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D'après le document des Archives (tout l'Empire français)

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En 1806, plus de 150 usines envoyèrent des échantillons à l'Exposition. Dans deux départements pyrénéens, on employait alors le procédé catalan qui exige un minerai riche et facilement fusible; dans trentehuit départements, on obtenait la fonte dans des hauts fourneaux chauffés au charbon de bois; c'était aussi au charbon de bois qu'on traitait la loupe pour transformer la fonte en fer. Toutefois en 1806 on vit, exposé par une usine de la Haute-Marne, du fer nerveux et tendre, qui avait été obtenu avec un mélange de houille et de charbon de bois, procédé d'ailleurs depuis longtemps usité dans le pays de Namur. En 1810, le Creusot commençait à employer les fours à réverbère et à livrer au commerce des fontes au coke.

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Dans mainte usine les hauts fourneaux circulaires remplacaient les fourneaux à huit pans; leur hauteur avait été portée de 17 à 25 pieds; leur soufflerie modifiée et leur production avait, dit-on, doublé.

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Les ateliers de tréfilerie étaient devenus très nombreux. * La quincaillerie française s'était beaucoup améliorée, particulièrement les faux du Jura et des Vosges, les scies de la Champagne et du Doubs, les épingles et les aiguilles de Laigle, d'Evreux et de

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1. La Statistique de l'industrie minérale donne, pour 1815, 1,110,000 quintaux métriques de fonte et 730,000 quintaux de fer; nous avons dit plus haut que pour 1812, elle donnait 990,000 quintaux métriques de fonte.

2. Moniteur de 1806, p. 1448. Voir aussi sur l'emploi du four à réverbère le Moniteur de 1813, p. 711.

3. CHAPTAL (op. cit., t. II, p. 85) dit qu'en 1818 M. de Wendel traitait sa fonte, avec la houille et obtenait ainsi des fers meilleurs que précédemment. Le Creusot faisait aussi de la fonte de moulage; les lions qui sont devant le palais de l'Institut ont été fondus au Creusot en 1811.

4. A propos de la tréfilerie, Chaptal signale, sans faire de remarque critique, une entente entre fabricants qui rappelle certaines pratiques des trusts actuels (Op. cit., t. II, p. 97). « Les ateliers de tréfilerie sont devenus si nombreux que les fabricants de la Franche-Comté se sont vus forcés d'en réduire le nombre en accordant une indemnité à ceux qui ont consenti à suspendre leurs travaux, et que par une convention tacite ils se sont partagés les heures de travail. »

5. Laigle se relevait; car pendant la Révolution la consommation du fil de

Paris,1 les limes, les marteaux, ainsi que les tôles laminées3 qui avaient donné naissance à l'industrie des tôles vernies. Au sujet de la coutellerie et du fer-blanc moiré, Chaptal écrit: « Les manufactures de Saint-Etienne, de Moulins, de Langres, de Thiers sont peut-être les plus parfaites de l'Europe pour les objets communs. » Thiers livrait des couteaux à 18 sous la douzaine et des ciseaux à 15 sous la douzaine. Paris se distinguait par sa coutellerie fine, industrie nouvelle. La serrurerie d'Escarbotin occupait deux mille personnes et approvisionnait Paris. Les limes de Raoul, disait-on, valaient celles de l'Angleterre.

Les industries préparatoires chimiques. Nous avons déjà cité quelques-unes des principales inventions de la chimie ; il reste à compléter quelques applications. L'acide muriatique (acide chlorhydrique), découvert par Schelle, avait été employé par Berthollet au blanchiment des étoffes et ce procédé expéditif, introduit d'abord à Rouen dans la fabrique de Decroizilles, s'était rapidement propagé non seulement dans les filatures, mais aussi dans les papeteries pour le traitement des chiffons. Clément et Desormes s'appliquèrent à rendre plus économique la fabrication de l'acide sulfurique. Il en fut de même de l'acide nitrique (acide azotique), de l'ammoniaque, de l'alun artificiel, de la couperose.

L'analyse scientifique de la fermentation du moût, due principalement à Chaptal, et la construction de nouveaux alambics par Edouard Adam et autres inventeurs, améliorèrent la production du vin et augmentèrent celle de l'eau-de-vie. A la suite des recherches de Vauquelin, de Fourcroy et de Mollerat on obtint du vinaigre par la distillation du bois.

L'invention du gaz d'éclairage par Lebon avait été appliquée en Angleterre dès 1790. En France, sous l'Empire, on voyait quelques rares magasins éclairés par ce procédé.

Le charbon animal fut utilisé pour raffiner le sucre. Les communications avec les colonies étant interrompues, la chimie s'était ingéniée à remplacer la cochenille et l'indigo par la garance et le pastel,

laiton était tombée de 35,000 bottes à 18,000. Annuaire de l'Orne, 1808, p. 165. En 1810 les épingles occupaient dans le département de l'Orne 1,660 ouvriers. Annuaire de l'Orne, 1812, p. 153.

1. Le centre le plus important de cette fabrication était alors Aix-la-Chapelle. 2. Les petites limes venaient auparavant d'Angleterre, les grosses venaient d'Allemagne. La fabrique de Raoul à Paris et celle de Saint-Bris à Amboise remplacèrent alors ces deux pays sur le marché français.

3. Les règlements défendaient sous l'ancien régime de faire des tôles autrement qu'au martinet; on les fit sous l'Empire au laminoir (CHAPTAL, op. cit., t. II, p. 96). 4. Op. cit., t. II, p. 91.

5. V. plus haut, p. 410.

en ramenant, par un traitement plus scientifique, la faveur sur ces drogues tinctoriales délaissées depuis deux siècles. Le chimiste Thénard et le peintre Bourgeois avaient réussi à substituer le bleu de cobalt au bleu d'outremer.

Pendant les guerres de la Révolution, Seguin, avons-nous dit, avait transformé l'art du tanneur, du chamoiseur et du mégissier en abrégeant les opérations. Les cuirs avaient été perfectionnés ; on prétendait même que le maroquin du Levant était mieux apprêté que dans le Levant. La tannerie avait été de tout temps une des plus importantes industries de la France. Elle était exercée dans un grand nombre de départements; Pont-Audemer, Alais, Grenoble, Annonay, Rodez, Milhau, Niort, Coutances étaient renommés entre beaucoup d'autres localités. Elle figure pour 62 millions 1/2 dans la statistique de 1810. * Après la ruine de Leblanc, de grands établissements se fondèrent pour la fabrication de la soude pendant la guerre 3, sous l'aiguillon de la nécessité, et les opérations ayant été simplifiées, le prix du quintal tomba de 100 francs à 10 francs; la France n'avait plus besoin d'importer cette substance. Le nombre des fabriques d'acide sulfurique, devenu un des principaux générateurs des produits chimiques, qui n'était que de trois en 1789, augmenta, et grâce à des procédés améliorés, le prix de l'acide diminua aussi beaucoup. Il en était de même du prix de l'acide muriatique, récemment employé dans les arts, et de l'acide nitrique que l'on fabriquait en grand. « Le bas prix auquel la chimie est parvenue à livrer ces acides au commerce, dit Chaptal, a fait une révolution dans les arts, non seulement parce que les fabricants ont pu diminuer le prix de leurs produits dans la même proportion, mais encore parce qu'ils en ont multiplié les usages et que dans plusieurs opérations on a remplacé des agents dispendieux par l'action de ces sels; c'est ainsi que la perfection d'un art amène celle d'un autre et que tout se lie dans l'industrie manufacturière.

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1. Voir, dans le Moniteur de 1806, p. 1436, le rapport sur l'Exposition de 1806. Il y avait à cette exposition les produits de deux fabriques de maroquin, celle de Choisy-le-Roi, établie la première en 1797, et celle de Paris.

2. Comme exemple de l'importance de l'industrie des peaux et cuirs, nous pouvons citer le département de l'Eure, lequel en 1812 avait 23 moulins à tan, 90 tanneries, 65 mégisseries, 50 corroieries; cette industrie employait 596 ouvriers, payés 1 fr. 70 à 1 fr. 80. Le kilogramme de vache étirée et en croûte valait 3 fr. 60, le kil. de cuir de Hongrie 2 fr. 40, de basane 2 fr. 70. Arch. départementales de l'Eure.

3. En 1806, cette fabrication commençait à reprendre. A Rouen, il y avait deux fabriques, à Decize une fabrique; mais la plus grande quantité de soude nous venait encore d'Espagne.

4. CHAPTAL (op. cit., t. II, p. 175) porte à 200,000 quintaux la consommation de l'acide sulfurique en 1818, au prix de 30 francs le quintal.

5. CHAPTAL porte, en 1818 (op. cit., t. II, p. 175), à 6,000 quintaux la consommation de l'acide nitrique, au prix de 36 à 40 francs le quintal.

6. De l'Industrie française, t. II, p. 67.

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Les plus importantes fabriques de produits chimiques étaient établies à Paris, à Javel, à Saint-Denis, en Alsace, à Rouen, à Montpellier, à Marseille, etc. Dans les 12 millions que la statistique attribue à cette industrie, la Belgique et l'Italie avaient une part notable.

Dans une vingtaine d'établissements, principalement dans l'usine de Chaptal, l'alun était obtenu artificiellement et l'alun de mine était épuré par les procédés Thénard et Roard; le sel ammoniac était fabriqué dans plusieurs usines des environs de Paris. Pour ces deux substances, la France se suffisait sans recourir à l'étranger.

Roard avait fondé à Clichy une très grande fabrique de blanc de céruse et commençait à faire comprendre aux peintres que son produit valait autant et même mieux que celui qu'on faisait venir de Hollande. Il fabriquait aussi du minium, en concurrence avec Pécard de Tours et Dartigues de Baccarat.

Marseille était resté le centre le plus important de la fabrication du savon dont l'huile de Provence et d'Italie formait la matière première. Mais grâce surtout à la fabrication de la soude artificielle, cette industrie avait pu réussir en divers autres lieux. Outre le savon dur, on faisait à Lille, à Abbeville, à Amiens, à Saint-Quentin du savon mou à base de potasse, qui servait principalement au foulage des étoffes. On était parvenu aussi à faire de bons savons de toilette dont le monopole appartenait auparavant aux Anglais. Chaptal évalue hypothétiquement la valeur des produits de la savonnerie en France à 38 millions de francs.

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L'agriculture et l'alimentation. - Quoique l'agriculture ne soit pas du domaine de cette histoire, il n'est pas inutile d'en parler. Chaptal, calculant approximativement la moyenne des récoltes des quatorze années du Consulat et de l'Empire sur l'ancien territoire de la France, évalue les récoltes à 50 millions d'hectolitres de froment, 30 de méteil et seigle, 31 d'avoine, 12 d'orge, 20 de pommes de terre, etc.; il donne la moyenne exacte, dit-il, de cinq années (1804-1808) de la production de vin 35 millions 1/2 d'hectolitres (récoltés sur 1,614,000 hectares) 5 millions 1/2 d'hectolitres de vin étaient convertis en 1,100,000 hectolitres d'eau-de-vie valant 50 francs l'hectolitre. La production du cidre était d'une dizaine de millions d'hectolitres dont la presque totalité était consommée sur place. La production de la bière devait approcher de 3 millions d'hectolitres. La récolte de garance valait environ 4 millions, celle de la gaude 1,200,000 francs. Les huiles

1. Une des plus importantes fabriques d'Alsace, celle de Thann, date de 1808. 2. Dézé avait créé pour cette fabrication une usine à Saint-Denis qui avait été fermée pendant la Révolution; trois autres usines avaient repris leur travail sous le Consulat et l'Empire.

3. De l'Industrie française, t. I, p. 173.

végétales avaient une valeur de 170 millions; Chaptal estimait à 21 millions 1/2 la production des vergers en fruits.

Le nombre des chevaux (chevaux, juments, poulains et mulets) est évalué par lui à 2,100,000; celui des ânes à 2,400,000; celui des animaux de race bovine (en 1812) à 6,700,000; celui des moutons à 31 millions; celui des porcs à 3,900,000; celui de la volaille à 51 millions 1/2.

Il estime la surface des terres labourables à 22,818,000 hectares, celle des pâturages et prés à 60 millions d'hectares, celle des bois à 7 millions d'hectares, et le revenu annuel des bois à 141 millions voir plus loin le produit des matières textiles).

Il porte le nombre des moulins à 76,000, celui des usines et manufactures à 35,000 et celui des forges, fourneaux, fours à chaux ou à plâtre, etc., à 16,000. Il évalue (évaluation très hypothétique) le produit brut total de l'agriculture à 4 milliards 670 millions de francs.

Les industries alimentaires appartenaient en général alors à la petite industrie meunerie, boulangerie, boucherie, charcuterie, fruiterie, épicerie, etc.

Les principales industries agricoles signalées dans la statistique de 1810 sont les distilleries et brûleries (42 millions), la brasserie (21 millions), la minoterie (près de 7 millions).

La raffinerie de sucre relevait de la grande industrie. Elle est portée pour une valeur de 34 millions; elle avait ses établissements à Orléans, à Nantes, à Rouen, à Bordeaux et en Belgique; c'était à peu près la même répartition qu'avant la Révolution. Nous parlerons du sucre de betterave dans le chapitre suivant, parce que la fabrication de cette nouvelle espèce est liée au blocus continental.

Les industries textiles.- Les textiles occupaient, comme par le passé, le premier rang après l'alimentation par la valeur totale de leur production, et au point de vue industriel elles passaient bien avant celle-ci, parce que les aliments relevaient presque exclusivement de la petite. industrie, tandis que les fils et tissus appartenaient déjà, sous l'Empire, en partie, à la grande industrie. Les matières étaient toujours les mêmes laine, chanvre et lin, coton, soie, mais la proportion avait changé ; le coton avait pris place immédiatement après la

laine.

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Laine. La tonte des troupeaux de France (86 départements) fournissait, d'après le tableau statistique publié par Chaptal, environ 38 millions de kilogrammes de laine en tout, dont 790,000 kilogrammes en laine mérinos, 1 390,000 en laine métisse et le reste en laine commune ;

1. Depuis 1789, grâce à l'introduction des moutons mérinos, la laine fine de France s'était beaucoup améliorée, mais elle ne suffisait pas encore à la consomma

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