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pour être vu du peuple. Il sacre lui-même et couronne son épouse (1).

Le Portugal suit le rite espagnol.

L'empereur de Russie pose lui-même la couronne sur sa tête, comme nous l'avons dit ; il ôte sa couronne, en touche le front de l'impératrice, et la remet sur sa tête, Il la revêt ensuite du manteau impérial, et la fait placer à côté de lui.

L'empereur d'Allemagne reçoit la couronne des mains de trois électeurs ecclésiastiques, qui réunissent le pouvoir civil au pouvoir ecclésiastique, pour signifier probablement qu'il la tient de Dieu et du peuple. Lorsqu'il est couronné, il demande que son épouse le soit aussi ; les trois mêmes électeurs ecclésiastiques font les onctions à l'impératrice, et lui posent la couronne sur la tête.

· Les rois de France étoient sacrés à Rheims. Outre toutes les cérémonies du sacre, dont beaucoup ont des rapports avec celles du sacre de S. M. I. Napoléon Ier. contenues dans ce chapitre, le grand-prieur de SaintRemi venoit en procession jusqu'aux portes de l'église, apportant la sainte Ampoule ; l'archevêque alloit le recevoir à la porte de l'église, et revenoit avec le cortége; le grand - prieur prenoit place du côté des prélats, et quatre grands de l'état, qui accompagnoient la sainte Ampoule, prenoient place dans quatre stalles du côté gauche.

Le roi, indépendamment du serment dont il est

(1) L'Empereur NAPOLÉON Ier, a lui-même couronné son épouse l'Impératrice Joséphine. (Voyez Cérémonies du Sacre de S. M. I. NAPOLÉON Ier.)

parlé dans cet ouvrage (chapitre du serment), prononçoit ceux des ordres du Saint-Esprit et de SaintLouis, et celui de l'observation de l'édit contre les duels.

On a remarqué que rarement dans les monarchies chrétiennes la cérémonie du sacre se faisoit dans la capitale. Ainsi, en Allemagne, les empereurs ont été couronnés d'abord à Aix-la-Chapelle, et puis à Francfort; en Espagne, à Tolède; en Angleterre, à Westminster; en Hongrie, à Presbourg; en Suède, à Upsal; en France, à Rheims; mais l'usage ne gêne point la volonté des souverains, qui y dérogent à leur gré.

• On a observé que Marie de Médicis, seconde femme de Henri IV, a été la dernière des reines de France qui aient été sacrées; on ne dit pas les raisons pour lesquelles les reines, femmes de Louis XIII, de Louis XIV, de Louis XV, et de Louis XVI, ne le furent pas.

S. M. I. l'impératrice Joséphine vient de l'être avec toute la solennité possible, le même jour et des mains de son auguste époux. (Voyez plus loin, dans ce chapitre, les détails de son couronnement).

Cérémonial du Sacre et du Couronnement de l'Empereur Napoléon Ier. et de l'Impératrice Joséphine.

Le dimanche II frimairede l'an 13, 2 décembre 1804, à la pointe du jour, une salve d'artillerie annonça la fête du couronnement; cette salve fut répétée d'heure en heure jusqu'au soir.

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Les députations militaires et de la garde nationale se réunirent à la place Dauphine, à six heures du matin. Les membres de ces députations désignés pour être placés dans l'église, s'y rendirent à sept heures; les autres bordèrent la haie dans les lieux où devoit passer le cortége.

La cour de cassation, la comptabilité nationale, les membres des tribunaux et des administrations, et ceux des députations électorales, ainsi que tous autres fonctionnaires appelés par lettres closes, se réunirent à sept heures au palais de justice, d'où ils allèrent à pied à la métropole ; ils y furent rendus à huit heures.

Le Sénat partit de son palais, pour se rendre à Notre-Dame, à huit heures précises.

Le Conseil d'état partit des Tuileries à la même heure.

Le Corps législatif de même.

Le Tribunat partit à la même heure; chacun dẹ ces corps avoit une escorte de cent hommes à cheval. Le Corps diplomatique se réunit chez un de ses membres pour aller à l'église, y fut rendu à neuf

heures et se plaça dans la tribune qui lui étoit destinée; il étoit escorté par cent hommes de troupes à cheval.

Le cortége du Pape, composé de plusieurs voitures contenant les personnes de la suite de Sa Sainteté, d'une voiture magnifique où elle étoit elle-même, et escorté d'un détachement considérable de troupes à cheval, partit des Tuileries à neuf heures, et se rendit à Notre-Dame.

Sa Sainteté descendit de sa voiture dans la grande cour de l'archevêché. S. E. le cardinal archevêque de Paris reçut au bas du grand escalier, revêtu des habits cardinalitiaux, c'est-à-dire, de la soutane, du rochet, du manteau et de la mosette, le Souverain Pontife et le conduisit dans la grande salle de l'archevêché.

Les cardinaux, archevêques et évêques français étoient réunis dans cette même salle, revêtus de leurs ornemens pontificaux ; savoir: les cardinaux, de Pamict, du rochet et d'une chasuble, sans étole et sans manipule, avec leur mitre ; le cardinal évêque, assistant, étant seul en chape, les archevêques et évêques portant le rochet, la chape et la mitre blanche.

Tous les autres ecclésiastiques devant être de la cérémonie se trouvoient également dans cette salle, revêtus des ornemens convenables à leurs fonctions. Quatre tables étoient dressées dans cette même salle.

Sur la première, plus grande que les autres, et revêtue d'un tapis qui descendoit jusqu'à terre, étoient déposés les ornemens de Sa Sainteté, ses deux mitres et sa tiare.

Sur une seconde table, placée à peu de distance de la première, étoient placés les ornemens du cardinal diacre et du prélat sous-diacre.

Sur une troisième étoient les ornemens du diacre

et du sous-diacre grecs.

Enfin la quatrième portoit les sept chandeliers devant servir aux sept acolytes.

Il y avoit en outre des banquettes revêtues de tapis, pour les cardinaux, archevêques et évêques.

Pendant que Sa Sainteté recevoit les ornemens des mains des prélats qui l'entouroient, le cardinal archevêque de Paris, revêtu de la chape cardinalitiale, se rendoit dans son église pour recevoir Sa Sainteté et le clergé de France, à la tête de son chapitre.

Sa Sainteté s'étant revêtue de ses ornemens, se rendit à l'église; elle étoit précédée de sa croix, portée par un sous-diacre (1) apostolique, revêtu d'une tunique. Deux chapelains secrets du Pape por toient ses deux mitres, et marchoient devant la croix, le thuriféraire portant devant la croix l'encensoir et la navette.

Sept acolytes (2) portoient des chandeliers avec leurs cierges à côté de la croix; quatre à droite et trois à gauche.

Le sous-diacre latin marchoit après les acolytes, au milieu du diacre et du sous-diacre grecs.

(1) Cette fonction fut remplie par un des prélats de la suite de Sa Sainteté.

(2) Ces fonctions, ainsi que celles de thuriféraire, furent remplies par des chanoines de la Métropole, qui, pendant la cérémonie, demeurèrent assis sur les marches du trône de Sa Sainteté.

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