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Les nombreux tissages des Flandres étaient comptés alors dans l'inventaire des richesses de l'Empire français. A Gand, qui était le centre principal, on relevait en 1810 plus de 10,000 broches en activité, près de 4,500 ouvriers au travail, environ 100,000 pièces tissées dans l'année. Un homme entreprenant, Liévin Bauwens, avait établi en

lards ». A Marseille, on faisait l'impression sur étoffes.

Calvados. En 1806, 3 filatures de coton (dont une à Richard-Lenoir), 1,217 métiers (à Falaise, etc.); siamoises, etc.

Eure. La première filature de coton à l'anglaise date de 1785. En 1807, 200 filatu res et 2,800 ouvriers, surtout dans l'arrondissement des Andelys; tissus de coton, 1,000 ouvriers en 1805.

Gard. Coton filé dans les Cévennes; bonneterie de coton importante à Nîmes et au Vigan.

Haute-Garonne. Filature de coton à Toulouse, 500 ouvriers.

Hérault. Montpellier, mouchoirs de coton; Bédarieux, 30,000 douzaines de bas, nombreux métiers pour petites étoffes.

Loire. Filatures de coton à Roanne; le tissage du coton occupe 25,000 personnes. Loire-Inférieure. 7 filatures mécaniques, siamoises, etc.; industrie qui a doublé de 1802 à 1806; toiles peintes.

Meuse. Bonneterie considérable; siamoises.

Nord. Filature très active depuis 1789; en l'an IX, 9,000 personnes employées ; en l'an X, 1,260 métiers à tisser.

Pas-de-Calais. En mai 1808, 111 mull-jennies avec 13,226 broches et 1,033 ouvriers, 81 métiers continus avec 9,915 broches et 368 ouvriers; industrie en progrès. Les métiers ne sont que de petites mécaniques qu'on fait mouvoir à la main.

Haut-Rhin. 15,000 personnes filant à la main; filature mécanique, tissage du coton à Belfort, etc.; impression, industrie très importante, sept à huit mille ouvriers, 15 fabriques à Mulhouse.

Seine-et-Marne. A Melun, 2 filatures de coton (93 ouvriers) et deux fabriques de

calicots.

Seine-Inférieure. Grand accroissement de la filature depuis 1803. En 1808, 530 filatures ont filé 2,235,000 kilos de coton (les 2/9 de l'importation totale de la France); en 1806, 87,960 broches continues et 209,860 mull-jennies. 17,755 ouvriers, 2,680,500 kilogs de coton; 28,800 personnes employées au tissage ont fait 544,550 pièces (dont 250,000 pièces de toile et mouchoirs, 6,000 de nankin, 1,080 de velours, 375,000 siamoises de couleur, 131,550 siamoises blanches). En 1808, 47 fabriques de toiles peintes occupaient 3,202 ouvriers et faisaient 273,600 pièces valant 2,222,000 francs.

Somme. 242 filatures (en l'an XIII Amiens avait 16 filatures et 15,438 broches); tissage du coton, 19,620 personnes; en l'an XIII, 7,600 pièces de velours, basins, calicots, etc.

Haute-Saône. Filatures et tissages à Plancher-les-Mines, à Héricourt, etc.
Sarthe, 260 métiers.

Seine. 33 filatures à Paris, 2,000 à 2,500 ouvriers; 13 tissages de coton; 7 filatures hors de Paris (surtout à Passy); 7 fabriques de toiles peintes; 18 fabriques de couvertures (coton ou laine).

1. M. Varlêz (Les Salaires dans l'industrie gantoise, l'industrie cotonnière, annexe 3) a donné un tableau (tiré des Archives modernes de Gand, dossier K 8) de la situation des fabriques de coton de Gand de 1810 à 1813. Dans le second semestre de 1810, à une époque où l'activité régnait, dans les ateliers, il y avait en travai 115,586 broches de mull-jennies, 224 de continus, total 115, 810; 2,703 métiers à tisser, 9,656 ouvriers (1,280 fileurs, 9,738 tisserands, 637 imprimeurs, 5,611 autres

1801 une filature de coton à la mull-jenny dans l'ancien couvent des chartreux; il fit venir d'Angleterre des machines et des contremaîtres; il arma ses métiers de la navette volante et monta même un atelier pour le tissage mécanique. En peu d'années le nombre de ses ouvrières augmenta jusqu'à mille et plus, et il fit une fortune considérable. Son exemple eut des imitateurs; nombre de fabriques s'élevèrent comme par enchantement dans la ville, qui jouit durant une dizaine d'années d'une prospérité croissante; les manufacturiers employaient un nombreux personnel non seulement dans la campagne, mais dans plusieurs villes, telles que Dinant, Oudenarde; les salaires avaient haussé. L'année 1810 est le point culminant de cette prospérité; la municipalité en rapportait le mérite principal à Liévin Bauwens auquel sont dus, disait-elle,<«< des témoignages de la reconnaissance publique pour l'établissement et l'organisation des superbes manufactures dont il a enrichi la ville de Gand ». C'était surtout au blocus continental qu'était due cette fortune à laquelle la crise de 1811, puis celle de 1814 portèrent une rude atteinte. Liévin Bauwens fut ruiné et bien d'autres aussi. 1

La statistique évaluait, outre les 66 millions pour les fils, à 115 millions la valeur des tissus de coton, y compris la bonneterie et la dentelle de coton. 2

Les indiennes ou cotonnades imprimées formaient un article à part d'une valeur de 58 millions. Plus tard, Chaptal ne les portait que pour 15 millions, parce qu'il défalquait la valeur du tissu déjà comptée dans le total du tissage. C'étaient alors des étoffes très goûtées du public, quoique le blocus continental les rendit bien chères: certains genres se vendaient 10 à 12 francs l'aune'.

Chanvre et lin. Le chanvre et le lin étaient en général des produits de la petite culture dont une grande partie était récoltée, filée, tissée et consommée en famille sans tomber sous l'enregistrement de la statistique. Chaptal estimait approximativement la valeur de la ré

ouvriers); la consommation de coton durant ce semestre a été de 276,866 kilogs et la production de 48,378 pièces tissées et de 39,842 pièces imprimées. Dans le second trimestre de 1813, où l'industrie fut très languissante, il n'y avait que 60,798 broches, 1,979 métiers, 6,167 ouvriers au travail : ce qui implique un chômage de 28 p. 100.

1. En février 1814, Liévin Bauwens, poursuivi par huissier, s'enfuit à Paris. Voir M. VARLEZ, op. cit., p. 25 et suiv.

2. Le rapporteur de l'Exposition de 1806 donne 150 millions; mais il est probable qu'il a compté en double la valeur du fil et celle du tissu. CHAPTAL évalue à 171 millions 1/2 la valeur des tissus de coton en 1817. Op. cit., t. II, p. 150.

3. « Durant le système continental, dit l'Hist. documentaire de l'industrie de la ville de Mulhouse (p. 307), le prix des indiennes était si élevé qu'il suffisait de faire une nouvelle application de couleurs pour vendre en ce genre avec cent pour cent de bénéfice. »

colte du chanvre à 31 millions de francs et celle du lin à 19 millions sur l'ancien territoire de la France, et il faisait observer que dans ces chiffres n'étaient pas comprises les petites cultures domestiques. En ajoutant l'importation, Chaptal a trouvé un total d'environ 56 millions de matière textile à laquelle la transformation en tissus donnait une valeur définitive de 182 millions (107 pour le chanvre et 75 pour le lin), non compris la toile fabriquée et consommée dans les ménages qui, suivant lui, aurait élevé le total général à 243 millions.1

La Normandie l'emportait sur les autres provinces. Lisieux était le centre de l'importante fabrication des cretonnes (800 métiers, 5,000 ouvriers, 4,000 à 5,000 pièces); Yvetot, Bolbec, Dieppe faisaient des coutils, des toiles damassées, le Havre des toiles fines; Alençon, PontAudemer, Fécamp fournissaient surtout des toiles fortes. Le Maine, très important aussi, avait ses principales manufactures à Laval, à Mayenne, à Château-Gontier, qui livraient au commerce 27,000 pièces de « toiles de Laval» valant 14 millions. En Bretagne, les villes de fabrique étaient Quintin, depuis longtemps renommée pour ses toiles de lin (60 métiers, 14,900 pièces), Rennes, Saint-Brieuc, Dinan, Vitré, Saint-Malo, Léon d'où l'on tirait surtout des toiles à voile et des toiles d'emballage.

Saint-Quentin, dont les batistes et les linons, tissés avec du fil de mulquinerie, avaient fait la fortune avant 1789, avait vu diminuer considérablement la vente de ces tissus par suite des changements de la mode et leur avait substitué les toiles fines de coton. En 1812, dans la ville et aux environs, il n'y avait pas moins de 40,300 ouvriers employés à ces deux genres de tissus.

Dans le Nord, Lille fabriquait la toile de ménage et la toile à matelas et avait doublé sa fabrication et son personnel de 1800 à 1812, 52,150 ouvriers et 89,440 pièces. Cambrai, Douai, Valenciennes étaient renommés pour leurs batistes et leurs linons. La Flandre belge, non moins importante dans l'industrie linière, figurait alors au compte de la production de l'Empire.

Dans le Midi, le Dauphiné (Grenoble, Voiron, Saint-Marcellin, Cremieu, Mens, Bourg-d'Oisans, Pont-de-Beauvoisin) produisait une grande quantité de toiles à bon marché ; le Béarn fabriquait des mouchoirs.

Dans le centre, Cholet en faisait beaucoup; Chaptal vantait le bon marché du produit.2

1. Le document des Archives nationales (F12 1558) donne seulement 65 millions, corderie non comprise, mais y compris la dentelle et le tulle pour 16 millions. Ce document est certainement incomplet.

2. « Les prix sont si modérés qu'on y trouve de petits mouchoirs à 6 francs la douzaine. » CHAPTAL, op. cit., t. II, p. 139.

Voici, d'après le document des Archives nationales que nous avons déjà cité (F12 628), les départements où l'industrie du chanvre et du lin était le plus pratiquée : Ain. 3,000 métiers à toile de chanvre; production 3,600,000 mètres valant

Soie.

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La récolte des cocons dépassait d'ordinaire sur l'ancien territoire de la France 5 millions de kilogrammes; elle avait une valeur de 15 millions 1/2 de francs; après le moulinage et l'organsinage, la soie acquérait une valeur de 23 millions.

4,718,700 francs; 136,000 ouvriers.

Aisne. Batistes et linons; production réduite des deux tiers de 1789 à 1802.
Ardennes. Lin et chanvre, 1,400 métiers, surtout à Vouziers.

Calvados. Cretonnes à Lisieux (en fil de lin), fabrique bien perfectionnée qui datait

de l'an 1500; le tissage, fait à Lisieux et aux environs, avait augmenté depuis 1789. (Voir les échantillons aux Archives nationales, F1o 240).

Côte-d'Or. Environ 1,800 tisserands de toile.

Côtes du-Nord. Toiles de Bretagne à Quintin, Montcontour, Loudéac. Industrie très réduite sous l'Empire. A Dinan, toile à voile.

Finistère. Environ 5,600 métiers à toile.

Ille-et-Vilaine. Grosses toiles: avant 1789 1,300 métiers, aujourd'hui 680.

Isère. Toile de chanvre, 7,300 ouvriers; à Voiron et environ 3,200 métiers et 1,200 fabricants. L'industrie, qui était tombée, se relevait. Augustin Perier possédait à Vizielle deux grandes fabriques de toiles de chanvre et de toiles peintes et avait introduit le tissage de la toile dans Voiron. Arch. nationales, F12 506. Loire-Inférieure. Toile, valeur 1,294,000 francs; corderie.

Lot-et-Garonne. Toile à voile et toile de ménage. « L'adoption des tissus de coton jusque dans les campagnes a fait beaucoup de tort à cette industrie. » Manche. Toile à voile.

Moselle. Toile tissée par les cultivateurs en hiver, 1,450 tisserands.

Nord. 40,000 rouets pour filature de lin en gros, 10,000 pour filature en fin; plus de 300 métiers pour toile à matelas, 125 pour cordon, 7,000 métiers pour batistes, gazes, linons dans les arrondissements de Cambrai, Avesnes, Douai; 2 importantes fabriques à Lille et à Valenciennes occupant, y compris les ouvriers travaillant à domicile dans les communes voisines, 25,000 ouvriers.

Pas-de-Calais. Fils et toiles de lin et de chanvre, 2,700 tisserands. Bas de fil à

Hesdin.

Orne. 26,000 personnes employées aux toiles, dont 8,000 tisserands à Alençon. Les cretonnes de Vimoutiers étaient très déchues depuis 1789.

Puy-de-Dôme. La toile occupait 40,000 personnes, valeur 5,229,000 francs. Basses-Pyrénées. La toile occupait 120,000 personnes (dont 1,400 tisserands dans 3 établissements). Les mouchoirs de Béarn avaient diminué des deux tiers depuis 1789. Seine-et-Marne. Filature de chanvre et tissage de toile dans les villages. Seine-Inférieure. A Rouen, commerce considérable de fil retors; dans le pays de Caux, toile de lin (Fécamp, Montivilliers, Saint-Valery, etc.).

Deux-Sèvres. 1,200 personnes employées à la filature du lin. Tissage dans les campagnes, production 1,767,000 mètres ; 333 corderies.

Somme. Industrie du chanvre et du lin importante, grosse toile; corde et ficelle. Haute-Saône. 1,760 fabricants ou tisserands disséminés, 5,960 personnes en tout employées aux toiles de ménage et aux étoffes mélangées; consommation locale. Saint-Loup faisait droguets, fil et laine, 324 ouvriers.

Sarthe. Importante industrie de toile de ménage et de toile à voile (La Fresnaye, etc.), 5 blanchisseries.

1. A raison de 3 francs le kilo. La moyenne donnée par CHAPTAL (De l'Industrie française, t. I, p. 181) est calculée sur les années 1808-1812. Le Gard, l'Ardèche, Vaucluse, la Drôme étaient au premier rang.

2. Dont 8 millions pour filature et organsinage. Voici, d'après un document des

Les départements annexés et l'étranger fournissaient un complément de la matière d'une valeur qui était vraisemblablement à peu près égale, soit un total de 45 millions 1/2 d'après Chaptal.'

2

Cet auteur estime que la transformation en étoffes (bonneterie comprise) y ajoutait 62 millions, et que le prix de revient des produits livrés au commerce par la soierie était ainsi de 107 millions 1/2. La mécanique s'était introduite dans cette industrie, comme nous l'avons vu,avec le métier Jacquart et avait contribué,plus encore que le luxe de la cour impériale, à la ranimer. Quelques autres inventions avaient été tentées. 3

Lyon était, comme sous l'ancien régime, le foyer le plus actif de la soierie. On y faisait les plus riches façonnés, les brocarts, les velours, les satins, les crêpes, les tulles. De 3,500 métiers et 5,800 ouvriers en 1800, la fabrique était remontée à 10.720 métiers et à 15,506 ouvriers. Cette industrie de luxe, qui avait beaucoup souffert en 1806 à cause de la crise, prospérait en 1808; malgré des revers de 1812 à 1814, elle se soutint à peu près grâce aux exportations pour l'Amérique qui se faisaient alors par Vienne. Chaptal fait remarquer que toute la population qui concourait à cette florissante industrie, depuis l'achat des soies jusqu'à Archives nationales (F12 95150), comment se répartissait la production à la fin de l'Empire et au commencement de la Restauration :

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1. Depuis 1810, le gouvernement fit distribuer des graines chinoises de ver à soie blanche dans plusieurs départements de France et d'Italie. Le dossier des Archives nationales, F12 93149, renferme beaucoup d'accusés de réception des préfets. Le succès paraît avoir été médiocre.

2. Le document des Archives nationales (F12 1558) donne 63 millions pour la valeur des soieries.

3. Par exemple, à l'Exposition de 1806, un fabricant de Fécamp eut une médaille pour un métier mécanique mû par un manège avec lequel on faisait en grande largeur 10 mètres par jour, tandis qu'un tisserand à la main n'en faisait que

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