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Epit. S

par

la

fon amour à un Dieu qui quitte le Ciel pour me racheter? Comment n'ètre pas rempli de frayeur à l'afpect d'un Dieu qui defcend du Ciel pour me juger? Mais ce dernier fentiment céde en moi aux douceurs du premier ; & je fens que mon cœur veut moins craindre qu'aimer. Les feux allumés vengeance célefte m'infpirent moins d'horreur, que les bienfaits incompréhenfibles de Dieu font naître en moides fentimens d'amour. Dans un Dieu qui punit & qui récompenfe, je ne vois rien qui me furprenne. Dans un Dieu qui m'aime & qui fe facrifie pour me fauver; je me perds, je me confonds. C'en eft fait, je veux brûler des mêmes flammes qui le confument: je veux lui rendre amour pour amour.

L'Apôtre Saint Jacques nous avertit Jac. y, de perfévérer dans la patience jufqu'au dernier avénement de Jefus - Chrift: Un Laboureur, dit-il, qui a femé fon champ, attend patiemment que les différentes faifons s'écoulent dans l'efpérance de recueillir le fruit précieux de fes travaux de même foyez patiens, continue l'Apôtre, & fermes dans votre foi: car l'avènement du Seigneur eft proche ? ne murmurez point les uns contre les au

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tres,

de peur que vous ne foyez jugés avec la derniere rigueur; car le Juge eft à la porte. Prenez pour modeles les Prophêtes qui ont parlé au nom du Seigneur, & dont la patience & les travaux ont mé-rité d'être couronnés..

Vous croyez peut-être que la fin du Monde eft bien éloignée, parce que vous n'appercevez encore aucun des fignes éclatans qui doivent la précéder. Ecoutez Jéfus-Chrift, il compare la fin du Monde à l'incendie de Sodome & de Gomorrhe. Quand Loth en fortit, & qu'une pluie de feu tomba fur ces Villes criminelles, les habitans ne penfoient à rien moins qu'aux châtimens qu'ils étoient fur le point d'éprouver : ils bâtiffoient, ils plantoient, ils formoient des établiffemens, ils ne refpiroient que la joie : il en fera de même au tems où le Fils de l'Homme paroîtra.

La ruine de Jérufalem dont la prédiction eft liée avec celle du Jugement dernier par un ordre de fageffe qui a uni deux événemens, dont l'un plus proche étoit la figure de l'autre plus éloigné; la ruine de Jerufalem, dis-je, n'eft-elle pas venue furprendre les Juifs, quoique des avertiffemens fans

nombre les en ayent prévenus? Les Prophéties avoient clairement marqué le lieu, le tems, & toutes les circonf rances du premier avénement; & néanmoins il a été caché au plus grand nombre: on s'aveugle, on fe raffure fur le bord du précipice: la foudre eft prête à éclater, & on fe tranquillife fous la nue qui va fe fendre. Semblable à un homme qui voyant le feu dans fa maifon, s'occupe à préferver fes biens de l'incendie, & devient la proie des flammes, pour fauver des effets qu'il auroit dû abandonner. Malheur à celui qui, comme la femme de Loth, regarde derriere lui. Pour tout conferver, il faut tout perdre: & quiconque voudra fauver fon ame, la perdra. Dans ce dernier avénement il fe fera une cruelle féparation des élus & des réprouvés. Dans le même état, dans la même famille, l'un fera pris, & l'autre laiffé. Et quel fera le principe & le motif de ce difcernement? Les aigles, images de ces ames qui fe feront élevées au-deffus de la Terre, par le vol de leurs affections & qui par un amour tendre auront été conftamment unies à Jéfus-Christ, se réuniront autour de fon facré Corps.

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Samedi.

nous

Le premier avénement nous fait confnoître quel fera le dernier; La mefure des abaiffemens de Jéfus - Christ, eft celle de fa gloire & de fa puiffance au jour du Jugement. Mais alors, ce qui nous doit glacer de crainte, la grandeur de fon amour deviendra la mesure de fa colere & de fa fureur. C'eft aujourd'hui le jour des miféricordes, ce fera alors celui des vengeances. Sous quelles images effrayantes l'Eglife ne peint-elle pas ce Juge irrité? C'eft un ennemi acharné à la perte de fon ennemi, qui s'enyvre de fon fang, qui fait boire dans la coupe de fa fureur, jufqu'à la lie, pendant les fiécles des fiécles. Qu'un Dieu qui a aimé fa Créature jufqu'à devenir femblable à elle pour la racheter, qui a répandu fon fang pour la fauver, fera terrible contre celui qui fe fera rendu indigne de F'alliance, & qui aura prophané ce fang dont le prix eft infini !Ô miféricorde je ne fuis pas étonné que vous foyez fi grande, fi incompréhenfible. Vous n'avez, pour vous répandre, que le court efpace de la vie de l'homme. Ô jufticę

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de Dieu! je ne fuis plus furpris de vos délais. Vous avez toute l'éternité pour vous venger. Un feul point vous fépare, celui de ma vie qui ne m'eft donné que pour profiter du premier avénement & pour me préparer au second par une foi vive & agiffante, par un amour conftant & généreux.

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PRATIQUES.

PENDANT

L

L'AVENT;

Pour les Ames intérieures.

Es Saints Peres ont tous reconnu, qu'outre le fens naturel & le fens fpirituel contenus dans l'Ecriture, il est un autre fens plus caché qu'ils appellent par cette raifon le fens myftique. Les Mystères de notre Religion ont le même avantage. Les perfonnes avancées dans la vie intérieure, pénétrent davantage que le commun des Chrétiens dans leurs profondeurs, & y découvrent des vérités d'un ordre fupérieur à celles qui fe préfentent d'abord à l'efprit. Le mystère de l'incarnation eft un

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