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eft loin encore après avoir fervi le monde, nous aurons encore affez de temps pour fervir

Dieu. Le même."

Les dou

tes fur la foi d'ordinaire ne procé dent que de

la liberté

converfa

tions.

A quoi attribuer, finon à nos fcandaleux difcours, ce dépériffement visible de la foi que nous appercevons aujourd'hui au milieu du Chriftianif me? Et en effet comment justifier tant de faux principes établis aux dépens de la vérité ? N'eftce pas pour nous faire douter de tout, pécheurs que fe donfcandaleux, que vous nous demandez fi hardiment, ne le scanqui jamais eft revenu de ces fombres régions où la daleux foi nous enseigne qu'habite l'horreur & l'effroi; dans les quelles nouvelles nous avons de ce jugement où l'Evangile entier nous dit que tout doit être pefé au poids du Sanctuaire? Si cette immortalité que nous attribuons à notre ame n'eft point une de ces inventions qu'a fait imaginer un defir fecret de gêner & de troubler les confciences; fi nous ne nous trompons point dans les espérances que nous concevons d'une vie, où quelques momens de tribulation doivent être payés d'une éternité de gloire &c. Le P. Dufay, Tom. 2. de fon Carême.

O fiécle malheureux ! La piété en changeant La langue de temps n'a donc fait que changer de tyrans. du pécheur Elle fut perfécutée du démon avec moins de fuc- fcandaleux cès, quand il s'arma des fureurs du lion, que de prévariforme plus quand il a pris les artifices du ferpent. La cruauté cateurs de s'eft laffée, la malignité ne fe laffe point; & au l'Evangile, lieu que l'épée toujours dégoutante du fang des que le fer Martyrs multiplioit autrefois les Chrétiens, la des Tyrans langue des mondains, ce fer plus aiguilé que le d'apoftâts glaive des Nérons & des Dioclétiens, moiffonne de la Reliaujourd'hui, ô mon Dieu, les plus belles espéran- gion. ces de votre Eglife, les plus doux fruits.de notre miniftere, les plus précieux commencemens de votre grace. L'Auteur des difcours choifis.

ne faifoit

Le pécheur

cours attire

ne.

Difons-le à la honte du Chriftianifme, qu'il scandaleux ne fe trouve que trop dans notre fiécle de ces dépar les difmons familiers & domeftiques, occupés à la fédules autres &tion des autres, qui veulent faire paffer le juredans la rui- ment pour ornement de langage, l'ufure pour reconnoiffance, le larcin pour falaire : qui donnent à la duplicité de parole le nom de bagatelle, à la fureur de la médisance le titre d'enjouement. Ah! impies scandaleux, fi vous avez juré votre perte, perdez-vous donc feuls; mais ne faites pas de malheureux complices de vos iniquités. Ne fcavez vous pas, dit a ce fujet Saint Ifidore, que commettre le crime & le faire commettre aux autres, c'eft fe rendre doublement coupable: Dupliciter reus eft qui facit & fuadet. Seigneur mon Dieu, infatuez le confeil de ces malins approbateurs, de ces funeftes inftigateurs: c'eft la priere de David contre Achitophel, qui pouffoit Abfalon à violer le lit de fon Pere & de fon Roi: II. Reg. Infatua, quafo, Domine, confilium Achitophel. Rendez-les inutiles: faites en connoître toute la malignité: ne permettez pas que l'innocent s'y laiffe prendre. L'Auteur.

S. Ifid.

Lib. 2. fen

tent.

15. 31.

voir qu'a

duite &

d'exemples.

Il est vrai que nous naiffons tous avec une penLe pou te au péché; mais ce panchant s'augmente & defur leshom- vient beaucoup plus vif, lorfque nous le fentons mes le fcan- autorifé par l'exemple des autres: alors l'imprefdale de con- fion fe fait fortement, & fur nos efprits & fur nos cœurs; & c'eft proprement par le fcandale d'exemple & de conduite que fe renouvelle cet ancien défordre qu'introduifit parmi le peuple de Dieu le commerce & la communication qu'il eut avec les étrangers: il fe mêla & fit fociété avec les incirconcis: il en prit les maximes & les meurs; & en tira un fi grand fujer de fcandale qu'il en vint jusqu'à immoler fes propres enfans Pf. 105.35. aux démons: Commifti funt inter gentes, didicerunt opera

opera, &c. Nous vous voyons donner aux dére
gle mens de la paffion tout ce qu'elle eut; nouer
mille intrigues, dreffer mille piéges pour enhat-
dir le vice, ou pour
ébranler la vertu; & nous
Vous voyons employer la fraude & l'artifice pour
vous élever, la fourberie & Pinjustice pour vous
maintenir dans votre élévation; & ce que nous
voyons, malheureufement nous le copions. Tra
vaillé fur divers Auteurs..

Ce jeune homme que la nature a doué d'un La précé excellent naturel & des difpofitions les plus favo- dente véri rables à la vertu, avoit reçu une h ureufe éduca- té pravée tion: forti de la main de fes maîtres, plein des par des exemples graves fentimens de Religion, il étoit chretien, quis'offrent il le fçavoit, il ofoit le paroître il te montre tous les fur le théâtre du monde, & dans la région du jours tous scandale: il examine ceux qu'il doit frequenter, nos yeuxo il les voit prefque tous diffipés, égarés dans leur maintien, libres dans leurs difcours, diffolus dans leurs mœurs, emportés dans leurs plaifirs; & fous de tels maîtres qu'arrivera-t-il ? Ecoutez, & frémiffez-en, jeuneffe indocile qui m'entendez : à la fuite de ces nouveaux modéles, les leçons qu'il reçoit font fortifiées par les railleries qu'il effuie de leur part: il rougiffoit il n'y a pas longtemps de leur conduite, il commence à rougir de la fienne: il croit qu'il eft du bel air de les imiter, & peut-être de fa gloire de les furpaffer. Naturel heureux, éducation fainte, précieux germe de vertu, principe de Religion, modestie dans les Temples, fubfifterez-vous long temps au milieu de tant de fcandales? Non, non : à force de vivre avec les fcandaleux on devient scandaleux foi-même. Hac via illorum fcandalum ipfis.

Elevée à l'ombre des aîles maternelles ou dans l'un de ces afyles ou réfide fingulierement la piété, cette jeune perfonne prend l'effor enTome VI. Morale 6 Vol.)

D

Pf. 48. 146

pu

fin, & commence à refpirer le grand air: elle entre dans le monde avec son innocence, la deur en eft la gardienne fidéle, la modeftie l'ornement, la Religion le guide, la crainte du Seigneur regle fes pas, &c. fes premieres démarches ne donnent au monde que des exemples de vertu dont il ne profite pas; mais le mon- . de lui donne des mauvais exemples, & elle n'en profite que trop. Elle voit fes campagnes empreffées à fe parer pour fixer les regards d'une foule d'adorateurs infenfés, & bien-tot elle prend le goût dominant du fiécle. Ah! que je crains pour fon innocence! Sa Religion afloiblie ceffe de l'importuner, les principes de l'éducation s'effacent, &c. Avec ces nouveaux principes fuggerés par les difcours, & encore plus par l'exemple des perfonnes de fon âge & de fon rang, par les Romans qu'elles lui prêtent, par les portraits flatteurs qu'elles ne manquent pas de lui faire en confidence des douceurs de leurs engagemens, &c. avec ces nouveaux principes, dis-je, quel chemin ne fera-t-elle pas dans la carriere de la galanterie? Hac via illorum, &c. Extrait Pf.48. 14. en fubftance d'un manuscrit moderne.

L'on peut facilement à ce sujet entrer dans une induction bien plus amplement circonftanciée; & c'est ce que j'abandonne à ceux qui travailleront : ils en trouveront des naiffances dans le premier Difcours fur ce fujet, & dans le Traité de la vraie & fauffe dévotion.

Quoique Un feul homme d'un certain génie, d'un cerle mauvais tain caractere, peut par fon exemple, abolissant exemple ne fubfifte plus tout ce qu'il y eut anciennement de bon dans le le fcandale lieu où il habite & parmi ceux avec qui il vit, y introduire un mauvais efprit ou de mauvaises vent après mœurs. Eft-il de ville, de fociété, de famille la mort me où l'on ne fe fouvienne d'un certain homme,

d'une certaine femme par qui ce changement eft me du scanarrivé; non pas ordinairement tout-d'un-coup, daleux. mais par une infenfible propagation; non pas peut-être de leur vivant, mais après eux ? Le séducteur a péri; & fon exemple ne frappe plus : mais le fcandale fubfifte; & par ce fcandale qui fubfifte, l'exemple eft encore vivant. Defunt fieri S. Cyp. crimina, & illorum loca exempla nafcuntur. De Serm. de tels exemples, dit S. Bernard, pervertiffent ceux Spectac. qui les voient, & font des périls ou des piéges tout dreffés pour ceux qui naîtront après nous : Scandala prafentia pericula funt futurorum.

D. Bern

Lib. de

Confid.

Combien

On fe fait un devoir, vous le fçavez, de fairece que font les grands, & un merite d'être ce qu'ils font. Jeroboam n'a qu'à lever l'enfeigne eft dangede l'idolatrie & s'en déclarer le Chef, le feul To-' reux l'ebie demeurera fidéle au Seigneur, & viendra ado-1xemple des rer à Jerufalem. C'eft ainfi qu'Ifraël, ce peu- grands. ple toujours plus dociles aux exemples de fes Rois qu'aux volontés de fon Dieu, changeoit de Religion & de meets en changeant de Prin ces; qu'il a élevé les idoles avec Salomon, & les a brifées avec Jofias ; qu'il a marché dans la juftice pendant les jours de David, & dans l'impiété fous le regne de Manaffés. C'eft ainfi, ô mon' Dieu, s'écrie faint Bernard! que la vie déréglée de vos Miniftres, malgré tout ce qu'on prêche dans l'Eglife, & tout ce qu'ils enfeignent eux-mêmes fera toujours la ruine de la piété de votre peuple; & en effet l'exemple des Chefs ôte d'abord au cri me la honte que la nature y a attachée. Definunt probri effe purpurata crimina, & enfin le met en Loc. jam. gloire. L'Auteur des Difcours choifis.

L'on trouvera & dans les Réflexions Théologiques dans le premier Difcours beaucoup de matériaux qui reviennent naturellement on qui peuvent être amenés à ce sujet.

cit.

S. Cyp

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