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ENCYCLOPÉDIQUE.

LANGUES.

MITHRIDATES oder allgemeine Sprachenkunde, mit dem Vater unser als-Sprach probe, in bey nahe fünfhundert Sprachen und Mundarten von Johann. Christoph ADELung.

MITHRIDATE, ou Science générale des Langues, avec l'Oraison Dom. pour exemple, dans près de cinq cents langues ou dialectes, par JeanChristophe ADELUNG, Conseiller aulique et Bibliothécaire en chef de l'Electeur de Saxe. Avec cette épigraphe :

Alius alio plus invenire potest, nemo omnia.
AUSON.

Première partie, 1 vol. Berlin, 1806, 686 pag., sans la Table synoptique, la Préface, l'Introduction, et la Table alphabétique..

CET ouvrage, très-important par son objet;

aussi remarquable par les grandes difficultés, que par le succès de son exécution, a déjà été annoncé dans ce Journal ( en 1806, tom. VI, pag. 133), avec l'intérêt qu'il mérite; mais il convient de le faire connoître davantage.

Nous dirons d'abord, au sujet de son auteur, enlevé depuis quelques mois à ses amis et aux lettres, à l'âge de 75 ans, qu'il fut un des savans les plus infatigables et les plus féconds de toute l'Allemagne, si riche dans cette classe d'hommes; il a excellé dans la partie grammaticale, et s'est distingué dans plusieurs genres différens. Outre son excellent dictionnaire de la langue allemande, aussi utile pour cette langue, que l'est celui de Johnson, pour l'idiôme anglois; outre ses doctes et judicieux ouvrages particuliers sur la philologie allemande, Adelung a publié des écrits nombreux et recherchés, tant sur l'histoire civile et sur l'histoire littéraire, que sur la philosophie rationnelle, sur la physique et la chimie, enfin, sur la diplomatique. V. Teutschland Gelehrte d'Hamberger et de Meusel, article Adelung.

Le Mithridates, ouvrage posthume, fruit de quinze années d'un travail assidu, devoit donner des notions générales sur toutes les langues, et des textes de chacune soigneusement expliqués; l'auteur n'a pu achever que ce qui concerne les langues de l'Asie et celles de l'Europe. Cette première partie, publiée depuis peu de mois, comprend les langues de l'Asie, au nombre de 159.

La seconde partie ne tardera pas à paroître; elle embrassera toutes les langues de l'Europe. C'est en supposant que l'ouvrage soit continué et completté, que l'on pourra se flatter de posséder en ce livre, tout ce que promet le titre, des notions générales sur tous les idiomes connus,

et le Pater en cinq cents langues ou dialectes. Ainsi l'on auroit, en peu de volumes, des matériaux nécessaires pour résoudre le magnifique problême que l'autenr avoit en vue: connoître les caractères et les différences de chaque langue pour se rendre compte de la marche qu'ont suivi la raison et l'esprit, chez les différentes familles humaines, pour déterminer, avec plus de certitude, ou conjecturer, avec plus de probabilité, l'origine des idiômes, et en partie, l'histoire des nations qui les parlent, ou qui les ont parlés.

Il paroît cependant qu'outre des vocabulaires ou des essais de vocabulaires en chaque langue ou dialecte, trois secours encore seroient desirables pour créer ou rendre complète la science comparative des idiômes de toute la terre.

Le premier consisteroit en tableaux fidèles de toutes les intonations et articulations des langues

connues.

Le second, dans les différents alphabets de ces mêmes langues, exactement dessinés, avec des explications qui énonceroient, qui détermineroient la valeur de chaque caractère.

Le troisième, pour servir comme de contrôle, seroit la connoissance de toutes les intonations et articulations dont l'instrument vocal est susceptible. C'est ainsi qu'aux différentes méthodes artificielles, employées dans la botanique, on aimeroit à réunir les avantages de l'ordre naturel,

,

Mais ces secours dans leur intégrité, nous manquent, et nous manqueront toujours.

Le premier et le deuxième, par rapport aux langues mortes; parce qu'en général, ces langues ont plusieurs caractères et de voyelles et de consonnes, sur la valeur desquels, jusqu'ici, les plus savans n'ont pu s'accorder; et par rapport à certaines langues de l'orient de l'Asie, parce que les caractères de ces langues sont les signes des idées, et nullement des sons, ni des articulations, et que, prononcés, ils donnent, en chacun de ces idiômes, des mots tout-à-fait dissemblables pour des idées et des signes écrits parfaitement identiques; enfin, par rapport même aux langues vivantes et dont les caractères peignent les intonations et les articulations, parce que, de l'aveu continuellement répété par les éditeurs et par les interprètes d'alphabets étrangers, sans en excepter le docte William Jones, il est impossible de peindre avec des paroles, la juste valeur de certains caractères, l'intonation exacte ou l'articulation qu'ils expriment.

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Ajoutons sur la simple peinture non expliquée des alphabets existans, que cette seule tâche physiquement possible à remplir, est encore si longue, si coûteuse et si difficile, qu'à vrai dire nous n'avons encore dans ce genre que des monographies. Le travail est fait avec soin, avec succès, pour quelques idiômes; quant à la généralité des langues connues, il n'existe guère qu'un seul ouvrage où l'on ait prétendu en recueillir les écritures, et ce n'est qu'un essai fort défectueux, dont néanmoins les exemplaires sont excessivement

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rares: nous le devons à un Anglais. On nous permettra d'en mettre ici le titre ambitieux, mais trompeur. Pantographia containing accurate copies of all the known alphabets in the world; together with an englisch explanation of the peculiar force or power of each letter; to wich are added specimens of all well authenticated oral languages forming a comprehensive digest of phonology. By Edm FRY.-London, 1799, 1 vol, grand in-8°. Un Allemand, beaucoup trop livré à son imagination, avoit, en 1781, publié aussi une sorte de pantographie, mais bien plus pauvrement exécutée, dans un livre néanmoins curieux, intitulé: Synopsis universæ philologice, in quâ miranda unitas et harmonia linguarum totius orbis occulta.. eruitur, adornata à Gothofredo HENSELIO. Norimbergæ, in-8°., 1 vol.

Voilà pour les deux premières indications auxquelles on voudroit satisfaire.

La troisième tâche, qui seroit autant du ressort de la physiologie que de la grammaire, est aussi difficile que les deux autres sous un double point de vue. D'un côté, il semble convenu qu'on ne peut faire connoître par des paroles, c'està-dire, par une description claire et suffisante, orale ou écrite, des mouvemens de l'instrument vocal, certains effets très-connus et très-usités de cet instrument si occulte, en grande partie, et tout à-la-fois si compliqué. De l'autre, à ne considérer même les portions concaves et convexes, droites et spirales de cet instrument, que comme

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