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Soudivi

fions de la premiere Partie.

trop

difficile à réparer, & qu'en effet on ne répa re gueres! C'eft de ce péché fi ancien & fi nouveau, de ce péché fi diverfifié qui comprend lui feul tant de péchés; de ce péché qui trouble la terre, qui obfcurcit toute la gloire dans l'Eglife. du Sauveur, qui fait gémir les faints fur euxmêmes, en même temps qu'ils pleurent fur le monde; de ce péché dont on parle tant & que le monde ne connoît point; que le pécheur ne voit pas en lui, que l'homme de bien craint trop peu, dont perfonne enfin, ne le défend affez, que je dois traiter aujourd'hui. Afin que perfonne ne fe méprenne fur le fcandale, je vais vous montrer 1°. De quelle maniere fe commet le fcandale. 2o.Nous le confidérerons enfuite dans fon énormité. D'une part, vous apprendrez à connoître les différentes efpeces de fcandale; & d'autre part, vous déplorerez les attentats & les malheurs du fcandaleux. Point de péché plus vafte & plus étendu : Premiere Partie. Point de péché plus odieux & plus énorme; Seconde Partie. Faffe le Ciel que l'efficacité de votre parole, ô mon Dieu, arrête les fcandales, & convertiffe les fcandaleux.

Examinons d'abord comment & de quelle maniere l'on peut fcandalifer le prochain, jusqu'où peut s'étendre le fcandale, & combien de diverfes formes il prend pour féduire. Il y a des fcandales de toute efpece, & peut-être hélas ! malheureusement aveuglés fur ce point, à peine connoiffez-vous la nature du fcandale. Ecoutez, Chrétiens, je cherche à vous inftruire. Il y a des fcandales 19. de paroles; 2. de conduite; 3°. d'occafion. Il y a des fcandales: 1o. d'irreligion; 2°. de refpect humain & de complaisance. Examinons tous ces différens fcandales,s'ils ne vous paroiffent pas tous également criminels, j'en dirai toujours affez pour vous en infpirer une jufte horreur.

Soudivi fions de la

feconde

Partie.

Matth. 183

7.

Malheur, dit Jefus-Chrift, à celui qui fcandalife, parce que comme le fcandale reçu eft funefte au monde, le fcandale donné eft funeste à fon auteur: va mundo à fcandalis... va homini illi, &c. Si le feandaleux n'eft donc pas touché des ravages qu'il caufe dans l'univers, qu'il foit Idem. ibid. effrayé des malheurs dans lesquels il tombe; fi les maux étrangers ne le frappent point, peutil être infenfible à fes propres maux? Ils font tels, que plutôt que de fcandalifer, il vaudroit mieux pour lui, felon l'oracle de la Vérité même, qu'on lui attachât au col une pierre de moulin, & qu'en cet état on l'enfevelît dans les abî mes de l'Océan; car, ce qui eft un bien plus grand malheur 1°. Le fcandaleux fe rend coupable des péchés d'autrui: 2°. il contracte l'obligation de réparer le mal qu'il a fait à autrui: 3o. enfin nuifant au falut d'autrui il rend fon propre falut prefque défespéré.

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Preuves de la premiere

Partie. Qu'est-ce que le fcandale? Notion qu'en

donne faint Thomas.

D. Thom.

Selon la vraie notion qu'en donne l'Ange de l'école; notion adoptée par tous les Théologiens, nous appellons fcandale toute action ou parole qui peut être pour tous ceux qui en font témoins une occafion de chûte : Dictum vel factum occafionem præbens ruina. Développant cette idée, nous ajouterons avec le même faint Docteur, ce qui eft une conféquence néceffaire de la définition de Saint Thomas, que cette parole, que cette action peut être un fcandale, quand même de foi elle ne feroit pas un péché, qu'il fuffit pour cela qu'elle ait quelque apparence de mal: Vel Idem. ibid. quia habet fpeciem mali ; qu'une omission, que filence même pouvant produire le même effet doivent être placés au rang des scandales; qui de vous fe croira exempts de tout fcandale ? Ou s'il eft quelqu'un qui ofe fe flatter de n'avoir jamais contribué à la perte fpirituelle du prochair,

le

22. qua ft. 43.art.11.

24..

ne fera-ce pas avec auffi pen de vérité, que lorfque Pilate fe difoit innocent de la mort du Jufte? Matth. 27. Innocens ego fum à fanguine Jufti hujus. Toute la différence que j'y trouve, c'eft que ce Juge politique; fans avoir ravi au Jufte fon innocence, le condamna comme s'il eût été coupable, & que le pécheur fcandaleux, après lui avoir ravi fon innocence, fair condamner un véritable cou-pable, qui fans fon fcandale eût toujours été innocent. Sermon manufcrit anonyme & moderne.

Les dif cours du

funeftes

nité de

28,

La For a péri de la bouche du peuple fidéle : Periit fides & ablata eft de ore eorum. On ne parle monde font plus felon qu'on croit: ce langage faint eft de les fources venu étranger & comme barbare dans la terre d'une infi- des Saints: il eft au milieu d'eux un fujet d'étonnement, ou, pour mieux dire, de rifée ; on y fcandales. parle un langage humain qui les remplit de plus Jerem. 7. en plus les uns les autres de penfées humaines; chacun y parle à fon frere le langage de l'Egypte, le langage des paffions du monde, ce qui nourrit dans tous les paffions mondaines. On y parle aux enfans ou devant eux un langage, pour ainfi dire anti-chrétien: les enfans s'élevent dans cette maniere de parler & dans les idées qui y font attachées, pour former à leur tour des enfans dans le même goût; & par-là le langage de l'Evangile qui en établiroit l'efprit eft banni & réprou vé a jamais du milieu du monde ; & voilà un de ces fcandales que les Anges de Dieu, quand ils viendront les ramaffer au milieu de nous pour porter au tribunal redoutable, trouveront nonfeulement dans les maifons des hommes, mais dans la maison de Dieu. Voilà un de ces fcandales dont même on ne s'apperçoit pas dans le monde, & dont la dévotion elle-même ne fe défend pas affez; & par-là la terre perd peu à peu la vérité la connoiffance de Dieu, la foi à la doctrine de

les

Jefus-Chrift qui n'en trouvera plus quand il viendra juger la terre: Veruntatem Filius hominis ve- Luc. 18. §. niens putas inveniet fidem in terra ?

dale de

pa

Scandale de parole, c'eft cette éloquence, fi L'empire j'ose parler ainfi, diabolique qui fait du fcanda- que le fcanleux comme l'agent & le miniftre de l'ennemi roles à fur commun des hommes; cette adreffe ingénieufe les efprits qui le rend fi habile dans la féduction du prochain, & fur les cette attention criminelle à profiter de la fimpli- cœurs. cité des foibles pour les engager dans la voie large & commode de perdition; cet art fatal qui lui fait cacher fous les foibles apparences d'une vertu mourante, & toute la difformité du crime, & toutes les profondeurs de Satan; en un mot, ces douces, mais coupables infinuations, assez & trop bien ménagées pour ne pas ruiner en un inftant tout l'édifice d'une piété l'ouvrage de plufieurs années. Balaams nouveaux, ces hommes fcandaleux deviennent les fidéles copistes de l'ancien.

Vous le fçavez, c'en étoit fait de Balac: Ifraël Exemple eût été vainqueur, G le Roi idolâtre n'eût prêté de l'Ecritu l'oreille aux avis de Balaam. Guidé par les fu- re à ce suneftes conseils du faux Prophéte, ce Prince chan- jet. ge l'ordre de fon armée : ce n'eft plus une multitude de combattans qu'il oppose au courage du peuple victorieux : non, non, une troupe choifie de jeunes Moabites fimplement armées de tous les attraits dangereux de leur fexe, se montre au camp d'Ifraël : le peuple épris fe rend à leurs charmes féducteurs, & devient infidéle au Dieu de Jacob. Ifrael jufqu'alors invincible eft vaincu, & devient la triste conquête de Balac. L'Auteur, Sermon du Scandale.

Que notre fiécle eût été fortuné, s'il eût fçu Le liberti fe prémunir contre ces funeftes confeillers qui d'un nage de ton décifif parlent en prophétes, & fe font mal- mœurs fi

accredité

de nos

jours, eft le

malheu. reux effet

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heureufement écouter! Certes combien d'honnêtes gens felon le monde, mais vrais payens en effet, fe bâtiffent comme des écoles publiques où ils débitent en Docteurs leur morale empeftée ! Leur des fcanda- bouche, dit David, femblable à un fépulche les de paro- infecté, exhale de toute part une odeur de mort: les. Sepulchrum patens, &c. Tout prêts à fe venger, Pf. 5. 11. le cœur pétrí de fiel, c'eft foibleffe, difent-ils,

que d'endurer un affront: ne vaut-il pas mille
fois mieux périr en homme de cœur que d'être.
flétri & de couler fes jours fans honneur? Entê-
tés de paroître ils ne prefcrivent nulles bornes à
l'ambition: a ttachés à l'intérêt ils s'efforcent d'al-
lúmer dans tous les cœurs la paffion de l'or. Pré-
dication prefque continuelle dans la chaire de
peftilence, dit Saint Bafile, c'eft-là qu'ils font
affis pour y donner à leur aife des leçons mille
fois plus contagieufes que la contagion même.
Eh quoi donc ! Nos amis, y pensez-vous? Ne
fçavez-vous pas que la jeuneffe eft la faison
du plaifir? Ufons du bel âge, couronnons-nous
de fleurs. Vous jeûnez: eh, quelle fimplicité !
Quoi? A préfent? Dans l'élévation où vous êtes,
avec la délicateffe de votre tempérament, de
bonne foi, le jeûne eft il fait pour vous? N'eft-
ce pas
folie que de vous donner en fpectacle de
Religion, de vous voir fans ceffe vifiter les Tem-
ples, fréquenter les Sacremens, font-ce-là les
devoirs de votre état? Y penfez-vous de préférer
les fatiguentes leçons d'un Prédicateur ennuyeux
aux aimables fictions du thâtre; ces aflemblées
gênantes & réservées, à ces compagnies raviffan-
res & enjouées, où la joie, les ris, les geftes
mêmes, où tout enfin anime au plaifir? He,
rangez-vous avec nous : la jeunelle pour le mon-
de, la vieilleffe pour Dieu : c'eft avoir trop de
vertu que de n'avoir pas certains vices: la mort

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