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Il est bien vrai qu'il y a des perfonnes fort pareffeufes en amitié, & très actives en amour. Il est vrai encore qu'une de vos faveurs eft fans doute plus précieufe que mille empreffemens d'un autre. Je le fens bien par cette lettre féduifante que vous m'avez écrite, & c'eft précisément ce qui fait que j'en voudrais avoir de pareilles tous les jours.

Je me fais bien bon gré d'avoir griffonné dans ma vie tant de profe & tant de vers, puifque cela a l'honneur de vous amufer quelquefois, mes pauvres quakers vous font bien obligés de les aimer. Ils font bien plus fiers de votre fuffrage, que fàchés d'avoir été brûlés. Vous plaire eft un excellent onguent pour la brûlure. Je vois que DIEU a touché votre cœur & que vous n'êtes pas loin du royaume des cieux, puifque vous avez du penchant pour mes bons quakers.

Ils ont le ton bien familier,
Mais c'est celui de l'innocence,
Un quakre dit tout ce qu'il pense;
Il faut, s'il vous plait, effuyer
Sa naïve & rude éloquence :
Car en voulant vous avoüer
Que fur fon cœur fimple & groffier
Vous avez entière puiffance
Il est homme à vous tutoyer.
Heureux le mortel enchanté
Qui dans vos bras, belle Délie,

Peut prendre cette liberté
Sans choquer la civilité

De notre nation polie!

Quelque bégueule refpectable trouvera peut atre ces derniers vers un peu forts, mais vous qui êtes refpectable fans être bégueule, vous me Les pardonnerez.

FIN.

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