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Il arrive souvent que des œufs éclosent deux, trois et même quatre jours avant les autres; il faut alors sortir promptement les oisons du nid, car autrement la mère abandonne la couvée aussitôt qu'elle sent quelque chose remuer sous elle. On les tient chaudement, sans se presser de leur donner à manger, et on les rend à leur mère lorsque tous les œufs sont éclos, ou que le terme le plus long de l'incubation est expiré. La poule commune peut être employée à couver des oeufs d'oie; mais, comme ils sont fort gros, on ne peut guère lui en donner que sept ou huit. La dinde peut au contraire en faire éclore une quinzaine.

Il ne faut donner à manger aux jeunes oisons qu'au bout de vingt-quatre heures après leur sortie de la coquille. On leur distribue alors des œufs cuits dur et hachés très menu, mélanges de jeunes orties, de croutes de pain bouillie, ou de farine d'orge. On peut les laisser sortir au bout de trois ou quatre jours, mais il faut attendre que la rosée soit entièrement dissipée, et avoir soin de les faire rentrer aussitôt que le temps se rafraichit, ou qu'il menace de pleuvoir; car le froid et l'humidité sont très contraire à cet oiseau. On continue de leur donner soir et matin une nourriture composée de pain, de recoupes, de pommes de terre cuites, et d'herbages hachées, et surtout du mélilot. Il est bon de mélanger, tant qu'ils sont petits, un peu d'ail haché dans leur nourriture, et de mettre dans l'eau qu'ils boivent un petit morceau de camphre enveloppé d'un linge.

On les gouverne ainsi jusqu'à ce que leurs ailes commencent à se croiser; il faut alors les nourrir avec un soin tout particulier: car cette époque est très critique pour les oisons. On leur donnera soir et matin de l'orge égrugée, mélangée de jeunes orties hachées.

L'oie adulte se nourrit de grains, d'insectes, et de toutes sortes d'herbages; elle se plaît beaucoup dans les contrées marécageuses; mais le voisinage des eaux n'est pas indispensable à son éducation, il suffit, dans les pays où l'on n'a pas cet avantage, de lui faire creuser un petit réservoir où elle puisse barbotter..

Dans le Bas-Languedoc, le simple métayer ne con

serve pas de måle à cause de la nourriture qu'il coûte et de sa méchanceté. Au printemps, et moyennant une légère rétribution, il conduit la femelle au mâle qu'on a gardé dans les métairies un peu considérables pour servir d'étalon.

Les oies peuvent être confiées à un gardien à l'àge de dix semaines; l'herbe qu'elles mangent dans les prés suffit pour les entretenir en bon état, cependant les bonnes ménagères leur donnent toujours quelque chose à leur retour, pour les empêcher de maigrir, et les faire rentrer au logis avec plus d'empressement.

On a vu dans le Beaujolais des troupeaux d'oies considérables sortir d'elles-mêmes, et sans garde, de l'habitation, gagner les prairies, y rester la journée entière, et revenir chaque soir sans le secours de personne. Une mère élevée à ce manége, y conduit ses petits; et l'exemple une fois donné se perpétue sans que le propriétaire y songe; mais une trop grande sécurité est quelquefois funeste au propriétaire : il arrive assez souvent que des oies sauvages passent, s'abattent près des oies domestiques daus les prairies, et qu'il prend fantaisie à ces dernières de recouvrer leur liberté. On peut prévenir cet inconvénient en leur tirant quelques plumes des ailes ou, lorsque l'oiseau est encore très jeune, en lui cassant le bout de l'aile, vulgairement nommée fouet.

On peut engraisser l'oie à deux époques différentes de sa vie: lorsqu'elle est encore jeune, ou lorsqu'elle est parvenue à la grosseur qu'elle doit atteindre. L'engraissage exige un tiers moins de temps, dans le premier cas que dans le second.

Il y a deux manières d'engraisser les oies: l'une, moins expéditive, mais moins dispendieuse, consiste à leur présenter une pâtée qu'on leur laisse manger à discrétion; l'autre, plus prompte, mais plus pénible, qui est de leur faire avaler, plusieurs fois par jour, un certain nombre de boulettes dont la composition varie suivant les localités et les usages des cultivateurs.

Pour engraisser les oies d'après le premier procédé, il suffit de les plumer sous le ventre, de les enfermer dans un endroit obscur, peu spacieux et éloigné du bruit

et de leur présenter une nourriture abondante et substantielle, qu'on a soin de varier et de renouveler deux ou trois fois par jour. C'est ordinairement de la farine d'orge, d'avoine ou de maïs détrempée dans de l'eau,. ou mieux encore dans du lait. Quelques personnes remplacent cette pâtée par des pois ou par des pommes de terre cuites, également délayées dans de l'eau. Dans la Thuringe on nourrit d'abord les oies avec des raves ha chées qu'on leur distribue plusieurs fois par jour, et par petites portions. Au bout d'une douzaine de jours on y substitue Forge ou l'avoine, qu'on leur donne à discrétion. Une oie est ordinairement grasse et bonne à tuer quand elle a consommé cinq à six décalitres.

Le second procédé donne beaucoup plus de peine : on saisit l'animal entre ses jambes, on lui ouvre le bec de la main gauche, et on lui fait avaler de la main droite, à des intervalles plus ou moins rapprochés, des boulettes d'un pouce et demi à deux pouces de longueur, et d'un demi-pouce d'épaisseur: on leur fait ensuite boire du lait ou de l'eau de son, et on les met dans un endroit chaud et obscur. L'oie est ordinairement grasse au bout de deux à trois semaines quand on renouvelle cette opération trois fois par jour, et qu'on lui donne chaque fois sept à huit boulettes.

Un des cultivateurs les plus intelligents des environs de Berlin, obtient des oies d'une grosseur monstrueuse et d'une délicatesse toute particulière, en leur donnant par jour, en sept ou huit fois, une trentaine de boulettes de farine de maïs, délayée dans du lait, et en leur faisant en outre avaler, le matin, à midi et le soir, une boulette composée de farine de froment et de terre bolaire, par parties égales, et d'une pincée d'antimoine. Il leur fait boire de l'eau chaude mélangée d'agaric femelle pulvérisée.

Les oies, lorsqu'elles ne vont pas à l'eau sont sujet tes aux poux. La meilleure manière de les prévenir, c'est de tenir propres les étables, d'y répandre du sable fin, des branches de fougère, de thym ou de lavande, et de mettre dans les nids quelques grains de poivre et des graines de sévadille. Un autre fléau bien plus redou

table pour les oisons, ce sont de petits insectes qui s'introduisent dans leurs naseaux et leurs oreilles, quelquefois en assez grand nombre pour les faire périr. Quelques personnes pensent que ces insectes déposent, dans les parties où ils se logent, des oeufs qui donnent naissance à des vers qui rongent le cerveau de l'animal, On reconnaît qu'une oie est attaquée lorsqu'elle perd l'appétit, secoue la tête, tend le cou, marche les ailes pendantes, et se frotte souvent le bec. Le remède le plus connu en France, c'est de lui plonger à plusieurs reprises la tête dans l'eau, pour forcer l'insecte à fuir et à abandonner sa proie. Les cultivateurs allemands ont un autre moyen dont beaucoup d'auteurs garantissent l'efficacité : c'est d'oindre les oreilles et les nascaux des oisons avec de l'huile de laurier, qu'on peut facilement se procurer chez tous les pharmaciens.

La ciguë, dont les oisons sont très avides, et la jusquiame, sont pour eux des poisons violents à peine en ont-ils avalé une feuille, qu'ils tombent les ailes étendues et périssent dans les convulsions, si on ne leur apporte un prompt secours. Le seul remède que l'on connaise dans ce cas, c'est de leur administrer du lait frais avec de la rhubarbe.

Il faut choisir et éplucher avec soin les jeunes orties qu'on fait entrer dans la nourriture des oisons; car cette plante devient un poison violent pour l'animal lorsqu'elle est attaquée de la nielle ou par des pucerons. On fait cesser les accidents qui en résultent en faisant boire à l'oiseau de l'eau tiède dans laquelle on a fait dissoudre quatre à cinq grains de chaux.

Da canard, de la cane et du caneton,

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Canard, cane, caneton. Ces trois mots désignent le père, la mère et le petit. Toutes les espèces de canards vivent sur les eaux où sur le bord des eaux; leur nourriture est en même temps animale et végétale.

On élève communément dans les basses-cours trois espèces de canards: le canard commun, le canard mus

:

qué, vulgairement connu sous le nom de canard d'Inde, de Guinée, ou de Barbarie, et le canard métis ou mulet, produit de l'accouplement du canard musqué avec la canne commune.

Le canard musqué, ainsi nommé à cause de l'odeur qu'il répand, est beaucoup plus gros que le canard commun; il en diffère surtout par la tête. Ses yeux sont entourés d'une peau garnie de petits mamelons charnus, d'un rouge très vif, et marqués de petits points blancs; le bec est d'un rouge vif, excepté à son origine, où il est brun. La partie des jambes dégarnie de plumes, les pieds et les doigts, ainsi que les membranes. sont rouges, et les ongles blanchâtres. La femelle est beaucoup plus petite que le mâle, dont elle diffère par la couleur. En général, les couleurs du canard musqué sont beaucoup plus variées que celle du canard commun.

Le canard métis est plus gros que le canard commun, mais moins gros que le canard-de Barbarie. Sa tête est dépourvue des mamelons qui caractérisent ce dernier, et son odeur de musc très peu prononcée. Ces canards étant le produit de l'accouplement d'animaux d'espèce différente, sout presque toujours privés de la faculté de se reproduire.

Il est facile de distinguer le canard commun de la cane. Le mâle est plus gros que la femelle; il a aussi la voix plus forte et le plumage plus éclatant; mais le signe le plus saillant, c'est un assemblage de plusieurs plumes retroussées que le male porte sur le croupion, à l'origine de la queue. Le canard et la cane sont propres à l'accouplement jusqu'à trois ou quatre ans; il faut les remplacer à cet age par des sujets plus jeunes. Un canard suit pour dix ou douze canes.

La ponte commence vers la fin de février ou au commencement de mars, et dure jusqu'en mai; elle pourrait être de cinquante à soixante oeufs si l'incubation ne venait l'interrompre. La cane demande à être surveillée de très près à cette époque, sans quoi on court risque de perdre beaucoup d'euls; car, par une espèce d'instinct qu'elle conserve de l'état sauvage, elle pond dans des lieux écartés, même dans l'eau, et recouvre ses œufs de

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