MERCURE

HISTORIQUE ET POLITIQUE

DE

BRUXELLES.

ALLEMAGNE.

De Hambourg, le 14 Juin 1790.

LA position des armées en Finlande et l'ardeur toujours plus entreprenante du Roi de Suède nous font attendre de prochains événemens. D'une part, il s'agit pour les Suédois de déloger les Russes du poste d'Anjala, d'ouvrir la communication au Corps du Général de Platen, et de garantir les magasins d'Elima; de l'autre, de poursuivre les entreprises sur les côtes, spécialement sur Fridéricshamm et Wibourg. Nous avons parlé la semaine dernière d'une seconde attaque infructueuse sur le port de Fridéricshamm, tentée par le Roi le 20 de Mai, c'est-à-dire, cing, jours après la défaite N°. 27. 3. Juillet 1790.

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!

d'une grande partie de la flotille Russe: le Gouvernement vient de rendre en ces termes la relation de cette seconde attaque.

que

le

Le Roi voulut tenter de faire brûler les bâtimens Russes, qui s'étoient sauvés dans la bataille du 15 de ce mois et s'étoient retirés dans la Baye de Fridéricshamm, ainsi que les chaloupes canonnières, qui y étoient sur les Chantiers; il ordonna à cet effet, 19 au soir un détachement de chaloupes canonnières, de jolles (espèce d'esquifs) et de barcasses bombardieres, partissent assez à temps, pour faire l'attaque au point du jour et encore durant le crépuscule. En conséquence, le Capitaine Wigin, à qui S. M. confia cette expédition, partit à 9 heures du soir de Swenksund avec 3 jolles, 10 chaloupes canonnières, 7 barcasses à mortier, et une espinge, pourvues d'artifices et montées (outre leurs équipages) par le Cornette Van Cathen et 50 homines du Régiment des Dragons du Corps. L'affaire commença environ à 3 heures et demie du matin. Les dispositions faites par lẹ Capitaine Wirgin furent exécutées avec exactitude et courage avant de tirer, l'on attendit le premier feu de l'Ennemi. L'endroit contre lequel se fit la première attaque, étoit extrêmement fortifié. Le feu devint très-vif de part et d'autre; et nous tent âmes jusqu'à 6 heures de remplir notre but. Les chaloupes canonnières et les jolles percèrent presque jusqu'au Chantier: mais les approches en devenoient de plus en plus étroites par le grand nombre de bâtimens marchands qu'on y avoit embossés; de sorte qu'à la fin une

jolle seulement y pouvoit passer de front. A ces difficultés se joignit un air fort épais, qui empêcha la fumée de se lever, et causa un tel brouillard, qu'il étoit impossible de rien distinguer. En attendant, les barcasses à mortier s'étoient approchées, et avoient jeté sur le Chantier des bombes et des grenades qui, sans doute, doivent avoir causé beaucoup de dommage, quoiqu'on n'ait pas bien pa le distinguer. Enfin, l'on se décida à la retraite dans le moment que le Capi. taine Wirgin en donna l'ordre, ce brave Officier fut blessé d'un boulet de canon. La retraite devint difficile par le gros brouillard: cependant, encore avant 10 heures du matin, tous les bâtimens et chaloupes se trouverent de retour dans Swenksund. Aucune chaloupe ni jolle n'a été mise hors de service, et aucun Officier, si ce n'est le seui Chef, n'a été blessé. Notre perte consiste en un Bas-Officier et sept Soldats tués, et le même nombre de blessés. "

Suivant quelques lettres postérieures de Borgo, en date du 29 Mai, le Roi avoit fait voile avec la flotille de galères vers le port de Wibourg. La prétendue victoire du Duc de Sudermanie sur l'escadre de Revel et la prise de ce port sont absolument controuvées. La flotte Suédoise croise à la hauteur de l'isle de Hoglande.

P.S. Un Courrier, allant, le 6 de ce ce mois, de Pétersbourg à Berlin, a passé par Memel, et apporté la nouvelle sui

vante :

L'escadre Suédoise, aux ordres du Duc
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de Sudermanie, ayant quitté sa station aux environs de Revel, fit voile vers Cronstadt pour empêcher l'escadre de ce port, de sortir et de joindre celle de Revel; mais P'Amiral Krure, commandant l'escadre de Cronstadt composée de 17 vaisseaux de ligne, dont 5 de 100 Canons, la prévint et l'attale 3 de ce mois; le combat se rengagea qua le lendemain, et l'escadre Suédoise fut forcée d'abandonner le champ de bataille. Le Roi de Suède survint avec l'escadre des galères; mais l'Amiral Krure l'a également forcé à la retraite. Le Vice-Amiral Suchotin a eu une jambe emportée par un boulet de canon; il est mort de cette blessure quelques jours après le combat. L'e-cadre de Revel est en mer, elle a dépassé Hoglande; il est vraisemblable que l'escadre Suédoise se trouvera de cette manière entre deux feux."

Le Général Suédois d'Armfelt attaqua le Général Russe de Chronstchof retranché avec 1400 hommes près de Lavitaipala; mais il fut repoussé avec une perte de 400 hommes. Les Russes ont pris 3 canons et fait 39 prisonniers, dont 3 Officiers. "

Les Suédois publient une relation très différente de ce dernier combat maritime, et s'en attribuent l'avantage : il n'est à personne, puisqu'aucun vaisseau n'a été pris de part ni d'autre; mais il peut avoir facilité la jonction de l'escadre de Cronstadt à celle de Revel.

De Berlin, le 13 Juin.

C'est le 10 que le Roi a pris, par

Francfort sur l'Oder, la route de la Sile sie le Prince Royal l'avoit précédé dé la veille. M. le Comte de Hertzberg suivit S. M. le lendemain. Le Général d'Eben et son Régiment de Hussards, les Régimens d'Infanterie de Mollendorf, du Prince Frédéric, de Bornstedt; de Braun, de Pful, du Jeune Schwerin et de Licknowski, le Régiment des Gendarmes et deux escadrons des Gardesdu-Corps ont suivi d'ici la même routé,' La Bourgeoisie de cette Capitale en garde l'intérieur; et le Bataillon de Dépôt, les portes et le château : ils seront relevés par le Corps aux ordres du Prince Fredéric de Brunswick, auquel se réuniront, du 13 au 18, les Régimens de l'inspection de Magdebourg. Depuis Francfort sur l'Oder le Roi sera accompagné par le Duc de Brunswick; le quartier général est assigné à Schonwalde, à une lieue de Silberberg. M. de Hertzberg résidera à Reichenbach. Sept Régimens de la Prusse occidentale, sous les ordres du Général d'Usedom, vont traverser la Grande Pologne pour se rendre à l'armée: sur la demande de notre Envoyé à Varsovie, M. de Lucchesini, la Diète a accordé le passage de ces Troupes, qui seront inspectées par le Général Kalkreuth.

Ce départ du Roi, ce grand rassemblement de forces en Silésie, ces dispotions préparatoires de la guerre, ont fait