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Les procédés sont le labour et le défrichement. Le labour comprend le retournement, l'ameublissement, le nettoiement et l'aplanissement du terrain.

Le labour sert à ameublir le sol et à le mélanger soit avec ses amendements, soit avec son sous-sol.

L'ameublissement a surtout pour effet d'accélérer la croissance des végétaux. Lorsque le sol est bien ameubli, les racines éprouvent moins de résistance; elles y trouvent aussi une nourriture plus abondante, par suite de l'absorption plus profonde de la chaleur et de l'humidité. C'est par le labour que s'opère le mélange intime des parties terreuses et fertilisantes que contient le sol; en enterrant le fumier, il en favorise et en accélère la décomposition; il recouvre les graines ou les jeunes plants d'une couche de terre suffisante pour qu'elle puissent germer ou croître; il rapproche de la superficie l'humus enterré trop profondément, il achève la pulvérisation de l'argile et de la marne; enfin il nettoie et féconde tout à la fois le terrain, en arrachant et en enfouissant les mauvaises herbes qui le garnissent.

Le retournement du terrain s'effectue à la main à l'aide de la béche, ou avec la charrue. Retourner le terrain, c'est mettre le dessus dessous. La bêche ne s'emploie guère, excepté pour la culture des jardins, que dans le midi de la France; elle est un moyen trop coûteux, il faudrait par hectare 100 journées de bêcheur. Il y a bien des sortes de charrues; mais la meilleure de toutes est celle qui remplit le mieux l'objet du labour, qui est de détacher une tranche de terre d'une largeur et d'une épaisseur déterminée par une coupe à la fois verticale et horizontale, de manière à intervertir l'ordre qu'elle occupait avant d'être attaquée par la charrue.

On n'a point encore trouvé de charrue parfaite sous tous les rapports. Nous allons décrire celle qui est réputée la meilleure: son corps se compose de sept parties: le soc, le sep, l'age, la gorge, le manche, le versoir, et le coutre. L'avant train n'est qu'un accessoire. Le soc est la partie de la charrue qui sépare la tranche du sol horizontalement. Dans les charrues bien construites il doit commencer à la soulever, et la conduire au versoir sur une surface obliqué, mais

continue. Il a la forme d'un triangle rectangle dans la charrue ordinaire. Sa largeur est proportionnée aux bandes de terre que l'on veut détacher, et sa longueur doit l'être à sa largeur.

Le soc se compose de deux parties: celle qui coupe, nommée aile, et celle qui unit le soc au corps de la charrue, appelée souche. Il est habituellement étroit, quoiqu'il y ait plus d'avantage à ce qu'il ne le soit pas, puisqu'il exige alors une moindre force de traction. Le soc de la charrue flamande est le mieux disposé.

Le sep est la partie de la charrue qui glisse au fond du sillon en s'appuyant contre la terre non labourée, du côté opposé au versoir. Il est destiné à recevoir le soc à sa partie antérieure, l'oreille, à sa partie latérale, et l'origine du manche à sa partie postérieure. Sa longueur dépend de la forme de l'oreille.

L'age ou flèche est la partie de la charrue qui reçoit et communique à l'instrument entier le mouvement de progression. Il est presque toujours assujetti sur le devant de la charrue par la gorge, et sur le derrière par le manche gauche; il est tantôt droit, tantôt recourbé, suivant qu'il y a ou non un avant-train, suivant la forme de cette dernière partie et la disposition du coutre.

La gorge est la pièce qui unit l'age à la partie inférieure de l'instrument, et qui forme la partie antérieure du corps de charrue. Elle est toujours en bois, et inclinée, sa partie supérieure dirigée en arrière en formant un angle de 80 degrés environ.

Le manche est assemblé solidement sur le sep et l'age, avec lequel il forme le corps de charrue; il sert de levier pour maintenir la charrue dans une position convenable lorsque des obstacles menacent de la faire dévier. Il fait corps avec la charrue: il est placé à gauche, symétriquement avec le faux manche qui est à droite.

Le versoir ou oreille est une planche ou une forte plaque en tôle ou en fer battu placée latéralement sur le sep. It sert à soulever la bande de terre coupée par le coutre et par le soc, et à la renverser en la faisant tourner sur ellemême.

Le versoir est ou plane ou convexe; dans cette dernière forme it accomplit beaucoup mieux sa fonction,

Le coutre qui n'est presque d'une rare utilité que dans les ierres légères, est un tranchant fixé par son manche dans la Jèche qui précède le soc pour faciliter et régulariser son

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action; il ouvre le chemin à la charrue en séparant de la partie non labourée et en coupant verticalement la tranche qui doit être soulevée par le soc et renversée par l'oreille.

La pointe du coutre doit être dirigée en avant, de manière que le tranchant forme une ligne oblique; en s'avançant de biais, il commence déjà à soulever un peu la bande de terre; il soulève aussi les pierres qu'il n'aurait pu repousser ni rejeter sur le côté; enfin, lorsqu'il rencontre des racines trop grosses, pour qu'il puisse les couper du premier abord, il les soulève, les fait glisser le long de son tranchant, et finit par les couper ou par les déterrer entièrement. Enfin l'obliquité du tranchant facilite l'entrure de la charrue sans aug. menter beaucoup le frottement.

L'avant-train est ordinairement composé de deux roues qui se meuvent autour d'un essieu sur lequel repose l'extrémité de l'age et auquel sont attelées les bêtes de trait. Il consiste quelquefois en une seule roue ou en un patin. la charrue exige moins d'habileté et d'attention de la part de celui qui la dirige lorsqu'elle a un avant-train que lorsqu'elle n'en a pas; mais l'avant-train, quelle que soit sa forme n'est pas applicable dans tous les terrains, et avec lui le laboureur n'est pas toujours maître de son instrument.

L'avant-train à deux roues est le plus convenable à la régularité du labour, il permet l'entrure à volonté. La roue droite ne quittant jamais le sillon, maintient l'uniformité de sa largeur, que l'on peut d'ailleurs modifier au besoin. A une roue ou à patin, la charrue a nécessairement une marche irrégulière, et exige une grande attention de la part de celui qui la dirige la roue ou le patin ne peuvent contribuer à maintenir la largeur des sillons, puisqu'ils glissent sur la partie non labourée. La charrue dite de Brabant, passe pour une charrue des mieux construites.

Nous n'avons voulu parler jusqu'ici que de la charrue qui a la forme rectangulaire ou d'un demi-coin. Les bandes coupées par cette charrue étant alternativement rejetées dans deux directions opposées, on ne peut labourer avec elle ni dans un terrain en pente, ni dans un terrain en plaine sans former de sillons. Dans ce cas, on a recours à un instrument qui ait la forme d'un coin entier ou dont le versoir soit mobile, ou bien on laboure avec deux charrues, dont l'une renverse la tranche à gauche et l'autre à droite.

La charrue à coin entier prend le nom de cultivateur; elle a deux versoirs contournés et n'a point de coutre, ou si elie

en a un il est mobile. Avec le cultivateur on peut très-bien labourer et retourner un terrain dont la pente est rapide; mais il ne convient en plaine que pour ameublir superficiellement, et encore ne doit-on s'en servir que dans les terres légères et sablonneuses. Si on l'emploie dans des terres d'une autre nature, il faut qu'elles aient déjà reçu un labour. Le cultivateur a donc une utilité très-bornée; son emploi doit être réservé pour les pentes des montagnes et les terres sableuses et caillouteuses; tandis qu'au contraire la charrue convient dans tous les terrains plats ou dont la pente est douce, pourvu qu'ils ne soient pas uniquement composés de sable fin et de cailloux ronds. Le retournement du terrain dans les terres qui ne sont pas très-friables, doit être suivi de l'ameublissement qui s'opère à la main ou à l'aide d'instruments tirés par des bêtes de trait. Dans le premier cas on se sert de la houe. Dans les terres argileuses, la houe est pesante; dans les terres légères elle est moins forte, et s'il s'agit d'ameublir la terre entre de jeunes plantes, on emploie la houe à plusieurs pointes. Lorsqu'on n'ameublit pas à la main, on se sert de la herse, du scarificateur et de l'extirpateur.

La herse divise les bandes de terre que la charrue a détachées et aplanit les sillons; on l'emploie soit pour enterrer la semence, soit pour détruire les mauvaises herbes qui ont pu croître après le labour et le premier hersage. Elle est forte, lourde et garnie de dents longues et tournées en devant pour les terres argileuses; elle est plus légère pour les terrains moins compactes et pour enterrer les semences. Elle est large lorsque le champ est plat et n'est point divisé par billons, étroite dans le cas contraire. On peut encore attacher plusieurs petites herses à la suite les unes des autres pour les terrains inégaux ou billonnés.

Les dents de la herse doivent attaquer uniformément le terrain, et être disposées de manière que celles de derrière ne passent pas dans les sillons que celles de devant ont formés, et la herse doit être maintenue dans une telle position que les unes et les autres fonctionnent à la fois. Lorsqu'elle ne pèse pas assez, on la charge de pierres ou l'on monte dessus.

Si l'on veut ameublir à une grande profondeur, après avoir déjà labouré et hersé, il faut employer le scarificateur ou l'extirpateur.

Le scarificateur est formé de deux traverses parallèles et

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placées l'une devant l'autre, auxquelles sont fixés, à d'égales distances, plusieurs coutres; les coutres sont recourbés en devant ou perpendiculaires; dans l'extirpateur les coutres sont remplacées par de petits socs qui remuent la terre, la mélangent, et détruisent parfaitement les mauvaises herbes. L'extirpateur ne convient que pour les terres légères; dans les terres compactes, il exige une trop grande dépense de forces.

On nettoie et aplanit le sol en le débarrassant des grosses pierres détachées, des mauvaises herbes et des moltes de terre. Les pierres et les herbes s'enlèvent à la main ou avec un rateau de fer, avant de passer la herse ou l'extirpateur sur le terrain pour achever de le diviser et de le nettoyer.

Les mottes de terre se brisent à l'aide d'un rouleau assez pesant que l'on promène sur le terrain. Les semis de printemps que l'on a roulés lèvent plus promptement et plus uniformément; les graines menues ne supportent souvent pas le hersage: le rouleau suffit alors pour les enterrer à une profondeur convenable. Enfin il arrive souvent que les gelées soulèvent les semis d'automne, et que, s'il ne pleut pas immédiatement, les racines déchaussées sèchent à l'influence de l'air, surtout par la bise: un roulement est l'unique moyen de les marier de nouveau avec le sol et de les empêcher de périr. Le rouleau doit être un cyndre poli et uniforme.

On se sert aussi de rouleaux à six ou huit pans égaux, rouleaux hexagones et octogones, qui brisent beaucoup mieux les mottes que les ronds.

Le terrain doit être ameubli à la profondeur à laquelle doivent pénétrer les racines des plantes que l'on veut y cultiver.

Les plantes dont les racines sont grosses et s'enfoncent beaucoup, demandent une terre ameublie plus profondément que celles qui n'étendent leurs racines qu'à la surface

du sol.

Lorsqu'on plante un arbre, on ameublit le terrain à trois ou quatre pieds de profondeur; tandis que, pour la plupart des céréales, pour l'orge, pour le sarrasin, il suffit qu'il le soit à six ou sept pouces. Les pommes de terre, le maïs, le trèfle, etc., s'accommodent au contraire d'une terre ameublie profondément.

Quand la couche végétale n'est pas très-épaisse, on doit l'ameublir dans toute sa profondeur, les plantes n'en profite

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