par M. Legendre, Membre de l'Académie Royale des Sciences. Brochure in-4°. (Janvier 1816.)

Ces deux ouvrages se trouvent à Paris, chez Mme Ve Courcier, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, la Marine, les Sciences et les Arts, quai des Augustins, no 57.

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