Page images
PDF
EPUB

xvj

conjointement, ou féparement, & autant de fois que bon lui femblera, & de le faire vendre & debiter par tout nôtre Roïaume pendant le tems de quinze années confecutives, à compter du jour de la date defdites Prefentes; Faifons défenfes à toutes fortes de perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de nôtre obéillance; Comme auffi à tous Libraires, Imprimeurs, & autres d'imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter, ni contrefaire ledit Livre en tout ni en partie,ni d'en faire aucuns extraits fous quelque prétexte que ce foit d'augmentation, correction, changement de titre, ou autrement fans la permiffion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui; à peine de confifcation des exemplaires contrefaits; de quinze cens livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, l'autre tiers audit Expofant; & de tous dépens, dommages, & interêts; à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, & ce dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impreffion de ce Livre fera faite dans nôtre Royaume, & non ailleurs, en bon papier, & en beaux caracteres conformément aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant que de l'expofer en vente le manufcrit ou imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Livre fera remis dans le même état où l'approbation y aura été donnée és mains de nôtre très cher & féal Chevalier Chancelier de France le Sieur Dagueffeau; & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans nôtre Biblioteque publique; un dans celle de nôt re Château du Louvre ; & un dans celle de nôtredit très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France le Sieur Daguefleau; le tout à peine de nullité des Prefentes; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expolant, ou fes ayans caufes, pleinement & paisiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble. Voulons que la copie defdites Prefentes qui fera inprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre foit tenue pour duement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers & Secretaires foi foit ajoûtée comme à l'Original; Commandons au premier nôtre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous actes requis & neceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires. CAR tel eft nôtre plaifir. Donne à Paris le feptième jour du mois de Juillet l'an de grace mil fept cens vingt-un, & de nôtre Regne le fixieme. Par le Roi en fon Confeil. Signé, CARPOT.

Registré fur le Registre VI. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, pag. 261. N°. 826; conformément aux eglemens, & notamment à PArrefl du Confeil du 13 Août 1703. A Paris le 9 Août 1721.

Signé, DE LAULNE Sindic.

MEMOIRES

PVC

MEMOIRES

CONCERNANS

LE COMTE-PAIRIE D'EU,

E T

SES USAGES PRETENDUS LOCAUX.

****

CHAPITRE PREMIER.

De la Normandie en general. Du Comté d'Eu.
Et de la Ville d'Eu.

SOMMAIRE.

I. Normandie anciennement Neuftrie. Origine du mot Normand. II. Genie des anciens Normands.

III. Conceffion de la Province à Rollo premier Duc par Charles le Simple.

IV. Hommage de Rollo.

I.

V. Fort amateur de la fuftice; origine de la clameur de Haro.
VI. Ufage de cette Clameur.

VII. Etendue du Duché de Normandie; fes Generalitez; fon
Parlement; fes Cours; un Archevêché; fix Evêchez.
VIII. Ses Bailliages.

IX. Defcription du Pays de Caux.

X. Le Comté d'Eu fait partie du Duché de Normandie.
XI. De la Ville d'Eu; fon Nom; fon Bailliage; fes Vicomtez;
où reffortiffent les appellations des fugemens.

Left peu de Personnes qui ne fçache que ce que nous appellons aujourd'huy Normandie s'appelloit autrefois Neuftrie, & que cette nouvelle dénomination luy fut donnée, parce que les Peuples qui s'en étoient emparez après differentes incurfions étoient fortis du Dannemark, de Norwegue, & autres pays du Nord.

.

II. Ces Peuples avoient anciennement leurs Roys partiliers qui alloient à la Guerre avec eux, & de ce nombre furent Geoffroy & Sigisfroy.

III.

Il faut convenir qu'il y eut beaucoup de cruauté & de barbarie de leur part dans les premieres courses qu'ils firent en France, & qu'ils ne traiterent pas les François avec toute la moderation que les François eurent pour les Habitans des Gaules lorfqu'ils les fubjuguerent.

Après être entrés plufieurs fois & à differens tems dans ce Royaume; y avoir donné quantité de Combats; & en être fortis le plus fouvent victorieux, ils revinrent dans la Neuftrie sous le Regne de Charles le Simple Roy de France, qui pour arrêter leurs Conquêtes fut contraint de donner fa fille & cette Province à Rôllo qui étoit leur Chef, à la charge qu'il releveroit en hommage

lige de la Couronne de France. C'est à proprement parler ce grand Capitaine qui fut le premier Duc de cette Province qui commença dès lors à s'appeller Normandie. Par-là il en devint le Souverain, à la referve toute- IV. fois de l'hommage, & l'Hiftoire marque qu'il le fit entre les mains du Roy, ftatim francorum coactus verbis; manus fuas mifit inter manus Regis, quod nunquam pater ejus, avus, &proavus cuiquam fecit. Dud. fan. quint. Deca. lib. 2. de morib. Norm. Mais quand on voulut l'obliger à baiser les pieds du Roy, il le refusa fierement en prononçant ces paroles, Numquam curvabo genua mea alicujus genibus, nec ofculabor cujufquam pedem, après quoy il commanda à un de ses Capitaines de baifer ceux du Roy.

Il fut fort amateur de la Juftice; il puniffoit très feve- V: rement le crime, & fur tout le Larcin; & certainement il n'y en a point dont nos Historiens faffent plus d'éloges, & dont ils racontent plus de merveilles. Ces chaînes d'or pendues au milieu des forêts, fans que personne y osât toucher, & cette Clameur de Haro par laquelle les Normands invoquent encore aujourd'huy fon nom dans toutes les occafions où ils fe trouvent opprimez, font des marques éclatantes de la juftice de fon Regne, & de l'amour qu'il avoit pour fes Sujets.

Ce qui fe paffa lors de la fepulture de Guillaume le VI. Conquerant Duc de Normandie & Roy d'Angleterre eft digne de remarque. Tous les Grands Seigneurs de fa Cour affiftans à fes funerailles qui fe faifoient en l'Abbaye de Saint-Etienne de Caën dont il étoit le fondateur, un pauvre païfan nommé Affelin, lors qu'on se disposoit à porter le corps, interjetta Clameur de Haro, prétendant que le Duc avoit ufurpé fur luy un héritage dont il ne luy avoit point fait justice; ce qui arrêta pour

VII.

quelque tems le cours de la Ceremonie qui fut continuée après qu'Henry III. fon Succeffeur & fon fils eût fatisfait à la plainte, qui Regna oppreffit Armis, me quoque metu mortis oppreffit. Ego injuria fuperftes, pacem mortuo non dabo; in quem infertis iftum hominem locum meus eft; in alienum folum inferendi mortui jus nemini eße defendo; fin extincto tandem indignitatis autore vivit adhuc vis, Rollonem conditorem parentemque geniis appello, qui legibus ab fe datis quam cujufquam injuria plus unus potest pollerque. Paul Emile. Guill. Mamelburgi. lib. 3. rer. angl. Baron. to. 11. de fes annal. Godeffroy & Bafnage en leur préface Tit. de Haro Coût. de Norm. Monftrelet Ch. 20.

11 feroit affez difficile d'expliquer au juste quelle étoit alors la veritable étendue de ce Duché, tout ce qu'on peut dire,eft qu'il eft aujourd'huy beaucoup moins confiderable, & que la chronique de Normandie porte fuivant la remarque de Berault en fa premiere préface qu'il s'étendoit anciennement jufqu'à la Ville de Dunkerque qui eft par de-là Calais, & Gravelines vers la mer près le Comté de Flandres, comprenant en soy les Païs & Comtez de Ponthieu, Boullenois, d'Oye, Guyne, & Theroüenne; & même Dreux, Chateauneuf en Timerais, Mortagne, Belefmes, Chaumont, Magny, Pontoife, & le Comté d'Eu.

Quoiqu'il en foit il faut demeurer d'accord qu'il eft. encore un des plus vattes Païs du Royaume, il eft compofé de trois grandes Generalitez, fçavoir, Rouen, Caën, & Alençon; il y a un Archevêché & fix Evêchez qui en dependent; & dans Rouen qui eft la Capitale Ville de la Province nous avons un Parlement, une Chambre des Comptes, & une Cour des Aydes; cette Chambre & cette Cour ne compofent plus qu'une feule

« PreviousContinue »