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quelques jeunes feuilles de mûrier; et les vers ne tardent pas à monter par ces troùs, pour manger les feuilles de mûrier. Dans les premier temps, on renouvelle trois fois au moins par jour, et plus encore par la suite, les feuilles de mûrier. Jusqu'à leur premier repos, qu'on appelle sommeil, les vers à soie mangent six ou sept jours, si toutes les circons fances sont favorables; et principalement s'il fait chaud, et si on a l'attention de leur donner à manger et de les tenir propres. Ils reposent, ou ils dorment environ deux jours, pendant lesquels on ne leur donne rien à manger. Ils ont encore trois autres repos, pendant lesquels on les laisse tranquilles; et dans les intervalles on les alimente bien et on les change pour les tenir propres.

, Pendant les temps humides il y a du danger à donner des feuilles mouillées aux vers à soie, il est très nécessaire de les laisser bien sécher auparavant. On connaît que le ver à soie est sur le point de faire le cocon, quand il ne cherche plus à manger, qu'il se montre inquiet, porte sa tète haute, et la tourne de côté et d'autre, comme pour chercher quelque chose où il puisse grimper, et qu'il paraît comme transparent. On doit alors lui présenter des branches de bouleau ou bien des plantes trés-rameuses, sur lesquelles il monte pour faire son travail: ou bien s'il n'y monte pas, on le met dessus en faisant attention de ne pas le blesser.

Il met environ trois ou quatre jours, à perfectionner son travail.

Le cocon a différents produits. Il est composé d'abord d'une enveloppe qui est une espèce de bourre où de duvet cotonneux; sous celte bourre est une petite quantité de soie imparfaite; vient ensuite la vraie ou belle soie qui forme un fil continu, de manière que, quand on a saisi un bout, tout ce qu'il y a de fil sur un cocon se dévide comme du fil à coudre qui serait sur un peloton; enfin, quand toutes ces substances sont enlevées, il se présente encore une espèce de parchemin fait de soie, dont les brins sout collés les uns aux autres par une gomme sortie du corps de l'animal. On parvient à emporter cette gomme et l'on carde et on file les brins de soie. Toutes les parties du cocon sont utiles. Ce qui n'est pas vraie soie, fournit différentes filoselles, dont les unes sont meilleures que les autres.

SELON LA MÉTHODE ANGLAISE.

Le point essentiel pour la prospérité d'une grande exploitation rurale, est de se procurer une force motrice qu'on est obligé de demander à un manège, lorsqu'on ne peut l'oblenir du vent, d'un cours d'eau ou de la vapeur. - Une fois pourvu de ce moteur, on l'applique à diverses machines qui exécutent avec une précision géométrique des travaux qu'on ne pourrait obtenir aussi parfaits des forces variables et spontanées de l'homme.

Quand on est assez heureux pour avoir un moteur de ce genre, on n'a besoin que d'un ouvrier, qui est occupé à étendre, à diviser en lames amincies des'gerbes de blé, à les présenter par leurs épis à l'action de deux cylindres alimentaires, qui les saisissent, les entraînent sous l'action de quatre batteurs, construits en bois, ferrés à leurs extrémités, et qui frappent treize cent quatre-vingts coups par minute. La paille et le blé sont saisis par une machine concave, crénelée, qui les jette contre les six ailes d'un grand râteau garni de dents, qui accrochent la paille et la dirigent par un plan incliné sous la main d'un botteleur qui la lie en paquets. Le grain, ainsi battu, et quelques menues pailles, tombent sur un grillage, et y sont soumis à l'action d'un ventilateur, qui reçoit son mouvement d'une corde sans fin, attachée à l'arbre de la machine par une poulie. Ce ventilateur éparpille et jette au loin la balle, la poussière, la menue paille, et laisse tomber le grain sur un crible, ou grillage à mailles de laiton, placé debout sur un plan incliné. Le bon grain coule par la pente, et il est reçu au bas dans des sacs. Les grains étiolés et les menues graines passent par une des six portions de grillage, dont chacune est percée d'ouvertures, dont les angles sont proportionnés à la forme et au volume des mauvaises graines qui croissent ordinairement dans les blés.

Voici le nombre exact des révolutions que parcourt chacune des parties de cette machine en une minute. La roue principale fait onze tours et demi, les cylindres alimentaires quatre-vingt-quatre, les cylindres batteurs trois cent trenteun, le râteau soixante-trois, le ventilateur trois cent

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trente-un. Les quatre batteurs marchent avec une vitesse de trois mille cent dix-sept pieds. -L'extrémité des ailes du râteau parcourt neuf cent trente-sept pieds, et la vitesse du ventilateur est de deux mille cent quarante-huit pieds, le tout calculé par chaque minute. En seize minutes, on a battu, vanné et criblė seize hectolitres de blé, chaque hectolitre du poids de cent soixante à soixante-dix livres.

Le batteur en grange, qui ne bat habituellement que cent livres de blé par jour, est à peu près au batteur-machine comme un est à-cent. Le premier perçoit, pour frais de battage, environ le quatorzième de la récolte battue; et, dans le pays où l'usage des cinqueneurs est établi, il perçoit la sixième partie, et il se charge du faucillage. Ici, la différence des frais est plus d'un à cent. Il y a mieux que cela

encore.

Les hommes les plus expérimentés en ce genre conviennent que les batteurs en grange laissent la quatorzième partie du grain dans la paille. — Cela est vrai, surtout pour les batteurs que l'on paie tant par hectolitre de grain battu, parce qu'ils ont un grand intérêt à expédier rapidement la besogne, et un très-petit intérêt à l'expédier complètement. M. John Saint-Clair, le plus savant et le plus méthodique de nos agronomes modernes, porte la perte que l'on fait en Angleterre sur cet objet, à quarante-deux millions de notre monnaie. Le batteur-machine est organisé de telle sorte, qu'il est physiquement impossible qu'il échappe un seul grain. Comme il n'y a de vraiment essentiel dans cette machine que le cylindre alimentaire, le tambour-batteur et le râteau, on peut la réduire à ces trois parties, la faire marcher à bras et la rendre portative. - Réduite à cet état, elle perdra sans doute beaucoup de ses avantages, mais il lui restera celui d'être à la portée de beaucoup de petits agriculteurs ; et elle pourra suppléer encore au battage sur tonneau, que l'on exécute lorsqu'on veut conserver la paille pour en faire des couvertures de chaume, ou lorsque l'on veut battre des graines fines, que le batteur sur l'aire écrase ou éparpille.

DES GLACIÈRES.

Dans l'été, c'est un grand agrément d'avoir de la glace, soit pour faire rafraîchir les boissons, soit pour la conservation des viandes, du poisson et de quelques autres substances alimentaires qui se corrompraient promptement par l'effet de

chaleur. On profitera donc des moindres gelées pour re

cueillir l'eau qui se congèle sur les ruisseaux par un froid d'un degré au-dessous de zéro. Elle est alors en lames qui n'ont pas même un centimètre d'épaisseur; mais en les superposant dans un lieu profond et à l'abri de l'air chaud et des influences du soleil, elles formeront bientôt une masse compacte et des plus solides. Une glacière peut être d'aussi petite dimension qu'on le désire, mais elle doit toujours être creusée à au moins dix mètres au-dessous du sol, dans un endroit sec et à l'exposition du nord. La glacière sera circulaire et à double enceinte à partir du niveau du sol. Le mur extérieur n'aura pas moins d'un mètre d'épaisseur, et le mur intérieur excèdera de cinquante centimètres la hauteur de la porte par laquelle on introduira la glace dans des baquets en forme de hotte. Toute la partie supérieure de la glacière sera voûtée et recouverte extérieurement d'un toit de paille épais de vingt centimètres. En tout temps la glacière sera exactement close; on n'y pénétrera jamais sans fermer fmmédiatement la porte sur soi. Une glacière telle que celle dont nous venons de faire la description serait encore d'un prix trop élevé pour que tous les habitants de la campagne pussent faire usage; mais voici une autre glacière dont l'appareil est aussi économique que simple. Ayez deux futailles d'inégale grandeur, fixez la plus petite au centre de la plus grande, après avoir fait au fond de cette dernière un lit de poudre de charbon de bois; remplissez le vide entre les deux futailles de la même poudre en la tassant le plus possible. Que l'intervalle rempli soit au moins de dix centimètres. La futaille enveloppante devra dépasser de quinze centimètres la futaille enveloppée, afin de permettre d'y placer un double couvercle, dont l'interstice sera également garni de charbon en poudre. La glace sera introduite par un guichet pratiqué dans le double couvercle, et c'est aussi par là qu'on la retirera lorsqu'on se proposera d'en faire usage. Cette espèce de glacière portative sera déposée au fond d'une cave fraîche sans être humide. La porte du guichet sera un billot de bois de chêne charbonné dessus et dessous. Ce billot aura vingtcinq centimètres dans sa longueur, afin de pouvoir dépasser par le haut et par le bas l'ouverture du couvercle dans laquelle on l'introduira et qu'il fermera en s'ajustant parfaitement. La poudre de charbon étant mauvaise conductrice du calorique, la glace se maintiendra constamment à un même degré de congélation.

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PUITS ARTÉSIENS OU PUITS FORÉS.

On désigne sous le nom de puits artésiens des sources que l'on va chercher dans l'intérieur de la terre, à l'aide de la sonde du mineur (tarière de montagne) et à une plus ou moins grande profondeur, jusqu'à la rencontre d'une nappe d'eau soumise à une pression telle, que l'eau remonte à une certaine hauteur dans les tubes qu'on lui présente. Lorsque ces puits produisent des eaux qui s'élèvent au-dessus de la surface du sol, on leur donne le nom de fontaines jaillissantes.

C'est dans l'ancienne province d'Artois que paraissent avoir été entreprises pour la première fois les recherches sur les fontaines jaillissantes, d'où leur est venu le nom de puits artésiens.

Ces puits, si avantageux pour l'industrie et pour l'agriculture, n'ont été en usage pendant plusieurs siècles que dans quelques localités de nos départements septentrionaux; cependant l'Angleterre, l'Afrique et l'Amérique, toujours empressées d'adopter les découvertes quitendent aux améliorations, jouissent depuis longtemps defontaines et d'eaux courantes dues à la sonde du mineur, qui leur a ouvert une issue, tandis que ce n'est malheureusement encore qu'à un rayon très-rapproché de Paris que ces ouvrages ont lieu en France. Tous ces faits sont connus depuis longtemps, et il est étonnant que, malgré les preuves incontestables de leur utilité, on reste encore dans la plupart de nos départements, surtout dans ceux du Midi, dans une aussi grande apathie; et comment concevoir qu'on ne s'est pas encore emparé d'un moyen qui peut procurer partout une eau limpide, abondante et pure dont on manque dans ces contrées ?

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