PREFACE DE LA CINQUIÈME ÉDITION En préparant la cinquième édition de ce livre, je me suis efforcé de le rendre plus digne de la faveur dont le public l'honore. J'y ai fait des additions et des retouches nombreuses, que constateront aisément ceux qui le connaissaient déjà. La plus importante est un chapitre nouveau, le chapitre VI de la seconde partie, consacré à la réglementation des droits individuels dans notre législation actuelle, avec un aperçu des précédents en cette matière, les principes en ce qui concerne ces droits restant exposés dans la première partie (tit. II, ch. IV). C'est dans ce chapitre additionnel que figure en particulier l'étude légale du régime créé par la séparation des Églises et de l'État, cette nouveauté capitale de notre droit public. Je signalerai également deux morceaux assez étendus qui ont été ajoutés : une étude sur le nouveau et grave conflit qui s'est élevé en Angleterre entre la Chambre des Lords et le Cabinet libéral soutenu par les Communes, et une autre sur les origines Proudhonniennes des théories qui tendent, comme on dit, au syndicalisme intégral. Depuis qu'a paru la précédente édition de ces Éléments, le champ des États constitutionnels s'est largement étendu dans l'Ancien Monde. La Russie en fait partie maintenant, à titre définitif, avec une constitution, qui certes n'est point méprisable, car elle représente une somme de liberté politique au moins égale à celle qu'assuraient à la France les actes libéraux de Napoléon III, accomplis de 1860 à 1867, mais qui cependant ne rentre pas dans le cadre des constitutions que seules j'étudie ici, tel qu'il a été fixé par la préface de la seconde édition. D'un autre côté, par une révolution soudaine et pacifique, la Turquie est devenue un État constitutionnel et l'on ne peut qu'applaudir à ses premiers élans dans cette voie. Il n'est pas jusqu'à la Perse qui ne cherche à s'y engager aussi, mais avec de redoutables convulsions. Puissent un jour ces États, et bien d'autres encore, trouver leur place naturelle dans un exposé comme celui que contient ce livre, dont la première partie est intitulée : la liberté moderne. La table analytique et alphabétique de cette cinquième édition a été préparée par M. Sumien, docteur en droit, ancien chargé de cours à la faculté de droit de Caen. En le remerciant je n'oublie pas ceux qui avaient établi les tables des éditions précédentes et dont le travail a facilité le sien. Paris, 1er janvier 1909. PREFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION En écrivant ce livre, je me suis proposé, comme dans mon Cours élémentaire d'histoire du droit français, de composer un traité à la fois élémentaire et scientifique. Dans une première partie, j'ai cherché à dégager et à construire la théorie juridique des institutions fondamentales et des règles supérieures qui, au XIXe siècle, figurent nécessairement ou alternativement dans le droit constitutionnel des peuples libres de l'Occident. Je les ai ramenées aux deux sources uniques d'où elles dérivent et qui sont d'un côté, la Constitution anglaise, et, d'autre part, la Révolution française et le mouvement d'idées qui l'a préparée. Je me suis efforcé de les éclairer par l'histoire et par le droit comparé; j'ai insisté sur les principales applications qui en ont été faites dans les Constitutions françaises antérieures à celle de 1875. Ainsi est présenté dans un ordre, non pas chronologi que, mais logique, tout ce que contient d'essentiel l'histoire de ces Constitutions. La seconde partie est consacrée au droit constitutionnel de la République française, tel que l'ont fait les lois constitutionnelles de 1875. Là aussi, sur bien des points qui n'avaient pas trouvé place dans la première partie, j'ai rapproché de notre droit actuel les Constitutions antérieures de la France et les Constitutions étrangères. Puisse ce livre contribuer dans quelque mesure à rendre plus facile et plus utile, dans nos écoles et au dehors, l'étude du droit constitutionnel! C'est une étude qui doit rayonner largement dans une grande et libre République comme est la nôtre. Luzarches, octobre 1895. PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION La première édition de ces Éléments a fini de paraître au mois d'avril 1896. Avant la fin de l'année 1898, une deuxième édition est devenue nécessaire; mon effort n'a donc pas été vain ni mon travail inutile. Je suis reconnaissant de l'accueil qui a été fait à ce livre dans nos universités et au dehors. Je le suis également du jugement qu'en général a porté sur lui la presse critique, française ou étrangère. Quelques-unes de ces appréciations, sûrement trop flatteuses, ont dépassé toutes mes espérances. M. George Eliot Howard, dans une importante Revue des États-Unis, a comparé, toutes proportions gardées, mon ouvrage à l'œuvre, aujourd'hui classique, de M. Bryce sur la République américaine (1). Dans une Revue russe, M. Com (1) Political science quarterly Review, 1897, p. 318. «< Indeed M. Esmein, when due allovance is made to the narrower field and the more scientific |