rih 2-29-32 25750 > LE PÈRE ET LES TROIS FILS. CHARGÉ de biens & d'ans, Un père, avant fa mort, voulut faire partage, De fes biens, qui devoient être leur héritage. Il'avoit bien le droit de faire entr'eux les lots. כן » Je le deftine pour falaire » A celui d'entre vous, mes fils, Qui, par quelqu'action & noble & génércule, » Vous avez tous les trois une ame vertueufe ; » Vos moyens font égaux «. Chaque fils intrigué, Pour obtenir le prix, bientôt fe met en route 3 D'être vainqueur aucun ne doute, Au bout de quelque temps on les voit de retour Au bon papa joyeux chacun donne bon jour, » Dans mon voyage, dit l'aîné, » Sans sûreté, ni garantie aucune » Un étranger en dépôt m'a donné » Son porte-feuille ; & moi, maître de fa fortune » Si-tôt qu'il eft venu me le redemander, » J'ai rendu le dépôt que j'aurois pu garder, ? En quoi cette action feroit-elle louable ? » Reprit le père: eft-on très-eftimable, » Mon fils, pour n'être point fripon ? » Etre honnête homme eft d'obligation; » Faire ce qu'on doit faire Mérite éloge, & non falaire. » Un jour, dit le fecond, je vis un jeune enfant, Qui, folâtrant fur le rivage, Se laiffa cheoir dans un étang. » Au rifque de faire naufrage, Je m'empreffai de lui porter fecours. Le pauvre enfant eût péri dans l'abîme! Je le tirai de l'onde, & je fauvai fes jours, » Cette action eft bonne, & je l'eftime, » Dit le vieillard avec bonté ; Mais, mon enfant, foulager fes femblables » Et fecourir les miférables, » Ce n'eft qu'un trait d'humanité «e. Le plus jeune, à fon tour, conte ainfi fon hiftoire. » Au bord d'un précipice, un jour mon ennemi » S'étoit profondément, par hasard`, endormi. » J'aurois pu, remportant fur lui pleine victoire, «Dans l'abîme, d'un coup, à l'inftant le plonger; » Tout doucement, avec prudence, » Je l'éveillai : le tirer du danger » Ce fut mon unique vengeance. » O mon fils, s'écria le vieillard attendri, » C'est pour toi le joyau. Quelle vertu fuprême "De faire à fon ennemi même » Le bien que l'on feroit à son meilleur ami « ! (Par M. le Meteyer, Sec. du Roi. ) VERS Pour mettre au bas du Portrait de Mlle. A..... G..... SA modefte vertu, fa douce humanité, Ses graces fur nos cœurs lui donnent tout empire: monde on appelle du trait, des faillies, des mots imprévus & piquans, peu de fuite dans les idées. Caufant tant qu'on vouloit, pourvu qu'il ne fallût pas raifonner, voltigeant d'objets en objets, fans le repofer fur aucun, il auroit cru s'appesantir s'il eût réfléchi deux minutes à ce qu'il avoit dit, à ce qu'il alloit dire; mais plus fon entretien étoit léger, plus il étoit brillant. Les jeunes gens, les jeunes femmes ne fe laffoient point de l'entendre. Comme il favoit un peu de tout, il avoir l'air de tout favoir; & l'on fe demandoit comment il pouvoit à fon âge en avoir tant appris. Mais ni ma fœur, ni les têtes mûres qui compofoient fa fociété intime, n'admiroient cette fuffifance: ils n'y voyoient qu'une fuperficie de faux favoir fur un grand fond de vanité. Pour moi, j'étois plus indulgente; & fans me foucier que fon efprit fút plus folide, je le trouvois fort amusant, Je ne lui défirois qu'un peu moins d'assurance & un peu plus de modeftie; & Califte, ma nièce, comme vous l'allez voir, étoit affez de mon avis. Un jour que devant elle j'excufois Villarcé du reproche de fatuité: Voilà, me dit ma four, une belle caufe à défendre ! La préfomption d'un jeune étourdi qui ne doute de rien, qui décide de tout, & qui ne daigne pas même entendre l'homme inftruit, l'homme fage qui lui donneroit des leçons. Ne me parlez pas d'une tête |