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les lieux où le fumier est le plus cher, on voit prospérer ceux qui se livrent à son achat, on a droit de conclure « qu'il n'est pas encore là à sa véritable valeur. J'ai es saye'de la déterminer, et par des expériences exactes, et « par plusieurs analogies, et je l'ai trouvée de plus de 1 « franc, le blé valant 24 fr. l'hectolitre.

"Sept années du produit d'une olivette composée de mille « six cents jeunes pieds, ont donné pour produit moyen, qua ⚫rante décalitres d'huile pesant vingt livres.. 800 livres.

« Le même nombre d'années du produit d'une olivette composée d'un même nom«bré de pieds d'un même âge, et fumés, ont "donné, pour produit moyen, quatre-vingtdouze décalitres d'huile.

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1,8.40

1,040

«L'olivette fumée reçoit tous les trois ans mille quintaux. de fumier; ce serait environ trois livres d'huile par quintal de fumier qu'elle aurait produit en plus. Cette moyenne d'observation est assez longue, et prise sur un assez grand nombre d'arbres, pour offrir quelques motifs de sécurité. « Le produit des gros arbres nous donne à peu près les mêmes résultats; leur récolte varie dans cette propor<tion selon la quantité de fumier qu'ils reçoivent; ainsi, ❝ des arbres de trente ans qui n'avaient pas reçu d'engrais « depuis longtemps, produisaient un cinquième de décalitre « d'huile; et ceux qui étaient auprès, et qui recevaient "tous les trois ans six quintaux de fumier, ou deux par an, "produisaient en moyenne dix livres d'huile ou un demi« décalitre. Cette observation, que j'ai souvent renouvelée, "porte l'effet du fumier à une même valeur. »

Comme le fumier est composé d'excréments et de litière, il ne faut imputer á bénéfice que la quantité d'engrais qui reste, déduction faite de la litière.

La quantité de fumier produite par tête de bétail varie suivant la taille de l'animal, la manière dont il est nourri, la quantité de litière qu'il reçoit, le degré de putréfaction auquel on laisse parvenir l'engrais avant de le répandre dans les champs; suivant, enfin, que l'animal passe la totalité ou une partie de l'année à l'étable. Une vache du poids de 196 kilogrammes qui pâture six mois de l'année, pendant lesquels elle ne passe que la nuit à l'étable, et qui, pendant les six mois d'hiver passés à l'écurie, reçoit par

jour 5 kilogrammes et demi de paille, et 3 kilogrammes de foin tant pour nourriture que pour litière, donne par an 56 quintaux métriques de fumier. Si la vache pèse 294 kilogrammes, et qu'elle reçoive pendant l'hiver 5 kilogrammes et demi de paille et 7 kilogrammes et demi de foin, elle doit rendre 73 quintaux métriques d'engrais, et 86 quintaux si elle pèse 392 kilogrammes, et reçoit 8 kilogrammes un tiers de paille et 7 kilogrammes et demi de foin. Les bœufs de labour donnent proportionnellement moins de fumier que ceux qui restent à l'étable.

Une bête à laine donne en cent cinquante jours, pendant la mauvaise saison, douze à treize pieds cubes de fumier. Un mouton, nourri à l'étable, en donne cent trente-cinq par jour, 264 kilogrammes. En général, le poids du fumier encore humide et échauffé par la fermentation, s'élève au double du poids du fourrage sec consommé, et de la litière distribuée au bétail en quantité convenable.

Moins le fumier est consommé, et plus les animaux boivent ou prennent une nourriture, succulente, plus le poids du fumier est élevé relativement à celui du fourrage qui. à été consommé. C'est pour cette raison que les bêtes à cornes rendent plus de fumier que les chevaux, et que ceux-ci en donnent eux-mêmes plus que les bêtes à laine. On obtiendra toujours le poids du fumier en ajoutant le poids des substances sèches consommées au poids de la litière et le multipliant par deux.

La totalité des terres arables peut être exclusivement consacrée à la production des plantes commerciales, lorsque des prairies naturelles ou des forêts fournissent assez de fourrage et de litière pour former un engrais suffisant. En cas d'insuffisance, les terres doivent être ensemencées en céréales dont la paille, consommée par le bétail ou répandue en litière, fournit le complément. Enfin, si l'exploitation est dépourvuc de prairies naturelles, les matériaux de l'engrais doivent être produits en totalité par les terres arables. Il faut, dans ce dernier cas, consacrer à la culture des plantes fourragères, un quart et quelquefois la moitié des terres labourables, le surplus devra porter des céréales et fournir de la paille.

Supposons, par exemple, l'assolement suivant: sur un espace de 100 arpents.

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25 arpents

Orge.....

25

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Trèfle 56 quintaux métriques, 1,400 pour 25 arpents.

Comme toute la paille et tout le trèfle que les terres ont produits leur seront rendus sous forme d'engrais, il ne restera plus, pour leur rendre autant qu'elles ont donné, qu'à remplacer par un poids équivalent d'engrais le grain dont elles ne profiteront pas. Le poids de ce grain est de:

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Ce seraient donc 560 quintaux de matières étrangères qu'il faudrait rendre au terrain; mais, comme le trèfle possède avec énergie la faculté de s'approprier les principes inorganiques, et qu'on ne doit imputer au sol que la moitié de son produit total, qui s'élève, comme nous l'avons supposé, à 1,400 quintaux métriques, les 700 quintaux que nous avons rendus de trop au terrain, en lui restituant la totalité du produit du trèfle, remplacent et au-delà le grain dont il ne profite pas.

Si les circonstances locales sont moins favorables an trèfle ou à la luzerne, que dans l'exemple précédent, et qu'il soit nécessaire de remplacer en partie ces plantes par des vesces, cinq huitièmes de céréales exigeront trois huitièmes de prairies artificielles.

100 arpents de terres arables sont soumis à l'assolement suivant:

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12 arpens 12 de maïs donnent 2,287 décalitres de grain-174 quintaux métriques.

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Ces 510 quintaux de grain doivent être remplacés par la quantité de matière inorganique que se sont appropriée le le trèfle et les vesces. Nous avons vu que cette quantité était la moitié du produit total.

12 arpens 1/2 de trèfle ou de luzerne donnent un produit total de 562 quintaux. de vesces fumées

Id. Id.

de vesces non fumées

id.

281

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dont la moitié est de 527 quintaux 1/2.

Lorsque le bétail pâture pendant l'été, il faut au moins 100 hectares de pâturage pour entretenir dans un état convenable de fertilité la même étendue de terres en culture. Si le pâturage est de mauvaise qualité, que les terres soient soumises à la jachère, et que l'exploitation ne renferme point de prairies, l'étendue des terres à céréales est souvent à celles des pâturages, des prairies et des jachères, comme 100 est à 200. Dans les exploitations où l'on pratique la culture alterne avec pâturage, l'étendue des terres consacrées à la production du fourrage excède toujours de beaucoup celle de la totalité du domaine.

La rotation des récoltes, c'est-à-dire l'ordre dans lequel elles se succèdent dans un terrain, ne doit comprendre que des plantes appropriées à tout ce qui constitue la localité, ou la qualité du sol. La culture du froment et du trèfle est peu profitable dans des terres légères et arides, qui conviendraient parfaitement à celle du seigle et du sarrasin. Les fèves rapportent plus que le maïs sous un climat frais. La culture des plantes qui exigent beaucoup de façons, telles que le millet, le lin et les carottes, offre peu d'avantage dans les contrées peu populeuses, où la main-d'œuvre est chère; il arrive même souvent qu'elle ne rembourse pas les frais qu'elle a occasionnés.

Les plantes que l'on cultive doivent se succéder de manière que celles qui supportent bien l'engrais occupent le terrain la première année de la fumure, et que les espèces qui demandent le plus d'humus précèdent celles qui ont la propriété d'absorber et de s'approprier avec plus d'énergie

les matières inorganiques. Il faut enfin distribuer les récoltes de manière que l'état dans lequel une production laisse le terrain convienne à celle qui doit suivre.

Les plantes qui supportent le mieux l'engrais sont celles dont les racines forment le produit principal, ou dont la tige est épaisse, raide, et peu sujette à se courber, telles que les raves, les carottes, le maïs, le chanvre, etc. Le froment, le seigle, l'orge semés dans un terrain fraîchement fumé, croissent trop en hauteur, ont une tige frêle, versent facilement, ne donnent que des épis avortés, où sont sujets à la rouille. Le produit du maïs et des fèves, des carottes et des choux est, au contraire, en rapport direct avec la quantité d'engrais qu'ils ont reçue.

Les céréales, les plantes à siliques, et surtout le sarrasin, demandent moins d'engrais. Toutefois, la récolte sera d'autant plus abondante qu'on aura pris plus de soin pour garnir le terrain de la quantité d'engrais qui convient à la nature des végétaux qu'on y a mis.

On peut, en fumant un terrain chaque année, y cultiver sans interruption la même espèce de plante, pourvu qu'on ait soin de purger le sol des mauvaises herbes qui pourraient l'envahir, et qu'il y ait assez d'intervalle entre la récolte et les semailles pour donner au terrain une préparation convenable. Un terrain peut porter sans interruption du chanvre, du maïs ou des pommes de terre si on le fume convenablement; il en sera de même de l'orge, de l'avoine, et du froment d'été.

Lorsque la culture successive roule sur un petit nombre de plantes, la chance de non-réussite est plus à craindre que lorsqu'on en cultive un grand nombre. Il est bon, d'ailleurs, d'entretenir l'activité des bestiaux et des domestiques en adoptant un cours de récoltes très-étendu; enfin, le fumier d'écurie, mélangé de litière, ne se dissolvant qu'à la longue, on peut, suivant sa quantité et sa nature, l'utiliser pendant plusieurs années consécutives; seulement il ne faut pas s'attendre à obtenir chaque année des récoltes aussi abondantes, si l'on ne cultive que des végétaux qui exigent une terre riche et fertile. Ce qu'il importe dans tous les cas, c'est d'ordonner l'assolement de telle sorte, que l'état dans lequel a été mis le terrain par les travaux de la précédente récolte, convienne à celle qui suit, afin que, d'un côté, les plantes le trouvent dans l'état de division qui convient à leur nature, et que, de l'autre, on n'ait pas besoin de travaux extraordinaires pour le nettoyer. On atteindra ce but en culti

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