Page images
PDF
EPUB

toute sa longueur, et que l'avant-bras va s'y atta cher aussi par une portion de son extrémité carpienne: tout le bras seroit donc comme reployé et soudé contre la clavicule.

Heureusement il y a des poissons où cette contraction et cette adhérence moins complètes ont montré ces parties plus distinctement, et ont conduit M. Geoffroy à les reconnoître dans les cas plus difficiles et plus ordinaires.

Les Baudroies, et un nouveau genre très-re-marquable découvert dans le Nil par M. Geoffroy, set nommé par lui Polyptère, sont dans ce cas Leur avant-bras est libre, et offre des rapports trèssensibles de forme avec celui des quadrupèdes et des oiseaux,

Après avoir exposé ces analogies générales, M. Geoffroy décrit les variétés de toutes ces pièces dans les différentes espèces.

Il insiste principalement sur celles de l'os qu'il a nommé furculaire, qui est la partie la plus variable de la nageoire et qui remplit divers usages importans, selon les formes et les connexions qu'il a dans chaque espèce.

Souvent il donne un point d'appui solide aux muscles qui contractent la vessie natatoire : c'est ce qu'on voit dans la Carpe; d'autrefois, comme dans les Muges, il aide à porter les os qui soutien-nent les nageoires ventrales.

Dans les Baudroies où la membrane des quies se prolonge en arrière, fort au-delà de la clavicule, l'os furculaire contribue à la faire ouvrir.

* A cette occasion M. Geoffroy indique une division très-nécessaire à faire dans le genre Lophius, qui doit être séparé au moins en trois genres, fort différens les uns des autres par leur structure.

La Baudroie ordinaire est, comme on sait, nommée communément Raye pécheresse, parce qu'on lui attribue l'artifice d'attirer de petits poissons au moyen des filamens qui flottent sur sa tête; ce seroit en quelque sorte pécher à la ligne. M. Geoffroy pense qu'elle peut aussi pécher à l'épervier, en ouvrant et en refermant son énorme membrane, en serrant, avec le pédicule de sa nageoire pectorale, l'ouverture de cette membrane, quand une fois le poisson qu'elle veut prendre y

est entré.

Tel est, selon lui, l'objet du grand prolonge ment de cette membrane, au-delà de qui étoit nécessaire pour protéger les branchies.

M. Geoffroy a effectivement trouvé un poisson qui étoit resté dans l'un des sacs branchiaux d'une Baudroie conservée au muséum d'histoire naturelle. M. Pichon, ancien professeur d'histoire naturelle, à Boulogne sur mer, lui a assuré en avoir trouvé également dans des Baudroies qu'on venoit de prendre, et avoir appris des pécheurs, qu'ils savoient depuis long-temps que la Baudroie use de cette manière de s'emparer de sa proie. Si ces faits sont confirmés par des observations ultérieures, ils ajouteront un article intéressant aux divers partis que les animaux savent tirer des sin -gularités de leur organisation.

L'os furculaire joue encore un rôle important dans une espèce de Tétrodon que M. Geoffroy a observé dans le Nil: il agit sur la vessie aérienne comprimé contre l'œsophage, ferme celui-ci et empêche ainsi l'air qui se développe dans l'estomac d'en sortir; ce qui gonfle le tétrodon comme un ballon, le renverse sur le dos, et le livre aux flots comme une masse inerte.

C'est encore cet os qui forme dans les Silures, cette épine singulière qui, en vertu d'une articu→ lation d'un genre fort compliqué peut, à la vo onté de l'animal, rester mobile ou bien se fixer dans une direction transversale, de manière à lui fournir alternativement et selon ses besoins, une arme offensive très-puissante, ou seulement un rayon solide, mais très-suceptible de mouvement pour la natation.

Ces faits choisis parmi beaucoup d'autres qui composent le mémoire de M. Geoffroy, suffiront pour rappeler à la classe, l'intérêt qu'elle a mis à entendre la lecture entière de cet écrit.

Nous nous bornerons donc à ajouter :

1.° Que les descriptions faites par M. Geoffroy, ont été vérifiées par l'un de nous, sur les squélettes du Muséum d'histoire naturelle, et trouvées fort exactes;

2.° Que les analogies que M. Geoffroy en déduit, paroissent plausibles à certains égards, et n'avoient point été faites avant lui de la même manière;

3. Que les remarques particulières sur les va

riétés des os nageoires, dans les différens poissons, et sur leurs usages, principalement sur ceux de l'os furculaire présentent des faits très-curieux et généralement nouveaux ;

4.° Que son travail ne peut, parconséquent, manquer d'étendre les connoissances des naturalistes et des anatomistes sur l'organisation intérieure des poissons, et qu'il est fort à desirer qu'il le continue.

Nous demandons à la classe d'ordonner l'impression de ce mémoire, parmi ceux des savans étrangers;

Fait à l'Institut, le lundi 27 avril 1807.

Signé Bosc, Lacépède; et Cuvier, rappporteur. La classe approuve le rapport et en adopte les conclusions. Certifié, conforme, le secrétaire perpétuel, Signé CUVIER.

ET

CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES, NOUVELLES ÉTRANGERES.

:

ANGLETERRE.

1

M. LANCASTER, un des membres les plus respectables de l'église des Quakers ou Primitifs, a imaginé et mis en pratique une nouvelle méthode d'instruction élémentaire pour les enfans de la classe indigente, au moyen de laquelle ils apprennent à lire, à écrire, à compter en moins d'une année, et à un prix excessivement modéré. On commence par leur faire tracer des lettres avec le doigt sur des planches couvertes de sable. Au lieu d'abécédaires, on se sert de feuilles où sont imprimés des nombres, des lettres et des mots qui sont cloués sur des planches de cette manière, on fait une économie considérable sur la consommation d'encre, de plumes et de papier qui a lieu dans les autres écoles. Un enfant peut enseigner à cinq autres, et un seul maître suffit pour cinq cents enfans. Le systême de M. Lancaster a pris fayeur malgré les ennemis qu'il a rencontrés. Il a été appelé, en divers lieux de l'Angleterre et de l'Irlande, pour y former des établissemens pareils au sien. Sa méthode a été recommandée par M. Whitbread, qui en a fait une mention honorable au parlement. M. Colqhoun, connu par des ouvrages sur des sujets de ce genre, en a fait voir l'utilité dans un écrit particulier. L'école de M. Lancaster est ainsi devenue à la mode, et il est du bon ton à Londres de la visiter toutes les années au mois

« PreviousContinue »