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des, arrestations, et autres mesures semblables qui pourroient avoir été ordonnées pour faits de conscription militaire, sans cependant que les ordres qu'ils seront dans le cas de donner, à ce sujet, puissent avoir aucun effet rétroactif.

VI. Ils feront cesser l'effet de toutes réquisitions, perceptions, travaux, inondations, ou autres mesures extraordinaires ordonnées par le dernier gouvernement, dans le seul objet de prolonger la guerre.

VII. Ils correspondront avec le commissaire de l'intérieur pour l'ensemble de leur mission, et avec les commissaires des divers ministères pour les objets de leurs attributions respectives.

Par décret du même jour, S. A. R. a nommé commissaires extraordinaires du Roi, à l'effet de se rendre dans les divisions militaires ci-après désignées, savoir:

1. division. Paris. Le maréchal Pérignon..

2o. Mézières. Le duc de la Rochefoucault d'Eudoville,
3o. Metz. Le maréchal de Kellermann.
4°. Nancy. Le comte Roger de Damas.
5°. Strasbourg. Le chevalier de la Salle.
6. Besançon. Le marquis de Champagne.
7. Grenoble. Le comte Auguste de Juigné.
8°. Toulon. Le comte Bruno de Boisgelin.

9. Montpellier. Le comte Matthieu de Montmorency. 10°. Toulouse. Le comte Jules de Polignac, aide-de-camp de S. A. R.

11. Bordeaux. Le comte Dejean.

12. La Rochelle. M. Gilbert de Voisins.

13. Rennes. M. le comte de Ferrières.

14. Caen, M. le duc Charles de Plaisance.

45. Rouen. M. Begouen, conseiller d'Etat.

16°. Lille. Le maréchal Mortier, duc de Trévise. 18°. Dijon. Le général Nansouty.

19°. Lyon. Le comte Alexis de Noailles, lieutenantcolonel.

20°. Périgueux. Le général Marescot.

21. Bourges. M. Otto, conseiller d'Etat.

22. Tours, M. le vicomte d'Osmond.

-M. Royer-Collard est nommé, par S. A. R., directeurgénéral de la librairie.

M. Maxime de Choiseul est nommé préfet du département de l'Eure; M. de Riccé, préfet de l'Orne; M. Jules Pasquier, préfet de la Sarthe; M. d'Allouville, préfet de la Creuse; et M. Alexandre de Talleyrand, préfet du Loiret.

Le vaisseau le Polonois, envoyé de Cherbourg à S. M., et destiné à son passage en France, sera désormais appelé le Lis.

- Nous avons parlé de l'entrée de Mr. le duc de Berry à Paris. Elle a eu lieu au milieu d'un grand concours de peuple. S. A. R. étoit accompagnée des maréchaux, de ses gentilshommes et des gardes à cheval. Elle est descendue aux Tuileries où MONSIEUR attendoit son fils. Les deux Princes se sont revus avec une expression de sensibilité qui a touché les spectateurs, et qui a excité des cris unanimes de vive

le Roi.

-L'Université, l'ordre des avocats, et plusieurs corps et particuliers, ainsi que des députations des villes, ont eu l'honneur de saluer MONSIEUR. Leurs adresses respirent le dévouement et l'allégresse.

- Le 21 avril, l'empereur de Russie et le roi de Prusse ont assisté à une séance de l'Institut. Le président leur a adressé un compliment flatteur, et M. Villemain, qui a lu son discours sur la critique, l'a fait précéder d'un autre compliment, qui a été fort applaudi. Il a loué, avec effusion, la magnanimité de ces Princes, objet d'une si juste admiration, et si noblement liés ensemble pour faire le bonheur de la France, et assurer le repos de l'Europe.

On s'est encore battu, le 10 avril, sous les murs de Toulouse. Les généraux François, inférieurs en nombre, furent forcés à la retraite. Le 12, lord Wellington entra dans la ville. Ses troupes observoient le plus grand ordre. Le peuple fit entendre ses acclamations. et ses vœux. On cria, vive le Ror. Le soir, on apprit les événemens de Paris. Alors la joie fut générale, et chacun en bénissant un vainqueur généreux, se félicita d'être délivré d'un gouvernement oppresseur, et de rentrer sous l'autorité paternelle d'un Roi vraiment François par sa naissance et ses affections.

CORRESPONDANCE authentique de la cour de Rome avec la France, depuis l'invasion de l'État romain, jusqu'à l'enlèvement du souverain Pontife, suivie de pièces officielles (1).

De toutes les iniquités du gouvernement ambitieux et tyrannique qui vient de crouler sous les coups de l'Europe liguée pour le détruire, je ne sais s'il en est qui réunisse plus de caractères de violence, de barbarie, de perfidie, de lâcheté même que la conduite qu'il a tenue avec le chef de l'Eglise, et l'opiniâtre persévérance avec laquelle il a épuisé, pendant six ans, l'insulte et les rigueurs envers ce digne pontife. Que lui avoit donc fait ce respectable et malheureux vieillard? en quoi avoit-il pu s'attirer tant d'inimitié? Souverain d'un petit Etat, il ne pouvoit causer ni alarme ni ombrage. Doux et modéré par caractère, il étoit bien éloigné de provoquer des sujets de querelle. Borné à l'exercice de ses droits spirituels et au gouvernement de l'étroit domaine qu'on lui avoit laissé, il n'offroit point de prise à l'ambition ni de prétexte

(1) 1 vol. in-8°. ; prix, 2 fr. 50 c. et 3 fr. 25. c. franc de port. A Paris, chez Saintmichel, quai des Augustins, Adrien Le Clere, même quai, no. 35.

Tome Ier. L'Ami de la Relig, et du Roi. No. III.

à la calomnie. Tout récemment il avoit donné l'exemple d'un grand sacrifice. Il avoit quitté sa résidence, et avoit passé les Alpes, dans la saison la plus rigoureuse pour venir à Paris rendre un service important à celui-là même qui devoit, dans la suite, le payer de tant d'ingratitude.. Il avoit fait cette démarche dans l'espérance d'adoucir un esprit altier, et d'en obtenir des avantages pour la religion et pour l'Eglise. Il ne pouvoit sans doute donner une plus grande preuve de sa condescendance et de son amour pour la paix. Quel en fut le prix? Aussitôt qu'on eut obtenu du Pontife ce qu'on souhaitoit, on s'empressa peu de satisfaire à ses demandes. On ne lui accorda que quelques concessions de peu d'importance. Le reste lui fut refusé sans ménagement, ou bien on ne lui donna que des espérances vagues qui n'aboutirent à rien de positif, et il repartit pour l'Italie avec la douleur de ne tirer aucun fruit solide de l'éclatant sacrifice qu'il avoit fait, et de la condescendance qu'il avoit cru devoir montrer pour le bien de la religion et pour la paix.

Bientôt même celui qu'il venoit d'obliger si gratuitement, lui donna de nouveaux sujets d'inquiétude. Il se fit couronner roi d'Italie, et cette excessive augmentation de puissance dans un homme d'une ambition reconnue, dut causer quelque alarme à la cour de Rome, qui par ses intérêts temporels et même par

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ses droits spirituels, ne sauroit être étrangère à la situation politique de l'Italie. Ces alarmes augmentèrent encore par la conquête de Naples, où fut envoyé, comme roi, un membre de la même famille. L'expulsion de l'ancien souverain dut paroître au Pape l'annonce de ce qu'il avoit à craindre pour lui-même au moindre prétexte. Il se voyoit entièrement à la merci d'un homme puissant et irritable, et ses Etats, cernés de toutes parts par ceux des deux frères, étoient des plus traversés, en tout sens, par leurs troupes, qui y séjournoient à leur aise, et vivoient aux dépens des habitans ou aux frais de la chambre apostolique, obligée de pourvoir à leurs besoins. Cette dépense seule se monta en peu d'années à une somme considérable.

Dans cet état de choses, le souverain Pontife se tourna naturellement vers un monarque qui avoit déjà montré son attachement au Saint-Siége en plusieurs occasions importantes, et à qui il devoit son retour à Rome et la restitution des domaines, de l'Eglise. Il noua des relations plus intimes avec la maison d'Autriche. Ces relations éveillèrent les soupçons du maître de l'Italie. Il intercepta des lettres où le Pape manifestoit ses craintes, et cette première violation du droit des gens, fut la source de plaintes, de reproches et de mécontentemens, qui, avec un caractère hautain et absolu, prirent en peu de temps

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