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(Rapport du Comte Roy à la Chambre des Pairs sur le projet de Code forestier de 1827). Année 1830 avant la Révolution.....

(rapport de Forcade précité). 1848 (1er janvier). . . . . . . . .

1.123.832 hectares.

1.023.642

(rapport de Forcade précité).

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I. Ce chiffre est le plus bas constaté par les statistiques officielles depuis la Révo

lution.

LA RÉPARATION DES DOMMAGES DE GUERRE

AUX FORETS

La durée de cette guerre terrible, forcée de se prolonger pendant de longs mois encore jusqu'à l'écrasement final de l'adversaire, pose pour la propriété forestière une question de première urgence : la réparation des dommages causés depuis deux ans dans les forêts particulières et publiques.

Dans un précédent article 1, nous avons esquissé dans ses grandes lignes les mesures intéressantes, à notre avis, pour la restauration de nos forêts.

Mais un point très important,à ne pas perdre dès maintenant de vue, c'est le caractère tout spécial du capital-bois, dont la formation à longue échéance exige pour sa reconstitution, non seulement des travaux de longue haleine, mais surtout une rapide exécution et son entreprise immédiate.

Dans toutes les forêts de la zone des Armées, suffisamment éloignées de la ligne de feu, les travaux de reconstitution de nos forêts peuvent être dès maintenant entrepris. Mais il faut en donner aux propriétaires les ressources et les moyens.

Cette question est d'autant plus importante que la guerre internationale qui se livre aujourd'hui sur tous les théâtres de l'Europe a forcé les nations belligérantes à consommer de grosses réserves de bois. La situation particulière de la France est peut-être à cet égard plus précaire encore; déjà, avant la déclaration de guerre, notre pays était en déficit pour la production des gros bois et obligé de recourir, pour compenser ce déficit, à des importations étrangères.

La diminution du stock européen disponible du fait même de la guerre, l'accroissement certain des besoins, après la paix, pour la reconstitution des pays dévastés, entraineront une hausse des cours, telle peut-être qu'on n'en aura jamais vu.

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Cette élévation des cours pourrait provoquer de nouvelles destructions de forêts, surtout au moment où les propriétaires, alléchés par des taux de placement très remunérateurs, penseront de leur intérêt de convertir leur capital-bois en un capital d'un revenu plus avantageux à première vue.

Cette question de première importance devra attirer l'attention du Gouvernement son devoir sera d'étudier, pour enrayer la destruction inconsidérée des forêts particulières, des mesures diverses appropriées (expropriation au profit de l'Etat de massifs importants, restrictions nouvelles au déboisement avec avantages compensateurs consentis aux propriétaires). Déjà ces moyens s'imposaient avant la campagne; il suffira de les complèter et d'en rendre l'application plus stricte, parce qu'elle deviendra plus indispensable encore.

Mais ce sont là des mesures auxquelles on ne pourra songer qu'après la fin des hostilités. Actuellement, les nécessités de la défense justifient dans une certaine mesure de la part des propriétaires des exploitations intensives et prématurées, malheureuses assurément mais cependant nécessaires.

L'œuvre de conservation de nos forêts se complique aujourd'hui de la nécessité d'une restauration ou d'une reconstitution immédiate. Et s'il faut y songer, il faut d'abord en donner aux propriétaires les moyens.

Ces moyens sont de deux ordres :

1° Assurer d'abord les ressources nécessaires aux travaux à entreprendre par le règlement immédiat des indemnités dues;

2o Fournir dans certains cas la main-d'œuvre indispensable qui, par suite de l'état de guerre, fera souvent défaut.

La première question est sinon résolue du moins d'une solution des plus faciles. Tous les bois prélevés par l'Armée sont, en général, payés immédiatement aussitôt leur exploitation par le Département de la Guerre; sauf dans des cas exceptionnels (décès ou disparition du propriétaire, impossibilité d'en connaître l'identité), circonstances où la réquisition s'impose, le paiement comptant est de règle.

Les services forestiers d'Armée apportent toutes diligences dans les estimations et la préparation des mémoires qui sont réglés soit par le service du Génie, ou par celui de l'Intendance suivant les cas. Toutefois une certaine divergence de vues s'est produite selon les Armées : certaines d'entre elles se sont opposées, paraît-il, au règlement des dégâts ou des prélèvements faits par les précédentes ou par les troupes au début de la campague. Il y a là, à notre avis, un grave inconvénient pour la

restauration forestière, nous irons même plus loin, une réelle injustice dans le traitement imposé aux propriétaires. Les services forestiers d'Armée devraient recevoir des instructions précises pour qu'il soit procédé au plus tôt aux règlements restant à effectuer, depuis plus de deux ans que nous sommes en guerre. La réparation immédiate, ou tout au moins aussi rapide que possible, des dommages causés au bois s'impose en raison même de la nature spéciale de la propriété forestière. Si l'on tardait des mois entiers à procéder aux estimations, il y aurait une impossibilité matérielle absolue à le faire : les souches recouvertes par les herbes ou les morts-bois deviendraient impossibles à découvrir; un certain nombre, les plus jeunes, pourraient avoir également disparu du fait de la pourriture; toute estimation deviendrait par là même impossible.

Mais, chose plus grave, au point de vue même de la forêt, c'est-àdire au point de vue cultural, toute restauration serait rendue des plus difficiles, si les propriétaires n'ont pas très rapidement à leur disposition les ressources pécuniaires nécessaires : le sol enherbé, envahi par les broussailles, rendrait, dans les futaies, les semis ou les plantations plus difficilement praticables, plus onéreuses par suite et surtout plus chanceuses; dans les taillis, le recepage des souches mal exploitées ou exploitées trop haut resterait sans résultat : plus de rejets à espérer. Il y a donc à tous égards nécessité absolue à une réparation immédiate des dommages causés.

En outre il serait indispensable que le services des Eaux et Forêts soit mis à même d'obliger les propriétaires à procéder à la reconstitution de leurs forêts dévastées. Les dommages causés par la guerre peuvent être, dans la plupart des cas assimilés à un déboisement forcé, à un défrichement. Il est donc indispensable que les propriétaires utilisent les indemnités qui leur sont payées à la restauration même des bois dévastés. Il y va non seulement de l'avenir de notre domaine forestier national, mais aussi de l'intérêt général du pays. On sait quelle importance les forêts présentent à cet égard, importance qui ira s'augmentant davantage après la campagne.

Un projet de loi en préparation sur la réparation des dommages de guerre fait aujourd'hui l'objet d'une discussion devant le Parlement. La question de la restauration forestière ne doit pas être perdue de vue en ce moment, et des prescriptions spéciales doivent être envisagées pour qu'elle soit, en raison de son importance et de sa nature même, promptement et heureusement résolue. Une disposition de la loi en discussion prévoit que les indemnités payées par l'Etat doivent être remployées en

un capital de même nature. Cette condition doit être rendue plus impėrieuse encore et forcément obligatoire pour les forêts.

Le problème de la restauration forestière trouvera ainsi sa solution en ce qui concerne les ressources nécessaires et indispensables pour la mener à bien.

Mais une autre question se posera immédiatement, celle de la maind'œuvre. On sait quelles graves préoccupations dans cet ordre d'idées se posent pour le commandement, on pourrait dire plus, pour le gouvernement lui-même! Lorsqu'il s'agit de l'agriculture proprement dite, l'Armée est obligée de lui rendre, en temps utile, au moment des labours, des semailles, de la moisson les bras nécessaires dont elle s'est privée pour la défense nationale. Mais, comme presque toujours, la culture forestière a été laissée à cet égard complètement de côté.

C'est là une faute ou, nous voulons bien le croire, une omission contre laquelle il est grand temps de réagir. S'il est de toute nécessité que l'Agriculture, qui manque plus que jamais de bras, soit la première servie, on ne saurait oublier la restauration de nos forêts, qui, moins exigeante, nécessite cependant une main-d'œuvre importante, qu'on ne saurait lui refuser. Le problème semble encore ici assez aisé à résoudre; les prisonniers allemands ou autrichiens, dont le nombre va s'augmentant de jour en jour, pourraient facilement être utilisés aux travaux de reboisement. Beaucoup de ces prisonniers, originaires de pays boisés, issus de populations forestières, rendraient les plus utiles services. Ils pourraient être employés en forêt pendant la période de chômage des travaux agricoles; on devrait, en outre, les employer à la création de pépinières régionales importantes en vue d'obtenir dès aujourd'hui les plants nécessaires à la continuation des travaux après la paix.

La question de la main-d'œuvre, comme celle des ressources nécessaires à la restauration de nos forêts dévastées, est donc loin d'être insoluble. Mais il faut dès maintenant ne pas la perdre de vue. Le « Bonhomme » de Château-Thierry semblait songer à ses fonctions un peu lointaines de Maître des Eaux et Forêts quand il posait cet axiôme éternellement vrai, mais plus vrai encore quand il s'agit de restauration de forêts:

«Rien ne sert de courir il faut partir à temps. >>

Si l'on tarde trop à se mettre à l'œuvre, la disparition de l'humus, l'henherbement ou l'envahissement du sol par des morts-bois sans valeur rendront toute reforestation impossible. Qu'on ne l'oublie pas! les principes mêmes de la culture forestière obligent à une refection immé.

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