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let, tandis que l'autre sera lié à la haie. Un arbre placé à une distance convenable fait le même effet que votre piquet.

La plus grande attention qu'on doit avoir dans cette sorte de chasse c'est d'arranger les coins du filet, de manière que la moindre secousse le fasse tomber sur l'oiseau.

Chasse des Corneilles au Cornet englué.

La Corneille fait beaucoup de dégât dans les terres ensemencées; mais on en prend beaucoup en fichant dans des tas de fumier, ou sur des terres labourées des cornets de gros papier englués intérieurement et garnis de viande hachée pour servir d'appât; l'oiseau vient pour manger sa proie prétendue, et se trouve enveloppé dans le cornet; il est plaisant de le voir alors s'agiter dans sa prison diaphane, s'élever à perte de vue avec le bandeau qui le couvre et retomber ensuite sans avoir pu s'en délivrer. Cette chasse n'est pas si lugubre que la précédente.

Chasse de la Corneille au Chat emmiellé.

On prend un chat, on le frotte entièrement de miel, on le roule dans la plume: on le lie ensuite par les reins assez fortement, et on l'attache au pied d'un arbre garni de gluaux : à peine s'est-on retiré que le chat commence à miauler et à se tourmenter; les Corneilles et d'autres oiseaux entendent le bruit, accourent pour se jeter sur leur proie, se posent sur l'arbre et tombent avec les gluaux.

Gluaux. Petits osiers bien unis, minces, droits et de la longueur d'environ quinze ou dix-huit pouces, on les enduit de glu, excepté par le gros bout, pour y prendre les oiseaux à la pipée. Les meilleurs sont ceux qu'on cueille au mois de septembre, et lorsque les pointes ne se cassent point. Dès qu'on les a cueillis, on doit les laisser au soleil quelques heures, puis ôter les feuilles, en commençant par la cime, leur laisser le gros bout en forme de coin pour qu'elle entrent dans les entailles faites aux branches de l'arbre, et qu'ils y tiennent par le haut; puis on prend de la glu avec la cime du gluau, et on les frotte les uns contre les autres pour les engluer."

Chasse aux Gluaux.

On se sert d'une branche d'ormeau, dost l'extrêmité de chaque tige est couverte de glu, ou bien on prend un bâton long de six ou sept pieds, droit et léger, auquel on attache par l'extrémité supérieure deux ou trois petites branches d'ormeau composées de plusieurs petits rameaux englués; il faut que les brins ne se touchent pas, et leur donner à peu près la forme d'un éventail.

Cette chasse demande l'industrie de trois personnes; l'un

porté du feu avec des torches de paille, l'autre bat les buissons, et le plus adroit porte les gluaux; il ne faut point pénétrer dans le bois à cause des feuilles d'arbres qui peuvent empêcher l'effet de la glu, mais se promener seulement le long des buissons. La personne qui porte le feu, doit toujours le tenir élevé, et celle qui tient la branche engluée doit être toujours en action pour prendre les oiseaux qui viendront voler autour du feu. Le second chasseur doit se contenter de frapper sur les haies pour en faire sortir le gibier; cette chasse amusante demande un grand silence de la part de ceux qui s'y exercent. Chasse au buisson englué.

Cette chasse est usitée depuis le mois de septembre jusqu'au mois d'avril, et on y prend une quantité prodigieuse de petits oiseaux; elle serait encore une partie de plaisir, quand même le gibier qu'elle nous procure nous serait inutile.

Choisissez dans une pièce de terre un endroit éloigné des grand arbres et des haies: piquez en terre trois ou quatre branches de taillis hautes de cinq ou six pieds, et entrelacez leurs cimes les unes dans les autres, afin qu'elles aient l'apparence et la solidité d'un buisson. On peut couvrir le haut avec deux ou trois branches d'épines noires ou touffues, qu'on fait tenir par force. On prend ensuite quatre ou cinq douzaines de petits gluaux longs chacun de neuf à dix pouces, on en fend le gros bout avec un couteau, et on les met en divers endroits du buisson, en les arrangeant de façon qu'un oiseau ne puisse se placer dessus, sans engluer son plumage.

Il y a un moyen de faire venir le gibier dans le piège qu'on lui tend, c'est d'avoir des oiseauxx apprivoisés de l'espèce que vous voulez prendre, et de les placer sur de petites fourchettes de bois élevées de terre environ de six pieds, et piquées à environ une toise du buisson; nous avons parlé de cet artifice sous le nem d'appau.

Si l'on veut augmenter le nombre des oiseaux appellants et par conséquent multiplier ses prises, il faut à mesure qu'on en prend, les attacher sur quelques baguettes au haut du buisson se retirer à trente ou quarante pas, et tirer de-là une ficelle attachée par une de ses extrémités aux baguettes, les oiseaux captifs remueront alors leurs ailes, et ceux qui sont libres s'imaginant qu'il y a sur ce buisson de la nourriture en abondance. viendront s'y abattre, et perdront leur liberté en perdant l'usage de leurs ailes.

Chasse à l'abreuvoir englué.

Ce divertissement se prend sur la fin de juillet, quand les

petits oiseaux ont cessé de faire leur nid; ils sont alors plus altérés, et par conséquent il est plus aisé de les faire tomber dans ses piéges.

On remarque une mare où les oiseaux ont coutume de venir boire, on choisit un abord du côté où le soleil donne le moins et on òte avec soin toutes les ordures qui pourraient en rendre l'entrée inaccessible: on prend alors beaucoup de petits gluaux long d'un pied, qu'on coupe en pointe et qu'on pique à distance égale le long du bord, de manière qu'ils soient tous couchés à deux doigts d'élévation de terre, et qu'ils avancent les uns sur les autres, sans se toucher. Quand l'abord est fermé, on environne de petites branches le reste de la mare, pour obliger les oiseaux à se jeter du côté des gluaux, et on se retire pour voir l'effet de son artifice.

Une observation sur ce piège en a fait faire une autre ; on remarque que quand un oiseau vient se désaltérer, il ne se jette pas d'abord à l'eau, mais qu'il considère de loin l'endroit où il peut aborder et qu'il se place d'abord sur la cime d'un arbre, dont il descend par gradation, jusqu'à ce qu'il soit à terre. On peut tirer un grand parti de cette remarque.

Un Chasseur expérimenté pique à l'endroit le plus apparent des environs de la mare, trois ou quatre branches élevées dont il coupe les rameaux du côté de l'eau, et qu'il couvre de gluaux: il est certain, que si dans une bonne journée, on prend six douzaines d'oiseaux à la chasse de l'abreuvoir, on en doit les deux tiers à la dernière invention des arbrisseaux englués.

L'heure la plus favorable pour cette chasse, est depuis dix heures du matin jusqu'à onze; le soir depuis deux heures jusqu'à trois, et surtout une heure et demie avant le coucher du soleil. Plus la chaleur est grande, plus la chasse est lucrative. La pluie et la rosée sont contraires à ce divertissement.

On prend à l'abreuvoir englué, et en général avec les gluaux, les Ramiers, les Tourterelles, les Pies, les Grives, les Merles, les Gros-becs, les Pinsons, les Linotes, les Chardonnerets, les Moineaux, les Fauvettes, les Rossignols et les Ortolans.

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Chasse à la pipée.

Pipée. Chasse particulière, où l'on emploie le pipeau pour attirer les oiseaux dans un piège garni de gluaux.

Il faut pour réussir dans cette chasse beaucoup de précaution, qui n'entraînent cependant presqu'aucune dépense.

4°. On prend des petites ramilles au nombre de trois ou quatre cents, qu'on enduit de glu jusqu'à un pouce de l'extrémité inférieure, et qu'on apporte au lieu de la chasse enveloppées d'une feuille de parchemin mouillé.

2o. On choisit dans un bois taillis ou auprès d'un vignoble, un arbre isolé peu élevé, et dont les branches soient courtes et droites, les chênes sont excellents pour cet usage.

3o. On élague l'arbre en commençant la coupe par le haut, de manière qu'il ait la forme d'un verre à boire, et on y fait des entailles de trois en trois pouces de distance pour y faire tenir les gluaux.

1o. On dresse autour du pied de l'arbre une petite cabane de feuillages, haute d'environ cinq pieds, dont le sommet est en forme de dôme, et où on laisse deux ou trois ouvertures. On pratique aussi dix ou douze avenues qui aboutissent à l'arbre, à la distance de trente ou quarante pas ces avenues forment des espèces de berceaux et on les charge aussi de gluaux. La cabane est faite pour le piqueur et pour sa compagnie.

La Pipée se fait le matin au lever du soleil, et le soir vers son coucher: on choisit d'ordinaire pour cet exercice un temps coloré et un ciel serein; quand tout le monde est renfermé dans la loge, on observe le silence le plus exact. Le pipeur fait d'abord jouer la feuille de lierre qui imite la voix du Geai; à ce bruit le Roitelet vient jusques dans la loge, et après lui des mésanges, des Pinsons et d'autres oiseaux qui se prennent dans les gluaux.

On rompt ensuite l'aile au premier pinson qu'on prend, afin de le faire crier de temps en temps, et les Pies, comme les Geais, accourent en abondance.

Après ces premiers essais, on peut changer de pipeaux et prendre la feuille de chiendent, afin de contrefaire la Chouette; une multitude d'oiseaux à qui la nature a donné contre elle une singulière antipathie, fondent alors sur la loge, et pour satisfaire leur haine perdent leur liberté,

Les Merles sont ordinairement les derniers oiseaux qu'on prend à la Pipée; ils sont défiants; ils voltigent de branche en branche et observent longtemps le piège avant de s'y laisser prendre; cependant ils cèdent à la fin à l'industrie du pipeur, et surtout à sa patience.

Ce n'est qu'à la brune qu'on prend à la Pipée, les Chouettes et les Hiboux; il faut alors contrefaire la Souris au lever du soleil ou à son coucher, on a des Eperviers, des Buses, des Tiercelets et des Emérillons.

Il y a cependant des oiseaux qu'on ne prend point avec un tel piège tels sont les Ramiers, les Tourterelles, les Linotes, les Sansonnets, les Cailles, les Bécasses et les Perdrix.

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A

La pêche est l'art de prendre le poisson à la ligne ou au filet.

De tous les exercices où l'homme réunit le plaisir à l'utilité, il il n'y en a point qu'on puisse comparer à la pêche. On on a varié les secrets suivant le génie des poissons. Mais il n'y en a aucun qui ait fait échouer notre industrie; la défaite du requin et de la baleine assure, sans doute, notre titre de rois de la nature. Le peuple doit savoir que la pêche est plus lucrative que la chasse; les philosophes la considèrent comme plus innocente.

Nous sommes portés à croire que les poissons ont été créés pour nous, lorsque nous en voyons des bancs entiers quittant par un instinct irrésistible les abîmes de l'Océan où ils sont en sureté, pour approcher du rivage ou ils trouvent la mort. Au surplus, ils n'attendent pas nos piéges pour se détruire; ils se font entre eux une guerre éternelle, tout est chez eux ruses, détours et violences. Le faible est dans les eaux, comme sur la terre, la proie du plus fort.

On pêche dans la mer, dans les rivières, dans les étangs et dans les ruisseaux. On observe que les eaux sablonneuses sont plus fécondes, surtout en truites: les eaux bourbeuses donnent la carpe, la tanche, la perche, le barbeau, le meunier et l'anguille.

Quand on pêche, il faut avoir soin de nettoyer les lits d'eau de pieux, d'arbrisseaux et de tout ce qui peut déchirer les filets: on observe aussi qu'on ne peut pêcher qu'en remontant toujours contre le fil de l'eau.

On ne saurait observer, quand on pèche, un silence trop rigoureux le poisson a l'œil perçant et l'ouïe subtile, tout ce qui lui paraît extraordinaire l'intimide, et il se défie toujours de luimême et de tout ce qui l'environne.

La patience est la première qualité du pécheur, il en a besoin, soit pour préparer l'attirail de la pêcho, soit pour attendre que le gibier vienne donner dans son piége.

Un pêcheur doit être robuste pour porter les filets, ou pour résister aux injures de l'air. Il doit avoir assez d'esprit pour inventer des secrets suivant l'occurrence, et assez d'industrie pour les exécuter.

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