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quatrième il reprend le fil de la narration. Le sujet en est assez connu. Denys d'Halicarnasse a abandonné ici sa prolixité, et ne rapportant aucune circonstance de l'interrogatoire que le roi fit subir au vainqueur des Curiaces, et des considérations qui engagèrent Tullus à renvoyer le jugement du coupable au peuple assemblé; d'accord cependant avec Tite-Live, il fait intervenir le vieil Horace, qui, plaidant la cause de son fils devant le peuple, obtient sa grace en faisant valoir ses exploits. Beaulieu ne s'écarte pas de cette opinion, mais il fait ici une longue digression sur les décemvirs chargés du jugement d'Horace, sur leurs fonctions et sur leurs attributions. Sa manière d'amplification avoit un beau sujet dans cette circonstance; aussi met-il dans la bouche du vieil Horace un long discours, où, s'appesantissant sur la gravité des reproches qui ont porté son fils à se rendre coupable, jetant le blâme sur sa fille, qui, loin de voir dans le jeune Horace le libérateur de la patrie, ne le reconnoît que pour le meurtrier de son époux; rappelant le courage et F'adresse du vainqueur, le montrant au peuple chargé de la dépouille des Albains; et, le serrant dans ses bras, il obtient sa grace de la reconnoissance du peuple Romain. Cette situation est le sujet du dessin qui accompagne le quatrième livre. Ee roi assis sur son trône est entouré du sénat. Horace et son fils, à genoux sur les dégrés du trône, se tiennent étroitement embrassés. A gauche du trône, et hors de ce premier plan, on voit le

joug sous lequel le vainqueur des Albains fut contraint de passer. Denys d'Halicarnasse en a fourni la composition au peintre. Deux piques fichées en terre en soutiennent une troisième attachée ho risontalement à leur extrémité. Le jeune homme, en habit de guerre, la tête couverte d'un voile blanc, passe sous le joug. Son vieux père l'accom pagne et le soutient dans cette fâcheuse conjonc ture. Son expiation satisfit en même temps le roi, les décemvirs et le peuple. Beaulieu termine là son quatrième livre, et il reprend au cinquième la nar ration des faits d'après Tite-Live. Le dessin qui précède ce dernier livre, représente. Tullus, qui, du haut de son trône entouré des sénateurs, harangue son armée triomphante. C'est le moment où, après la victoire remportée par les Romains sur ceux de Veies et de Fidénæ, invités sourdement à la guerre par les Albains, Tullus, qui avoit appelé ceux-ci à son secours, feint d'ignocrer leur trahison, les réunit sous le prétexte de -rendre graces aux Dieux, les fait cerner par son armée, dévoile la conduite de Métius et le condamne à la mort. Denys rapporte qu'il fut d'abord déchiré par les verges et ensuite tiré par deux biges. Tite-Live ne faisant pas mention des verges, rapporte que Métius fut attaché à deux quadriges. Beaulieu s'écartant du récit de l'un et de l'autre, a fait représenter Métius tiré à quatre chevaux, montés chacun d'un conducteur.

La mort du roi d'Albe, à qui les Romains avoient laissé l'administration depuis la victoire

d'Horace, décida du sort de la ville, et le même ordre fit mettre le roi à mort, et réduire la ville en ruines. Le lointain du dessin nous montre Albe détruite par les Romains. Ses habitans, occupés de sa perte, sortent en foule par la seule porte qui reste encore ; et jettant un dernier regard sur leur chère patrie, ils lui disent un éternel adieu. Tite-Live a fourni le sujet de cet épisode au peintre, lorsqu'il dit des Albains: Silentium triste ac tacita mæstitia ita defixit omnium animos, nunc errabundi domos suas ultimum illas visuri pervagarentur. L'ouvrage de Beaulieu se termine

avec ce trait.....

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Un discours adressé à un prieur de Saint-Pierre se trouve à la fin du volume. Il est précédé d'un dessin qui représente un roi sous le costume de David, assis sur un trône, une harpe à la main; à côté de lui sont la Force, la Prudence, la Bienfaisance, la Piété, la Vérité, et divers attributs. Aux pieds du trône l'auteur, en longue robe noire, sur laquelle est jetée une écharpe blanche, semble prononcer le discours où il développe les motifs de son ouvrage, Les principaux sont l'amour qu'il a pour les lettres, et le desir d'être agréable au prieur dont il vante les lumières, la bonté et la prudence. Il cherche surtout à faire ressortir l'ordre qu'a établi le prieur dans la maison dont il est le supérieur, et la solidité des études qu'il dirige. Cet éloge est en général écrit du style convenable à une épître dédicatoire.

Nous allons terminer cette nätice par les ré

A

flexions suivantes. Beaulieu, dans l'ouvrage que nous venons d'analyser, a consulté en mêmetemps Tite-Live et Denys d'Halicarnasse. Le premier, dans sa concision, lui a fourni les faits; le second, long et verbeux, lui en a fait connoître les diverses circonstances. Lorsqu'il s'est écarté de l'un et de l'autre, ses narrations n'ont porté aucune atteinte à la vérité de l'histoire, mais elles n'ont rien ajouté à son intérêt. Il semble résulter de là que l'ouvrage de Beaulieu doit être jugé par rapport à l'auteur lui-même. Maître des faits, il les a classés à sa manière, sans trop en intervertir l'ordre. Il cherchoit l'occasion de faire des amplifications; il a su la faire naître, voilà l'art ; sa diction, entachée de quelques tournures modernes, est cependant correcte, et le plus souvent en rapport exact avec son sujet, voilà le talent; une amplification de ce qu'ont écrit TiteLive et Denys d'Halicarnasse sur la guerre que Rome dans son enfance soutint contre les Albains, voilà l'ouvrage. J'ai cherché à faire connoître un manuscrit riche, intéressant et unique, voilà mes droits à l'indulgence des lecteurs.

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M. GILLCHRIST, savant Ecossois, a publié un Moniteur britannique indien à l'usage des employés de la Compagnie des Indes.

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L'auteur enseigne dans cet ouvrage la langue vulgaire ou le patois, qui est en usage parmi le peuple de l'Inde. Il n'a encore paru qu'un volume.

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On a publié le cinquième et dernier volume de la Vie de Washington. Il contient beaucoup de plans de bataille et d'autres opérations militaires dessinés par lui-même. Le texte est aussi composé en partie sur les matériaux qu'a laissés cet homme illustre, ensorte que peu de biographies seront aussi authentiques et aussi intéressantes que celle-ci.

On imprime en Angleterre une traduction nouvelle des ouvrages de CICERON, et l'on achève à OXFORD une édition très-correcte et fort savante de quelques harangues choisies de DEMOSTHÈNES. On publie aussi une traduction des Héroïdes D'OVIDE, par feu M. FITZTHOMAS, et une des Métamorphoses en vers blancs, par M. Ho

WARD.

Sir John SINCLAIR a publié son Ossian en langue.gallique, avec une traduction latine littérale et une savante dissertation. L'ouvrage entier forme trois volumes.

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