ANNÉE RELIGIEUSE PREMIERE SEMAINE DE L'AVENT. E n'est pas fans deffein que l'Eglife pour nous préparer au premier avénement de Jésus-Chrift, nous offre au commencement du faint tems de l'Avent, le fpectacle du Jugement dernier. Il étoit utile de nous imprimer le refpect & la crainte avant de nous conduire à l'amour & à la confiance; en nous faifant voir dans tout l'éclat de la puiffance & de la majesté, ce même Dieu que nous devons bienTome I. A 7.03. 1 tôt confidérer couché fur la paille, environné de foibleffe, comme dit l'Apôtre, & fans aucun appareil de grandeur. Saint Bernard diftingue trois avénemens de Jéfus-Chrift liés ensemble, & qu'on ne peut féparer fans danger. Avénement d'humiliation dans la Crêche, avénement d'amour dans nos cœurs, avénement de Juftice à la fin des fiécles où il régnera par la force fur ceux qu'il n'aura pû fubjuguer par l'amour. C'est de ce dernier avénement dont parloit David dans un efprit Prophétique Pf. 109. jufqu'à ce que je mette vos ennemis fous vos pieds. Jéfus-Chrift devoit être fon Fils felon la chair, & fon Seigneur comme Dieu. Une telle conduite étoit digne du Tout Puiffant. Il falloit que la bonté qui eft le fond de fon être, fe manifeftât avant la Justice dont il trouve la matière dans nos révoltes contre fon ?. 100. amour. Auffi le Prophête Roi chantet-il toujours la bonté avant la juftice: Jac, 2. & l'Apôtre Saint Jacques déclare-t-il que la miféricorde l'emporte fur la rigueur du Jugement. PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT. Es fignes effrayants précéderont le Jugement dernier. Le Soleil s'éclipfera, la Lune paroîtra fanglante, la mer multipliera les mugiffemens de fes flots, la terre tremblera fur fes fondemens. Ce prélude affreux de ce qui doit arriver au Monde entier fera fécher les hommes de frayeur. Ce n'eft point ici une calamité particuliere qui n'afflige que certains Peuples, ou quelques Contrées. C'est tout l'Univers que l'épouvante environne, & que la terreur fuit. Que cette attente, Seigneur, du dernier jour qui précédera la ruine univerfelle du Monde eft différente de celle de votre premier avénement! Il y eut des fignes dans le Ciel, mais ce furent des fignes confolans. Une Etoile nouvelle annonça la naiffance du nouveau Roi : les Cieux retentirent de chants d'allégreffe : les Anges annoncent aux Bergers & aux hommes de bonne volonté la plus dé firée des nouvelles. Que toute crainte difparoiffe, que tout le Peuple fe livre à la joie ; je vous annonce, dit l'Ange qu'il vous eft né aujourd'hui un Sauveur. Mais au Jugement dernier, vous ne paroîtrez que pour glacer les Pécheurs de la plus vive crainte : vous changerez le titre de Sauveur en celui de Juge formidable & inflexible. Dans le premier avénement c'eft le Fils de l'Homme fous la forme d'un enfant couché dans une crêche, enveloppé de langes; dans le fecond, c'est le Fils de l'Homme environné de la puiffance & de la Majefté de Dieu. Dans le premier enfin, le Sauveur ouvre à tous les Pécheurs les tréfors de fa grace, & marche audevant d'eux pour les ramener: Dans le fecond il rit de leurs foupirs, & femble trouver fa joie dans leurs larmes & dans leur défefpoir. A l'Introit. L'ESPÉRANCE dans la venue du Meffie, a foutenu tous les juftes de l'ancien Teftament. Ils faluoient de loin, pour me fervir de l'expreffion de l'Apôtre, celui qu'ils attendoient: pour nous, qui le croyons venu, notre confiance a un autre objet nous fommes fermement perfuadés qu'il opérera en nous par fa grace, les fruits de fon premier avénement. C'est pour cela que nous devons tenir notre ame élevée vers lui, comme vers notre falut. A l'Oremus. L'EGLISE dans la collecte demande à Dieu qu'il fe ferve de fa toute puiffance, & qu'il vienne. En effet, la puiffance de Dieu a bien moins éclaté, lorfqu'il a tiré l'Univers du néant, que lorfqu'il a envoyé fon Fils pour nous fauver. Auffi les Prophètes nous peignent-ils Dieu mettant en mouvement les Cieux & la Terre, avant de faire paroître cette œuvre de fa droite: les Cieux, d'où le jufte doit defcendre, la Terre, qui doit enfanter fon humanité: Expreffions qui marquent combien la venue de Jésus-Chrift étoit digne de la puiffance de Dieu. Ce qui fait dire à Marie dans fon admirable Cantique : il a déployé toute la force de fon bras, &c. Lue L 510 |