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On doit restreindre les matières nutritives à ce que l'on possède de plus substantiel, et l'on obtiendra aussi des progrès plus rapides. Cependant, on proportionnera les rations de manière à éviter l'inconvénient des indigestions, mais on les augmentera graduellement.

Les huit premiers jours, soir et matin, on prend un sean d'eau chauffée au soleil, on y jette deux picotins de farine d'orge, et on la laisse reposer jusqu'à ce que le plus gros de cette farine, qui n'a point été blutée, soit descendu au fond de l'eau; on la donne à boire aux bœufs dans une auge, et on réserve le marc restant pour le leur donner au retour du pâturage. On peut mêler des pommes de terre avec la farine de froment en petite quantité; cela est d'économie, et les engraisse bien. En hiver, on leur fait également boire, durant huit jours, matin et soir, de l'eau tiédie, contenant une poignée de farine d'orge; on maintient les étables bien chaudes, et on n'épargne pas le bon foin ou les autres fourrages secs; le soir on leur fait avaler des pelotes de farine de seigle, d'orge ou d'avoine, mêlées ou séparées, qu'on aura pétrie avec de l'eau douce, en y mêlant un peu de sel. Ĉes nourritures substantielles étant seules convenables, on ne donnera ni paille, ni orge à manger, mais au moyen d'un picotin et demi de son sec, délivré soir et matin, et d'une écuellée de seigle, on obtient dans trois mois de temps des boeufs en état..

Les grosses raves, hachées ou cuites ajoutent encore. aux progrès de l'engraissement, ainsi que les navets et les joncs marins.

Pour engraisser les boeufs, seulement au pâturage, il faut que l'herbe en soit de bonne qualité et surtout abondante. On leur fait passer l'hiver dans les herbages avec le secours de quelques bottes de foin seulement, qui leur sont distribuées dehors, dans le plus rigoureux de la saison.

L'engraissemeut est complet à la fin du printemps. Les vaches sont mises dans des herbages séparés de ceux des bœufs, mais toujours en société avec un taueau, tant pour les défendre des loups que pour les

couvrir quand elles viennent en chaleur; car les vaches n'engraissent que quand elles sont pleines.

Lorsqu'il n'y a ni fontaine, ni ruisseau dans un herbage, on y pratique des mares dans les endroits où il est facile d'y ramasser et d'y retenir les eaux de pluies; si ces mares sont taries, on mène les boeufs trois fois par jour boire où il y a de l'eau le plus près. Voilà à peu près tous les soins qu'exigent ces animaux, après qu'on les a enfermés dans des fossés et des haies.

La castration dispose les animaux à prendre plus facilement l'engraissement en même temps qu'elle donne à leur chair nn nouveau degré de délicatesse et de sa

veur.

"

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L'àge avancé d'un animal ne forme point obstacle à l'engraissement, si l'animal se trouve en bou état de santé. Au contraire, la graisse est plus nette et plus compacte...

1. Les boeufs dont les excréments sont liquides, sont moins favorables à l'engraissement; ceux qui marquent de la docilité, un grand appétit, de la vivacité, et dont la peau est tendre et non collée sur les côtes, sont des sujets à préférer.

BETES OVINES.

On appelle bêtes ovines, l'ensemble des animaux de l'espèce du mouton; on les désigne aussi sous les noms de bêtes à laine et de bétail blanc. Le mâle est appelé bélier et mouton quand il est châtré; la femelle reçoit le nom de brebis, et son petit, nouvellement né, celui d'agneau ou d'agnelle suivant le sexe; à l'àge d'un an jusqu'à deux, ils portent celui d'antenois et d'ante

noise.

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Le genre mouton, renferme un grand nombre d'espèces, et chaque espèce un grand nombre de races ou variétés; nous ne parlerons que de celles qui sont élevées dans les diverses contrées de l'Europe, et qui se

divisent en deux classes: l'une dont la laine est lisse; l'autre, dont la laine est crépue.

Les premiers, sont les moutons de plaine, ayant une grande taille et la toison grossière; les seconds sont les moutons de montagne, de petite taille et portant une laine épaisse, dure et frisée.

Du croisement de ces deux races est sorti le mouton commun, dont la taille tient le milieu entre les deux autres, et la toison médiocrement longue et peu frisée.

Le mérinos ou mouton d'Espagne forme une espèce particulière qui se distingue par l'abondance et la finesse de sa toison, pleine d'une matière huileuse qu'on appelle suint et qui exhale une odeur forte. Tout le corps de l'animal en est couvert, si l'on excepte les aisselles, le plat des cuisses et une partie de la face.

Cette race a successivement chassé les anciens moutons d'un assez grand nombre de pays, où elle a procuré de grands avantages aux cultivateurs qui se sont occupés de son élève. Le mérinos est très fort quand il est acclimaté. Il a besoin de plus de nourriture que les bêtes à laine commune; mais on le vend plus cher, et il est moins difficile sur le choix des aliments. Quant à la qualité de sa chair, et de celles de toutes les races des moutons, elle dépend partout de la qualité des pâturages et de la nourriture. Celle du mérinos est généralement préférable à toute autre.

Accouplement des bêtes à laine; manière de les élever et de les soigner.

Les bêtes à laine sont propres à l'accouplement dès l'âge de 18 mois, jusqu'à 7 à 8 ans.

La gestation dure vingt et une semaines, et rarement il naît plus d'un agneau à la fois. Il est avantageux de combiner l'époque de l'agnelage avec celle de la saison qui peut offrir aux brebis la ressource d'une pâture suftisante, et la facilité de fournir à ces animaux et à leur produit tous les soins qu'ils réclament. On choisit donc ordinairement le mois de juillet pour consommer l'accouplement; l'agnelage a lieu en janvier et février, et

rien ne s'oppose à cette époque à ce qu'on puisse surveiller les mères à la bergerie et à les soigner conve

nablement...

Un bon bélier peut servir 50 ou 60 brebis; mais pour ne pas l'affaiblir, ou pour avoir des agneaux robustes, on le restreint à 12 ou 15.

Uu beau bélier mérinos a l'œil vif, la démarche facile et assurée ; les oreilles petites, les cornes ridées, le cou chargé de laine et peu allongé, les épaules arrondies, le poitrail ouvert, la croupe arrondie, les testicules forts et allongés; la laine fine, épaisse, couvrant uniformément toutes les parties du corps. Les signes de sa vigueur se manifestent dans l'examen des veines de l'œil; quand elles sont d'un rouge clair, on prétend, quoique cela ne soit pas prouvé, que l'animal est en bonne santé.

Un indice moins équivoque, se tire de la résistance de la croupe, sous la pression vigoureuse de la main, ou quand, saisissant l'animal par une jambe de derrière, on ne peut le retenir.

Les bonnes brebis ont le corps grand, les épaules larges, les yeux gros, clairs et vifs, le col gros et droit, le ventre grand, les tétines amples, les jambes menues, la queue épaisse, la laine soyeuse et au surplus, se rapprochent sensiblement des caractères du beau bélier.

Quant aux moutons, il faut préférer ceux qui n'ont pas de cornes, qui sont vigoureux, fiers et bien formés, qui ont les os gros et la laine douce, onctueuse, nette et bien crépue.

Pour former un troupeau, il faut prendre les béliers, depuis deux à huit ans, et les brebis, de deux à cinq ans, en donnant la préférence à celles qui n'ont pas porté. Les moutons de deux à trois ans jusqu'à sept donnent

les meilleures "toisons.

Age des moutons.

On connaît l'âge des moutons par les dents du devant de la mâchoire inférieure, la mâchoire supérieure en étant dépourvue: elles sont au nombre de huit; elles paraissent toutes dans la première année de l'animal,

qui porte alors le nom d'agneau mâle ou femelle. Elles sont peu larges et pointues.

Dans la seconde année, les deux du milieu tombent, et sont remplacées par deux nouvelles dents que l'on distingue aisément par leur largeur, qui surpasse de beaucoup celle des six autres : durant cette seconde année, le bélier, la brebis et le mouton portent le nom d'antenois ou de primet.

Dans la troisième année, deux autres dents pointues, une de chaque côté de celles du milieu, sont remplacées par deux larges dents, de sorte qu'il y a quatre larges dents au milieu, et deux pointues de chaque

côté.

Dans la quatrième année, les larges dents sont au nombre de six, et il ne reste que deux dents pointues; elles sont toutes remplacées par de larges dents,

On pent donc, par l'état de ces huit dents, s'assurer de l'age des bêtes à laine, pendant leurs cinq premières années; ensuite on l'estime par l'état des dents mâchelières; plus elles sont usées et rasées, plus l'animal est vieux. Enfin, les dents de devant tombent ou se cassent à l'age de sept à huit ans. Il y a des bêtes à laine qui perdent quelques dents de devant dès l'âge de cinq ou

six ans.

Du part des brebis.

Les brebis mettant bas dans les bergeries au milieu des autres animaux, on évite que les nouveaux nés ne soient incommodés ou séparés de leur mère, en enfermant les mères et les agneaux pendant quelques jours dans une enceinte close, garnie d'une crèche. Les agneaux s'y habituent avec leurs mères qu'ils têtent quand ils en ont besoin. On les fait passer ensuite dans une autre étable, partagée en deux parties par une échelle à claire-voie, que les agneaux peuvent traverser, mais qui arrête le passage des brebis. L'une des deux parties, qui est la plus grande, renferme les mères et les agneaux; dans l'autre, où les agneaux peuvent seuls pénétrer, on leur donne des recoupes et du foin choisi pour leur age,

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