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Etats-Unis, et particulièrement le Canada, s'arrêtèrent le même jour. A Leeds, à Glasgow, il ne se faisait presque pas d'affaires, et les ouvriers chômaient; à Heckmondwike, Dewsbury, Wakefield, la fabrication se bornait aux besoins. du pays; à Bradford et Halifax, toutes les marchandises avaient éprouvé une baisse énorme; à Rockdale, Heywood, Saddleworth, Bury, les quatre cinquièmes des manufactures de coton avaient dû ralentir considérablement leurs travaux. Le blanchiment, la teinture, le tissage, l'impression étaient presque entièrement arrêtés; l'état de la fabrication des soieries et du commerce des denrées coloniales était un peu moins défavorable. Les travaux, suspendus pendant quelque temps à Middleton et à Spitalfields, avaient été repris; mais les salaires étaient très bas, et la fabrication se bornait, pour le moment, à des objets de luxe. Telle était la triste situation des grands foyers d'industrie en Angleterre, situation que des députations de Liverpool, de Birmingham, de Manchester vinrent, mais inutilement, dépeindre au Gouvernement sous les plus sombres couleurs.

Cette détresse commerciale s'aggrava encore dans les premiers jours de juin. Les puissantes maisons, par l'intermédiaire desquelles s'opéraient toutes les affaires de l'Angleterre avec les Etats-Unis, ressentaient de plus en plus le contre-coup de la déplorable situation de leurs correspondans en Amérique. La banque d'Angleterre les avait déjà secourues moyennant garanties; mais les remises qu'elles attendaient des EtatsUnis n'arrivant pas, trois de ces maisons les plus considérables se trouvèrent dans la nécessité de demander de nouveaux secours à la banque. Cette fois, il s'agissait d'avances sans garanties ou avec des garanties moins satisfaisantes. Après une longue et orageuse discussion, la banque d'Angleterre refusa. En conséquence, ces trois maisons durent suspendre leurs paiemens, et ce fut comme le signal d'un cataclysme de faillites.

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Au milieu de ces désastres qui frappaient les chefs du commerce, de la banque et de l'industrie, on peut aisément se figurer quelle était la misère des ouvriers. Elle donna lieu dans plusieurs villes à des rassemblemens plus ou moins menaçans, à des émeutes plus ou moins graves. Vers le milieu du mois d'avril, une grande fermentation régnait parmi les ouvriers de Manchester, surtout parmi les ouvriers en soie, car la plupart des bras étaient inoccupés, et beaucoup de ces malheureux avaient peine à se procurer une chétive subsistance avec le prix de deux ou trois journées d'un travail mal payé par semaine. Le 17 avril, ils formèrent une procession et parcoururent la ville, précédés par un des leurs, qui portait un bâton auquel étaient fixés deux pains pour indiquer la nature de leurs besoins. Quelquesuns pénétrèrent dans des boutiques de boulangers et se firent donner de force de l'argent ou du pain. Toutefois ils rentrèrent dans l'ordre, sur la nouvelle, qu'ils reçurent le lendemain, que l'autorité allait prendre des mesures pour leur distribuer des secours. Dans le même moment, les choses se passaient exactement de la même manière à Nottingham. Au mois de juin, les ouvriers sans travail de Birmingham se promenaient par groupes de vingt, trente, quarante et cinquante, visitant toutes les maisons aisées et demandant l'aumône, mais sans employer ni la violence, ni l'intimidation. Ils appelaient le locataire ou le propriétaire d'une maison, un d'eux déclarait qu'ils étaient sans ouvrage, que leurs femmes et leurs enfans mouraient de faim, et aussitôt qu'ils avaient obtenu une réponse, ils allaient plus loin. Ils avaient présenté aux négocians et aux manufacturiers une adresse revêtue de plus de treize mille signatures pour les inviter à venir au secours de la classe laborieuse.

Disons enfin, pour achever ce triste tableau, que la banque d'Angleterre avait vu ses fonds de réserve se réduire de sept millions sterling à environ trois millions et demi, et qu'il y eut dans les recettes publiques de l'année finissant au 10 oc

tobre 1837, comparées à celles de l'année précédente, un déficit de 2,097,298 liv. sterl. Ce déficit était considérable, mais il s'expliquait sans peine par cette stagnation industrielle et commerciale, conséquence inévitable et de la crisc américaine et d'une extravagante manie de spéculations que la multitude de banques dont l'Angleterre était couverte n'avait que trop secondée.

CHAPITRE XI.

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ETATS-UNIS DE L'Amérique DU NORD. Annulation d'une résolution antérieure du Sénat, qui blâmait la conduite du président Jackson. Bill relatif à la circulaire du pouvoir exécutif sur le paiement des terres publiques. Refus d'autoriser le président à user de représailles contre le Mexique. · Reconnaissance de l'indépendance du Texas. Pétitions contre l'esclavage. Incident. — Dépouillement des votes donnés pour la présidence et la vice-présidence. Installation de M. Van Buren comme président des Etats-Unis. — Troubles à New-York. — Crise commerciale et financière. Les banques suspendent tout paiement en espèces. — Convocation d'une session extraordinaire du Congrès. — Mesures financières du Gouvernement fédéral. Message du président au Congrés, à l'ouverture de la session extraordinaire.- Election du président de la Chambre des représentans et d'un imprimeur du Congrés. — Proposition d'organiser une administration spéciale pour la recette et la distribution des deniers publics. Bill relatif à une émission de bons du trésor. Bill tendant à ajourner la distribution aux Etats du dernier quart de la réserve du trésor. Bill autorisant le Gouvernement à retirer les fonds publics des banques qui les avaient en dépôt. Question d'une Banque des Etats-Unis.-Clôture de la session extraordinaire du Congrés. -Elections dans divers Etats de l'Union. · Catastrophe. Emeute à Alton, contre les adversaires de l'esclavage. générale pour l'abolition de l'esclavage. Message adressé par le président au Congrès, à l'ouverture de sa session ordinaire. Rapport du secrétaire du trésor au Congrès. Rapport du ministre de la guerre.

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Rapport de la société

Débat orageux sur la question de l'esclavage. MEXIQUE. Retour du général Santa-Ana au Mexique.

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Bustamente est Manifeste du nouveau président. Marche ordinaire des insurrections.

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élu président de la république. Troubles dans la Californie. Troubles à San-Luis-de-Potosi, et à Santa-Fé, dans le nouveau Mexique, · Affaires du Texas. - Relations du Mexique avec les Etats-Unis. Réclamations de la France.

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RÉPUBLIQUE DE L'AMÉRIQUE centrale. Communication entre l'Atlantique et la mer Pacifique- Invasion du choléra.

COLOMBIE. Message adressé par le président Santander au Congrès de la Nouvelle-Grenade, à l'ouverture de sa session. est élu à la présidence de cette république.

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Nouvelle-Grenade, de Vénézuela et de l'Equateur à la convention sur le partage de la dette colombienne. Budget des dépenses de Vénézuela. - Négociations de cette république avec l'Espagne. Démission du président de Vénézuela. Il est remplacé par le général Soublette. CHILI. PÉROU. BOLIVIE. BUENOS-AYRES. Résumé des réformes opérées au Chili depuis 1850, sous l'administration de Diego Portalės. Rivalité de cet homme d'Etat et du général Santa-Cruz, devenu protecteur de la confédération péru-bolivienne. — Décret du général Santa Cruz qui déclare les côtes du Chili en état de blocus, Constitution de la Confédération péru-bolivienne. La république argentine déclare la guerre à la Le Gouvernement péruvien prépare une expédition Mesures de rigueur contre les condamnés politiques. — Insurrection d'une partie du corps expéditionnaire. - Défaite des insurgés. Assassinat de Diego Portalės. Supplice des chefs de l'insurrection. - Honneurs rendus à la mémoire de Portalės. — Débarquement de l'armée chilienne au Pérou. Elle entre à Arequipa, où elle établit un

Confédération. contre le Chili.

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Le général chilien est forcé de

gouvernement provisoire pour ce pays. conclure un traité de paix avec le général Santa-Cruz.— Conditions de ce traité. Le Gouvernement chilien refuse de le ratifier et décide que la guerre contre le Pérou sera continuée. Traité de commerce entre la Bolivie et la France. Etat des choses dans la république argentine

URAGUAY. Guerre civile.

BRÉSIL. Discours prononcé par le régent à l'ouverture de la session légisChangement de ministère. Loi tendant à l'augmentation

lative.

de l'armée.

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· Etat de l'insurrection dans la province de Rio-Grande. Démission du régent. Clôture de la session législative. - Insurrection à Bahia.

ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE DU NORD.

On peut se rappeler que le Sénat, à l'occasion des fonds du Gouvernement dont le président Jackson avait retiré le dépôt à la banque des Etats-Unis, vota, le 28 mars 1834, une résolution portant que, dans cette circonstance, le président s'était arrogé une autorité et un pouvoir que non seulement la constitution et les lois ne lui conféraient pas, mais qui étaient en contradiction avec elles. Cette résolution avait été régulièrement inscrite sur les registres du Sénat. Le président fut très sensible à cette censure, et, depuis, ses amis firent à diverses reprises les plus grands efforts pour en obtenir l'an

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